Jorge Mario Bergoglio naît le 17 décembre 1936 dans le quartier de Flores, au cœur de Buenos Aires, la capitale de l’Argentine, et est baptisé le 25 décembre suivant, jour de Noël. Son père, Mario Jose Bergoglio, natif de la région du Piémont en Italie, est un cheminot. Sa mère, Regina Maria Sivori, est née en Argentine, mais de parents immigrés d’Italie. Ils se marient le 12 décembre 1935 à Buenos Aires, et auront cinq enfants: trois garçons (Alberto, Oscar et Jorge Mario) et deux filles (Marta Regina et Maria Elena). De cette famille, seul Jorge Mario et Maria Elena sont encore en vie.
C’est dans l’église San José du quartier de Flores, où il a fait sa première communion, que Jorge Mario, à l’âge de 17 ans, lors d’une confession précédant la fête de la saint Matthieu de 1953, fait l’expérience «de la miséricorde de Dieu» et qu’il se sent appelé «comme Ignace de Loyola». Une fois ordonné prêtre, il viendra chaque année dans cette église célébrer une messe pour Pâques. (C’est cette expérience qui déterminera plus tard le choix de sa devise d’évêque)
Après ses études secondaires, il étudie la chimie et obtient une maîtrise à l’université de Buenos Aires. Pendant ses études, il subvient à ses besoins financiers en faisant des ménages dans une usine locale et en travaillant en tant que videur dans un club mal famé de Córdoba. Il subit en 1957 une ablation de la partie supérieure du poumon droit après avoir contracté une pneumonie aiguë avec multiples kystes pulmonaire. À 21 ans, sa décision est prise: il sera prêtre.
Jorge Mario entre au séminaire de Villa Devoto, puis au noviciat de la Compagnie de Jésus, le 11 mars 1958. Il fait ses humanités au Chili et revient en 1963 à Buenos Aires pour ses études de philosophie.
Après une expérience d’enseignement de la littérature dans un collège de Santa Fe et dans un collège de Buenos Aires de 1964 à 1966, il fait ses études de théologie au Colegio Máximo de San Miguel dans la banlieue de Buenos Aires qui dépend de l’université jésuite d’El Salvador. Il est ordonné prêtre le 13 décembre 1969 par Mgr Ramón José Castellano, archevêque de Córdoba. Il continue ensuite ses études à la faculté théologique et philosophique San José de San Miguel.
Photo de famille. De gauche à droite, rangée du haut: son frère Alberto Horacio, Jorge Mario, son frère Oscar Adrian et sa soeur Marta Regina. Rangée du bas: sa soeur Maria Elena, sa mère Regina Maria Sivori et son père Mario Jose Bergoglio. |
Après une année (1971-1972) à Alcalá de Henares en Espagne, Jorge Mario Bergoglio est nommé maître des novices du Colegio Máximo San José, institution jésuite de San Miguel, en 1972, et fait profession solennelle le 22 avril 1973. Trois mois plus tard, le 31 juillet 1973, âgé d’à peine trente-six ans, il est nommé provincial des jésuites d’Argentine pour une durée de six ans. La Compagnie est alors appauvrie en vocations et se trouve divisée sur la question de la théologie de la libération quand prend place la dictature militaire qui durera de 1976 à 1983.
En 1980, le Père Bergoglio est nommé recteur de la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel (l’ancien Colegio Máximo San José), tout en y étant professeur de théologie. Il est également pendant cette période curé de la paroisse Saint-Joseph de San Miguel. Il communique régulièrement à travers ses homélies pour dénoncer la corruption de la classe politique et la crise des valeurs en Argentine.
En 1986, il se rend en Allemagne pour terminer sa thèse à la faculté de philosophie et de théologie de Sankt Georgen de Francfort. À son retour en Argentine, il est directeur spirituel et confesseur de la communauté jésuite de Córdoba.
Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires le 20 mai 1992, à l’âge de cinquante-six ans, puis coadjuteur du même diocèse le 3 juin 1997. Le 28 février 1998, à la mort du cardinal Antonio Quarracino, il devient archevêque de Buenos Aires.
Mgr Bergoglio refuse alors de loger dans la résidence des archevêques de Buenos Aires et opte pour un petit appartement situé près de la cathédrale, où il habite avec un autre évêque âgé. Le soir c’est lui qui faisait la cuisine. Il n’a pas de chauffeur privé, et se déplace en prenant l’autobus en soutane de simple prêtre.
Il confesse régulièrement dans cette cathédrale. Il se lève vers 4h30 le matin pour une journée de travail complète et sans arrêt. Afin de rester proche de ses prêtres, il crée une ligne téléphonique qui le relie à eux; de plus, il déjeune régulièrement avec un de ses curés. En 2000, il demande à toute l’Église d’Argentine de «revêtir les vêtements de pénitence publique pour les péchés commis durant les années de dictature».
