Marie-Louise-Elisabeth Lamoignon naît dans l’Hôtel des Lamoignon, à Paris, le 3 octobre 1763. Elle est la troisième de sept enfants. Elle est baptisée le jour même, à l’église St-Sulpice. D’une famille de haute noblesse, Louise-Elisabeth grandit dans un milieu chrétien, soucieux de justice et de charité. Son père est membre du Parlement. Souvent la famille se retire en Province, à Tubeuf en Normandie.
A Thubeuf, la grand-mère maternelle, Mme Berryer, récemment veuve, s’éprend d’affection pour la petite Louise-Elisabeth, elle veille sur l’éducation chrétienne de sa petite-fille. L’enfant recevra de cette aïeule une éducation raffinée, elle bénéficiera de leçons des meilleurs maîtres et de la transmission des valeurs profondes de piété, d’étude et des arts. Le père Louis Bourdaloue, Jésuite renommé, surnommé, «le roi des prédicateurs et le prédicateur des rois!» mais aussi des pauvres, ami de la famille, influence sa formation spirituelle. Elle lit le latin et s’intéresse aux lectures sérieuses. Elle contemple l’image de Jésus en croix, aime beaucoup la solitude pour prier et réfléchir.
Elle a environ 8 ans, le 13 juin 1771, elle fait sa première communion. Admirablement préparée, elle reçoit ce jour-là de grandes grâces dont elle se souviendra toute sa vie. Elle écrira plus tard à son directeur spirituel: «Le 13 juin, Fête-Dieu et jour de ma première communion, je reçus, quoique bien jeune, de grandes grâces de Dieu, je ne les oublierai jamais.»
Avec sa grand-maman, elle visite fréquemment les paysans pauvres des alentours, leur apportant des vêtements et faisant le don de ses jouets aux enfants. La petite fille est heureuse d’accompagner Mme Berryer dans ses visites au monastère de la Visitation, où pendant plus de 100 ans, des religieuses, du nom de Lamoignon ont illustré l’Ordre de leur présence bienfaisante. Elle entrevoit déjà, dans son esprit, la possibilité de donner une réponse d’amour «Au Dieu de bonté qui me voulait tout entière», confie-t-elle à ses enfants. «Prévenue dès ma plus tendre enfance des dons du Ciel, la solitude et la retraite eurent pour moi des charmes et furent l’attrait de mon cœur.» (Testament 1810)
En elle, s’harmonisent noblesse, élégance et richesse. Elle a 15 ans, suivant la coutume de l’époque, M. Lamoignon, son père, la convoque à son bureau, très heureux de lui annoncer que M. Edouard Molé de Champlâtreux, 19 ans, désire sa main et qu’il la lui a accordée. «C’est un jeune homme vertueux, une âme charitable, il est issu d‘une famille de grands magistrats, il fera un mari digne de vous», renchérit le père. Elle accepte la proposition paternelle qui contrarie grandement son plan d’intimité de vie avec Jésus. Fort heureusement, elle put écrire plus tard: «Mes parents m’unirent à l’homme le plus vertueux et le meilleur».
Le 9 février 1779 eut lieu le mariage en la chapelle de l’Hôtel des Lamoignon. Leur foyer est bientôt peuplé de cinq enfants dont trois meurent en bas âge. Seuls Mathieu et Félicité survivront.
