par Thérèse Tardif
Le 2 mai 1999, a été béatifié à Rome, par notre Saint-Père le Pape Jean-Paul II, le célèbre Capucin stigmatisé, connu mondialement, Padre Pio de Pietrelcina, décédé le 23 septembre 1968, âgé de 81 ans.
Pour cet article, nous avons puisé la plus grande partie de nos renseignements dans le livre d'Alberto del Fante "Qui est le Père Pio ?"
François Forgione, c'était son nom de baptême, est né le 25 mai 1887, 23 ans avant la cofondatrice de notre œuvre, madame Gilberte Côté-Mercier, qui est née, elle aussi, le 25 mai, mais en 1910. Nous aimons à le faire remarquer aux amis de l'Œuvre.
Les parents de François étaient des fermiers de Pietrelcina, province de Bénévento, en Italie. Une famille plutôt pauvre, mais qui pratiquait avec ferveur les préceptes de notre sainte religion catholique.
Dès son jeune âge, François était attiré par les beautés de la vie spirituelle. En 1902, il entra au couvent de Morcone pour se préparer au noviciat. Dans cette institution, il s'adonna au jeûne et aux pénitences avec beaucoup d'ardeur. Le Père Provincial voyait en lui une âme d'élite.
De Morcone, il fut envoyé à Saint-Élie, puis à Venefro. À cet endroit, il vécut 21 jours sans autre nourriture que la sainte Eucharistie.
Ce fut en la Cathédrale de Bénévento, le 10 août 1910, que le bon Père Pio reçut l'ordination sacerdotale.
Plus le Père grandissait en perfection plus le démon s'acharnait contre lui. Maintes fois, il vit son lit entouré de monstres qui le battaient et le jetaient par terre. Le saint curé d'Ars a eu à soutenir de pareilles luttes contre ces terribles et invisibles ennemis.
Le 20 septembre 1915, Père Pio reçut d'abord les stigmates invisibles, à Pietrelcina. En 1917, il fut envoyé à San Giovanni Rotondo. C'est là que le 20 septembre 1918 apparurent les stigmates visibles. Il fut averti par Notre-Seigneur qu'il les porterait pendant 50 ans. Il savait donc qu'il mourrait en septembre 1968.
Par ses peines et ses souffrances si généreusement offertes et acceptées, il imitait si bien Notre-Seigneur, au point qu'il reçut dans sa chair les plaies de Jésus crucifié. Père Pio récitait souvent cette prière du Christ à l'agonie : "Père, que Votre Volonté soit faite et non la mienne."
Père Pio raconte lui-même comment il reçut les stigmates visibles :
"Je faisais mon action de grâce dans le chœur. Peu à peu, je me sentis pénétré d'une douceur spirituelle sans cesse croissante qui me donnait de la joie à prier et je dirais même que plus je priais, plus cette joie augmentait. Tout à coup, je fus ébloui par une grande lumière et au milieu de ce flot de lumière, m'apparut le Christ avec ses cinq plaies. Il ne dit rien et il disparut. Quand j'ai repris connaissance, je me trouvais étendu sur le sol, saignant abondamment. Le sang me coulait des mains, des pieds et du cœur. Ces blessures me faisaient tellement souffrir que je n'avais pas la force de me relever. Je me traînai à genoux, du chœur jusqu'à ma cellule, tout le long du couloir. Les Pères étaient tous hors du couvent. Je me mis au lit et je priai pour revoir Jésus. Mais, ensuite, je rentrai en moi-même, je contemplai mes plaies et je pleurai, adressant à Dieu des hymnes d'action de grâce et des prières."
La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans le village, dans le pays, en Europe et dans le monde entier.
La science s'avouait impuissante à expliquer l'apparition de ces stigmates. Bon gré mal gré, tous les spécialistes durent reconnaître la réalité des faits.
Dès lors, San Giovanni Rotondo devint un lieu de pèlerinage pour tous ceux qui avaient une faveur à demander à Dieu par l'intercession de son dévoué serviteur, le Padre Pio.
