Avons-nous à craindre que le communisme s'empare du pouvoir au Canada ?
Par les moyens légitimes, par le vote, non. La C.C.F., le socialisme d'État, oui. Mais pas le communisme.
Mais le communisme n'a pas l'habitude de s'implanter au gouvernement d'un pays par les moyens légitimes, par le vote majoritaire.
Le communisme se tient, autant que possible, dans les bornes de la légalité pour faire sa propagande, pour gagner suffisamment d'éléments, et les organiser en vue d'un coup d'État. Mais dès qu'il peut défier la légalité, il la met au rancart. La moralité, encore plus facilement.
Dans le choix des moyens il n'admet qu'un critère ; l'efficacité pour atteindre l'objectif.
Le communiste dira blanc le lundi et noir le mardi, si, pour atteindre son but, il vaut mieux dire blanc que noir le lundi, et noir que blanc le mardi.
S'il faut ramper un temps, le communiste sait ramper. S'il faut tendre la main, il sait tendre la main. S'il faut comploter, il complote en expert. S'il faut tuer, il tue sans faiblir.
L'essentiel pour lui, c'est de faire au moment opportun la chose qu'il faut faire pour avancer sa cause.
Au degré d'avancement où en est actuellement le communisme au Canada, un coup d'État serait-il possible ?
La question peut faire hausser les épaules à des gens qui ne consentent à entendre sonner la cloche d'alarme qu'au lendemain de l'incendie.
Qui eût cru une révolution communiste possible en Espagne avant qu'elle fût un fait accompli ?
Mais au Canada ?
Voici les réflexions d'un observateur sérieux et renseigné, qui connaît parfaitement la technique communiste et qui possède assez de documentation pour savoir de quoi il parle.
Selon lui, c'est une illusion trop commune de s'imaginer que le communisme ne puisse s'implanter facilement au Canana. Le communisme peut conquérir le pays en un seul jour, et c'est d'une simplicité enfantine.
L'heure propice semble cependant devoir être immédiatement après la démobilisation et la fermeture des usines de guerre, une fois la paix conclue.
Tout se fera avec une précision chronométrée, dans toutes les principales villes du Canada, et peut-être des États-Unis, le même jour et à la même heure.
Dans ces grandes villes, au moment convenu, les communistes, dont chacun a déjà son rôle et son poste assignés, s'empareront simultanément des gares, des centrales téléphoniques, de l'hôtel des postes, de l'hôtel-de-ville, des centrales électriques, des tramways, de l'aqueduc.
Viendront ensuite : l'assaut des hôpitaux et le massacre de tout ce qu'ils renferment (malades, sœurs, gardes, médecins, etc.), l'assaut des principaux couvents et des plus gros magasins.
Tout cela est l'affaire de quelques heures, et après, personne ne peut plus bouger.
Les campagnes, qui vendent en ville et s'approvisionnent en ville, sont vite obligées de suivre dès que les grands centres sont pris.
C'est là, en gros, la technique qui fut suivie par la Commune de Paris, et qui fut reprise, perfectionnée et mieux préparée, par la révolution bolchéviste de Russie,où la prise de quelques grandes villes a entraîné celle de tout l'empire.
Cette technique, ajoute l'observateur cité, est étudiée dans tous les groupes communistes du monde entier.
Et, pour un communiste, étudier ne se borne pas à des leçons apprises par cœur, ni à des notions à situer dans les nuages. Il fait des applications. Il prévoit ce qu'il fera, lui personnellement, dans tel ou tel rôle, dans la ville où il doit opérer. Il se familiarise avec les lieux. Il possède la géographie détaillée de son coin, et il sait comment engrener son travail avec celui de son camarade.
Les communistes ont leurs techniciens dans toutes les lignes. Les uns savent couper ou établir des communications électriques ; d'autres sont familiers avec les moyens de transport ; d'autres sont experts dans le dynamitage ; d'autres ont depuis longtemps la soif du massacre.
Et pour réaliser tout cela, il faut beaucoup moins de monde qu'il n'y a de communistes dans Montréal. Toronto, Winnipeg, Vancouver ont également leur contingent plus que suffisant. Et d'autres cités de seconde importance aussi.
À Montréal, il y a dix fois plus d'étrangers sans foi qu'il en faut pour s'emparer des services publics.
Les chefs communistes savent d'ailleurs comment répartir les rôles. Ils dirigeront les communistes canadiens-français sur les gares et les centrales, et confieront aux étrangers sans scrupule le massacre du personnel des hôpitaux. Comme en Espagne.
La raison du massacre, dans les hôpitaux, c'est que ces édifices sont choisis d'avance, avec les principaux couvents et édifices publics, pour devenir les quartiers-généraux des communistes.
Mais la troupe ? La police ou l'armée locale n'interviendrait-elle pas ?
Outre le désarroi soudainement causé par le sabotage ou la confusion jetée dans les communications, l'histoire démontre que, dans ces occasions, la troupe passe généralement du côté des mutins.
Un soulèvement isolé peut toujours être réprimé. Un soulèvement simultané, préorganisé et aussi soigneusement que fanatiquement exécuté dans tous les centres du pays, n'est pas si facile à mâter. D'ailleurs, les meneurs et leurs lieutenants connaissent parfaitement leur leçon : ils savent quel acte poser comme second immédiatement après le premier ; lequel comme troisième après le second.
Pour prévenir militairement une explosion communiste, il faudrait faire garder militairement, en permanence (parce que ni le jour ni l'heure ne sont divulgués d'avance), tous et chacun des grands établissements publics ou religieux. C'est manifestement impossible.
L'observateur que nous citons croit qu'il est impossible d'éviter la révolution communiste (déjà parfaitement pré-organisée), à moins de faire à temps les réformes pressantes nécessaires pour rendre humaine la vie des classes populaires.
Sur ce point, les créditistes ne pensent pas autrement. Et c'est pourquoi ils pressent, à droite, à gauche, pour hâter un redressement qui s'est fait bien trop longtemps attendre.
Dans un prochain article, nous parlerons des succès matériels obtenus en Russie, succès que les communistes exploitent à fond pour abattre les préventions et seconder leur propagande.