Cinq prêtres officiaient les funérailles de Mme Côté-Mercier. De gauche à droite: l'abbé Fernand Albert, de Caraquet, au Nouveau-Brunswick; l'abbé Jacques Chaput, curé de la paroisse Saint-Michel de Rougemont; le révérend Père Gérard Montpetit, supérieur des Oblats de Marie Immaculée à Rougemont, et directeur spirituel de madame Côté-Mercier; le révérend Père Edmond Brouillard, o.m.i., aumônier des Pèlerins de saint Michel; le révérend Père Thomas, cistercien, confesseur de Mme Côté-Mercier lorsqu’elle pouvait encore se rendre à l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Nazareth à Rougemont. |
L’Eglise paroissiale est un lieu de rassemblement, un lieu de prière, un lieu de rencontre avec le Seigneur.
Aujourd’hui, vous avez voulu que cette église paroissiale de St-Michel de Rougemont soit le lieu du dernier adieu de Mme Gilberte Côté-Mercier.
Nous avons laissé nos occupations pour nous rassembler ici dans le temple du Seigneur. Notre présence n’est pas le fruit du hasard, nous avons sans doute plusieurs raisons d’être présents à cette célébration de funérailles.
Pour ceux et celles qui ont connu Mme Mercier, c’est par respect, par reconnaissance, par amitié que vous vous êtes rendus une dernière fois autour de sa dépouille mortelle. Nous sommes rassemblés pour lui rendre un dernier service, celui de la prière. Nous sommes aussi réunis pour présenter au Seigneur sa vie et son Œuvre.
Aujourd’hui, notre mère l’Eglise célèbre la Saint-Jean Baptiste, le patron spécial des Canadiens français. Quelle heureuse coïncidence, quelle belle association: saint Jean-Baptiste et Mme Gilberte Côté-Mercier.
Qui était Jean-Baptiste? Un prophète qui a fait le lien entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Un précurseur, celui qui a préparé la route de Jésus. Un ascète, un homme vêtu de peau de bête, mangeant des sauterelles et du miel sauvage. Un prédicateur, bâton à la main, veines sorties des bras, peau desséchée et burinée par le soleil du désert de Judée, un harangueur de foule, un crieur de vérité.
Quelle figure intéressante. Un homme qui remet en question les coutumes et les lois de son temps. Un homme qui crie, un homme qui rassemble, qui dénonce les injustices, un homme qui n’a pas peur de la vérité. En même temps, Jean-Baptiste est un homme capable de voir au-delà des apparences. Dans la foule de ceux et celles qui viennent vers lui, il reconnaît Jésus. C’est un révolté, mais pas un révolté pour rien, un révolté capable d’ouvrir des avenues nouvelles, et surtout de dénoncer le mal et les œuvres de Satan.
Madame Gilberte Côté-Mercier a été une figure de ce célèbre patron, et surtout, elle a marché sur les traces de saint Jean-Baptiste.
A chaque époque, Dieu suscite des âmes d’élite pour secourir son peuple. 1910 a vu naître Gilberte Côté à qui Dieu a confié une mission bien spéciale, celle de combattre deux grands fléaux qui meurtrissaient et meurtrissent encore le monde: la misère au sein de l’abondance et le communisme.
1929, elle a dix-neuf ans, la crise économique multiplie les nécessiteux, son cœur de chrétienne est blessé devant tant de souffrances. Mais comment secourir la multitude des miséreux?
En 1936, elle assista à une conférence de Louis Even, qui a définitivement orienté sa vie. Elle comprit le Crédit Social qui mettrait un terme à la pauvreté dans un monde d’abondance. Le Père Eternel a mis la table pour chacun de ses enfants, sans en oublier un seul. Mais le système d’argent barbare empêche les humains de se nourrir à la table du Père.
Comme Jeanne d’Arc, notre héroïne nationale, prendra les devants du combat, en brandissant le glaive tranchant de la vérité. Cette vérité, elle ne se contentera pas seulement de la contempler, mais elle s’en fera l’apôtre inlassable. Aux deux grands maux qui rongeaient le monde: le communisme, dictature de l’Etat, et le système financier vicié, dictature de l’argent, elle opposera l’éblouissante lumière du Crédit Social, qui appliquerait merveilleusement bien les principes de la doctrine sociale de notre Mère l’Eglise catholique romaine.
