Dans son tract, La Franc-maçonnerie, ennemie de l'Église et de la patrie, le chanoine Georges Panneton écrit :
"Il faut admettre qu'en pays anglais, la maçonnerie est moins agressive, sans doute parce qu'elle s'accommode bien du protestantisme, religion de la majorité en ces pays, et qui laisse le champ libre aux activités maçonniques. Pourquoi d'ailleurs Satan combattrait-il les hérésies qu'il a lui-même suscitées pour affaiblir l'Église du Christ ? Il concentre ses troupes d'élite, ses troupes maçonniques contre l'Église catholique romaine et contre les nations en majorité catholiques."
D'ailleurs, la franc-maçonnerie poursuit un but parallèle à celui de la finance internationale et de la juiverie organisée : Gouverner le monde entier, au nom de Satan, par l'entremise d'un organisme central disposant de la puissance financière et de la force armée.
Comme la finance internationale, elle foule au pied la question de patrie dans les pays qu'elle veut subjuguer.
Si le terme "cinquième colonne" est moderne, la tactique qu'il désigne ne l'est pas. La pénétration camouflée fut utilisée et produisit ses fruits bien avant aujourd'hui.
La franc-maçonnerie, en s'infiltrant en France au 18ième siècle, y prépara à la fois des ruines religieuses et des ruines françaises.
La France laissée par Louis XIV comptait 20 millions d'habitants et possédait un empire colonial remarquable, comprenant les Indes, la Louisiane et le Canada.
L'Angleterre, d'autre part, ne comptait que 8 ½ millions d'habitants et la misère y était grande.
Comment la France perdit-elle sa force et son prestige ?
La franc-maçonnerie encouragea l'engouement des philosophes français du XVIIIe siècle pour tout ce qui était d'outre-Manche, sans doute parce que ce n'était pas catholique. On vit s'installer et fleurir en France des sociétés semi-politiques, semi-philosophiques, d'importation anglaise et de rite maçon.
Le Feu et l'Enfer, les Multipliants, les Fils de Sion — autant de filiales anglaises essaimées en France.
L'Intelligence Service britannique ne pouvait que favoriser cette infiltration dont il tirerait tout le parti possible en temps et lieux.
C'est surtout le rite "Écossais, Ancien et Accepté" qui eut la faveur dans la France fashionable de l'époque. On eut :
À Paris : Les Sept Écossais Unis ; La Robe Écossaise ; La Franchise Écossaise ; Les Fidèles Écossais ; Les Indivisibles Écossais ; Les Inséparables Écossais.
À Bordeaux : L'Anglaise ; L'Écossaise et Amitié Réunies ; Les Francs Chevaliers de Saint-André d'Ecosse.
À Lyon : Les Écossais ; L'Alliance Écossaise.
À Rouanne : Le Conseil Écossais ; L'Union Écossaise.
À Grenoble : L'Olivier Écossais.
Au Havre : Les Persévérants Écossais.
À Tours : Saint-André d'Écosse.
Avec pareille invasion, l'Angleterre et son alliée d'alors, la Prusse, eurent la partie belle contre la France lorsque vint la Guerre de Cent Ans. La France maçonnisée à l'écossaise sacrifia à Londres La Bourdonnais et les Indes, Montcalm et le Canada. Les dépouilles de l'empire colonial français, en 1763, firent la puissance maritime et commerciale du concurrent qui avait envoyé ses missionnaires maçons en France.
La France n'ouvrit pas les yeux pour cela, et la maçonnerie continua son œuvre. Si la France contribua à la victoire des Américains contre l'Angleterre vingt ans après le Traité de Paris, l'Angleterre mécontente trouva en la franc-maçonnerie l'élément le mieux approprié pour prendre sa revanche.
C'est à Lord Palmerston, grand-maître du "Rite Écossais Ancien et Accepté", qu'on doit cette phrase : "Quand vous n'êtes pas satisfait d'une nation, utilisez contre elle l'arme de la révolution."
Les loges de l'obédience écossaise furent envahies par des agents provocateurs venus de la nation alors ennemie de la France. La grande révolution de 1789 scella pour 150 ans la mission traditionnelle de la France officielle.
La bête continua son œuvre dévastatrice en France et l'on a vu la fille aînée de l'Église gouvernée pendant des décades par une clique de juifs et de francs-maçons. Il a fallu la défaite humiliante de 1940 pour qu'elle ouvre les yeux. C'est en pleine connaissance de cause que Pétain, homme aussi averti que courageux, fit de l'expulsion de la franc-maçonnerie un des premiers gestes nécessaires pour la restauration de la France.
La franc-maçonnerie s'est aussi attaquée aux autres pays latins, où fleurissaient à la fois la vie catholique et une prospérité relative. Elle y a saboté l'une et l'autre. Qu'il suffise de mentionner les noms : Italie, Espagne, Portugal, Amérique du Sud.
Selon la remarque du chanoine Panneton, le Canada français, justement à cause de son caractère nettement et officiellement catholique, ne pourrait-il pas devenir la principale cible des attaques de la secte en Amérique du Nord ?
Et n'allons pas croire que le travail n'y est pas commencé.
Il y a trente ans, la loge "L'Émancipation", affiliée au Grand-Orient de France, faisait des siennes à Montréal et recrutait des membres jusque parmi les hauts officiers de la police et parmi les présidents des sociétés pieuses. On se rappelle comment un courageux jeune homme du temps, M. A.-J. Lemieux, réussit à s'emparer de documents de la loge, et quelle révélation fut sa petite brochure de 1910.
Désappointés, couverts de confusion devant leurs concitoyens catholiques, certains des frères trois-points cherchèrent réhabilitation. Nous voulons croire qu'il y eut des conversions sincères. Mais les autres se ressaisirent. Et nous avons encore nos loges maçonniques, même de langue française. On serait sans doute surpris de connaître les noms de sommités politiques ou autres qui figurent dans l'armée occulte.
Il nous a été donné récemment de rencontrer ce M. Lemieux qui torpilla la loge "L'Émancipation" au moment où elle se préparait à salir le grand Congrès Eucharistique de 1910. Sa lutte ne l'a évidemment point enrichi. Pour faire de l'argent aujourd'hui, il faut se ranger du côté des puissances. Mais M. Lemieux a gardé, avec ses convictions, son esprit chercheur et combatif. Espérons que le Canada français pourra encore profiter de ses services contre une force dont les effets sont tangibles, mais qu'il est toujours difficile de démasquer.