Le 7 octobre 2014, en la fête de Notre-Dame du Rosaire, Mgr Paul-André Durocher, Archevêque de Gatineau et Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, adressait aux catholiques canadiens un message les invitant à prier le chapelet pour le succès du synode extraordinaire sur la famille qui a eu lieu à Rome en octobre 2014. Mgr Durocher invite aussi les fidèles à continuer de prier jusqu’au prochain synode d’octobre 2015, lui aussi sur la famille, qui étudiera les recommandations du synode de 2014. Voici des extraits de sa lettre :
« La société a besoin de la force, de la santé et de la sainteté des familles, non seulement pour répondre aux exigences du temps présent, mais aussi pour préparer l’avenir. La société a besoin de l’intimité, de la fidélité et du pardon que seuls des couples qui s’aiment et des familles heureuses peuvent donner, tout comme les foyers et les familles sont à leur tour appelés à soutenir et à renforcer leur collectivité et leur société. Le défi pour nous aujourd’hui consiste à trouver de meilleures façons d’allier la vie de famille, avec la sainteté et la force de l’intimité qu’elle peut procurer, à une vision missionnaire et évangélisatrice qui réponde au commandement du Christ d’aller à toutes nations dans le monde entier...
« Pour les catholiques, c’est traditionnellement le mois du Rosaire, qui comprend la fête mariale de Notre-Dame du Rosaire, le 7 octobre. Pendant la dernière année, mon diocèse a contribué à la préparation de la documentation en langue française en vue de la Semaine nationale pour la vie et la famille, une initiative de notre Conférence. Dans ce contexte, j’ai rédigé une courte série de réflexions sur le chapelet en famille. Ces pensées sur la façon dont les mystères du rosaire conservent leur importance pour les familles aujourd’hui ont non seulement été récemment publiées en français, mais aussi en anglais, en italien et en espagnol. J’en ai remis des exemplaires au pape François et à chacun des participants au Synode sur la famille. Notre Conférence mettra une version électronique des textes à la disposition du grand public sur son site Internet. (www.cccb.ca)
« Le chapelet est une prière et une méditation qui s’adapte facilement aux différentes situations de la vie. Il nous aide à reconnaître dans nos joies et nos souffrances, dans les ombres et les lumières de notre vie, la gloire à laquelle nous appelle notre Père du ciel en notre Seigneur Jésus et par les dons de l’Esprit Saint. Le chapelet peut nous aider à relier notre vie personnelle à celle du Christ et de sa Mère aimante, et à découvrir comment notre Seigneur nous appelle à être sel de la terre et lumière du monde. »
Voici le texte intégral de ces méditations de Mgr Paul-André Durocher sur les mystères du Rosaire, reproduites avec l’aimable autorisation de l’archidiocèse de Gatineau et de son archevêque :
Au cœur du récit de l’annonciation se trouve le « Oui » de Marie, qui accepte de faire la volonté de Dieu. Obéir vient de deux mots latins qui signifient littéralement « écouter par en-dessous », ou, dans un sens plus ample, « écouter avec respect ». Marie écoute le messager de Dieu avec respect. Dans la famille, chaque membre doit écouter l’autre avec respect. Parfois, on croit qu’écouter avec respect (l’obéissance) va seulement de l’enfant au parent. Mais, dans le fond, il faut que chaque membre apprenne à écouter l’autre avec respect pour bâtir ensemble l’harmonie mutuelle.
Seigneur, aide-nous à rechercher et à répondre avec promptitude à ta volonté dans nos décisions et dans nos actions, tout comme Marie.
Marie vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Malgré tout le bouleversement physique, émotif et relationnel que cela entraîne, sa première pensée est pour sa cousine âgée, Élisabeth, qui est aussi enceinte. Marie se rend auprès d’elle immédiatement. On peut s’imaginer la jeune adolescente en train d’aider la parente plus âgée à travers les mois pénibles de sa grossesse. Ainsi, malgré nos propres défis et bouleversements, nous sommes appelés à nous mettre au service les uns des autres. Ce service mutuel permet à toute la famille de passer à travers les épreuves et rend les moments difficiles plus légers à porter.
Seigneur, viens enraciner en nous un esprit de disponibilité et de service, afin que nous soyons de vrais témoins d’Évangile.
“Je vous annonce une grande joie », dit l’ange aux bergers. En effet, la naissance de Jésus est source de joie pour tous ceux, toutes celles qui y reconnaissent Dieu qui vient nous visiter. La joie est un des fruits de l’Esprit. La joie n’est pas comme le plaisir passager, fugitif, égoïste et superficiel. La joie est durable, charitable, profonde. La joie, au cœur de la famille, rend précieux chaque moment de la vie partagée ensemble. Cultiver la joie, c’est apporter un vrai cadeau à toute la famille.
