Mme Céline Akouete avec notre directrice-générale, Thérèse Tardif. |
Excellences, Mlle Tardif, M. Marcel Lefebvre, M. Alain Pilote, chers Pèlerins de saint Michel, très chers frères et sœurs en Christ, permettez-moi d’exprimer ma joie en vous disant que je suis très, très, très heureuse d’être parmi vous ce matin. Je remercie toute l’équipe des Pèlerins, tout spécialement notre très grand pilote, M. Alain Pilote, qui a su avec maîtrise nous dispenser un enseignement de qualité, empreint parfois d’humour, sur le système financier actuel et ses conséquences désastreuses. Il a su savamment nous convaincre sur l’efficacité du remède, de l’unique thérapie à appliquer à ce grand malade, le monde de la finance, pour endiguer le mal dont il souffre. Et cette thérapie, vous la connaissez tous, c’est le crédit social.
Revenons à mon expérience personnelle, qui vous permettra de comprendre mon témoignage: j’étais dans l’autre monde, je suis un pur produit de l’autre monde, le monde «diabolique», le monde qu’on diabolise, c’est vrai! Je suis économiste, j’ai travaillé pendant plus de vingt ans dans un institut d’émission, la BCAO — la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest. Je suis entrée très jeune, sur concours, j’ai été formée dans leur école, ensuite à la Banque de France, ensuite j’ai fait différents stages au Fonds Monétaire International et à la Banque mondiale.
On nous a inculqués un esprit durant notre formation, qu’on appelle «l’esprit de la banque centrale». Et c’est vrai, pour évoluer dans ce système, il faut être soit franc-maçon, soit membre des Illuminati, faire partie de la Rose-Croix et que sais-je encore. C’est dans ce système que j’ai évolué, mais je n’ai jamais été franc-maçon. On a essayé de me coopter mais ils n’ont pas réussi. Je ne fais partie d’aucun cercle ni de société secrète parce que toute petite j’avais déjà été consacrée à l’Immaculée Conception, à la Vierge Marie. C’est probablement ça qui m’a sauvée. Tous ceux qui sont ici, que ce soient les évêques, prêtres ou laïcs, ce n’est pas par hasard. Nous avons tous été appelés, chacun d’entre nous a reçu un appel.
À la Banque centrale, je suis passée par plusieurs services, j’ai exercé plusieurs fonctions, du service de l’émission au service du crédit, puis au service des relations publiques, j’ai travaillé en collaboration avec les agents du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale, puis j’ai atterri en Côte d’Ivoire à la commission bancaire, l’organe de contrôle de la Banque centrale. Et c’est là que la Vierge Marie va me saisir par le col. «Ça suffit comme ça!»
Effectivement, j’évoluais dans ce système mais je n’étais pas heureuse; j’avais un vide en moi, il me manquait quelque chose. J’avais tout ce que je voulais, l’argent, le pouvoir — parce que c’est grisant, surtout quand on commence à inspecter les banques, avec le pouvoir de démettre un directeur de banque, le pouvoir après vérifications de fermer une banque.
Tout ça c’est bien grisant, mais la Vierge Marie a mis fin un moment donné à tout ça. Face à l’opulence des banquiers, et à la misère humaine que je côtoie tous les jours, un beau matin, j’ai décidé de partir, claquer la porte, et de faire autre chose. Mes parents ne m’ont pas compris, ni mes amis, on se demandait ce qui m’arrivait. Pourquoi laisser un si bon poste pour aller faire autre chose? Je suis partie, et j’ai eu un autre employeur, en la personne de la Vierge Marie.
Toute petite j’avais été consacrée à la Vierge Marie, je me suis consacrée par la suite à la Sainte Trinité, par le biais de l’Immaculée Conception, et je suis devenue la responsable de la communion Marie Reine de la Paix, qui a pour vocation de prier pour les pays en guerre, la réconciliation, la paix, la conversion des cœurs, l’amour, et nous faisons aussi l’apostolat des familles, nous prions pour les familles, avec les familles, nous faisons parfois du porte à porte, parfois nous amenons notre statue de la Vierge pèlerine, la Reine de la paix, dans les familles qui ont des problèmes, et nous prions pendant une semaine, deux semaines, ça dépend des cas. Et nous avons eu beaucoup de fruits.
