Le dimanche 8 décembre 2013 s’ouvrait, à la cathédrale de Québec, lors d’une cérémonie grandiose, le jubilé du 350e anniversaire de la fondation (par le bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec) de la paroisse Notre-Dame de Québec, la première paroisse catholique au nord du Mexique — et ainsi mère de toutes les paroisses en Amérique du Nord. Pour cette occasion, l’archevêque actuel de Québec, Mgr Gérald Cyprien Lacroix, a officiellement inauguré, dans sa cathédrale, la septième Porte Sainte au monde, qui restera ouverte jusqu’à la fin du jubilé, le 28 décembre 2014, fête de la Sainte Famille.
Le côté intérieur de la Porte, avec la Vierge Marie, des paroissiens, et le Saint-Esprit. |
Une telle porte sainte ne peut être obtenue qu’avec l’autorisation spéciale du Vatican. Il existait jusqu’ici six portes saintes dans le monde, toutes situées en Europe: Rome en compte quatre dans ses basiliques majeures — Saint-Pierre de Rome, Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul-hors-les-Murs et Saint-Jean-Latran. En Espagne, Saint-Jacques-de-Compostelle possède la sienne, et Ars, en France, en héberge une depuis 2008, à l’occasion des 150 ans du décès du Saint curé d’Ars, saint Jean-Marie Vianney.
La porte de la Basilique Notre-Dame de Québec a été sculptée par Jules Lasalle, qui a aussi réalisé le gisant du Bienheureux Mgr de Laval (qui fait face à la porte sainte dans la basilique-cathédrale de Québec). La face extérieure représente le Christ ressuscité (avec ses stigmates) accueillant, et le côté intérieur, la Vierge Marie et des paroissiens qui l’entourent, et le Saint-Esprit. avec une croix lumineuse visible des deux côtés. À la fin du jubilé, la porte ne sera pas emmurée, comme cela se fait en Europe, mais scellée, jusqu’à ce que le Pape donne la permission de l’ouvrir à nouveau (probablement pour l’Année sainte de 2025). Fait à remarquer, la Porte Sainte de Québec a été entièrement financée par des dons privés.
Comme l’a fait remarquer Mgr Lacroix, on estime qu’il existe actuellement 18 millions de personnes en Amérique du Nord qui peuvent dire que leurs ancêtres ont été baptisés ou se sont mariés à la paroisse Notre-Dame de Québec. C’est donc une occasion de célébrer non seulement pour les catholiques de la ville de Québec mais pour tous ceux d’Amérique du Nord, donc du Canada et des États-Unis.
Lors de l’ouverture solennelle de la Porte Sainte, Mgr Lacroix embrasse les plaies du Christ. |
Quel sens faut-il donner à cette porte sainte? Comme l’a expliqué Mgr Lacroix dans une interview: «Jésus est la porte (“Je suis le chemin, la vérité, la vie”, Jean 14, 16). Une porte, c’est fait pour accueillir, et l’Église, ainsi que tous ses membres, doivent être accueillants comme le Christ. Quand nous franchissons cette porte, nous devons le faire en esprit de pèlerinage parce que Jésus a toujours quelque chose à nous donner, pour vivre un renouveau de notre foi. Durant ce jubilé, il s’agit de célébrer non seulement le passé, mais s’inspirer de nos fondateurs pour l’avenir. Et ces fondateurs sont véritablement des saints et des saintes qui sont venus, de France surtout, pour évangéliser; ils ont été officiellement déclarés saints et bienheureux par l’Église, ils ont donné leur vie même dans le martyre pour l’Évangile.» (Le Canada compte officiellement 12 saints et 13 bienheureux, la grande majorité étant justement venus de France pour fonder l’Église au Canada.)
