Le Pape Pèlerin Dès les premiers mois de son élection sur le trône de Pierre, notre Saint-Père le Pape Jean Paul II a décidé de mettre en pratique les paroles de Notre-Seigneur qui dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations ».
Le premier voyage du Pape Pèlerin en dehors de l'Italie fut Mexico, où il se rendit pour la conférence des évêques catholiques réunis à Puebla. Il a eu à régler le problème de la théologie de la libération.
Le Pape était fermement convaincu que l'Église devait se défendre contre l'infiltration marxiste. « La Théologie de la Libération n'est pas une vraie théologie. Elle déforme la vraie signification de l'Évangile », dit-il.« La libération, en premier lieu, signifie être libéré du péché et de l'esprit du malin ».
Dans ce voyage, le Saint-Père se mit sous la puissante protection de Notre-Dame de Guadalupe, l'Impératrice des Amériques, qu'il choisit plus tard comme Patronne de la nouvelle évangélisation.
Le Pape conquit le Mexique. La foule était en délire. Des millions de Mexicains se pressaient sur le long de rues pour l'acclamer.
La première partie de son message visait à empêcher l'Église de se rapprocher de la gauche. Dans la deuxième partie, il témoignait de son amour pour la justice. Il fit observer que la propriété privée avait une dimension sociale, qu'une distribution plus juste et équitable des richesses était souhaitable.
Le Saint-Père n'hésitait pas à qualifier la condition humaine dans le monde contemporain de « très éloignée des exigences objectives de l'ordre moral, très éloignée des exigences de la justice, et plus encore de celles de la charité. » Ce premier voyage à l'étranger de Jean-Paul II fut un triomphe.
Le 2 juin 1979, le Saint-Père retournait dans sa patrie, malgré les réticences du régime communiste. La Pologne entière était en effervescence pour recevoir son Pape polonais. Des millions de personnes se pressaient sur les abords des rues pour l'acclamer. Les étudiants avaient fait du crucifix le symbole de la résistance au régime. « Nous voulons Dieu » scandaient les foules.
Le Politburo de Moscou considérait comme une catastrophe pour le régime, cette visite du Pape en Pologne. Toutes les précautions prises par le régime pour limiter l'impact de la visite du Pape s'avérèrent inutiles.
Les cardinaux et les évêques présents furent stupéfaits de voir l'immense foule acclamer le Pape. L'Église n'était donc vraiment pas à son déclin, et le souverain pontife avait encore beaucoup de choses à dire au monde. Brandissant le Christ comme étendard, le Pape a annoncé que le neuvième centenaire de la mort de saint Stanislas, patron de la Pologne, allait marquer un tournant pour la nation et l'Église.
En repartant, le Pape pouvait accorder à son peuple une nouvelle mission : « Il faut vous montrer forts de la force de la foi ! Il n'y a pas de raison d'avoir peur, il faut ouvrir les frontières. »
Deux ballons ont été lancés dans les airs avec un P et un W, qui signifiaient : « la Pologne poursuit le combat. »
De fait, après la visite du Saint-Père, sous la conduite de Walesa, des grèves éclatèrent dans toutes les parties de la Pologne. Le Pape voyait en Walesa, l'envoyé de Dieu pour terrasser le communisme.
Le 18 août, Gierek promit des réformes y mêlant aussi quelques menaces.
« Pain, justice sociale, développement indépendant », par ces mots, le Pape démontrait qu'il apportait son soutien total aux objectifs des grévistes.
La Vierge noire épinglée au revers du veston de Walesa devenait le signe que Solidarité puisait directement son inspiration auprès du Saint-Père.
Le 31 août 1980, les accords historiques de Gdansk étaient signés, ratifiant l'établissement du premier syndicat indépendant à l'intérieur du rideau de fer. Le stylo avec lequel Walesa signait les accords portait le portrait du Pape.
Selon Lech Walesa, il y avait dix millions de membres dans Solidarité. Solidarité était en train de devenir le pouvoir dominant en Pologne, au cœur du monde communiste.
Les Soviétiques allaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour écraser Solidarité.
Le 30 janvier 1981, dix jours après son investiture, Ronald Reagan, Président des États-Unis, qui avait décidé d'aider la Pologne, réunit les hommes les plus hauts placés, chargés de la sécurité nationale. C'est là, qu'ensemble, ils ont décidé d'adopter une position ferme concernant la Pologne, non seulement pour éviter une invasion des soviétiques, mais aussi pour chercher le moyen de miner le pouvoir communiste.
