Le Manitoba nous tient un peu au cœur, puisque nous y avons mis du nôtre au cours d'une tournée dramatiquement terminée à la fin de l'hiver dernier.
Le mouvement créditiste se dessina au Manitoba en 1935, peu après la victoire d'Aberhart en Alberta. La première assemblée fut tenue à St- Boniface. Parmi les fondateurs de langue française, citons MM. Marcel Montagnon, Georges Bédard, St-Hilaire, Fred Dufault. Parmi les Anglais, MM. Saunders, Benjamin, Tom Foster, Guy Smith.
On poussait la formation de cercles d'étude de vingt membres, avec un secrétaire animant le groupe et convoquant aux réunions hebdomadaires et mensuelles. La littérature a fait le gros du travail au Manitoba, évidemment avec la collaboration personnelle et financière des propagandistes. Le Moniteur, puis les Cahiers du Crédit Social, et aujourd'hui VERS DEMAIN, ont toujours trouvé un nombre remarquable de lecteurs chez nos confrères français du Manitoba.
Aux élections provinciales de juillet 1936, les créditistes élurent cinq députés à l'Assemblée Législative, dont une femme, Mlle Salomé Hall- dorson, dont le groupe de St-Boniface apprécie la collaboration.
Aux élections fédérales de mars 1940, quatre candidats créditistes entrèrent en lice. Après une campagne mal financée, ils furent battus, mais enregistrèrent tout de même un nombre de votes supérieur à celui des C.C.F. dans les mêmes circonscriptions. Les C.C.F. sont en recul au Manitoba et les créditistes à la hausse.
Dans le nord-ouest de la province, le curé de Laurier, l'abbé Maurice Pierquin, créditiste convaincu et militant, avec l'aide de M. Évariste Guay, organise et anime des cercles d'étude, non seulement dans sa paroisse, mais à Ste-Rose-du-Lac, à Ste-Amélie, et touche même Toutes-Aides et McCreary.
Les lecteurs de langue anglaise ont eu plusieurs feuilles mensuelles, dont "The Beacon" qui prit un beau développement, mais suspendit sa publication en septembre 1939. Les Anglais du Manitoba s'intéressent, eux aussi, au Crédit Social, mais nous croyons les Manitobains de langue française plus avancés dans cette étude et plus dynamiques pour l'action.
Les deux diocèses de Winnipeg et de St-Boniface renferment une soixantaine de paroisses canadiennes-françaises. On nous écrit que 32 d'entre elles ont un groupe organisé de créditistes. Nous savons que VERS DEMAIN entre dans 18 paroisses, servant près de 200 abonnés.
Comme il y a 10,000 familles canadiennes- françaises au Manitoba, il reste encore beaucoup à faire. Pour une action pulvérisante, VERS DEMAIN devrait entrer dans au moins 2000 familles de cette province. Lors de notre tournée en février dernier, nous donnâmes une vingtaine de conférences. Malheureusement, l'Institut d'Action Politique n'était pas encore né. L'organisation à distance est plus difficile, mais nous anticipons tout de même de beaux développements prochains au Manitoba.