Seigneur, viens approfondir en nous la joie du Christ pour que nous puissions la faire rayonner dans nos familles et dans nos milieux de vie.
Ce n’est pas un mot de tous les jours : révérence veut dire “profond respect”. Dans la scène de la présentation de Jésus au temple, on sent la révérence chez Siméon, qui prend l’enfant dans ses bras et se met à bénir Dieu ; et chez Anne, cette prophétesse âgée, qui se met à célébrer Dieu à cause de Jésus. Ces deux vieillards sont pleins de révérence pour l’enfant. Voilà une belle vertu à cultiver en famille, tant pour les plus jeunes que pour les plus vieux. Car chaque personne est unique, possède une valeur extraordinaire. La révérence, c’est notre réponse à la dignité de l’autre.
Seigneur, aide-nous à reconnaître ta présence dans nos frères et sœurs et à respecter l’unicité de chacun.
Jésus adolescent n’a pas suivi ses parents sur le chemin de retour à la maison. Joseph et Marie ont fait de l’angoisse, cherchant leur enfant à gauche et à droite. Voilà qu’ils le retrouvent. Et nous sommes témoins non pas d’une scène de remontrances parentales à un jeune fugueur, mais d’un échange franc, honnête, où chacun se dit avec respect, loyalement. Marie exprime sa crainte. Jésus exprime sa conviction. Les parents ne comprennent pas leur enfant, mais on repart ensemble. Cette honnêteté et cette capacité d’ouvrir son cœur franchement à l’autre sont essentielles à la communication, à la rencontre, à la relation. Être capable de se parler, de s’écouter, même quand on ne comprend pas, voilà une vertu importante pour la vie de famille.
Esprit-Saint, inspire et soutiens les parents dans l’éducation de la foi de leurs enfants, afin qu’ils recherchent la vérité toujours et en toute chose.
Le baptême de Jésus a été le point tournant, le moment où Jésus a quitté sa vie tranquille, « cachée », pour s’engager sur le chemin de la prédication et de l’action. Dans le baptême, Jésus a entendu dans la voix de son Père, comme un appel : « Le Seigneur m’a envoyé » dira-t-il quelque temps après à Nazareth. Et Jésus a répondu. Dans le mot « responsabilité » se cache le mot « répondre ». Être responsable, c’est répondre à l’appel de l’autre, le prendre au sérieux, accomplir ce à quoi on est appelé. Dans la vie de famille, nous sommes responsables les uns des autres : nous devons répondre aux autres, être fidèles à l’engagement qu’ils éveillent. Comme Jésus à son baptême.
Seigneur, aide les parents, les enfants et les grands-parents à comprendre et à assumer leurs responsabilités familiales à la lumière de l’Évangile.
On pourrait croire que le but de ce récit, c’est de révéler la dignité du mariage béni par la présence de Jésus. Tel n’est pas l’objectif de l’évangéliste Jean. Pour lui, ce récit est important parce qu’il s’agit du premier signe de Jésus, son premier miracle. Et c’est à partir de ce moment-là que les disciples crurent en lui. Le vrai don de Cana, ce n’est pas le vin en abondance, c’est la foi. N’avons-nous pas besoin de cette foi dans nos familles ? Foi en Dieu ? Foi en l’autre ? La foi est une force, une vertu, qui nous permet de voir au-delà de l’immédiat et de l’apparent. La famille doit abriter la foi, la protéger, la nourrir. Comme à Cana, Jésus y est présent : il nous appelle à la foi.
Seigneur, augmente en nous la foi, et aide-nous à être des témoins privilégiés de la foi dans nos familles.
Saint Paul dira que le Royaume de Dieu, il est « justice, paix et joie dans l’Esprit-Saint ». Justice d’abord. Être juste, c’est être « ajusté » à la volonté de Dieu. « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux. » Vivre la justice en famille, c’est d’abord chercher ensemble la volonté de Dieu, s’y ajuster, la mettre en pratique. Vivre la justice en famille, c’est s’engager pour vivre la justice entre nous. Mais c’est aussi s’engager pour que le monde soit plus juste. La famille chrétienne doit être une école de justice, une école du Royaume de Dieu.
Seigneur, fais de nous des défenseurs de la justice et de la paix afin que nous posions des actes de partage et de miséricorde auprès des pauvres, des plus faibles et des personnes marginalisées.
