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Franc-Maçonnerie — Sous-thèmes

Comment préparer une assemblée

le mardi, 15 octobre 1940. Dans Apostolat, La vie créditiste

Certains se représentent la préparation d'une assemblée publique comme une chose tellement difficile qu'elle dépasse leurs capacités. Résultat : ils refusent.

D'autres s'imaginent que ça va se faire tout seul. Résultat : ils manquent leur coup.

Il est certaines assemblées qui demandent des préparatifs plus élaborés, plus minutieux ; d'autres peuvent être réussies plus à la hâte. Toutes demandent de la part de l'organisateur, la considération attentive des circonstances et l'énergie de bouger dans la mesure du nécessaire.

Quel est le but de votre assemblée ? Grouper du monde. Les grouper dans un lieu où il leur sera possible d'écouter attentivement un bon exposé de la doctrine créditiste.

Commencez donc par déterminer le lieu et l'heure, le jour aussi si vous en avez le choix. Si le jour vous est assigné d'avance, faites pour le mieux.

Le local

Il n'est pas du tout nécessaire, à moins qu'il s'agisse d'une assemblée régionale, d'avoir à votre disposition une salle paroissiale ou municipale. Évitez les dépenses autant que possible. Il est encore des maires, ou d'autres dignitaires, qui s'imaginent que les salles publiques leur appartiennent, même si elles furent bâties par les deniers publics. Ils se réservent le droit de refuser une salle à ceux qui ne pensent pas comme eux. Ou bien ils veulent faire payer ceux qui se dévouent pour venir instruire leurs concitoyens. Et comme les citoyens, habitués à se laisser tondre, n'ont pas encore appris qu'ils sont co-propriétaires d'un bien commun, il vaut mieux, dans ce cas, chercher un autre local.

Si vous tenez à faire l'assemblée au village, un garage, une grande forge, une salle d'hôtel fait très bien l'affaire.

Mais pourquoi s'obstiner à tenir les assemblées publiques dans les villages ? Les villageois sont souvent des rentiers retirés, ou des chômeurs découragés et désintéressés de tout ; ou encore des distributeurs de patronage ou des coqs locaux de partis. Ni les uns ni les autres ne sont bien ouvert aux idées créditistes.

Les cultivateurs constituent de beaucoup la classe la plus intéressante. Leur bon sens, leur vision plus droite, les facultés tenues en alerte par l'administration de leur ferme en font le meilleur élément du pays. C'est à eux surtout qu'il faut aller.

Or, nos cultivateurs ne dédaignent pas les assemblées de rang, les soirs de semaine surtout. Ils n'ont pas besoin de se changer. Ils vont chez un des leurs et se trouvent à l'aise. Dans ce cas, choisissez quelqu'un qui est déjà ami de la cause, quelqu'un qui n'est pas mal vu de ses concitoyens et qui, par ailleurs, possède un local assez vaste et assez centralement situé. On groupe facilement 75, même 100 personnes dans ces sortes de réunion.

Dans les centres ouvriers, le problème est un peu plus compliqué. Le mieux peut être de gagner préalablement assez d'adhérents pour les cotiser en vue des dépenses nécessaires. Mais qu'on tienne toujours celles-ci au minimum.

L'annonce

Le choix du lieu fait, il reste l'annonce. Il faut la faire si l'on veut du monde. Il faut la refaire et la re-refaire.

Le mode d'annonce varie d'après les milieux. En campagne, qu'on ne manque pas de l'annoncer à la porte de l'Église après chaque messe le dimanche précédent. Et là, nous conseillons de ne pas s'en tenir à la lecture d'un avis par le crieur public. C'est un créditiste qui peut le mieux annoncer une assemblée de crédit social.

