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Chronique médicale - VI — Le Cancer et les Vitamines

Dr Jos.-Élie BÉLANGER, B.A., M.D., L.C.M.C. le jeudi, 15 août 1940. Dans Chronique médicale

Note :—

Ces chroniques peuvent paraître peu pratiques à quelques lecteurs, mais je dois les avertir franchement qu'elles n'ont pas pour but de donner une recette simple pour guérir le cancer. Celui-ci est une maladie toujours sérieuse, et il faut toujours recourir à un médecin pour diriger le traitement. Si quelque malade veut avoir des renseignements, il pourra les avoir par l'entremise de son médecin en s'adressant au journal Vers Demain. Je puis voir un malade par les yeux d'un confrère et m'entendre avec ce dernier pour orienter un traitement.

Je publie ces chroniques contre le cancer exclusivement dans le journal Vers Demain, parce que je voudrais intéresser tous mes confrères à lutter non seulement contre le cancer maladie, mais aussi contre le cancer social que représente notre système monétaire. Le cancer maladie tue les corps seulement, tandis que le cancer social tue les corps et les âmes ainsi qu'en font foi nos statistiques sur la famille, la natalité et le travail du dimanche.

Je conseille donc aux lecteurs d'intéresser leur médecin à ces études. Ce que je dis moi-même, je m'efforce de l'exposer en un langage aussi simple que possible. Mais pour les citations, je suis obligé de donner le texte même. Or, la science médicale ne procède pas suivant des données mathématiques. Elle est composée le plus souvent d'opinions appuyées sur des faits cliniques ou des observations de laboratoire. Voilà pourquoi, si je veux que ma thèse soit complète, il faut la parsemer de citations. D'ailleurs, nos lecteurs trouveront bientôt quelques notes pratiques sur les vitamines.

Pathogénie du cancer (suite)

Le développement du cancer peut être logiquement attribué à un régime alimentaire pauvre en vitamines, et voici à ce sujet une opinion intéressante donnée par le Dr Pascault, de Cannes (France) dans un article intitulé : À propos de la pathogénie du cancer :

"Le terrain qui prépare ou entretient le cancer présente vraisemblablement, comme dans toute maladie de nutrition, deux caractères opposés : surabondance de certains éléments, carence pour d'autres. Je m'explique  :

"Sans nul doute, l'alimentation moderne nous fournit libéralement l'albumine, les graisses et les hydracarbones dont nous avons besoin. Mais peut-on compter que le pain blanc (le pain mort de Monteuuis), les céréales et les légumes secs décortiqués, les légumes dits frais consommés deux ou trois jours après avoir été arrachés de leur sol nourricier, les fruits cueillis avant maturité, les viandes surcuites et tripatouillées par le cuisinier ou le charcutier, la margarine et autres erzats du beurre frais, le lait en boîte ou stérilisé, les œufs de quinze jours quand ils ne sont pas de six mois, le sucre raffiné et le vin frelaté..., peut-on compter que ces aliments dénaturés nous apportent en proportion convenable et suffisante, les ferments et les infiniments petits minéraux indispensables à la vitalité et au jeu correct de nos cellules ? Certainement non.".

"Pour lutter contre le cancer, une des premières conditions serait de changer nos habitudes de table : il faudrait manger moins et manger mieux. Manger moins en réduisant notre ration habituelle d'au moins un quart, pour un homme d'appétit normal, et d'activité moyenne. Manger mieux en ne consommant que des produits d'une fraîcheur indiscutable et en éliminant le plus possible les conserves et la plupart des aliments préparés industriellement. En ayant une nourriture moins cuisinée, plus simple, plus près de la nature, crue chaque fois que l'aliment et les facultés digestives du sujet le permettent. En ayant un régime équilibré, comme l'on dit aujourd'hui, c'est-à-dire moins chargé de viande, de sucre et d'alcool (les trois aliments meurtriers de CARTON), plus riche en céréales "complètes", en légumes et fruits frais, ces pourvoyeurs d'oxydase, de vitamines et de ces principes propres à entretenir notre réserve alcaline. Enfin, en ayant une nourriture extrêmement variée, afin de puiser là où ils sont les quelques miligrammes ou centigrammes de magnésium, de cuivre, de zinc, de fluor ou de silice qui aideront à faire échec à la formation d'un néoplasme."

Cette pathogénie du cancer est d'autant plus intéressante qu'elle peut expliquer les guérisons spontanées des tumeurs cancéreuses. Voici ce qu'affirme AUGUSTE LUMIÈRE dans un article intitulé : À propos de la pathogénie du cancer épithélial :

"On assiste effectivement à des diminutions de volume parfois importantes des tumeurs sous l'influence des traitements les plus divers... Enfin, les régressions et même les guérisons spontanées des tumeurs malignes ne sont nullement d'une extrême rareté.

"En 1892, BILLROTH présentait à la Société Império-Royale des Médecins de Vienne deux cas de guérison complète et spontanée de carcinome du sein, sans aucun traitement.

"Il suffit d'ailleurs de modifier le métabolisme d'un néoplasique pour voir l'évolution tumorale s'arrêter temporairement ou même régresser."

Un changement de milieu et de régime pourrait suffire à donner au malade le complément qui manquait jusque-là dans son alimentation, et cet apport nouveau pourrait suffire à modifier le métabolisme de ses cellules et à faire régresser la tumeur.

(Reproduction interdite).

Dr Jos.-Élie BÉLANGER, B.A., M.D., L.C.M.C.

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