Mes anciens collègues se moquaient de moi, et me disaient : «Tu veux t’occuper des pauvres! Comment feras-tu sans ressources?» Vous savez, ce monde (de la finance et des banques), ils ont mille tours dans leur sac pour vous piéger. Un des directeurs d’une des grandes banques de la place m’a convoquée et m’a dit: «Tu veux t’occuper des pauvres, mais avec quelles ressources? Moi, je vais t’aider. Je vais te confier un projet — tout est déjà préparé: tu vas exporter du riz dans toute la sous-région; nous avons fait une étude du marché, ça va rapporter des milliards».
J’ai failli me laisser prendre en me disant: «Voilà de l’argent pour pouvoir m’occuper des pauvres et mener à bien l’œuvre de la Vierge!» Mais comme j’avais un directeur spirituel, je lui en ai parlé, et il m’a dit: «Fais attention, tu vas te faire piéger. Tu ne peux pas quitter le monde de la finance pour te lancer encore dans une opération que tu ne vas pas maîtriser, et qui cache probablement quelque chose, peut-être y a-t-il la drogue en-dessous de tout ça, donc fais très attention, et puis la Vierge Marie n’a pas besoin de tout cet argent sale. Demeure dans la prière, et la Vierge Marie te trouvera les ressources nécessaires pour t’occuper des pauvres.»
Et voilà, ma prière a été exaucée, car je bénis le jour où j’ai d’abord rencontré le Père Gustave, puis M. Marcel Lefebvre (des Pèlerins de saint Michel), parce que de temps en temps, je mettais mes petites compétences et mon temps à la disposition des œuvres diocésaines catholiques (dont le responsable était le Père Gustave Adou), et un matin j’ai trouvé sur sa table un bulletin des Pèlerins de saint Michel parlant de la dette publique et de la pauvreté dans les pays d’Afrique. Tout de suite j’ai été intéressée, j’ai lu l’article, et j’ai voulu prendre contact avec les Pèlerins de saint Michel. Quand M. Lefebvre est venu en Côte d’Ivoire, j’ai fait des mains et des pieds pour le rencontrer, parce que je préparais un pèlerinage sur Montréal, à l’Oratoire Saint-Joseph, où j’ai été guérie il y a quelques années d’une maladie très grave. Le programme de mon pèlerinage avait donc changé: tous les pèlerins allaient d’abord venir à Rougemont assister à la semaine d’étude. Malheureusement, une seule personne parmi les laïcs a pu obtenir le visa. C’est pour ça que je dis que tous ceux qui sont ici ont été vraiment appelés, pour semer.
En plus d’être responsable de la communion Marie Reine de la paix, sur ma paroisse (à Abidjan, en Côte d’Ivoire), je suis la responsable de tous les groupes mariaux. Je fais partie du conseil paroissial, et je mets mon temps et mes compétences à la disposition de l’Église, et je donne des cours de catéchèse à la cathédrale. Depuis que j’ai quitté la Banque centrale, je suis épanouie, je suis heureuse, et je ne manque de rien. Je me contente du peu que j’ai, du peu que le Seigneur me donne, et je suis pleinement heureuse.
Quelle sera ma contribution? Premièrement, quand je rentrerai en Côte d’Ivoire, je ferai un compte-rendu à mon curé, je ferai connaître le crédit social dans mon groupe de spiritualité et dans les différents groupes de la paroisse.
Deuxièmement, c’est vrai, on diabolise les banquiers, on diabolise le monde de la finance, mais il n’y a pas que des petits diables dans ce monde. Il y a des gens aussi qui sont conscients de ce qui se passe, et qui essaient de provoquer une prise de conscience autour d’eux, mais c’est comme si on était enchaînés, parce qu’il y a aussi «l’obligation de réserve»: quand on quitte ce monde (de la banque centrale), tu n’as pas le droit de parler de tout ce que tu as vu, tout ce que tu as fait, tout ce que tu as su, donc nous sommes tenus au silence.
Mais Jésus nous a dit: «N’ayez pas peur!» Le Pape Jean-Paul II nous a dit: «N’ayez pas peur!» Et depuis que je suis à Rougemont, je me sens libre; je ne suis tenue par aucune obligation de réserve, et j’irai même plus loin: c’est dans ce monde, le monde de la finance, le monde qui avait été le mien, que je vais véhiculer le message (du crédit social), parce que je n’ai plus peur!
Céline Marie Thérèse Akouete