« Le service à la nation doit être orienté vers le bien commun qui garantit le bien de chaque citoyen » (S.S. le Pape Jean-Paul II aux législateurs)
Du 5 aux 17 juin 1999, Jean-Paul II visitait pour la septième fois, en tant que Pape, son pays natal.
Dans la matinée du 11 juin, le Saint- Père s'est rendu au Siège du Parlement polonais à Varsovie, pour rencontrer les 460 membres de la Diète et les 100 membres du Sénat, ainsi que les membres du pouvoir judiciaire et du corps diplomatique. Tous, même les membres ex-communistes du parlement se sont agenouillés et ont fait le signe de la croix au moment où le Saint-Père se rendait lentement sur la tribune d'où il devait leur parler. Voici des extraits de son discours tout imprégné de la Sagesse divine : (extraits tirés de l'Osservatore Romano, 29 juin 1999)
(...) Il y a vingt ans, au cours de mon premier pèlerinage dans ma patrie, j'évoquais l'Esprit Saint avec les foules réunies en communauté de prière sur la Place de la Victoire, en implorant : "Que ton Esprit descende et qu'il renouvelle la face de la terre." (2.6.79) En demandant avec confiance ce renouveau, mais nous ne savions pas encore quelles auraient été les transformations polonaises.
Aujourd'hui, nous connaissons désormais la profondeur de l'action de la puissance divine, qui rend libre, soigne et purifie.
C'est à vous qu'a été confié aujourd'hui ce patrimoine d'efforts courageux et ambitieux, entrepris au nom du plus grand bien de la république de Pologne. C'est de vous que dépend la forme concrète que prendront en Pologne la liberté et la démocratie.
Cette rencontre revêt un caractère symbolique multiple. C'est la première fois que le Pape intervient devant les Chambres du Parlement polonais réunies, en présence du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, avec la participation du Corps diplomatique.(...) Aujourd'hui, en ce lieu, nous nous rendons compte du rôle essentiel exercé dans un État démocratique par un ordre juridique juste, dont le fondement devrait être toujours et partout l'homme, la pleine vérité sur l'homme, sur ses droits inaliénables et sur les droits de toute la communauté qu'est la nation.
Le service à la nation doit être orienté vers le bien commun, qui garantit le bien de chaque citoyen...
Le bien commun comprend l'ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux gouvernements de s'accomplir plus complètement et plus facilement (Gaudias Spes, it 74). "Aussi l'ordre social et son progrès doivent-ils toujours tourner au bien des personnes, puisque l'ordre des choses doit être subordonné à l'ordre des personnes et non à l'inverse (...) Cet ordre doit sans cesse se développer, avoir pour base la vérité, s'édifier sur la justice, et être vivifié par l'amour ; il doit trouver dans la liberté un équilibre toujours plus humain" (Ibid., n. 26).
Dans la tradition polonaise, il ne manque pas de modèles de vies entièrement consacrées au bien commun de la nation. Ces exemples de courage et d'humilité, de fidélité aux idéaux et d'esprit de sacrifice ont suscité de très beaux sentiments et actions chez de nombreux compatriotes, qui de façon désintéressée et avec dévouement ont secouru la patrie, lorsque celle-ci était soumise à de très dures épreuves.
Il est évident que la sollicitude pour le bien commun devrait être réalisée par tous les citoyens et devrait se manifester dans tous les secteurs de la vie sociale. Cependant, la sollicitude pour le bien commun est une exigence particulière du domaine de la politique. J'ai à l'esprit ceux qui se consacrent entièrement à l'activité politique, ainsi que chaque citoyen en particulier. L'exercice de l'autorité politique dans la communauté et dans les institutions qui représentent l'État devrait être un généreux service à l'homme et à la société, et non une recherche de profits personnels ou de groupe, négligeant le bien commun de toute la nation.
Comment ne pas rappeler ici "Les sermons pour la Diète" du prédicateur royal, Dom Pietro Skarga et sa fervente exhortation adressée aux sénateurs et aux députés de la 1ère République : "Ayez un cœur magnifique et vaste. Ne limitez pas et ne réduisez pas l'amour au seul domaine des maisons et aux profits individuels. Ne l'enfermez pas dans vos maisons et dans vos trésors. Que, de vous, il se déverse sur tout le peuple, comme des hautes montagnes, le fleuve se déverse sur la plaine (...) Qui sert sa propre patrie se sert lui-même ; car en elle se trouve tout son bien" (cf). Deuxième sermon, de l'amour de la Patrie).