Pierre, Jacques et Jean sont émerveillés devant le Christ transfiguré, au point de dire des bêtises. Mais cette expérience les touche profondément et les transforme en les préparant à vivre le mystère pascal. Certaines voix proclament le désenchantement du monde. C’est bien, dans le sens qu’on se libère des superstitions. C’est triste, dans le sens qu’on perd un sens de la profondeur des choses. Savoir s’émerveiller, c’est poser des yeux d’enfant sur la réalité qui nous entoure. Comment être un enfant de Dieu autrement ? L’émerveillement doit être cultivé dans la famille chrétienne qui sait reconnaître la trace de Dieu dans les simples événements quotidiens comme dans les simples personnes qui nous entourent.
Seigneur, change nos regards pour que nous puissions te voir en toute chose, et sans cesse nous en émerveiller.
Le mot « Eucharistie » veut simplement dire « action de grâces ». Jésus est lucide devant la torture et la mort horrible qui l’attendent. Et que fait-il ? Il dit « merci » à Dieu son Père. La vertu de gratitude est fondamentale dans la vie chrétienne. Une spiritualité eucharistique est d’abord une spiritualité de la gratitude qui sait dire « merci » en toute circonstance. Apprendre à dire « merci » fait partie des apprentissages de base d’un enfant. Et ils n’apprennent pas mieux qu’en voyant leurs parents se dire « merci »... et leur dire « merci » à eux, aussi. Apprenons ensemble à devenir gratitude dans tout notre être.
Seigneur, transforme nos vies en « action de grâces ».
Jésus fait face à sa mort. Il se plonge alors dans la prière. C’est qu’il voit sa mort non pas comme un simple accident historique, mais comme un événement lié à la volonté de son Père pour le monde. Il en cherche le sens dans la prière. Cette capacité de porter toute une vie dans la perspective de la prière s’appelait autrefois la « piété ». Un beau mot, mais qui a peut-être vieilli. Parlons donc de prière, pas seulement comme d’une activité que l’on fait, mais aussi comme d’une attitude que l’on cultive, d’un regard que l’on porte. La prière est une force à développer dans la famille chrétienne, car c’est elle qui nous permet de découvrir le sens de nos vies.
Nous te demandons, Seigneur, l’esprit de piété.
Si durant l’agonie à Gethsémani, Jésus a été confronté à l’idée de la souffrance, voici qu’il en fait maintenant l’expérience physique. Il connaît intimement la douleur des torturés, des traumatisés, des grands malades. Il manifeste un courage remarquable alors qu’il endure tout en pardonnant à ses bourreaux. La vie de famille comporte parfois de grandes souffrances, de grandes douleurs : il faut plonger au fond de nous-mêmes, là où vit l’Esprit de Jésus, pour y trouver le courage nécessaire pour endurer, pardonner, aller au-delà de l’épreuve. Et nous sommes appelés à appuyer le courage de tant d’hommes et de femmes qui connaissent la souffrance autour de nous.
Seigneur, donne-nous le courage de vivre chaque moment de notre existence à l’image du Christ.
Ce couronnement provoque la douleur, certes, mais il est encore plus méchant car il cherche à humilier, à nier la dignité humaine de Jésus en se moquant de sa prétention d’être roi. Mais Jésus n’a jamais été orgueilleux, il a toujours été humble. Ainsi, la provocation de ses bourreaux est impuissante à le faire réagir : Jésus sait que son Royaume n’est pas de ce monde. Dans la famille, nous sommes trop souvent portés à nous prouver aux autres, à protéger notre orgueil. Jésus nous montre une autre voie, celle de l’humilité. Nous savons que Dieu nous aime, que notre dignité est inviolable. Cherchons à vivre l’humilité entre nous comme Jésus.
Nous te demandons, Seigneur, l’esprit d’humilité.
Jésus a dû être affaibli par les tortures qu’on lui a fait subir. Maintenant, il doit porter cette lourde pièce de bois au sommet d’une haute colline alors qu’il se fait pousser et frapper. La tradition nous raconte qu’il serait tombé trois fois... et trois fois, il se serait relevé pour atteindre le sommet, pour achever le chemin qu’il a accepté de marcher. Quelle détermination ! Ça prend aussi de la détermination en famille pour ne pas abandonner au premier obstacle, pour se relever quand on est tombé, pour reprendre la route. Et nous devons nous aider mutuellement à développer cette détermination, fondée sur la solidité de l’amour de Dieu pour nous.
Seigneur, donne-nous la force d’aller jusqu’au bout dans notre vie de foi et notre mission de chrétien, quels que soient les défis.