En 1788, Saint-Sulpice (paroisse des Molé) a un nouveau curé. Et durant le rude hiver de 1789 des hordes de mendiants affluent dans la capitale. La situation des pauvres est dramatique. Le curé s’appelle M. de Pancemont. Il dit aux dames de la noblesse dont Mme Molé fait partie: «J’ai recensé 25 000 pauvres dans cette grande paroisse. Il faut que les familles plus favorisées se mobilisent. Nos ateliers occupent de nombreux chômeurs, nos écoles ont recueilli des centaines d’enfants, mais nous manquons d’argent.» Une dame se charge de trouver des fonds, une autre apportera du linge, quant à Mme de Molé, elle visitera les pauvres à domicile, faisant la soupe pour les familles des mamans malades et laissant de l’argent pour l’achat des remèdes, etc… Louise-Elisabeth est si généreuse envers les pauvres que son noble mari lui dit un jour, avec humour: «On dit que par l’aumône on entre au Ciel dans une voiture à six chevaux, du train où vous y allez, c’est à douze chevaux que vous y entrerez…»
La voyant fréquenter l’église régulièrement et avec tant de piété, M. le curé de Pancemont l’exhorte à faire une retraite. Pendant cette retraite, elle reçoit un appel particulier du Christ qui l’invite à Le suivre en portant sa croix. Or en plein bonheur conjugal et maternel, elle répond à cet appel divin et fait une alliance avec la croix. Elle expliquera: «C’était de faire un pacte avec la croix du Christ pour y demeurer attachée le reste de ma vie et pour mourir consumée de toutes les ardeurs de la charité.» Elle communique à son mari son état d’âme qu’il partage. Il l’encourage à poursuivre son élan d’amour avec les démunis et à demeurer l’ange des mansardes, comme on l’appelle dans les quartiers pauvres qu’elle visite.
1789, un climat antireligieux envahit la France (ce qui ressemble étrangement au climat de la province de Québec d’aujourd’hui.) Les dix années de bonheur de la famille Molé seront suivies d’années d’angoisse et de souffrances. La révolution éclate. Les révolutionnaires sont soulevés et aveuglés par une campagne de mensonges de quelques chefs sans-dieu qui veulent détruire tout ce qui est beau, noble et grand. Ils s’en prennent à l’Eglise et à la Royauté, et aussi à tous ceux qui leur résistent, à tous ceux qui font le bien. Tout est mis à feu et à sang.
Madame de Molé vit dans l’angoisse, 1789, son père meurt tragiquement. Le gouvernement révolutionnaire contraint les prêtres à prêter serment d’obéir au nouveau régime. M. le curé de Pancemont déclare publiquement dans la chair de son église: «Le devoir de ma conscience m’impose de ne pas prêter serment, je ne jurerai pas». Tandis que les «sans-culotte» criaient «Le serment ou la lanterne». (Lanterne: Sorte de supplice que le peuple, au commencement de la révolution, fit souffrir à quelques hommes qu’on lui désignait comme ses ennemis. Il consistait à le suspendre à la corde qui dans les rues servait aux lanternes. Mettre à la lanterne. On criait: A la lanterne. Qu’on le mette à la lanterne!)
Suite à ces événements, M. de Pancemont s’exile à Bruxelles. De leur côté, les Molé quittent la France quelque temps puis rentrent à Paris. Mme Molé souffre de voir les gens se haïr et Dieu rejeté. Durant l’hiver 1792 elle refait son pacte avec la croix: «Seigneur permettez-moi de faire alliance avec la croix de Jésus-Christ, par amour. Oui, mon Dieu, c’est votre calice que je veux boire jusqu’à la dernière goutte. Que tout le reste de ma vie et ma mort même ne soient qu’un acte de charité».
Paris connaît une nouvelle vague d’agitation qui abat le trône royal. «Les aristocrates à la lanterne, criaient les révolutionnaires!» Toc, toc à la porte de la famille Molé: Mathieu ouvre la porte il entend avec stupéfaction: «Par ordre du comité révolutionnaire, nous venons quérir le citoyen Champlâtreux-Molé!» Ce fut le premier emprisonnement du Comte Molé. Une journée plus tard, il est libéré.
Une année passe, toutes les frontières françaises sont enfoncées par les troupes étrangères. La terreur s’abat sur Paris. Les amis de M. Molé lui conseillent de se réfugier en Angleterre. Sa réponse fut: «Je mourrai peut-être, mais je ne fuirai pas. Je ne veux pas que mes enfants perdre leur fortune et leur patrie.» Quelques jours plus tard, en pleine nuit, les révolutionnaires sont à la porte des Molé: «Par ordre du Comité du Salut public, le citoyen et la citoyenne Champlâtreux-Molé sont placés en état d’arrestation.» On amène le couple sous les yeux éplorés des enfants.
