EnglishEspañolPolskie

La production d'après-guerre

le jeudi, 15 octobre 1942. Dans Guerre

Extrait d'un article de Dorothy Thompson (New-York), reproduit dans la Montreal Gazette du 11 septembre :

"Si de prétendus experts nous disent que nous aurons à souffrir des conséquences de la guerre pendant deux ou trois générations et que les restrictions imposées aujourd'hui devront continuer, j'attire leur attention sur le rapport de l'assemblée de la Société des Chimistes Américains récemment réunis à Buffalo ; particulièrement sur le discours du vice-président de cette société, le docteur Charles-M.-A. Stines.

"Le docteur Stines déclare que :

"Sous la pression des nécessités de la guerre, les inconcevables d'il y a seulement deux années sont devenus des réalités d'aujourd'hui.

"Les chimistes américains ont découvert des continents de matière nouvelle et le monde de 1940 est déjà devenu une antiquité.

"Lorsque cette guerre sera finie, nous aurons à notre disposition dix, cent fois plus qu'auparavant en fait de nouveaux matériaux.

"Des plastiques nouveaux et plus souples... Des nitrates synthétiques sous haute pression... des engrais chimiques si riches que le cours de l'agriculture peut en être changé... du verre incassable et flottant... du bois incombustible... des bas et tricots obtenus de l'atmosphère, etc., etc. etc.

"Ces inventions, et d'autres, sont apparemment une floraison soudaine. Neuf mois de guerre ont passé (pour les Américains), et des décades de progrès scientifique ont été télescopées en mois et en semaines.

"Mais personne ne peut nous dire que ce progrès est venu comme une sorte de révélation apocalyptique, surgie des esprits des savants avec le désastre de Pearl Harbour. La science n'est pas comme cela : elle est prudente et méthodique. Tout ce qui est sorti depuis neuf mois existait auparavant à l'état latent, inutilisé.

"Une sorte de nécessité sociale a opéré la détente. Il faut répondre à la nécessité sans égard aux profits, sans égard aux prix, sans égard à la concurrence, sans égard aux considérations financières traditionnelles.

"Tout le crédit de la nation est devenu disponible, et il y a un marché assuré aux produits...

"Et ainsi, subitement, nous découvrons, au milieu de nos heures les plus critiques, que nous avons vécu très en dessous de nos possibilités, pauvres lorsque nous aurions pu être riches, chômeurs lorsque nous aurions pu être très occupés, stupides lorsque nous aurions pu briller, stagnants lorsque nous aurions pu créer...

"Ce que nous faisons maintenant pour créer des instruments de destruction, nous pouvons le faire demain pour créer une grandeur que le monde n'a jamais connue ; pourvu que nous ayons l'intelligence et la moralité de reconnaître que, dans ce monde nouveau, il y a assez pour tous...

"Le président Roosevelt nous dit qu'il nous faudra consacrer cent milliards de dollars l'année prochaine à des fins de guerre. Oui, nous le devons. Mais une nation qui peut placer 100 milliards dans des instruments de destruction en 1943 doit pouvoir placer 100 milliards dans des instruments de reconstruction en 1945..."

* * *

Les attardés découvrent maintenant ce que les créditistes ont proclamé pendant vingt ans. L'abondance nous invite ; mais jusqu'à la guerre, elle fut enchaînée par le système financier. C'est parce qu'on met de côté le "non-sens financier" pendant la guerre que la science appliquée prend des ailes. C'est parce qu'on libère le crédit national et qu'il y a preneur assuré, que la production fait des merveilles.

Qu'en pense aujourd'hui le pontife Beaudry-Leman qui disait à ses "bébés roses" de Montréal, il y a moins de trois ans : "D'abord, il n'est pas du tout prouvé que la production abondante soit possible."

Pour détruire en 1943 — oui.

Pour reconstruire en 1945 ? Cela dépend du cas qu'on fera ou qu'on ne fera pas du "non-sens financier."

Il y a des têtes qui ne s'ouvrent à la lumière qu'à coups de bombes. Et encore, les bombes parties, elles ont des chances d'avoir tout oublié. C'est à ces têtes-là que la finance permet l'accès aux postes de commande dans la politique.

Si ceux qui mettent actuellement le non-sens financier de côté ont l'intention de n'y plus revenir, pourquoi continuent-ils à représenter l'effort de guerre par une dette aux financiers ? Pourquoi continuent-ils à faire extraire laborieusement le métal jaune des entrailles de la terre pour l'enfermer religieusement dans un autre trou ? Que cachent-ils pour demain dans le derrière de leur tête ? Et ce sont nos grands hommes du jour !

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com