Outre les stigmates, le Père Pio a été gratifié du don de bilocation (être présent à plusieurs endroits en même temps) du don des parfums, du don de lire dans les consciences, du don de prophéties, du don de conversion. Plusieurs saints ont été gratifiés de certains de ces dons, mais aucun n'a réuni en lui tous ces dons surnaturels comme ce fut le cas pour le Père Pio.
Le don des parfums se renouvelait souvent autour du Padre Pio : parfum de violette, de rose et de lys. Au commencement, le professeur Romanelli qui examina cinq fois le bon Père Pio, s'étonnait qu'un Capucin se parfuma. Quand il comprit que ce parfum était céleste, son étonnement se changea en admiration.
Parmi les dons que Dieu a accordés au Père, celui des conversions surpasse encore celui des guérisons.
Il est impossible de faire connaître les noms de tous ceux que le bon Padre Pio a convertis : avocat, écrivain, commandant, colonel russe, sculpteur, une des personnalités les plus en vue du parti communiste de Bologne. Un jour, un chef communiste apporta au Padre Pio, 60 cartes de membres du parti communiste. Autant de communistes reconquis au Christ par l'influence du grand stigmatisé.
Nous ne citons que deux cas, mais il y en a eu des milliers et des milliers qui doivent au bon Père Pio la grâce d'avoir retrouvé la lumière de la Foi.
Alberto del Fante, converti lui-même par le Père, cite l'exemple de son plus cher ami :
"Ferruchio Caponetti fut franc-maçon comme moi et il se convertit par la suite. Il m'écrivait en novembre 1934 : "Cher Alberto, le Seigneur dispose d'un infini de moyens pour nous attirer à lui. Je t'ai rencontré sur mon chemin, tu m'as indiqué la voie à suivre. Je t'ai écouté. J'ai gravi le rude sentier du Mont Gargano, j'ai trouvé le Maître. Il m'a accueilli avec bonté, parce qu'il a vu en moi un homme aveugle ; il a écouté, en souriant, mes doutes. Avec une grande simplicité, mais avec une remarquable profondeur de pensée, il a démoli, une par une, les théories dont j'avais l'esprit encombré, sans que j'eusse des arguments à lui opposer. Il remit mon âme à neuf et m'enseigna les préceptes du Seigneur. Il m'ouvrit les yeux, je vis la lumière de la Vérité. Il me toucha le cœur, je connus la vraie Foi. À présent, je sens réellement en moi la paix de l'esprit ; à présent, je connais le vrai Dieu. De cela, je te suis reconnaissant, merci, je te dois tant, au Père Pio, je dois tout."
Un athée avait un seul enfant qui était gravement malade. Après avoir consulté plusieurs médecins et dépensé beaucoup d'argent, il amena son petit garçon au Père Pio pour qu'il le guérisse. Quand l'homme se présenta au confessionnal, le Père lui dit : "Que viens-tu faire au tribunal de Dieu, si tu ne crois pas, tu es communiste !"
Le malheureux partit avec l'intention de rentrer à la maison avec son enfant. Mais un Pèlerin le persuada de retourner voir le Père Pio et de demander pardon pour ses péchés et de renier ses théories communistes.
Le pauvre diable retourna au couvent, se jeta au pied du Père en pleurant. "Voilà, dit le Père, comment il faut faire, en le relevant. Un bon nettoyage fait du bien, mais on doit avoir la volonté de se purifier, ce que tu as fait est méritoire. Ton fils guérira et maintenant viens te confesser." Le pauvre homme se confessa tout en larmes. Le petit garçon guérit et le père était converti.
Deux guérisons parmi les milliers obtenues par l'intercession du saint homme de Dieu :
Maria Pennisi, native de New York, habitant Pietrelcina, fut déclarée incurable de la tuberculose, par d'éminents médecins. Le professeur Moscato, de l'université de Naples, avait confié au père de la jeune fille, que celle-ci ne verrait pas l'automne 1923.