Mettez donc de côté votre timidité, et lorsque le crieur professionnel a terminé sa criée, montez vous-même sur le perron de l'église et annoncez une assemblée publique non partisane, où l'on va parler de l'argent, expliquer d'où vient l'argent, qui le fait, qui n'en fait pas assez, pourquoi on en manque partout, pourquoi les produits des agriculteurs ne se vendent pas, et pourquoi tant de monde reste à rien faire lorsqu'il y a besoin de tant de choses dans toutes les maisons.

Les gens comprendront bien mieux cela que les mots crédit-social, surtout dans les places où l'on présente le sujet pour la première fois. Ne parlez pas de crédit, de monnaie, mais d'ARGENT. C'est ça qui va faire venir le monde.

Du dimanche au jeudi, au vendredi ou au samedi, il y a du temps et les gens peuvent oublier.

Refaites l'annonce durant la semaine par les moyens appropriés : beurrerie, magasin, enfants d'école si l'institutrice est serviable ; par des pressions personnelles. Ne négligez rien.

Chez les ouvriers, on recourt aux infiltrations d'usine, aux groupes organisés ; au besoin aux pancartes et aux circulaires, mais cela nécessite des dépenses. Dans ces milieux, il faut beaucoup de ténacité et parfois de temps. D'autant plus que les ouvriers, rarement propriétaires, éduqués à l'automatisme par l'industrie moderne, sont plus distraits, plus apathiques vis-à-vis des questions publiques. Ils jugent que leurs problèmes résident entre les mains de leurs patrons. L'obstacle des distances n'existe pas à la ville comme à la campagne ; mais l'obstacle de l'irréflexion est beaucoup plus difficile à vaincre. Une fois le milieu entamé, cependant, les résultats peuvent aller vite et devenir très encourageants à cause d'un certain niveau d'instruction et à cause du nombre.

Si l'on vous charge de plusieurs assemblées dans une région, ne vous croyez pas acquitté de la besogne parce que vous aurez trouvé une personne dans chaque place. Assurez-vous personnellement que le travail est accompli à temps par cette personne. Vous pouvez toujours vous faire aider, faire travailler les autres ; c'est souhaitable même. Mais ne vous déchargez pas de votre responsabilité personnelle. La plupart du temps, vous seriez immensément déçu, et ce serait trop tard pour réparer ; les regrets exprimés après coup n'amendent pas grand'chose.

Ne perdez pas de vue que, s'il s'agit d'un conférencier provincial, c'est pour beaucoup de la manière dont vous aurez préparé votre assemblée que dépendra ce jour-là le progrès du Crédit Social dans la province. Un conférencier provincial ne doit pas donner son temps à une simple semence locale que d'autres peuvent faire eux-mêmes. Lorsqu'il passe, il faut que tout soit prévu pour le maximum de résultats. Autrement c'est une injustice envers la cause : le conférencier aurait dû être dans une autre place.

Dans certaines localités, surtout lorsque l'idée a déjà été semée par des apôtres locaux ou des voisins, la préparation de l'assemblée peut se réussir en un tournemain. Nous pensons en ce moment à cette réunion préparée à deux heures d'avis à St-Gabriel de Kamouraska. Deux autos y montent, de Saint-Pacôme, après souper. Elles se partagent les rangs, filent au bout des rangs respectifs et en reviennent en annonçant avec instance à chaque porte l'assemblée marquée pour huit heures. Elles ont commencé par les cultivateurs les plus éloignés pour leur donner le temps d'atteler. À huit heures, les deux cuisines — d'été et d'hiver — du particulier chez qui on avait convoqué les paroissiens, étaient pleines à capacité, jusqu'aux marches les plus élevées de l'escalier conduisant au deuxième étage.

Ajoutons que, vu les conditions d'apostolat dans lesquelles se fait la propagande du Crédit Social, nos organisateurs d'assemblées sont toujours priés, en toute simplicité, de voir aux repas et au logement du propagandiste provincial, parfois aussi aux transports dans la région. Mais ce n'est pas cela qui présente le plus de difficulté.

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