Parfois, en contemplant un crucifix, on est sidéré par la souffrance qu’a dû vivre Jésus. En effet, la crucifixion était un supplice particulièrement cruel inventé par les Romains. Mais la souffrance de Jésus n’est qu’une matière brute. Porté par la puissance de l’Esprit qui l’habite, Jésus transforme cette souffrance pour en faire le plus grand témoignage d’amour absolu que le monde n’ait connu. Un sacrifice, c’est une souffrance transformée par l’amour. Sur la croix, Jésus fait de sa mort un sacrifice, la Parole ultime de son amour pour son Père et pour nous. Un tel amour ne peut qu’être divin. Pour le connaître, nous devons nous ouvrir à l’Esprit de Jésus. Ainsi pourrons-nous apprendre, en famille, à vivre par amour les uns pour les autres, à transformer nos petites souffrances en sacrifices qui donnent vie à ceux qui nous entourent.
Seigneur, sans amour nous ne sommes rien. Aide-nous à aimer notre prochain du même amour dont Tu nous aimes.
On dit parfois d’une situation qu’elle est « désespérée ». Comme si l’espérance résidait – ou non – dans la situation elle-même. Alors que l’espérance est une force qui habite le cœur humain. C’est nous qui devons porter notre espérance au cœur des situations qui semblent bloquées, sans issue. D’où nous vient cette espérance ? De la conviction que dans sa résurrection, Jésus a vaincu la puissance de la mort. Déjà, avec lui, nous sommes ressuscités. Alors, dans nos familles, nous pouvons apporter l’espérance partout où nous allons, quelle que soit la situation qui nous confronte. Avec le Christ, aucune situation n’est désespérée, car l’espérance nous habite !
Seigneur, remplis-nous de l’espérance pour que nous brillions de paix et de joie dans le monde comme des foyers de lumière.
Faire confiance à Dieu, ce n’est pas s’attendre à ce que Dieu fasse tout à notre place ! Car la confiance est réciproque : Dieu aussi nous fait confiance. Il nous confie le projet de son Royaume à construire ici, aujourd’hui. Jésus, en se retirant de ce monde, nous fait confiance : il nous laisse un espace où nous pouvons nous engager à sa suite. En famille, nous apprenons à nous faire confiance en créant parmi nous ces espaces où chacun, chacune peut devenir pleinement soi-même. On dit que la confiance se mérite, comme si c’était une faveur qu’on accordait. La confiance, c’est une vertu, une force que l’on cultive, qu’on fait grandir en soi et autour de soi. Elle est d’abord un don de Dieu à faire fructifier et à partager pour que les autres grandissent en confiance, à leur tour.
Seigneur, fais fructifier en nous le don de la confiance, afin que nous puissions nous engager pleinement et audacieusement à ta suite.
La racine grecque de ce mot parle de Dieu (« théou ») à l’intérieur de (« en ») nous. Être enthousiaste, c’est être rempli de l’Esprit de Dieu lui-même. Quelle vertu extraordinaire, quelle force en faveur de la vie, de l’épanouissement, de la générosité. L’enthousiasme brise toute apathie, toute indifférence. Cultiver l’enthousiasme en famille, c’est s’ouvrir au don de l’Esprit afin d’embrasser pleinement la vie et la donner en abondance.
Seigneur, tu nous veux libres. Aide-nous à cultiver l’enthousiasme qui rend nos fardeaux légers et nos cœurs débordant d’allégresse.
Dans le mystère de l’Assomption, Marie participe à la résurrection de son Fils, Jésus. Ce qui est promis à tous les croyants est déjà réalisé en elle : « Si nous mourons avec lui, avec lui nous régnerons. » Marie a été tellement proche de Jésus sur la Croix qu’elle partage maintenant sa gloire dans le ciel. Elle vit pleinement la solidarité avec son Fils, solidarité qui nous est promise, solidarité qui déjà fait de nous des frères et des sœurs de Jésus. La famille est le foyer où s’apprend la solidarité. Oui, nous sommes parentés par un sang commun, mais la foi qui nous unit tisse entre nous des liens encore plus serrés.
Marie, Mère de l’Église, apprends-nous à devenir de petites Églises à l’image du Christ où règne l’amour, le partage et l’entraide.
Célébrer Marie comme Reine du ciel et de la terre, c’est reconnaître le rôle unique qu’elle a joué dans l’histoire du salut, dans notre histoire. Apprendre à reconnaître le rôle important que joue chaque personne dans notre histoire, célébrer ce qu’elle fait, ce qu’elle est pour nous : voilà une des joies de la vie familiale. Ensemble, reconnaissons les dons des autres, fêtons leur présence dans nos vies, et nous goûterons déjà la joie qui nous est promise avec Marie au ciel.
Vierge Marie, fait qu’à ton exemple, nous rendions grâce à Dieu en toute chose.
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Gnangoran
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