Le père emmena sa fille au grand stigmatisé. Le saint Capucin frappa amicalement sur l'épaule de M. Pennisi en lui disant : "Mais c'est vous qui êtes malade !" Et depuis ce jour, la jeune fille a cessé d'avoir des crachements de sang et, 34 ans plus tard, elle était encore bien vivante.
La guérison de Gemma di Giorgi, en juin 1947, a été signalée par les journaux du monde entier. Gemma était aveugle de naissance. Elle est née sans pupilles. Des spécialistes renommés ont été consultés, mais sans succès.
Sa grand-mère décide de l'emmener à San Giovanni. Elles assistent à la messe. Le Père Pio appelle la petite fille :
- Gemma, viens ici. Quel âge as-tu ? Sept ans.
Il faut faire ta première communion, n'est-ce-pas ?
- Oui, Père, je veux bien.
Viens te confesser.
Elle se confesse et fait sa première communion. Sa grand-mère lui dit :
As-tu demandé une grâce, ma petite Gemma ?
Non, mémé, j'ai oublié.
La grand-mère revient avec l'enfant auprès du Père Pio :
― Padre, nous sommes venues de si loin, bénissez ma petite fille.
Le Père bénit l'enfant et lui touche les paupières :
Que la Vierge te bénisse, Gemma, et sois bien sage.
À ce moment l'enfant pousse un cri : ses yeux bougent. La petite fille sans pupilles voit. On devine l'émotion suscitée autour d'elle. Plus tard Gemma devint religieuse : "Ancella delle Divine misericordia".
Un grand nombre de personnes ont été témoins des bilocations du Père.
Un jour, un jeune aviateur, peu après avoir décollé, s'aperçut que son avion allait prendre feu. Il se lança hors de l'avion avec son parachute, mais celui-ci ne s'ouvrit pas et l'officier était voué à une mort certaine. Mais un religieux le reçut dans ses bras. C'était le Père Pio.
Un industriel napolitain, Michel Ambusio, atteint de septicémie, était à l'agonie. Il vit apparaître le Padre Pio à côté de lui, appuyé sur le bord droit du lit. Il s'endormit et se réveilla guéri.
Les amis de Vers Demain seront édifiés d'apprendre que Louis Even, notre fondateur, bénéficia de la visite du Père Pio en bilocation. Une nuit, à minuit, le Padre Pio était au pied du lit de Louis Even, et il y a célébré la sainte Messe. Et Louis Even en fut le servant. Cette Messe dura deux heures. À minuit au Canada, il était 5 heures du matin en Italie, heure où le Père Pio célébrait sa Messe. Combien de fois cela est-il arrivé ? M. Even ne l'a pas précisé.
Un jour, fixant un pèlerin, il lui dit : "Gênois, vous avez le visage sale." il faisait allusion à l'état de son âme.
À une jeune femme : "Vous avez eu le courage de suivre Marie-Madeleine dans ses fautes, ayez aussi le courage de la suivre dans la pénitence."
Un curé suisse présenta une lettre cachetée au Père Pio. Celui-ci lui donna la réponse sans ouvrir l'enveloppe.
Dieu a aussi accordé au Père Pio le don de prophétie. Voici un exemple parmi ses multiples prédictions :
Pendant la guerre, le Père certifia que pas une bombe ne tomberait sur San Giovanni Rotondo. Comme il l'avait dit, le village fut épargné. Les aviateurs déclarèrent sous serment qu'ils n'arrivaient jamais à lancer leurs bombes en passant au-dessus de San Giovanni.
Tous les auteurs qui ont écrit sur le saint stigmatisé sont unanimes à déclarer que le bon Père Pio surpassait de beaucoup tous les autres prêtres dans l'art de confesser.
Lorsqu'un pénitent était trop troublé et ne pouvait articuler un mot, le Père lui-même lui disait ses péchés. Il faisait de même pour ceux qui volontairement cachaient un péché.