Jean-Paul II le crée cardinal lors du consistoire du 21 février 2001 avec le titre de cardinal-prêtre de Saint Robert Bellarmin. Le Jeudi Saint de la même année, Jorge Mario lave les pieds de douze personnes atteintes du SIDA à l’hôpital Francisco Muniz de Buenos Aires, spécialisé dans le traitement des maladies infectieuses.
En octobre 2001, il est nommé rapporteur général adjoint à la 10e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques à Rome, consacrée au ministère épiscopal. Lors du synode, il souligne en particulier la «mission prophétique de l’évêque», son identité de «prophète de justice», son devoir de «prêcher sans cesse» la doctrine sociale de l’Église, mais également d’«exprimer un jugement authentique en matière de foi et de morale».
Entre temps, en Amérique latine, sa figure devient toujours plus populaire. Cependant, il ne perd pas la sobriété de caractère et le style de vie rigoureux, que certains définissent presque «ascétique». C’est dans cet esprit qu’en 2002, il refuse la nomination comme président de la Conférence épiscopale argentine, mais trois ans plus tard, il est élu, puis reconfirmé pour un nouveau triennat en 2008. Entre temps, en avril 2005, il participe au Conclave au cours duquel est élu Benoît XVI. (Certaines sources disent même qu’il y aurait récolté un grand nombre de votes.)
Tout en dénonçant les injustices sociales et prenant la défense des pauvres, il défend aussi l’enseignement moral de l’Église. En 2010, lorsque le gouvernement argentin présente un projet de loi pour autoriser le mariage de couples homosexuels, le cardinal Bergoglio proteste publiquement et écrit le texte suivant aux sœurs carmélites de son diocèse:
«Ici aussi réside la jalousie du démon par qui le péché est entré dans le monde et qui essaie sournoisement de détruire l’image de Dieu: un homme et une femme qui reçoivent le mandat de croître, de se multiplier et de dominer la terre. Ne soyons pas naïfs: il ne s’agit pas d’une simple lutte politique; c’est la prétention de détruire le plan de Dieu. Il ne s’agit pas d’un simple projet législatif, mais d’une manœuvre du Père du mensonge qui prétend embrouiller et tromper les enfants de Dieu. Jésus nous dit que, pour nous défendre de cet acte accusateur mensonger, il nous enverra l’Esprit de Vérité. Aujourd’hui, face à cette situation, la Patrie a besoin de l’assistance spéciale de l’Esprit Saint, pour qu’il apporte la lumière de la Vérité au milieu des ténèbres de l’erreur; cet Avocat est nécessaire pour nous défendre contre l’illusion de tels sophismes avec lesquels on cherche à justifier ce projet de loi et à embrouiller et tromper les personnes de bonne volonté.»
Le 13 mars 2013, après le cinquième scrutin du conclave, le cardinal Jorge Mario Bergoglio reçoit plus des deux-tiers des votes, et succède ainsi à Benoît XVI pour devenir le 266e Pape. Aussitôt connus les résultats de ce vote, le cardinal Bergoglio doit répondre aux deux questions rituelles qui marquent la fin du conclave et la levée du secret: «Acceptes-tu ton élection?» et «Quel nom choisis-tu?»
À la première question, il répond: «Je suis pécheur et j’en ai conscience, mais j’ai une grande confiance dans la miséricorde de Dieu. Puisque vous m’avez élu ou, plutôt, puisque Dieu m’a choisi, j’accepte.» Et à la seconde, il répond: «Je serai appelé François, en mémoire de saint François d’Assise.»
Le 16 mars, il expliquait ainsi le choix de ce nom aux représentants des moyens de communication: «Certains ne savent pas pourquoi l’Évêque de Rome a voulu s’appeler François. Certains pensent à François Xavier, à François de Sales, et aussi à François d’Assise. Je vais vous raconter l’histoire. À l’élection, j’avais à côté de moi l’Archevêque émérite de Sao Paulo et aussi le Préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé, le Cardinal Claudio Hummes: un grand ami, un grand ami! Quand la chose devenait un peu dangereuse, lui me réconfortait. Et quand les votes sont montés aux deux tiers, l’applaudissement habituel a eu lieu, parce que le Pape a été élu. Et lui m’a serré dans ses bras, il m’a embrassé et m’a dit: “N’oublie pas les pauvres!”
«Et cette parole est entrée en moi: les pauvres, les pauvres. Ensuite, aussitôt, en relation aux pauvres j’ai pensé à François d’Assise. Ensuite j’ai pensé aux guerres, alors que le scrutin se poursuivait, jusqu’à la fin des votes. Et François est l’homme de la paix. Et ainsi est venu le nom, dans mon cœur: François d’Assise. C’est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la création; en ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non? C’est l’homme qui nous donne cet esprit de paix, l’homme pauvre… Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres!»
