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Réflexions de Mgr Joseph Mbatia du Kenya

le mardi, 01 janvier 2019. Dans Témoignages

Réflexions d’évêques suite à notre session d’étude

Excellences, frères prêtres et religieux qui sont ici, les directeurs de l’Institut, ainsi que tous les membres présents: bonsoir à tous! Je suis Mgr Joseph Mbatia, évêque au Kenya d’un diocèse appelé Nyahururu, situé en plein sur la ligne équatoriale. Nous en sommes non seulement fiers, mais nous pensons que Dieu nous a bénis parce que nous sommes à l’équateur.

C’est la deuxième fois que je participe à ce séminaire ou session d’étude, et c’est un séminaire d’une nature unique. J’ai été ordonné prêtre il y a 30 ans, à l’âge de 27 ans, mais c’est ici à Rougemont que j’ai assisté au premier séminaire de ce type. C’est unique parce que nulle part lorsque j’étudiais au séminaire cette matière n’a été enseignée. On nous avait enseigné l’économie, la comptabilité, mais nous n’avions jamais été exposés aux idées du Crédit Social.

Comme je l’ai dit, c’est la deuxième fois que je participe à cette session d’étude à Rougemont, et j’ai beaucoup appris. En plus de ce que j’ai appris en venant ici, j’ai commencé à penser que je pourrai maintenant aider les habitants de mon diocèse et que, avec mon frère évêque (Mgr Philip Anyolo), nous pourrons aider dans d’autres diocèses, et peut-être aussi établir un institut de Crédit Social dans notre pays.

J’apprécie d’avoir eu l’occasion d’apprendre sur le Crédit Social. La première fois que je suis venu ici, je venais de recevoir une invitation et moi, pauvre évêque que j’étais, j’ai décidé d’y assister, même si je ne connaissais rien sur le Crédit Social. Alors j’y ai assisté, et j’ai beaucoup appris. Et cette fois-ci, j’en ai parlé à Mgr Philip pour l’encourager à assister également à ce séminaire afin que lui aussi puisse apprendre ce que j’avais appris et que nous puissions nous impliquer et appliquer cette philosophie du Crédit Social. (...)

Chers frères et soeurs, votre apostolat est réellement unique. C’est unique parce qu’il traite de la vérité, et de la vérité de l’argent. Tout ce qui concerne l’argent nous force à penser à tous les autres éléments de la vie, parce que l’argent touche tous les aspects de la vie, avec toutes ses difficultés. Voilà pourquoi c’est un apostolat tout à fait unique.

Le problème de la monnaie et des systèmes qui y sont associés ne touche pas seulement l’Europe, les États-Unis et d’autres pays développés, il est également vivant en Afrique, très vivant. Le modernisme qui arrive en Afrique est en train de détruire notre peuple, non seulement sur le plan monétaire et social, mais aussi dans le domaine de la foi. Leur foi est détruite par le modernisme croissant.

Aujourd’hui, en Europe, en Amérique et en Afrique, il existe ce que nous appelons la théologie morale, ou éthique morale, une société sans éthique, sans morale. Beaucoup de gens aimeraient créer une telle société libre d’éthique, où la loi n’a pas d’importance, où une bonne vie n’a pas d’importance, où la moralité n’a pas d’importance, et où la foi n’a pas d’importance. Dans ce cas, nous combattons une très grande bête, un très grand monstre. Allons-nous perdre espoir? Jamais! Nous n’allons pas perdre espoir. Nous allons relever le défi de combattre cette bête monstrueuse.

Comme nous le rappelle l’Évangile selon saint Matthieu, le Royaume de Dieu grandit, comme une graine de moutarde qui a été semée, nous dit l’Évangile de saint Matthieu, est en croissance. C’est une graine qui a été plantée. Cette graine de moutarde va germer, et lorsqu’elle germera, elle deviendra un grand arbre où pourront se réfugier les oiseaux du ciel. Alors le royaume de Dieu grandit. Le Royaume de Dieu grandit, et nous allons grandir avec lui. Comptons-nous donc dans ce Royaume, et défendons-le à tout prix.

Après avoir appris les principes du crédit social la dernière fois que je suis venu ici, j’ai décidé de mettre en œuvre ce que j’avais étudié pour pouvoir aider mon peuple à sortir de la pauvreté et même pour lui apprendre les principes du Crédit Social. Et j’ai commencé dans le diocèse ce que nous appelons un programme de micro-finance. En ce moment, il est présent dans tout le diocèse, nous avons plus de 30 000 membres. Et dans ce programme, dans ce Crédit Social, on prête l’argent sans intérêt. Tous les gens viennent et apportent de l’argent, et celui qui a besoin d’un prêt emprunte de cet argent, mais ne rembourse que le capital, pas l’intérêt. Les petites communautés chrétiennes de notre pays sont très fortes et nous avons utilisé ces petites communautés pour appliquer les principes du crédit social, en particulier la micro-finance dont je viens de parler.

Si vous souhaitez combattre le mal, ne commencez pas par attaquer le sommet, le plus haut; partez à partir du plus bas. Et j’ai décidé que pour lutter contre ce mal, je ferais mieux de commencer avec les gens en bas, les petits, pour que nous puissions monter ensemble, grandir ensemble, afin qu’eux aussi puissent secouer les banques. Dans mon diocèse, déjà les banques tremblent. Ils se demandent: «Qu’est-ce qu’il fait cet évêque? Il fait quelque chose qui n’est pas normal! Je leur avais donné une copie de la brochure «Une finance efficace» sur le crédit social. Ils l’ont lue, et comme je partais, ils m’ont dit: «Monseigneur, vous voulez en finir avec les banques!» Je leur ai répondu: «Non, mais je veux que les banques suivent une économie saine, un bon système en matière d’économie.» C’est ce que je leur ai dit. Et je vais continuer à m’assurer qu’ils suivent la bonne voie.

Nous sommes tous conscients de la manière dont nous combattons les virus dans notre corps, le virus de la polio, ou autre chose. Tout d’abord, nous devons affaiblir le virus. Une fois le virus affaibli, nous l’injectons dans la personne, et ce sont les anticorps de la personne qui combattent le virus et le tuent. C’est ce que nous devrions faire avec la finance. Tout d’abord, commençons par le bas, avec les petits. Ensuite, nous tuons les médias, puis nous les réduisons au minimum. Ensuite nous marchons ensemble pour tuer la grande bête financière.

Pour conclure, laissez-moi vous donner un exemple. Le mystère de l’incarnation est le meilleur exemple. Pourquoi Dieu est-il descendu du ciel et se faire homme? Dieu s’est abaissé afin de racheter l’homme qui est si orgueilleux qu’il ne peut pas suivre la loi de Dieu. Nous devons faire la même chose avec le crédit social. C’est la manière dont je voudrais aborder l’avenir, pour faire chanceler les puissants, mais d’une bonne manière, pour les éduquer, pour qu’ils comprennent quel chemin ils doivent suivre: le droit chemin, la lumière que nous présentons sur l’économie.

Je suis reconnaissant envers vous tous, l’Institut Louis Even et ses dirigeants, pour l’invitation. Si je suis invité à nouveau, je suis toujours disposé à revenir une autre fois pour la même session d’étude. Mais sachez que l’Église au Kenya connaît déjà un peu de lumière avec le Crédit Social. Merci et que Dieu vous bénisse!

Mgr Joseph Mbatia

évêque de Nyahururu, Kenya

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