NDLR: Les trois pages qui suivent sont des extraits tirés de la préface du “Catéchisme du Concile de Trente”, rappelant l’importance d’enseigner la Doctrine catholique. C’est un supplément que nous avons ajouté à la reproduction de ce volume:
Notre intelligence et notre raison sont ainsi faites que lorsque nous voulons étudier les vérités qui regardent Dieu, nous pouvons, grâce à un travail approfondi et une sérieuse application, arriver à la connaissance d’un certain nombre de ces vérités; mais lorsqu’il s’agit de l’ensemble des moyens capables de nous faire atteindre le salut éternel pour lequel Dieu nous a créés et formés à son image et à sa ressemblance, jamais aucun de nous n’a pu les découvrir ou les apercevoir par la seule lumière naturelle.
Sans doute, selon l’enseignement de l’Apôtre (Rom., I, 20) on voit se manifester, dans les œuvres visibles de la création, certains attributs de Dieu tels que son éternelle Puissance et sa Divinité. Mais ce mystère (Coloss., I, 26), qui est demeuré caché aux générations des siècles antérieurs, dépasse de beaucoup l’intelligence de l’homme; et si Dieu n’eût pas soin de le manifester à ses Saints — à qui il Lui a plu de révéler avec le don de la foi les richesses et la gloire cachées dans son Verbe fait homme, Notre-Seigneur Jésus-Christ, — jamais notre esprit n’aurait pu parvenir à la connaissance d’une Sagesse si parfaite.
Mais comme la Foi vient de l’ouïe, il est facile de voir combien, dans tous les temps, il a été nécessaire pour se sauver, d’avoir recours aux soins et au ministère d’un maître autorisé. Car il est écrit dans Romain, 10, 14, 15: Comment entendront-ils sans prédicateurs? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, si on ne les envoie pas ? Aussi bien depuis que le monde est monde, le Dieu de toute clémence et de toute bonté n’a-t-il jamais manqué à ceux qui sont les siens. Mais Il a parlé par nos pères en plusieurs occasions, et en diverses manières, par les Prophètes (Hébr., I.I.), et selon les temps et les circonstances, Il leur a toujours montré un chemin sûr et droit pour les faire arriver au bonheur du ciel. De plus, comme Il avait promis d’envoyer (Isa., 49,6.) d’envoyer un Docteur de la justice pour éclairer les nations et porter le salut jusqu’aux extrémités de la terre, Il nous a parlé en dernier lieu (Hébr., I. 1,2) par la bouche de son Fils, dont Il nous a ordonné d’observer les préceptes, lorsqu’une voix (2 Pet., 1,17.) descendue du ciel, partie du trône même de la gloire, est venue nous enjoindre à tous de L’écouter. Puis ce même Fils nous a donné des Apôtres, des Prophètes, des Pasteurs, des Docteurs, (Eph., 4, 14) pour nous faire entendre la parole du salut, afin qu’on ne nous vît pas comme des enfants, emportés de tous côtés et flottant à tout vent de doctrine, mais qu’en nous tenant fermement attachés au fondement inébranlable de notre Foi, nous fussions (9. Eph. 2, 22.) comme un véritable édifice de Dieu, dans le Saint-Esprit.
Et afin que personne ne fût tenté de recevoir la parole de Dieu annoncée par les ministres de l’Église comme la parole des hommes, et non comme la parole même de Jésus-Christ, notre Sauveur a voulu attacher une si grande autorité à leur enseignement qu’Il a dit un jour: (Luc, 10, 16.) qui vous écoute, M’écoute, qui vous méprise, Me méprise. Et, sans aucun doute, Il ne voulait pas appliquer cette déclaration à ceux-là seuls à qui Il parlait alors, mais encore à tous ceux qui succéderaient légitimement aux Apôtres dans les fonctions de leur ministère. C’est à tous ceux-là qu’Il a promis son ( Matth., 28, 20.) assistance de tous les jours jusqu’à la consommation des siècles.
… (Que les Pasteurs) n’oublient jamais que toute la science du Chrétien, ou plutôt, comme le dit Notre Seigneur, que toute la vie éternelle elle-même consiste en ce seul point: (Jean, 17, 3.) Vous connaître, Vous, le seul Dieu véritable et Jésus-Christ que vous avez envoyé. Aussi le vrai Docteur de l’Église s’appliquera-t-il avant toutes choses à faire naître dans l’âme des fidèles le désir sincère (I cor., 2, 12.) de connaître Jésus-Christ, et Jésus crucifié. Il fera en sorte de leur persuader et de graver dans leur cœur cette Foi inébranlable qu’il n’existe point sous le ciel d’autre Nom par lequel nous puissions nous sauver, puisque c’est Lui qui est l’hostie de propitiation pour nos péchés. (Act., 4,12.)
Et comme ( I Jean., 2,3.) on ne peut être sûr de Le connaître véritablement qu’autant qu’on observe ses commandements, la deuxième obligation, qui ne peut être séparée de celle que nous venons de marquer, sera de bien mettre en lumière que la vie des fidèles ne doit point s’écouler dans le repos et l’oisiveté, mais que nous devons marcher sur les traces de notre Sauveur et chercher sans relâche et de toutes nos forces la justice, la piété, la foi, la charité et la douceur. Car si (Tit., 2, 14, 15.) Jésus-Christ s’est livré Lui-même pour nous, Il l’a fait pour nous arracher à toute sorte d’iniquité, pour faire de nous un peuple pur, agréable à ses yeux, ami fervent des bonnes œuvres. C’est ainsi que l’Apôtre ordonne aux Pasteurs de Le faire connaître et de Le proposer en exemple.
Mais notre Maître et Sauveur ne s’est pas contenté de parler, il a voulu de plus prouver par sa conduite que (Matth., 25, 23.) la Loi et les Prophètes se résumaient tous dans l’amour. D’autre part l’Apôtre a formellement enseigné que (Rom., 13, 8.) l’amour est la fin des commandements, et la plénitude de la Loi. Personne ne peut donc mettre en doute que c’est un devoir, et un devoir primordial d’exhorter le peuple fidèle à l’amour de Dieu et de son infinie bonté pour nous.
Ainsi, enflammé d’une véritable ardeur divine, ce peuple pourra s’élancer vers le Bien suprême, le Bien parfait dont l’amour et la possession produisent la vraie et solide félicité dans le cœur de tous ceux qui peuvent s’écrier avec le Prophète: (Psalm. 72, 25.) Qu’y a-t-il dans le Ciel et qu’ai-je désiré sur la terre, si ce n’est Vous, Seigneur ? C’est là en effet cette voie excellente que nous montrait saint Paul lorsqu’il résumait toute sa doctrine et toute sa prédication, dans ( I Cor. 13, 8.) la charité, qui ne périt point.
Aussi qu’il soit question de Foi, d’Espérance ou de toute autre vertu, il convient d’insister toujours avec tant de force sur l’amour pour Notre Seigneur Jésus-Christ, que chacun soit en quelque sorte obligé de comprendre que toutes les œuvres de perfection et de vertu chrétienne ne peuvent avoir d’autre source et d’autre terme que ce saint Amour.