Le magazine italien 30 jours rapportait en avril 2005, après la mort de Jean-Paul II, ce témoignage du cardinal Bergoglio:
«Si je ne me trompe, on était en 1985. Un soir, je suis allé réciter le rosaire que disait le Saint Père. Il était devant tous, à genoux. Le groupe était nombreux; je voyais le Saint Père de dos et, petit à petit, je me suis plongé dans la prière. Je n’étais pas seul: je priais au milieu du peuple de Dieu auquel nous appartenions, moi et tous ceux qui étaient là, guidés par notre pasteur.
«Au milieu de la prière, je me suis distrait en regardant la silhouette du Pape. Sa piété, sa dévotion étaient un témoignage, et le temps est passé, et j’ai commencé à m’imaginer le jeune prêtre, le séminariste, le poète, l’ouvrier, l’enfant de Wadowice... dans la position où il se trouvait en ce moment, priant Ave Maria après Ave Maria.
«Son témoignage m’a frappé. J’ai senti que cet homme, choisi pour guider l’Église, parcourait à nouveau un chemin qui menait à sa Mère du ciel, un chemin commencé dans son enfance. Je me suis rendu compte de la densité des paroles de la Mère de Guadeloupe à saint Juan Diego: “N’aie pas peur, ne suis-je pas ta mère?” J’ai compris la présence de Marie dans la vie du Pape. Ce témoignage ne s’est pas perdu. Depuis ce jour, je récite tous les jours les quinze mystères du rosaire.»
Le premier geste du nouveau Pape François, le lendemain de son élection, a été de se rendre à la Basilique Sainte Marie Majeure, pour prier pendant une demie-heure devant la Salus Populi Romani (salut du peuple romain), antique icône mariale protectrice de Rome, comme il l’avait annoncé la veille au balcon de la Basilique Saint-Pierre, le soir de son élection: «Demain je veux aller prier la Vierge pour qu’Elle protège Rome tout entière.»
On raconte que ce qui a convaincu plusieurs cardinaux de voter pour lui, c’est le discours qu’il a fait devant les autres cardinaux, réunis en congrégation générale, quelques jours avant le début du conclave. Le cardinal Ortega de Cuba en a obtenu une copie du Pape François lui-même, qui l’a autorisé à la publier.
Le cardinal Bergoglio leur a dit: «Évangéliser suppose un zèle apostolique, un témoignage. L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller dans les périphéries, les périphéries géographiques mais également existentielles: là où réside le mystère du péché, la douleur, l’injustice, l’ignorance, là où le religieux est méprisé, là où sont toutes les misères. Quand l’Église ne sort pas pour évangéliser, elle se replie sur elle-même, devient autoréférentielle et tombe malade, souffrant de la “spiritualité mondaine”. Le prochain pape doit être un homme qui, de la contemplation et de l’adoration de Jésus Christ, aide l’Église à sortir d’elle-même vers la périphérie existentielle de l’humanité, pour qu’elle devienne mère féconde de la “douce et réconfortante joie d’évangéliser”.»
L’Église, chacun de ses membres, se doit d’être missionnaire. C’est ce qui fait que l’Église restera jeune. Témoigner du Christ pas simplement par nos paroles, mais par notre style de vie, avec bonté et tendresse. Répondons joyeusement à cet appel de notre Pape François!
Quand un prêtre devient évêque, il doit se choisir une devise et un blason. La devise de Mgr Bergoglio — qu’il a conservé en tant que Pape, ainsi que son blason — «miserando atque eligendo» (choisi par miséricorde), est tirée d’une homélie de Saint Bède le Vénérable, reproduite dans la Liturgie des heures pour la fête de saint Mathieu (21 septembre). L’homélie de Bède le Vénérable dit: «Jésus vit un publicain et en le regardant avec miséricorde il le choisit en disant: Suis-moi» (en latin, «Vidit ergo Iesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi Sequere me»). Cette homélie sur la miséricorde divine revêt une signification particulière dans la vie du Pape François. En effet, en la fête de saint Matthieu de l’année 1953, le jeune Jorge Mario fit l’expérience, à l’âge de 17 ans, de manière toute particulière, de la présence pleine d’amour de Dieu dans sa vie. Suite à une confession, il sentit qu’on lui touchait le cœur et ressentit la descente de la miséricorde de Dieu, qui avec un regard d’amour tendre, l’appelait à la vie religieuse, à l’exemple de saint Ignace de Loyola. Le blason représente essentiellement la Sainte Famille de Jésus, Marie, Joseph. En haut, se trouve le symbole de la Compagnie de Jésus: le soleil d’or du Christ, les trois lettres IHS – Iesus Hominum Salvator: Jésus Sauveur de l’Homme ou bien seulement le nom de Jésus, en grec IH-SOUS surmonté de la Croix, et en dessous du H, les trois clous noirs de la Passion du Christ, qui peuvent représenter les vœux religieux de pauvreté, chasteté et obéissance. En bas, à gauche, l’étoile d’or de Marie, et à droite, la fleur de nard, non encore éclose, et qui pour cela ressemble à une grappe dorée de raisin. En Espagne saint Joseph, patron de l’Église universelle, est souvent représenté portant une fleur de nard. |