Pourquoi nos ancêtres sont-ils venus de France jusqu’au Canada? Pour y implanter la foi catholique. Par exemple, le premier geste de Jacques Cartier, lors de son arrivée en terre d’Amérique, fut de planter la croix à Gaspé. On a ainsi pu parler d’une «épopée mystique» des fondateurs du Canada, qu’on appelait alors «Nouvelle-France». Ce sont les mots mêmes que Jean-Paul II prononçaient lors du premier jour de sa visite au Canada, le 9 septembre 1984, visite qui débutait naturellement par la ville de Québec, berceau de la foi en Amérique du Nord. Lors de son homélie devant plus de 275 000 pèlerins réunis sur les terrains de l’université Laval à Québec, Jean-Paul II s’exprimait ainsi:
«Il est donné à l’évêque de Rome de fouler pour la première fois cette terre, dans la ville de Québec. Ici, débuta l’évangélisation du Canada. Ici, l’Église fut fondée. Ce fut ici le premier diocèse de toute l’Amérique du Nord. Ici par le grain semé en terre commença une immense croissance... Nous sommes ici au premier foyer de l’Église du Christ en Amérique du Nord. Partis de France, les Jacques Cartier, les Champlain et tant d’autres, en apportant sur ce continent leur culture et leur langue, contribuaient à implanter la foi au Christ Sauveur.
Jean-Paul II célébrant la messe à Québec |
«De nombreux serviteurs et servantes de Dieu sont venus, dès le début de la colonisation, pour construire l’édifice de l’Église sur votre terre. Les Pères Récollets, les Jésuites, les Sulpiciens, les Ursulines avec Marie de l’Incarnation rayonnant son incomparable expérience spirituelle, les Hospitalières de Dieppe entraînées par l’inépuisable charité de Catherine de Saint-Augustin: ces religieux et ces religieuses ont été parmi les premiers à témoigner de la foi et de l’amour du Christ au milieu des colons et des “Indiens”. Porteurs de la Parole, éducateurs des jeunes, bons samaritains auprès des malades, ils ont façonné le visage de l’Église dans ce nouveau pays. On a pu parler d’une véritable “épopée mystique” dès la première moitié du XVIIe siècle. Certains ont donné leur vie jusqu’au martyre. Beaucoup d’autres les ont rejoints, apportant leur pierre vivante à la construction, souvent dans la pauvreté mais rendus forts par l’Esprit de Dieu.
«La vitalité et le zèle de vos devanciers les ont d’ailleurs entraînés à porter plus loin la Bonne Nouvelle: je salue ici une Église qui a su rapidement rayonner dans l’ouest canadien, le Grand Nord et en bien des régions d’Amérique. Bien plus, elle a pris une grande part à l’effort missionnaire de l’Église universelle à travers le monde. Votre devise est “Je me souviens”. Il y a vraiment des trésors dans la mémoire de l’Église comme dans la mémoire d’un peuple!
«Mais à chaque génération, la mémoire vivante permet de reconnaître la présence du Christ, qui nous interroge comme aux environs de Césarée: “Vous, que dites-vous que je suis?”. La réponse à cette question est capitale pour l’avenir de l’Église au Canada, et aussi pour l’avenir de votre culture.
«Vous constatez que la culture traditionnelle – caractérisant une certaine “chrétienté” – a éclaté: elle s’est ouverte à un pluralisme de courants de pensée et doit répondre à de multiples questions nouvelles; les sciences, les techniques et les arts prennent une importance croissante; les valeurs matérielles sont omniprésentes; mais aussi une sensibilité plus grande apparaît pour promouvoir les droits de l’homme, la paix, la justice, l’égalité, le partage, la liberté . . .
«Dans cette société en mutation, votre foi, chers Frères et Sœurs, devra apprendre à se dire et à se vivre. Je le disais à vos évêques en octobre dernier: “Ce temps est le temps de Dieu qui ne peut manquer de susciter ce dont a besoin son Église lorsqu’elle reste disponible, courageuse et priante”.
«Vous saurez vous souvenir de votre passé, de l’audace et de la fidélité de vos prédécesseurs, pour porter à votre tour le message évangélique au cœur de situations originales. Vous saurez susciter une nouvelle culture, intégrer la modernité de l’Amérique sans renier sa profonde humanité qui venait sans aucun doute de ce que votre culture a été nourrie par le christianisme. N’acceptez pas le divorce entre la foi et la culture. A présent, c’est à une nouvelle démarche missionnaire que vous êtes appelés.»