L'Église attend avant tout des catholiques laïcs une attitude semblable, imprégnée d'un esprit de service du bien commun. "Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la "politique", à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun (Christi Fideles Laïci, n. 4.) Avec tous, ils doivent imprégner les réalités humaines de l'esprit de l'Évangile, de façon à apporter leur contribution spécifique à la promotion du bien commun. C'est une obligation de leur conscience, qui dérive de la vocation chrétienne.
Chaque transformation économique doit servir à la formation d'un monde plus humain et plus juste.
(...) En effet "s'il n'existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l'action politique, les idées et les convictions peuvent facilement être exploitées au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire" (n. 101).
En partageant la joie pour les transformations positives qui ont lieu en Pologne sous nos yeux, nous ne pouvons que nous rendre également compte du fait que dans une société libre doivent aussi exister les valeurs qui garantissent le bien suprême de tout l'homme. Chaque transformation économique doit servir à la formation d'un monde plus humain et plus juste. Je voudrais encourager les hommes politiques polonais et toutes personnes engagées dans la vie politique à ne pas épargner leurs efforts pour construire un État qui prête une attention particulière aux familles, à la vie humaine, à l'éducation des jeunes générations, qui respecte le droit au travail, qui envisage les problèmes essentiels de toute la nation et qui soit sensible aux besoins de l'homme concret, en particulier du pauvre et du faible.
(...) En pèlerinage sur les sentiers du temps, l'Église a lié sa propre mission plus étroitement à notre continent qu'à aucun autre. Le visage spirituel de l'Europe se forme grâce aux efforts des grands missionnaires et grâce au témoignage des martyrs. Il se formait dans les temples élevés avec une grande abnégation et dans les centres de vie contemplative, dans le message humaniste des universités. L'Église, appelée à prendre soin de la croissance spirituelle de l'homme comme être social, apportait dans la culture européenne un unique ensemble de valeurs. Elle demeurait toujours convaincue qu'une politique culturelle authentique doit considérer l'homme dans sa totalité, c'est-à-dire dans toutes ses dimensions personnelles sans oublier les aspects éthiques et religieux" (message au Directeur général de l'UNESCO 27.7.1982) Comme la culture européenne serait restée pauvre si l'inspiration chrétienne lui avait manquée !
C'est pourquoi l'Église met en garde contre une réduction de la vision de l'Europe, qui la considérerait exclusivement sous ses aspects économiques et politiques. (...) "Europe, ouvre les portes au Christ !".
(...) L'expérience historique vécue par la nation polonaise, sa richesse spirituelle et culturelle, peuvent contribuer de façon efficace au bien commun de toute la famille humaine, en particulier à la consolidation de la paix et de la sécurité en Europe.
Le 60e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale, qui a lieu cette année, et le 10e anniversaire des événements que nous avons mentionnés (libération du joug communiste), devraient devenir l'occasion pour tous les Polonais d'entreprendre une réflexion sur la liberté comme "don" et dans le même temps, comme "devoir", une liberté qui exige un effort continu pour la consolider et la vivre de façon responsable. Que les merveilleux témoignages d'amour pour la patrie, de désintérêt et d'héroïsme, nombreux dans notre histoire, constituent un défi pour se consacrer collectivement aux grands objectifs de la nation, car "le meilleur usage de la liberté est la charité, qui se réalise dans le don et le service" (Redemptor Hominis, n. 21).
Je souhaite à toutes les personnes présentes et à mes compatriotes de franchir le seuil du troisième millénaire avec espérance et confiance, avec la volonté de construire ensemble la civilisation de l'amour, qui se fonde sur les valeurs universelles de la paix, de la solidarité, de la justice et de la liberté.
Que l'Esprit Saint soutienne sans cesse le grand processus de transformation, qui vise à renouveler le visage de la terre. De notre Terre commune.