Mathieu peut rendre visite à sa mère à la conciergerie. Elle est alitée. «Mathieu je suis paralysée des jambes, par pitié, prévenez votre père.» Mathieu fait les démarches pour faire libérer ses parents. Il se fait répondre: «Vos parents resteront en prison, leurs charités et leur paternalisme insultent le peuple.» On finit par libérer Louise-Elisabeth étant donné son état de santé. On autorise la présence de son mari à ses côtés, en résidence surveillée, chez-lui. Le soir, dans le silence de la chambre, ils prient ensemble pour les victimes de ces jours terribles. Un soir, nouvelle arrestation du Comte: «Citoyen Molé, je t’arrête et tu vas me suivre jusqu’aux Luxembourg.»
Deux mois plus tard, le jour de Pâques, 20 avril 1794, le Comte Champlâtreux-Molé fut guillotiné pour avoir été un homme intègre et charitable envers les pauvres. L’œuvre des révolutionnaires, c’est de détruire tout ce que les bons construisent par amour. Les bons reconstruisent ce que les révolutionnaires détruisent par haine et ignorance, se servant de calomnies et des mensonges les plus odieux et ils massacrent le clergé et les meilleures institutions. Les révolutionnaires sont supportés dans leur sale besogne par les media à la solde du super-pouvoir de la haute finance et la haute Franc-maçonnerie.
Le soir, M. l’abbé de Sambucy vient annoncer à Louise-Elisabeth la fatale nouvelle et lui communiquer les adieux de son cher époux. Effondrée de douleur, elle prononce un oui généreux à la dure épreuve puis dominant sa lourde peine, elle offre sa vie dans une entière consécration à Jésus Rédempteur. Elle a 30 ans. Elle refait son mystérieux pacte avec la croix qui la lie pour toujours avec l’amour crucifiant du Christ, amour qui la consume et la conduira jusqu’au sommet de la vie mystique.
On somme Mme Molé de quitter son hôtel immédiatement sans avoir le temps d’apporter quoi que ce soit. Son petit crucifix, sa Bible et l’Imitation de Jésus-Christ sont cachés sur elle. On la porte sur une civière suivie de ses trois enfants de 10 ans, 7 ans et 3 ans, sans linge, sans argent, vers une mansarde de la rue du Bac, où les souffrances morales encore plus que physiques se multiplient.
En 1795, Mme Molé obtient qu’on lui restitue le château de Mery-sur-Oise. Elle s’occupe de l’éducation et de la formation chrétienne de ses enfants, prépare leur avenir et met ordre dans ses affaires. L’ancien curé se cache aux portes de Paris. Il peut envoyer des messages à Mme Molé qui lui confirme vouloir se retirer dans la solitude profonde dès que l’avenir de ses enfants sera assuré. M. le curé de Pancemont réfléchit: «Solitude ? En ces temps difficiles où il faut tout restaurer, il faut plutôt des bâtisseurs, Madame Molé est de cette trempe. Attendons l’heure de Dieu.» Une correspondance clandestine s’établit entre Mme Molé et le prêtre.
Fin de juin 1895, une petite armée d’émigrés royalistes débarque en Bretagne. Charles et Christian de Lamoignon sont du groupe. Christian est blessé, Charles le transporte dans une barque et il retourne au combat. La petite armée manquant de munitions fut obligée de se rendre. Malgré la promesse du général Hoche de les épargner, la Convention républicaine les fait exécuter, Charles est du nombre. Christian, n’étant pas au combat, est sauvé et il guérit de sa blessure.
Nouvelle épreuve pour Madame Molé. Elle se fixe un règlement de vie en vue de sa future fondation: Messe à 7 heures du matin, oraison, travail des mains, surveillance des études de ses enfants, etc… Elle recommence à s’occuper des pauvres du quartier de Grenelle et des prisonniers du Châtelet. Un nouveau glaive transperce le cœur de Madame Molé, sa dernière fille, Louise, âgée de 4 ans, est atteinte d’une maladie grave et en meurt.
M. le curé de Pancemont apprend par la Presse qu’il est impliqué dans un complot, il doit s’exiler. La famille Molé est de nouveau en danger, elle quitte Paris pour Champlâtreux. Mathieu se marie en août 1798. Et en mars 1801 Félicité se marie elle aussi.