Une bonne part des collectes faites aux États-Unis pour aider Solidarité, en Pologne, passait par les églises polonaises américaines. Le cardinal John Krol, de Philadelphie, servait d'intermédiaire entre la Maison Blanche, la Pologne et le Vatican.
Le 23 février précédent, le Souverain Pontife avait écrit à Brejnev. Il l'exhortait à respecter la souveraineté de la Pologne et les droits de Solidarité.
Le 27 mars, en Pologne, des dizaines de millions d'ouvriers et d'ouvrières avaient fait une grève nationale. Le pays avait été paralysé. La conviction intime de Reagan, que le communisme allait s'effondrer de l'intérieur, semblait sur le point de se réaliser.
Dans l'après-midi du 27 mars, au Hilton Hôtel, à Washington, Reagan avait salué les ouvriers polonais : « Les travailleurs polonais se comportent comme des sentinelles qui défendent, par leur action, des principes humains universels ; ils nous rappellent que sur cette bonne terre, ce sont toujours les peuples qui l'emporteront. »
En sortant de l'hôtel, au moment où il montait dans sa voiture, le Président fut grièvement blessé par une balle de revolver tirée par John Hinckley Jr. La balle avait pénétré dans les poumons et s'était logée à moins de deux centimètres du cœur. D'après les médecins, c'est un miracle que le président ait échappé à la mort.
Lech Walesa avait rendu visite au Pape en janvier, il avait été reçu par Luigi Scricciolo de la Confédération italienne du travail. Ce dernier s'était rendu en Pologne en 1980, aux débuts de Solidarité pour conseiller Walesa. Cependant des hommes du service de contre-espionnage italien avaient informé la CIA, qu'en fait, Scricciolo travaillait pour le service de renseignement secret bulgare. Ce qui pouvait bien signifier que les projets de Solidarité étaient compromis ou que la vie de Walesa était aussi en danger.
Le 13 mai 1981, à 5 heures, le Pape sortit pour son audience générale du mercredi, Place St-Pierre, et il devait faire le tour de la place pour saluer le monde.
Tandis qu'il faisait le tour de la colonnade, le Pape était souriant. Soudain, on entendit une détonation. Le Saint-Père avait été touché, il chancelait. Il avait été frappé à l'estomac. Cela lui faisait bien mal.
Aussitôt, le chauffeur de la papamobile, réalisant ce qui s'était passé, fila à vive allure vers l'ambulance la plus près. Le Saint-Père avait les yeux fermés et il répétait : « Marie, ma Mère, Marie, ma Mère ! ».
On le conduisit en toute urgence à l'hôpital Gimelli. L'opération dura 5 heures vingt. Le Saint-Père avait perdu soixante pour cent de son sang. Comme pour Reagan, la balle était passée à quelques centimètres de l'aorte. Elle n'avait atteint ni la colonne vertébrale ni aucun autre point vital. Le Pape et les médecins étaient d'avis que c'était vraiment miraculeux.
En fait le Pape était convaincu que sa vie avait été sauvée par un miracle de la Vierge de Fatima, dont la première apparition aux pastoureaux de Fatima, avait eu lieu justement un 13 mai, jour du terrible attentat contre sa vie. « Le Saint-Père dira plus tard : « Une main a tiré, et une autre main a guidé la balle. »
La tentative d'assassinat du Pape a été perpétrée par Mehmet Ali Agca, un terroriste turc qui avait déjà menacé de tuer le Saint-Père.
Bien des indices démontrent qu'Agca aurait été engagé par l'organisation communiste bulgare à la demande du KGB, service secret d'espionnage russe. Les autorités soviétiques étaient très inquiètes de l'élection comme Pape de Karol Wojtyla et le grand triomphe du Pape lors de sa visite en Pologne les inquiétait encore davantage. Puis le soulèvement de Solidarité, encouragé par le Saint-Père. Le Pape mort, Solidarité aurait été décapitée. Tout porte à croire que les autorités soviétiques étaient en arrière d'Agca.
Mais le Pape, ayant visité Agca en prison, et ayant reçu les confidences de l'assassin, nie que l'attentat ait été organisé par le service de renseignement secret bulgare, même si de grandes preuves penchent de ce côté. Enfin l'attentat contre le Saint-Père reste un mystère.