«Ici par le grain semé en terre commença une immense croissance...» Jean-Paul II, Québec, 1984 |
Le Québec, qui a envoyé pendant longtemps des missionnaires pour évangéliser, non seulement l’Amérique du Nord, mais le monde entier, est maintenant l’une des sociétés les plus sécularisées au monde. En novembre dernier, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau au Québec, et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, a dressé un portrait sombre mais réaliste de la situation du christianisme au Québec, lors d’une rencontre au Sanctuaire Notre-Dame de Guadalupe à Mexico, portant sur la «mission continentale» dans les différents pays d’Amérique:
«Vous avez entendu parler, j’en suis sûr, des grands changements qui ont marqué la société québécoise au cours des 60 à 70 dernières années. Ces changements ont débuté avant le Deuxième Concile du Vatican. Mais le Concile a coïncidé au Québec avec une révolution sociale qui a entraîné une vague sans précédent de sécularisation, laquelle n’est toujours pas terminée. À bien des égards, on ne peut plus tenir la société québécoise pour une société chrétienne. Le soutien populaire à des lois qui autoriseraient l’euthanasie et qui excluraient la religion de la sphère publique est un symptôme. L’impact sur l’Église est énorme. L’Église est exclue de nos écoles. Très souvent, nous ne voyons les enfants ou les jeunes que lorsqu’il y a un baptême, une première communion ou une confirmation. Plusieurs paroisses ferment. Les instituts religieux disparaissent. Les diocèses réduisent leur personnel et leurs programmes pour composer avec la chute de leurs revenus.
Devant ce portrait, l’archevêque de Gatineau a tout de même identifié des «signes d’espérance», comme le succès d’une jeune communauté, la Famille Marie-Jeunesse, et des Montées jeunesses. Il a aussi évoqué le Congrès eucharistique international de 2008 et, justement, le 350e anniversaire de la paroisse-cathédrale Notre-Dame de Québec en 2014.
La situation peut sembler désespérée, mais pas pour celui qui croit en Dieu. Comme l’a dit Jean-Paul II à Québec en 1984: «Ce temps est le temps de Dieu qui ne peut manquer de susciter ce dont a besoin son Église.» Dieu nous aidera comme Il a aidé nos ancêtres... si on lui demande avec humilité et confiance.
Une visite à la Porte Sainte implique une entrée et une sortie: on y entre en tant que disciples de Jésus-Christ, pour y faire une expérience de renouveau dans la foi, et on en sort pour être missionnaires dans le monde d’aujourd’hui.
La Nouvelle-France vers 1745 (le territoire français, en bleu). François de Laval fit son arrivée à Québec en 1659, à l’âge de 36 ans, avec le titre de vicaire apostolique de Nouvelle-France. Québec devient officiellement un diocèse en 1674, le plus grand diocèse du monde à l’époque (plus grand que l’Europe, avec un territoire qui, à l’apogée de la Nouvelle-France, s’étendra jusqu’à la Nouvelle-Orléans). |
Jean-Paul II a mentionné que l’Église du Québec et du Canada a été fondée par des saints, qui ont d’ailleurs, pour la plupart, été canonisés ou béatifiés durant son pontificat. L’un des plus remarquables d’entre eux est, sans contredit, le Bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec, qui a été béatifié par Jean-Paul II le 22 juin 1980, dont il convient de dire au moins quelques mots dans cet article, pour montrer à quel point nous avons affaire ici à un géant de sainteté.
Nous empruntons les notes suivantes à un article de Lucie Bélinge, tiré de la revue Notre-Dame du Cap, numéro de juin-juillet 1997:
Carte de gauche: la Nouvelle-France vers 1745 (le territoire français, en bleu). François de Laval fit son arrivée à Québec en 1659, à l’âge de 36 ans, avec le titre de vicaire apostolique de Nouvelle-France. Québec devient officiellement un diocèse en 1674, le plus grand diocèse du monde à l’époque (plus grand que l’Europe, avec un territoire qui, à l’apogée de la Nouvelle-France, s’étendra jusqu’à la Nouvelle-Orléans).