C'était le 87e voyage du Pape en dehors d'Italie, et le plus long voyage dans un seul pays, en vingt ans de pontificat. Malgré ses 79 ans, la vitalité du Pape en a surpris plus d'un : en 13 jours, le Saint-Père a visité 20 villes, célébré 11 messes, et donné 30 discours un programme qui serait venu à bout de bien des personnes plus jeunes. Avec ce septième pèlerinage dans sa patrie, Jean-Paul II a maintenant visité la totalité des 43 diocèses de Pologne, depuis qu'il est devenu Pape. Durant ces 13 jours, il a attiré plus de 10 millions de personnes, soit un Polonais sur quatre.
Le thème de la visite du Saint-Père pour cette septième visite était "Dieu est amour", avec des réflexions basées sur les huit béatitudes du Sermon de Jésus sur la montagne (Mt 5, 1-12). Voici quelques extraits des discours du Saint-Père, qui s'appliquent non seulement à la Pologne, mais à chaque pays dans le monde, et à toute personne de bonne volonté. (Les paroles du Pape sont en caractères gras) :
Le 6 juin, à Elblag, le Saint-Père renouvelait la consécration du genre humain au Sacré-Cœur de Jésus (qui avait été faite pour la première fois il y a cent ans par le Pape Léon XIII, et a parlé des commandements de Dieu :
« Le Christ dit : "Si vous m'aimez, observez mes commandements" (Jn 14, 15)... La volonté de Dieu est que nous observions ses commandements, c'est-à-dire la loi de Dieu donnée sur le Mont Sinaï à Israël, à travers Moïse. La loi donnée à tous les hommes. Nous connaissons ces commandements. Beaucoup d'entre vous les répètent chaque jour dans la prière. Il s'agit d'une coutume très belle et pieuse. Répétons-les tels qu'ils sont écrits dans le Livre de l'Exode, pour confirmer et pour renouveler ce que nous nous rappelons :
"Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'as fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude :
Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi.
Tu ne prononceras pas le nom de Yahvé ton Dieu à faux,
Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier,
Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu.
Tu ne tueras pas.
Tu ne commettras pas d'adultère.
Tu ne voleras pas.
Tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain" (cf. Ex 20, 2-7).
« Voilà le fondement de la morale donnée à l'homme par le Créateur : le Décalogue, les dix paroles de Dieu prononcées avec fermeté sur le Sinaï et confirmées par le Christ lors du discours sur la Montagne, dans le contexte des huit béatitudes. Le Créateur, qui est dans le même temps le législateur suprême, a inscrit dans le cœur de l'homme tout l'ordre de la vérité. Cet ordre conditionne le bien et l'ordre moral et il constitue la base de la dignité de l'homme créé à l'image de Dieu. Les commandements ont été donnés pour le bien de l'homme, pour son bien personnel, familial et social. Ils représentent véritablement la route à suivre pour l'homme. L'ordre matériel à lui seul ne suffit pas. Il doit être complété et enrichi par l'ordre surnaturel.
« La tentation d'organiser le monde et sa propre vie sans Dieu, voire même contre Dieu, sans ses commandements et sans l'Évangile, existe et nous menace également. Et la vie humaine et le monde construits sans Dieu, se retourneront à la fin contre l'homme. Nous en avons eu de nombreuses preuves en ce 20e siècle qui s'achève. Transgresser les commandements divins, abandonner le chemin tracé par Dieu, signifie tomber dans l'esclavage du péché, et "le salaire du péché est la mort" (Rm 6, 23).
« Nous nous trouvons face à la réalité du péché. Celui-ci constitue une offense à Dieu, il constitue une désobéissance à Dieu, à sa loi, à la norme morale, que Dieu donna à l'homme, en l'inscrivant dans le cœur humain, en la confirmant et la perfectionnant à travers la Révélation. Le péché s'oppose à l'amour de Dieu pour nous et détourne nos cœurs de Lui. Le péché est "l'amour de soi porté jusqu'au mépris de Dieu", comme le dit saint Augustin. »
Le 7 juin, le Pape arrivait à Lichen, pour bénir la nouvelle basilique du sanctuaire marial de Notre-Dame des Douleurs. Bâtie sur le modèle de Saint-Pierre de Rome, la nouvelle basilique est la plus grande église de Pologne, et la plus grande à être construite en Europe au 20e siècle. Construite à un coût de 50 millions $, et financée uniquement par les dons des fidèles, elle doit être complétée en l'an 2000, en action de grâces pour le 2000e anniversaire de la naissance de Notre Sauveur, Jésus-Christ. Une fois complétée, la nouvelle église mesurera 120 mètres de long et 77 mètres de large, pour 7,000 places assises et 15,000 debout et autant dans la crypte.
