En quoi consiste exactement la guerre russo-allemande ? Que se passe-t-il réellement sur ce front ? À additionner les dépêches transmises par l'un et l'autre belligérant, toutes les divisions, des deux côtés, seraient anéanties ou hors de combat depuis longtemps. Où est la vérité ?
La Russie crie et fait crier, surtout par les communistes de tous les pays, qu'il lui faut de l'aide, beaucoup d'aide, encore plus d'aide, immédiatement. Pourquoi donc n'accepte-t-elle pas que des soldats alliés aillent se battre pour elle sur son propre territoire ?
Pourquoi tout ce mystère, dès qu'il est question du pays de la faucille et du marteau ?
Pourquoi le télégramme de Churchill à Staline, le 16 août, après son retour de Russie, a-t-il été reproduit de plusieurs manières différentes ?
La radio de Moscou donne comme texte : "Je prends cette occasion de vous remercier pour votre attitude amicale et votre hospitalité durant mon séjour à Moscou. J'aime à affirmer que je suis très content d'avoir visité Moscou — premièrement, parce que j'y ai dit ce que je considérais mon devoir de dire ; deuxièmement, parce que j'ai l'espoir que notre contact jouera un rôle utile dans notre future coopération."
La phrase soulignée est devenue, dans le texte de la British United Press : "parce que c'était mon devoir de dire ma pensée."
L'Associated Press atténue encore davantage l'expression : "parce que j'ai eu la possibilité d'exprimer mon opinion."'
Enfin, le Times du 18 août reproduit le télégramme, mais supprime simplement ce passage. Pourquoi ?
John Hargrave, leader du Social Credit Party d'Angleterre, après avoir rapporté ces divergences, dans son postscript du 21 août, "The Strange Turn", écrit :
"Le fait étrange, c'est que deux pays totalitaires, deux pays de travail enregimenté, sont aujourd'hui en guerre l'un contre l'autre ; alors que nous, les nations unies démocratiques (états à demi enregimentés), nous sommes alliés à l'un de ces deux adversaires. Une telle situation renferme bien en elle-même la semence d'un tournant étrange."
Demaree Bess fait la remarque suivante au cours d'un article publié dans le Saturday Evening Post :
"Nul observateur étranger n'a eu la permission d'être témoin des plus importantes batailles de la guerre soviéto-allemande ; même les observateurs militaires anglais et américains, accrédités à Moscou, se sont vu refuser la permission d'obtenir plus que des aperçus casuels et inconcluants de ce qui se passe. Actuellement, nous ne pouvons même pas être sûrs que les batailles en Russie ont été aussi gigantesques et aussi féroces que les deux belligérants les ont rapportées... La guerre russo-allemande reste la plus obscure et la plus mystérieuse des campagnes militaires sur grande échelle qui aient jamais eu lieu."