Mgr de Laval fut à la fois un habile administrateur, un missionnaire au coeur ardent, un homme fier et humble, un mystique héroïque et discret. Ses parents sont tous deux de la haute noblesse. Son père est un descendant du baron de Montmorency qui était un contemporain de Hughes Capet, roi de France, fondateur de la dynastie capétienne. François a six frères et soeurs; âgé de 24 ans, il est ordonné prêtre le 1er mai 1647. Il est ordonné évêque le jour de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1658. Il se préparait à partir en mission au Tonkin quand on lui apprit que les Jésuites de Québec le réclamaient. Le roi Louis XIV transmet leur requête au Souverain Pontife, en écrivant ceci: «Nous voulons que le sieur de Laval, évêque de Pétrée, soit reconnu par tous nos sujets dans la Nouvelle-France, pour y faire les fonctions épiscopales.»
À gauche, portrait de Mgr de Laval, attribué à Claude François, dit Frère Luc, et conservé au Séminaire de Québec. À droite, gisant de Mgr de Laval, œuvre de Jules Lasalle, ajoutée dans la basilique-cathédrale en 1993. |
À peine débarqué à Québec, l’évêque constate les effets désastreux de l’eau-de-vie que les sauvages consomment abondamment. Ces boissons alcoolisées sont importées de France et échangées contre des fourrures. Mgr de Laval s’interpose: les marchands sont furieux et montent le peuple contre l’évêque. Cette lutte contre la vente de l’eau-de-vie durera vingt ans! Enfin, en 1679, Mgr de Laval obtient du roi Louis XIV l’interdiction de la vente des boissons aux Indiens. Une longue bataille épuisante vient de finir... pour un temps!
Mgr de Laval travaille avant tout à l’organisation de la vie religieuse et à la construction d’écoles. Son immense diocèse s’étend de Québec à l’Acadie et jusqu’à la Louisiane alors française. Il entreprend de nombreuses visites harassantes, car il tient à fonder l’Église canadienne sur la force et l’unité de la vie paroissiale, scolaire et familiale. Son séminaire de Québec a formé, le premier, nos écrivains, penseurs, chefs politiques et religieux qui lutteront pour les droits de la patrie après la conquête anglaise.
Le frère Housssart, à la mort de Mgr de Laval le 6 mars 1708, révéla la haute valeur spirituelle et mystique de celui qu’il servait, en publiant un mémoire. Durant les dernières années de sa vie, l’évêque de Québec était devenu un grand handicapé physique, suite surtout à ses tournées missionnaires: «On l’a vu faire de longs pèlerinages à pied, sans argent, mendiant son pain et cachant son nom. Il voulait imiter les premiers apôtres de l’Église primitive, et remerciait Dieu d’avoir quelque chose à souffrir pour son amour.» Le vaillant évêque, en hiver comme en été, parcourt sans relâche son immense vicariat. Sur le fleuve Saint-Laurent, monté dans un frêle canot, il rame lui-même; en hiver, sa «chapelle» sur le dos, il s’aventure en raquettes jusqu’à Montréal, souvent surpris par les vents et la neige.
Il visite les malades de l’Hôtel-Dieu de Québec et les soigne, les encourage et les assiste à leur mort. Ce descendant du premier baron de France se rend seul à la basilique tous les matins à 4 h. Comme un sacristain, il ouvre les portes, sonne la cloche, et prépare l’autel pour y célébrer la messe dès 4 h 30. On a dit qu’il célébrait sa messe comme un ange! Et dans sa pauvre chambre du Séminaire, il couche sur des planches, remettant sous son lit la paillasse que le frère Houssart lui a prêtée. A sa mort, Mgr de Laval n’avait plus rien: il avait donné toutes ses possessions aux pauvres. L’évêque de la Nouvelle-France fut un grand saint que l’on peut encore prier, en ces temps où “sa patrie” est encore en danger.