Le Pape garde le secret parce qu'il a pardonné... Admirons en silence cet autre acte héroïque du Saint-Père qui imite le Christ mourant sur la croix : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! » Pardonner à ses ennemis, voilà la grandeur d'âme d'un Pape de l'Église catholique romaine ! Le pardon est la condition de la paix dans le monde et dans les familles.
Solidarité soulevait des grèves partout et menaçait de faire crouler le régime. Jaruzelski faisait appel à l'Église pour calmer les ouvriers et éviter de verser du sang. Moscou pressait Jaruzelski d'appliquer la loi martiale.
Le Pape reprenait des forces. Il s'impliquait davantage dans la lutte de Solidarité, tout en recommandant la modération parce qu'il ne voulait pas voir une autre effusion de sang en Pologne. Au cours d'une discussion, le Pape surpris ses visiteurs en prédisant que les communistes allaient perdre la bataille en Pologne. Il ajouta que la menace soviétique ne devrait en aucun cas inciter les Polonais à renoncer aux acquis ou aux principes fondamentaux de Solidarité.
Durant l'hiver 1981, la Pologne ressemblait à ce qu'elle avait été au lendemain de la deuxième guerre. À Varsovie des dizaine de milliers d'hommes, femmes et enfants faisaient la queue afin d'obtenir une petite part des rares produits de base. Les 11 et 12 décembre 1981, le comité national de Solidarité se réunissait à Gdansk. En dépit des rapports des préparatifs militaires au sein de l'armée polonaise, les chefs du syndicat s'obstinaient à vouloir imposer leur ambitieux programme : les élections libres à la Diète et dans les conseils gouvernementaux régionaux, le contrôle de la gestion des usines, un referendum sur le pouvoir communiste. On leva la séance à minuit. Deux heures plus tard, la plupart des dirigeants du comité national avaient été arrêtés.
Jaruzelski avait proclamé la loi martiale le 12 décembre. En se réveillant, le dimanche matin, les citoyens voyaient, avec stupeur, les chars militaires défiler dans les rues. Dans les mois à venir, la nation serait gouvernée par un conseil militaire de salut national. La société civile bâtie brique par brique, sous la protection de l'Église, avait cessé d'exister et était remplacée par l'état de guerre. Toutes les lignes téléphoniques avaient été coupées pour le peuple. Tout rassemblement était interdit, tout le courrier était censuré. Il fallait même demander l'autorisation pour acheter du papier et des rubans de machine à écrire. L'armée serait désormais responsable de tout. Des milliers de personnes furent arrêtées. Walesa lui-même était en résidence surveillée.
Huit jours plus tard, l'épiscopat prenait la défense de Solidarité. Le Cardinal Glemp déclara sa peine de voir « une nation terrorisée par des forces militaires ».
Maintenant que les responsables de Solidarité étaient incarcérés, le Pape allait prendre le commandement.
La première réaction du Saint-Père fut de prier pour que Dieu le guide.
Jean-Paul II écrivit à Jaruzelski. Il se fit le porte-parole de son pays et de la justice morale.
Il condamnait carrément la loi martiale. Il ne devait plus y avoir d'effusion de sang en Pologne, il y en avait déjà trop eu. Le Pape envoya aussi un émissaire pontifical auprès de Jaruzelski. Dans ses déclarations publiques, le Pape exprimait une indignation croissante à mesure qu'il devenait plus évident que sa patrie resterait sous le joug de la loi martiale dans les mois à venir. Il passa Noël dans la tristesse.
Le 7 juin 1982, le président des États-Unis arrivait à Rome pour visiter le Pape. Tous deux avaient conclu que l'effondrement de l'Empire soviétique était inévitable. Le monde bâti sur la trahison de Yalta ne devait plus perdurer.
Reagan avait senti que Solidarité avait fait une fissure dans le rideau de fer. La Pologne, le Pape polonais et Lech Walesa étaient les instruments choisis par Dieu pour secouer la planète. Ils étaient déterminés à soutenir cette sainte cause. Les États-Unis s'engageaient à garantir la survie de Solidarité. Le Pape et Reagan croyaient au rôle de la Divine Providence, ils reconnurent avoir été sauvés par Dieu pour jouer un rôle déterminant dans la destinée de l'Europe de l'Est. Ils considéraient l'un et l'autre qu'une grave erreur avait été commise à Yalta quand les chefs des gouvernements vainqueurs donnèrent la Pologne à l'Union Soviétique. Solidarité était l'arme pour mettre fin à cette terrible injustice dont les Polonais souffraient depuis 60 ans.