Alberto del Fante, converti par le Père Pio et qui a écrit plusieurs livres sur lui, nous raconte :
"La première fois que je me confessai à lui, c'était en novembre 1930 : 'Père, lui dis-je, je n'ai jamais eu la Foi. D'autre part, je dois vous avouer avoir toujours été honnête.'
"Le Père me rappela alors, avec leurs circonstances, toutes les fautes que j'avais commises et que j'avais oubliées parce que j'en avais sous-estimé la gravité."
À un protestant converti, le Père fit remarquer qu'il avait caché des fautes graves dans ses confessions précédentes et il lui demanda quand il s'était confessé avec franchise la dernière fois. Devant le silence de son pénitent, le Père reprit : 'c'était au retour de votre voyage de noces'. Ce qui était vrai.
Quand le Père Pio célébrait sa Messe, il était vraiment le Christ crucifié tellement il vivait chaque partie du saint Sacrifice. Il était l'âme privilégiée souffrant généreusement avec le Christ pendant qu'il commémorait sa Passion.
Alberto del Fante, présent de multiples fois à la Messe du bon Père, nous décrit ce qui se passait :
"Étant monté à l'autel, il fait le signe de la croix et son visage se transfigure. Il semble s'unir à Dieu. La souffrance apparaît sur son visage, on remarque des contractions douloureuses, surtout quand il appuie les mains sur l'autel pour s'agenouiller. On dirait que son corps fléchit sous le poids de la croix et l'on voit des larmes couler de ses yeux, tandis qu'il prononce les paroles d'invocation, de supplication, de pardon et d'amour. Il est une imitation parfaite de ce Jésus avec qui il s'entretient au cours de la Messe."
Père René Hamel, p.s.s., qui a assisté à la Messe du saint Capucin, nous raconte :
"La première partie de la Messe jusqu'à l'Orate Fratres est sereine. Après les "Secrètes", c'est l'entrée au Jardin de l'Agonie avec toutes les angoisses, l'amertume, les souffrances, que nous rapportent les récits de la Passion. Ce cheminement du Christ vers la croix est marqué de toutes les trahisons. C'est l'heure de la puissance des ténèbres, l'heure où le poids des péchés a pesé le plus sur l'âme de Jésus. C'est l'heure aussi où le Padre voit les péchés du monde et il en souffre : "Père, que ce calice s'éloigne de moi."
"Cette anxiété atteint son paroxysme avec la Consécration où le Padre semble vivre la mise en croix. Les paroles sont hachées, dans une sorte de hoquet. C'est la croix plus que la cène : ce n'est pas le "prenez et mangez" qui passe au premier plan, mais "mon corps livré pour vous"... "mon sang répandu pour vous et la multitude, en rédemption des péchés".
"La vision est bouleversante comme une véritable agonie."
Les fidèles ne s'apercevaient pas que la Messe durait près de deux heures tellement ils étaient saisis et émus.
Pendant la Messe du Père Pio les cœurs les plus endurcis étaient touchés et les esprits les plus incrédules recevaient la lumière de la foi. Pendant la Messe qui était si profondément vécue par le Père Pio, les âmes éprouvaient un sentiment de bonheur incomparable, joint au désir très vif de répudier leur vie passée.
Que le Padre Pio ramène notre pauvre monde à la réalité, qu'il lui fasse redécouvrir la véritable valeur de la Sainte Messe, et alors, nous pourrons revoir, comme autrefois, nos églises se remplir le dimanche. La sainte Messe est le plus grand don que le Christ nous a laissé sur la terre. La Messe nous ouvre les portes du Paradis pour l'éternité. Quoi de plus important pour chacun de nous ? Assistons à la sainte Messe le dimanche, c'est une faute grave de s'en abstenir sans raison. Et en semaine, sachons que la sainte Messe efface nos fautes vénielles et les peines dues aux péchés. Quelle grâce ! Si on en comprenait la grandeur, personne ne manquerait la Messe, même en semaine. Que le Padre Pio nous fasse aimer la Sainte Messe, comme lui-même l'a aimée.