Dieu, l’Eglise et la patrie ont besoin de défenseurs. Comme la pucelle de France, sous l’étendard du grand archange saint Michel, premier défenseur des droits de Dieu, la vie de notre héroïne ne deviendra qu’un perpétuel combat à la défense des plans divins, à la défense de ses frères, à la défense de la vérité tout entière.
Elle organise les programmes d’assemblées et l’apostolat de porte en porte à travers le pays, et au-delà des frontières, son zèle la conduira porter la bonne semence jusqu’en France et au Brésil et même dans tous les pays du monde.
La vérité la pénètre, l’enflamme, et lui donne une éloquence sans égale. Sa parole élève les petits et les humbles et confond les superbes. Une armée d’apôtres lèvent à sa suite.
En lui rendant hommage, Louis Even, le grand maître, s’exprimait ainsi:
«Jeanne d’Arc de la Nouvelle-France pour affranchir le pays de la dictature financière qui opprime les personnes et disloque les familles, elle consacre sa brillante intelligence, sa culture universitaire, ses forces physiques jusqu’à l’épuisement, sa personne tout entière, son temps, ses biens, au service de la cause du Crédit Social, sans arrêt, sans fléchissement, approuvée ou critiquée, admirée ou persécutée, sans autre souci que la vérité à proclamer et à servir.
«Gardienne du journal Vers Demain, elle l’administre avec une compétence unique depuis son premier numéro et l’a porté à une place inégalée parmi les organes d’idées, sans annonce commerciale, sans appui financier d’autres forces extérieures.
Vigilante, et douée d’une remarquable perspicacité, elle défend avec intrépidité l’œuvre de Vers Demain et ses fidèles serviteurs contre les attaques de l’ennemi.
Catholique fervente et fervente créditiste, première à donner l’exemple, elle s’applique constamment à développer chez les Créditistes l’esprit d’apostolat, le dévouement désintéressé, la pureté d’intention, le respect de la morale, l’humilité alliée au courage, et le recours aux forces du Ciel, dans la poursuite d’un ordre temporel qui permette mieux à chaque personne à tendre vers sa destinée propre en accord avec la volonté de Dieu.»
Le combat de Jeanne d’Arc n’a duré qu’un an, mais elle a consommé son sacrifice dans le feu du bûcher, à 18 ans. Celui de notre héroïne canadienne a duré 66 ans, et son bûcher a été les souffrances multiples de la vieillesse.
Pendant les dernières années de sa vieillesse, face à Dieu, face à l’éternité bienheureuse, elle s’y préparait par la prière et la contemplation. Elle récitait son rosaire tout entier, contemplait les stations du Chemin de Croix, et édifiait, comme toujours, ses collaborateurs et collaboratrices par ses paroles trempées dans les cœurs de Jésus et de Marie, sources de la sagesse et de la vérité. Dans une confiance sans borne en la Miséricorde divine, elle tenait entre ses mains son crucifix de la bonne mort et nous disait en le montrant: «Voici la clef du Ciel qui me permettra d’y entrer tout droit».
L’Immaculée est la patronne de sa naissance et de sa consécration, elle est née dans le beau mois de Marie, le 25 mai, même date de naissance que saint Padre Pio qu’elle admirait beaucoup. La puissante Reine du Ciel a guidé ses pas de la naissance jusqu’au trépas, qu’elle l’a reçoive maintenant dans sa Cour céleste, près de la très Sainte Trinité où elle trouvera pour l’accueillir: Louis Even, Gérard Mercier, son père, Rosario Côté, sa maman Joséphine Gariépy, son frère Rosaire Côté et toute la phalange de «Bérets Blancs» qui l’ont devancée.
Merci à Dieu d’avoir donné Gilberte Côté au Canada. Merci à Gilberte Côté pour tout le bien qu’elle a fait au pays. Au Ciel seulement nous connaîtrons la grandeur de ses mérites.
Nous allons poursuivre cette célébration en action de grâce pour cette vie que nous présentons au Seigneur. Nous confions Mme Mercier à Dieu en étant convaincus qu’il est un Père rempli de bonté, d’amour et de miséricorde.