Lorsqu'elle sera complétée, la basilique sera la onzième plus grande au monde, et comptera cinq millions de briques, 365 fenêtres, une pour chaque jour de l'année, 52 portes, un dôme s'élevant à 85 mètres de hauteur, et une tour de 128 mètres. Plus d'un million de pèlerins se rendent chaque année au sanctuaire de Lichen, où la Sainte Vierge est apparue pour la première fois à un soldat en 1813, et à un berger en 1850. Une première église fut construite en 1858.
Plus de 640 églises et chapelles sont présentement en chantier en Pologne. Quel contraste avec les pays occidentaux où plusieurs églises sont fermées, et parfois même détruites ! Malgré 45 ans de communisme, la foi catholique est encore très vivante en Pologne : 96% des 39 millions d'habitants sont catholiques, il y a 26 000 prêtres et autant de religieux pour 9 270 paroisses, et la moyenne d'âge des prêtres est de 45 ans. 2 000 prêtres polonais sont aussi missionnaires dans d'autres pays.
Dans son discours, le Pape a dit : « Je contemple avec admiration cette grande construction qui, dans son élan architectural, est l'expression de foi et d'amour pour Marie et pour son Fils. Grâce soit rendue à Dieu pour ce temple !... Réunis aujourd'hui pour cette prière matinale dans le Sanctuaire de Lichen, aux pieds de notre Mère des Douleurs, implorons-La tous d'intercéder en notre faveur auprès de son Fils, en obtenant pour nous... une foi forte qui ne craint pas les difficultés, les souffrances ou les échecs, car elle repose sur la conviction que "rien n'est impossible à Dieu" (cf. Lc 1, 37). »
Aussi le 7 juin, Jean-Paul II s'est rendu à Bydgoszcz, pour célébrer une messe en l'honneur de tous les martyrs de tous les temps :
« "Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux. Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi." (Mt 5, 10-11)... Le Christ ne promet pas une vie facile à ceux qui le suivent. Il annonce plutôt que, en vivant l'Évangile, ils devront devenir un signe de contradiction. S'il fut lui-même persécuté, cela sera également le cas de ses disciples... Chaque baptisé a donc l'obligation de professer aux hommes la foi reçue de Dieu à travers l'Église. En tant que chrétiens, nous sommes donc appelés à témoigner du Christ. Cela exige parfois un grand sacrifice de la part de l'homme, un sacrifice qui doit être offert chaque jour et, parfois également, toute la vie. Cette ferme persévérance aux côtés du Christ et de son Évangile, cette disponibilité à affronter "les souffrances pour la justice" représentent souvent des actes d'héroïsme et peuvent prendre la forme d'un martyre authentique, qui s'accomplit chaque jour et à chaque instant dans la vie de l'homme, goutte à goutte, jusqu'à l'exclamation finale : "Tout est accompli".
« Un croyant "souffre pour la justice" lorsqu'en échange de sa fidélité à Dieu il fait l'expérience des humiliations, qu'il est outragé, moqué dans son propre milieu, incompris, même des personnes qui lui sont les plus chères. Lorsqu'il s'expose à être contredit, il risque l'impopularité et d'autres conséquences désagréables. Toutefois, il est toujours prêt à chaque sacrifice, car "il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes" (Ac 5, 29).
« À côté du martyre public, qui s'accomplit de façon visible, à la vue de nombreuses personnes, combien de fois s'accomplit le martyre caché dans le secret du cœur humain, le martyre du corps et le martyre de l'esprit. Le martyre de notre vocation et de notre mission. Le martyre de la lutte contre soi et du dépassement de soi. Dans la Bulle d'indiction du grand Jubilé de l'An 2000, Incarnationis Mysterium, j'ai écrit entre autres : "Le croyant qui prend au sérieux sa vocation chrétienne, pour laquelle le martyre est une possibilité déjà annoncée dans la Révélation, ne peut exclure cette perspective de l'horizon de sa vie".