Heureux souffle de liberté religieuse. Finie la clandestinité pour M. le curé de Pancemont. En avril 1803, il est nommé évêque de Vannes. Louise-Elisabeth lui demande quels sont les plans de Dieu sur son œuvre et sur elle? «Vous me suivrez là-bas, j’aurai besoin de vous», lui dit le prêtre.— «Adieu Paris, adieu Méry, adieu Champlâtreux, adieu mes chers enfant!»
Louise-Elisabeth Molé arrive à Vannes, accompagnée de quelques compagnes et de sa mère, madame de Lamoignon. Elles habiteront désormais dans la maison du «Père Eternel» achetée avec l’argent de Louise-Elisabeth. Le «Père Eternel» était un ancien couvent ouvrant sur le port de Vannes. «L’œuvre de Dieu» prend forme dans ce nouvel Institut. L’amour de Jésus-Christ porté jusqu’à l’héroïsme de la charité. L’éducation des enfants pauvres et la conversion des pécheurs, par la prière et l’œuvre des retraites manifesteront au monde l’amour de Dieu pour tous.
Mgr de Pancemont confie à Louise-Elisabeth l’éducation des fillettes qui viennent de la dernière classe du malheur et de l’indigence. Elle répond: «Les enfants de mon âme me sont aussi précieux que ceux de ma chair.» Quelque temps après, Louise-Elisabeth Molé de Champlâtreux prononce ses vœux de religion et prend le nom de Mère Saint-Louis. «Seigneur, que votre propre zèle soit en moi comme un feu dévorant, un zèle universel, tendre, ingénieux, actif.»
Les vocations se multiplient, Mère Saint-Louis est heureuse de voir ses filles au travail. La communauté ouvre des écoles gratuites pour les fillettes pauvres, puis un internat. On doit déjà agrandir les locaux pour les 500 demandes d’accueil qui viennent de toutes parts.
Le gouvernement approuve la fondation du «Père Eternel»
Le Pape Pie VII (venu à Paris sacrer Napoléon) bénit la fondatrice et ses filles en disant: «Votre maison de charité sera le berceau de beaucoup d’autres. Je souhaite que les évêques de France et d’Italie créent dans leurs diocèses de semblables établissements.»
En 1807, Mère Saint-Louis se doit d’être fidèle encore à son pacte de la Croix. Une autre lourde croix s’appesantit sur ses épaules. Monseigneur de Pancemont est foudroyé par une crise d’apoplexie. Il meurt sans avoir repris connaissance. Il fut enseveli dans la chapelle du «Père Eternel». Alors que Mère Saint-Louis prie près de sa tombe, paix et forces lui furent rendues.
En 1808, Mère Saint-Louis fonde à Auray une seconde maison de charité dans l’ancien couvent des cordelières. «Nous avons une centaine de filles à Vannes, nous en accueillerons 80 ici, à la demande de M. le curé Deshayes», dit elle.
En 1810, elle fait part de son projet de créer un noviciat séparé de la communauté, à l’abbé Le Gal, vicaire général et supérieur du séminaire de Vannes, qui vient d’être nommé supérieur des maisons de charité du «Père Eternel».
En 1816, une ordonnance royale donne à l’œuvre de Mme Molé de Champlâtreux la dénomination de «Sœurs de la Charité de Saint-Louis».
Malgré les épreuves et les difficultés de santé multiples, Mère Saint-Louis répond favorablement à l’appel du curé de Pléchatel. Des religieuses s’installent dans l’ancien prieuré. Les buts de la nouvelle fondation: école gratuite et œuvre de retraites.
1818. Monsieur Deshayes rêvait de ressusciter dans sa paroisse, l’œuvre des retraites que la révolution avait interrompue. Son désir fut immédiatement secondé par Mère Saint-Louis . Elle aménagea et agrandit la Maison d’Auray. «Cette année, dit-elle, nous prévoyons 12 retraites de 8 jours. Plus de 800 retraitants sont annoncés cette semaine… Où allons-nous les loger?»
En 1824, Mère Saint-Louis achète l’ancien monastère en ruine de St-Gildas de Rhuys. Elle veut y faire renaître la vie religieuse. Elle entreprend aussi l’ouverture d’une école gratuite pour les enfants du pays.