Le gouvernement américain avait décidé de maintenir ses sanctions contre l'URSS tant que la loi martiale ne serait pas abrogée, les prisonniers politiques libérés, etc..
Le Saint-Père effectua un deuxième voyage en Pologne, il arriva le 16 juin 1983. Il eut deux entretiens avec le premier Ministre Jaruzelski. « Mon général, dit le Pape, la dissolution de Solidarité est plus pénible que la proclamation de la Loi martiale. » Le message du Pape était sans équivoque : Les droits du peuple devaient être restaurés, Solidarité reconstitué et la loi martiale annulée. Dans ce voyage, le Pape se rendit à Jasna Gora où un million de personnes l'attendaient. La foule a été bien émue lorsqu'elle vit le Saint-Père déposer au pied de la Vierge de Jasna Gora, sa ceinture trouée par la balle d'Ali Agca.
« Mère de Jasna Gora, toi que la Providence nous a donnée pour défendre la nation polonaise, accepte cet appel de la jeunesse et du Pape, aide-nous à garder espoir. »
Avant son départ de Pologne, le Saint-Père eut une deuxième visite avec Jaruzelski.
Peu de temps après cette visite du Pape en 1983, la loi martiale fut abrogée. Quand en 1983, Walesa reçut le prix Nobel de la paix, il reprit la direction de Solidarité. Et il devint Président de la Pologne, à la suite des élections libres tenues dans ce pays, pour la première fois depuis 60 ans.
Le Pape avait gagné ! Le 25 mars 1984, le Saint-Père, fit venir la statue de Notre-Dame de Fatima sur la place Saint-Pierre, à Rome. Il consacra le monde et la Russie à la Vierge du Rosaire.
L'année suivante, en Russie, Tchermanko mourait et Gorbatchev lui succédait. Ce dernier propageait l'idée d'une société pluraliste.
L'avènement de Gorbatchev entraîna en Pologne une rapide évolution et créa un climat qui permit à Jaruzelski de commencer à apporter des assouplissements à la loi martiale. Un peu plus tard, le nouveau secrétaire général annonçait des transformations économiques qu'on appellera la « Perestroïka ». Les activités de Solidarité en Pologne et la « Perestroika » ont déclenché l'avalanche qui a fait s'écrouler les rideaux de fer.
Et d'un événement à l'autre, grâce aux prières et au combat du Saint-Père, la Providence libérait la Pologne, les rideaux de fer tombaient dans les pays de l'Union Soviétique. Le 9 novembre 1989, une brèche avait été faite dans le mur de la honte de Berlin et les ouvriers le démolirent. Enfin le 1er décembre, ce fut l'ouverture des frontières de la Russie elle-même.
Le Saint-Père est avant tout un homme de prière. Dès qu'il a une minute, il se met à prier. Sa journée est rythmée tout entière par la prière. Après s'être levé à 5 heures du matin, il prie pendant deux heures dans sa chapelle avant de dire la Messe. Il prie avant et après les repas. Il prie presque continuellement au cours de la journée. Quand il est dans sa papamobile, il sort son chapelet et il le récite.
Le monde a conscience qu'il est le géant de la scène internationale, le héraut des grandes visions, le grand défenseur des pauvres et des travailleurs. Et, malgré l'épuisement par l'âge et la fatigue, le Pape continue ses longs voyages épuisants, il parcourt le monde pour porter le message d'amour et de paix du Christ Jésus, seul message qui peut transformer le monde et le sauver.
Père éternel, Dieu du Ciel et de la terre, nous vous remercions d'avoir donné à notre siècle dépravé, ce grand Pape dirigé par la Madone depuis sa naissance, éclairé directement par la lumière du Saint-Esprit et fort de votre Toute-Puissance. Que Marie, notre très Sainte Mère, continue à guider le Saint-Père par la main, jusqu'au triomphe définitif du bien sur le mal, de l'amour sur la haine, de la justice sur la malhonnêteté. Et qu'après cette vie si laborieuse et si pieuse, l'Immaculée tant aimée et tant honorée lui octroie un trône tout près du sien.