Le 8 juin, dans son homélie à Elk, le Pape a dit : « La plainte, l'appel des humbles, exige une réponse concrète et généreuse de notre part. Elle exige la disponibilité à servir le prochain... Cherchons à entendre ce cri. Cherchons à agir et à vivre de façon à ce que dans notre patrie ne fasse défaut à personne un toit sur la tête et du pain sur la table ; que personne ne se sente seul, abandonné... L'homme ne peut faire les frais du développement et du progrès économique, limitant ses exigences fondamentales. L'homme doit être le sujet du développement, c'est-à-dire le point de référence primordial. »
Le samedi 12 juin, à Sandomierz, durant une messe en l'honneur du Cœur Immaculé de Marie, le Souverain Pontife a expliqué ce que signifiait « la pureté du cœur », et la nécessité pour les familles polonaises de défendre la pureté :
« "Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu" (Mt 5, 8) La pureté du cœur prépare à la vision de Dieu, face à face, dans la dimension du bonheur éternel. C'est ce qui se produit, car déjà dans la vie temporelle ceux qui ont le cœur pur sont capables d'apercevoir dans toute la création ce qui est de Dieu. Ils sont capables, dans un certain sens, de révéler la valeur divine, la dimension divine, la beauté divine de toute la création. La béatitude du discours de la montagne, en un certain sens, nous indique toute la richesse et toute la beauté de la création et elle nous exhorte à savoir découvrir en chaque chose ce qui provient de Dieu et ce qui mène à Lui. En conséquence, l'homme charnel doit laisser place à l'homme spirituel, spiritualisé. C'est un processus profond, lié à l'effort intérieur. Celui-ci, soutenu par la grâce de Dieu, porte des fruits merveilleux.
« La pureté de cœur est donc donnée comme un devoir à l'homme. Il doit constamment assumer l'effort de s'opposer aux forces du mal, à celles qui font pression de l'extérieur et à celles qui agissent de l'intérieur, qui veulent le détourner de Dieu. Ainsi, dans le cœur de l'homme une lutte incessante est menée pour la vérité et pour le bonheur. Pour remporter la victoire dans cette lutte, l'homme doit s'adresser Christ...
« Très chers frères et sœurs, ce message sur la pureté du cœur devient aujourd'hui très actuel. La civilisation de la mort veut détruire la pureté du cœur. Une de ses méthodes d'action est de mettre intentionnellement en doute la valeur d'une attitude de l'homme, que nous définissons comme la vertu de la chasteté. Il s'agit d'un phénomène particulièrement dangereux lorsque l'objectif de l'attaque sont les consciences sensibles des enfants et des jeunes. Une civilisation qui, agissant ainsi, blesse, ou même tue, une relation correcte entre les hommes, est une civilisation de la mort, car l'homme ne peut pas vivre sans le véritable amour. »
Alors le Pape s'adresse de façon spéciale aux jeunes : « Aujourd'hui la civilisation de la mort vous propose, entre autres choses, ce que l'on appelle "l'amour libre". Dans ce genre de déformation de l'amour, on en arrive à profaner l'une des valeurs les plus chères et les plus sacrées, car le libertinage n'est ni amour, ni liberté... N'ayez pas peur de vivre contre les opinions à la mode et les propositions s'opposant à la loi de Dieu. Le courage de la foi coûte très cher, mais vous ne pouvez perdre l'amour ! Ne permettez à personne de vous rendre esclaves ! Ne vous laissez pas séduire par les illusions du bonheur, pour lesquelles vous devrez payer un prix trop élevé, le prix de blessures souvent incurables ou même d'une vie brisée, la vôtre et celle des autres ! Je désire vous répéter ce que j'ai déjà dit un jour aux jeunes d'un autre continent : "Seul un cœur pur peut aimer pleinement Dieu. Seul un cœur pur peut mener à bien, jusqu'au bout, la grande entreprise de l'amour qu'est le mariage ! Seul un cœur pur peut pleinement servir les autres."