Quelque temps après, son état de santé se détériore rapidement. Elle connaît de grands troubles intérieurs. Elle prie: «Mon Dieu, où êtes-vous? Que la souffrance et la peine ne m’écartent pas de vos chemins. Que votre saint nom soit béni.»
Mère Saint-Louis meurt. Quelques jours avant sa mort la sérénité de son visage annonce la paix de son âme. Elle s’éteint, en serrant sur son cœur, le crucifix qui l’avait suivie depuis ses jeunes années. C’était le 4 mars 1825. Toute la ville, notables et pauvres lui rendent hommage. Aux funérailles, le prêtre, conscient de la valeur de la belle âme qui vient de s’envoler dira à ses filles: «Vous savez combien elle mérite nos regrets. Mes sœurs, soyez dignes de votre mère!» Aujourd’hui, Mère Saint-Louis repose à Vannes, dans la chapelle de la communauté.
«Il ne suffit pas à une âme consumée par l’amour divin d’en goûter les douceurs. Elle aime et est aimée, mais cela ne lui suffit pas, elle voudrait faire connaître et goûter à toutes les créatures l’objet de son amour. Elle ne trouve de véritable bonheur qu’à voir son règne s’étendre… » — Mère Saint-Louis aux premières religieuses
En 1902-1903 en France, on refuse aux religieuses le droit d’enseigner. Elles doivent choisir entre la sécularisation ou l’expatriation. Certaines continuent en France dans les écoles libres. D’autres partent vers l’Angleterre et le Canada enrichir de leur enseignement les enfants de nos campagnes.
Mère St-Félix avec seize compagnes à l’âme d’apôtres optent pour le Canada. Après des adieux touchants à leurs Mères et soeurs de France, à leurs parents bien-aimés, le 4 octobre, le généreux contingent prenait le chemin de l’exil, s’imaginant bien aller à la recherche du martyre. Après une mauvaise traversée de dix-neuf jours, le «Canada» abordait à Québec. Les Religieuses françaises saluent avec fierté la ville fondée par Samuel de Champlain aux enseignes françaises. Devant l’inscription «Hôtel St-Louis», elles se sentent déjà chez-elles en pays français. Elles sont accueillies bien cordialement et fraternellement par les révérendes Sœurs Missionnaires de Marie. Dès le lendemain les sœurs étaient dirigées vers St-Philémon de Bellechasse. Une petite maison de bois leur servait de couvent. Mère St-Félix demanda et obtint la permission de se servir de sa dote pour la construction d’un nouveau couvent. Le six janvier 1905, le nouveau couvent, sous le patronage de la Sainte-Famille recevait la bénédiction de l’Église.
En 1907, Mère Saint-Félix est nommée à Loretteville où il n’y a pas encore de couvent et où il n’y avait que seize sous noirs dans la caisse. Douée de qualités exceptionnelles, elle entreprend la construction du couvent de Loretteville, quêtant elle-même les sous pour en payer les frais. Aussi son couvent terminé fait l’admiration de tous. C’est du beau, du solide, du bien fait, construit en granit des champs. Le 24 décembre 1911, le couvent reçoit la bénédiction de l’Eglise.
Les Sœurs de la Charité de Saint-Louis sont maintenant présentes sur 3 continents: Angleterre 1898; Canada 1903, Etats-Unis 1908; Haïti 1945; Madagascar 1956; Italie 1962; Mali 1966; Sénégal et Martinique en 1972.
Que de remerciements et de reconnaissance nous devons au dévouement de ces saintes religieuses qui nous ont transmis notre belle culture catholique et française, malheureusement si chambardée de nos jours par les «fous» de la révolution tranquille. Ils ont volé sournoisement nos écoles à ces saintes âmes qui les avaient construites. «Pardonnez-leur Seigneur, car ils ne savent pas ce qu’ils ont fait. Nous prions pour leur conversion en chrétiens que nous sommes.
Nous avons pris ces renseignements et images dans une brochure à bandes dessinées, titrée «Marie-Louise-Elisabeth Molé» (Editions Fleurus); aussi dans l’excellent résumé fait par Soeur Jeanne D’Arc Reimnitz, S.C.S.L., écrit à l’occasion du centième anniversaire de leur implantation en Amérique et dans le livre «Une éducatrice émérite».