Le dimanche 8 décembre 2013, quelques heures avant l’ouverture de la Porte Sainte à Québec, le Pape François a mentionné ce jubilé après la prière de l’Angélus qu’il prononce chaque dimanche sur la Place Saint-Pierre à Rome:
« Nous nous unissons spirituellement à l’Église qui vit en Amérique du Nord, qui aujourd’hui se rappelle de la fondation de sa première paroisse, il y a 350 ans: Notre-Dame de Québec. Nous rendons grâce pour le chemin parcouru jusqu’à maintenant, spécialement par les saints et martyrs qui ont fécondé ces terres. Je bénis de tout cœur les fidèles qui célèbrent ce Jubilé. »
Mgr Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec... et nouveau cardinal |
Le 350e anniversaire de la fondation de la première paroisse au Nord des colonies espagnoles, paroisse fondée par le Bienheureux François de Laval, est une occasion exceptionnelle pour proposer un jubilé qui permette à chaque personne de rencontrer Jésus Christ par la démarche intérieure et personnelle d’un pèlerinage. Nous vous proposons d’entendre la Parole de Dieu, de la méditer et de la mettre en pratique. Les soucis de la vie quotidienne peuvent obstruer la porte qui nous conduit à Jésus. Mais la Parole de Dieu, la vie éclairée par l’Évangile, nous donnent un accès intime et immédiat avec lui.
Tous les humains sont créés pour la Vie, une vie en abondance (Cf. Jean 10, 10). Nous croyons fermement que Dieu veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (Cf. 1 Timothée 2, 4). L’achèvement de ce dessein bienveillant de Dieu est en Vie éternelle. Cependant, nous vous l’annonçons déjà pour le temps présent. La vie que le Seigneur nous propose est une vie pleine, féconde, heureuse pour aujourd’hui et dès maintenant.
Voilà pourquoi nous vous invitons aujourd’hui à ouvrir vos cœurs à Celui qui a dit: «Voici que je suis à la Porte et que je frappe» (Apocalypse 3, 20). «Ouvrons les portes au Rédempteur» (Cf. Jean-Paul II). Il veut vivre avec nous le quotidien. Jésus le dit lui-même dans l’Apocalypse: «Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi» (Apocalypse 3, 20). Accueillir l’Amour de Dieu, écouter l’Évangile avec les oreilles de son cœur (Cf. Psaume 95 (94), 7-8) et le mettre en pratique, célébrer les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, tout cela nous dispose à l’annonce de la Bonne Nouvelle à tous les humains de toutes les nations. (...)
La Porte Sainte que nous venons d’ouvrir pourrait n’être qu’un jeu bien anodin: «entrer-sortir». Quelle grâce que cette expérience d’un passage dans notre vie personnelle, communautaire, ecclésiale et sociétaire. Je vous invite à préparer votre passage. Venez franchir la Porte Sainte en communion de cœur, d’esprit et de chair avec vos ancêtres qui ont franchi nos terres. Je suis venu sur ce continent grâce à mes ancêtres. Vous êtes venus, vous aussi, avec vos Ancêtres. Assumons notre héritage avec reconnaissance et fierté.
Communions à l’audace et au courage des premiers passeurs. Élargissons notre Communion à TOUS les passeurs, aux autochtones (Amérindiens et Inuit), à ceux qui sont venus d’Europe, d’Afrique, d’Asie. Le Jubilé auquel nous vous convoquons est une fête, une mission, qui ouvrent notre horizon à l’humanité entière. Cela suppose que chacun, chacune, fasse fructifier son héritage en contribuant à la grande marche du Monde. Nous sommes à notre tour des passeurs!