« Je m'adresse également à nos familles polonaises, à vous pères et mères. Il faut que la famille prenne une position ferme en défense de la protection du seuil de sa maison, en défense de la dignité de chaque personne. Protégez vos familles de la pornographie, qui aujourd'hui envahit sous diverses formes la conscience de l'homme, en particulier des enfants et des jeunes. Défendez la pureté des mœurs dans vos foyers domestiques et dans la société. L'éducation à la pureté est l'une des grandes tâches de l'évangélisation qui se trouvent à présent devant nous. Plus la famille sera pure, plus la nation sera saine. Et nous voulons rester une nation digne de son nom et de sa vocation chrétienne. »
Le dimanche 13 juin, le Pape célébrait à Varsovie une messe pour la béatification de 108 martyrs de la seconde guerre mondiale. Tout comme il l'avait fait deux jours auparavant devant les parlementaires polonais, le Souverain Pontife a rappelé la prière qu'il avait faite sur cette même place à Varsovie il y a 20 ans, le 2 juin 1979, lors de sa première visite en Pologne. Cette prière allait devenir un cri de ralliement contre la répression, inspirant le mouvement « Solidarité » qui allait entraîner la chute du communisme dix années plus tard :
« Je rends grâce à la Divine Providence, car il m'est à nouveau donné de me trouver ici, où il y a vingt ans, en la mémorable veillée de Pentecôte, nous avons vécu de manière spéciale le mystère du Cénacle. Avec le primat du millénaire, le Cardinal Stefan Wyszynski, avec les évêques et le peuple de Dieu de la capitale, présent en grand nombre, nous avons alors invoqué avec ferveur le don de l'Esprit Saint. À cette époque difficile, nous avons supplié sa puissance de se déverser dans les cœurs des hommes et d'éveiller en eux l'espérance... Il s'agissait d'une imploration pour le renouvellement du visage de la terre, de cette terre. Que ton Esprit descende et qu'Il renouvelle le visage de la terre, de cette terre ! Comment ne pas rendre aujourd'hui grâce à Dieu, Un et Trine, pour tout ce que, au cours des vingt dernières années, nous interprétons comme une réponse à ce cri ! Tout ce qui s'est accompli durant cette période en Europe et dans le monde, à commencer par notre patrie, n'est-il pas la réponse de Dieu ? Sous nos yeux ont eu lieu les changements des systèmes politiques, sociaux et économiques, grâce auxquels les individus et les nations ont à nouveau vu resplendir leur dignité. »
Le 14 juin, à Lowicz, le Saint-Père a parlé de l'éducation chrétienne de la jeunesse. Ce sujet est très important, surtout dans les temps actuels alors que plusieurs gouvernements veulent interdire l'enseignement de la religion à l'école :
« Chers parents, vous savez très bien que ces jours-ci, il n'est pas facile de créer les conditions chrétiennes nécessaires pour l'éducation des enfants. Vous devez faire tout votre possible pour que Dieu soit présent et respecté dans vos familles. N'oubliez pas la prière commune quotidienne, celle du soir notamment, mais aussi la sanctification du dimanche et la participation à la Messe dominicale. Soyez les premiers enseignants de la prière et des vertus chrétiennes de vos enfants, tâche dans laquelle personne ne peut vous substituer. Observez les coutumes religieuses et cultiver la tradition chrétienne, enseignez à vos enfants à respecter tout le monde. Que votre plus grand désir soit d'éduquer la jeune génération en union avec le Christ et l'Église. C'est seulement de cette manière que vous serez fidèles à votre vocation de parents et pourrez subvenir aux besoins spirituels de vos enfants.
« Dans notre pays aujourd'hui, l'Église peut enseigner la religion dans les écoles sans obstacles. Les temps de combat pour la liberté de la catéchèse sont passés. Plusieurs d'entre nous savent quels sacrifices et quel courage cela a coûté à la société catholique en Pologne. Un des torts faits aux fidèles en ces temps de régime totalitaire a été corrigé. L'enseignement de la religion dans les écoles, qui est un grand bien, requiert un engagement sincère et responsable. Nous devons faire le meilleur usage possible de ce bien. »