Ce moment de communion avec l’humanité, «passée» dans le Nouveau Monde, ouvrira nos yeux et notre cœur à bien des beautés et des réalisations dont nous sommes fiers. Elle ouvrira aussi nos yeux à bien des souffrances, des épreuves, des injustices. Oui, le pèlerinage auquel nous vous convoquons est à la fois un temps d’action de grâce et de réconciliation. Ce passage par la Porte Sainte entraîne le passé, le présent et le futur dans l’instant de notre héritage et de notre contribution à l’Avènement du Monde et du Royaume que Dieu désire.
C’est aussi un temps de purification. Rappelons-nous notre baptême. C’est là que nous sommes nés à la relation filiale avec Dieu, que nous sommes morts avec le Christ et ressuscités avec lui. Nous combattons en nous et autour de nous le péché et tout ce qui diminue, défigure, détruit le Corps du Christ. Nous nous affligeons des «structures de péchés» comme le rappelait le Bienheureux Pape Jean-Paul II.
Passer par la Porte Sainte, c’est un signe de repentir et d’engagement vers un Monde Nouveau, vers la «Jérusalem céleste» que nous expérimentons un peu plus chaque jour par notre contribution à sa construction. Passer par la Porte Sainte, c’est un grand signe d’espérance. Lorsque des hommes et des femmes décident de se mettre en route, à la rencontre et à la suite du Christ, tout devient possible! Un Monde Nouveau peut advenir! (...)
Nous sommes des fils et des filles du Père, ses héritiers et ses héritières, ses partenaires, ses collaborateurs et collaboratrices dans la création du monde, dans sa rédemption, dans la délivrance de tout ce qui afflige l’humanité, mais aussi de tout ce qui la rend belle et juste. Laissons le Père nous dire à chacun, chacune: «Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, tout ce qui est à moi est à toi, il faut bien se réjouir que le mort soit revenu à la vie, que le perdu soit retrouvé» (Cf. Luc 15, 31-32).
Nous sommes en ambassade pour le Christ (Cf. 2 Cor 5, 20). Si nous partageons la mission du Christ Jésus, nous portons aussi notre croix chaque jour. Nous marchons à sa suite afin de parvenir à la plénitude de l’être humain. Nous rencontrons avec lui l’incompréhension et la haine du Monde (Cf. Jean 15, 18). Mais nous gardons notre confiance en lui sans craindre même de donner notre vie pour lui. Il a vaincu le Monde, il nous donnera la victoire (Cf. Jean 16, 33). Pour le temps présent, que l’Esprit Saint nous garde dans la paix, la joie et la communion fraternelle.
Seigneur, «ton amour pour les humains est si grand que tu veilles sur eux comme un Père, les purifies de leurs fautes avec tendresse et patience et les ramènes constamment vers leur Chef, le Christ». Fais de nous, pécheurs pardonnés, des membres du Corps de ton Fils, des héritiers de son Royaume, le Temple de ton Esprit. Apprends-nous, par ce Jubilé, à vivre en frères dans ton Église, à aimer et à servir l’humanité comme Toi, comme ton Fils, et à nous laisser conduire par ton Esprit Saint. AMEN.
Lors de cette cérémonie du 8 décembre 2013, les vêpres ont été célébrées de façon solennelle en la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. |
Félicitations aux nouveaux cardinauxLe 12 janvier 2014, le Pape François annonçait la création de 19 nouveaux cardinaux. Parmi eux, il y a Mgr Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, qui devient ainsi, à 56 ans, le troisième plus jeune cardinal de l’Église actuellement. Dans cette liste de futurs cardinaux, deux autres noms retiennent particulièrement notre attention, puisqu’il s’agit de deux archevêques africains qui ont assisté en août 2011 à notre session d’étude à Rougemont au Canada sur la démocratie économique: Mgr Jean-Pierre Kutwa (photo de gauche), archevêque d’Abidjan en Côte d’Ivoire, et Mgr Philippe Nakellentuba Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, au Burkina Faso. Tous deux ont bien apprécié cette session d’étude, et on peut retrouver leur témoignage dans la section multimedia/vidéo de notre site web. Tous sauront bien conseiller le Pape François! |