« Priez tous les jours le Rosaire... Je suis la seule à pouvoir encore vous sauver des calamités qui approchent »
Le rôle de Marie dans l'histoire du salut du genre humain, sa collaboration unique et sublime à l'œuvre de son Divin Fils Jésus, font que l'Église a décrété que l'année civile, le 1er janvier, s'ouvre avec la Solennité de Sainte Marie, Très Sainte Mère de Dieu, pour que tous se confient à la protection et l'intercession de Marie, notre mère à tous. Par exemple, le pape François terminait ainsi son homélie de la messe du 1er janvier 2019 à la Basilique vaticane :
« Dieu ne s'est pas passé de sa Mère : à plus forte raison en avons-nous besoin. Jésus lui-même nous l'a donnée, non pas à n'importe quel moment, mais sur la croix ; il dit au disciple, à tout disciple : "Voici ta mère" (Jn 19, 27). La Vierge n'est pas optionnelle : elle doit être accueillie dans la vie. Elle est la Reine de la paix, qui vainc le mal et conduit sur les voies du bien, qui rétablit l'unité entre ses enfants, qui éduque à la compassion. »
Marie n'a qu'un seul désir, en tant que servante du Seigneur : conduire tous les êtres humains – tous ses enfants, depuis que Jésus nous l'a donnée comme Mère alors qu'Il était sur la croix – les conduire tous à son Fils Jésus, comme elle le disait aux serviteurs aux noces de Cana : « Faites tout ce qu'Il (mon fils Jésus) vous dira. » Et Marie ne cesse de répéter ce message de conversion à travers toutes ses apparitions à travers le monde au cours des siècles.
Seize de ces apparitions mariales ont été officiellement reconnues par l'Église catholique romaine, dont Fatima en 1917 et Lourdes en 1858, entre autres. Nous allons parler dans cet article d'une de ces seize apparitions, dont nous célébrons le cinquantième anniversaire en 2023, celle qui eut lieu à Akita au Japon en 1973, où Marie livra trois importants messages pour l'humanité. En plusieurs points, on peut dire que ces messages donnés par Marie à Akita sont la continuation de ceux donnés 56 ans plus tôt à Fatima, que de grands châtiments frapperaient l'humanité si le monde ne se convertissait pas, et que la solution se trouvait dans la prière — la récitation du chapelet chaque jour — et la pénitence.
L'avenir peut paraître sombre, mais il n'est pas déterminé ou fixé d'avance : tout dépend de notre réponse aux demandes de Notre-Dame : prière, pénitence et sacrifices. Par amour pour ses enfants, Marie ne cesse de nous avertir dans toutes ses apparitions des menaces pesant sur l'humanité, et nous donne le remède aux maux actuels : récitation du chapelet et pénitence. Si Dieu a dit à Abraham que Sodome et Gomorrhe pouvaient être sauvés par la prière de seulement dix justes (Genèse 18, 32), alors chacun de nous peut faire la différence dans ce combat final entre le bien et le mal, en répondant « oui » aux demandes de notre Mère du Ciel.
A. Pilote
par Thérèse Tardif
En mai 1973 au couvent de l'Institut séculier des Servantes de l'Eucharistie où, à l'époque des faits, résidaient une quinzaine de Sœurs, est entrée Katsuko Sasagawa, une catéchiste de 42 ans, devenue subitement sourde deux mois auparavant, qui prendra le nom de Sœur Agnès. Ce couvent se trouve sur une colline proche de la ville d'Akita au nord de la côte du Japon qui regarde vers la Chine, dans le diocèse de Niigata, un des moins favorisés du Japon.
Le 12 juin 1973, entrant dans la Chapelle de la Communauté, Sœur Agnès (Katsuko Sasagawa) est frappée de voir un rayonnement extraordinaire émaner du Tabernacle ; les deux jours suivants, un phénomène semblable se reproduit, à ses seuls yeux, et elle n'en parle qu'à sa Supérieure. Sœur Agnès reçoit ensuite un stigmate sanglant à la main gauche, qui ne disparaîtra définitivement qu'en septembre 1973.
Apparition de l'ange gardien
Le vendredi 6 juillet 1973, vers trois heures du matin, l'ange gardien apparaît à Sœur Agnès et lui dit :
« Ne crains pas. Je suis celui qui est à côté de toi et qui te garde. Viens à ma suite.
« N'aie pas peur, mais prie, non seulement pour tes péchés, mais en réparation pour tous les hommes. Le monde actuel blesse le très saint Cœur de Jésus par son ingratitude et ses outrages.
« La blessure de la main de la Très Sainte Vierge Marie est beaucoup plus profonde que la tienne. Maintenant allons ensemble à la chapelle... »
Sœur Agnès apprend donc ici qu'une blessure s'est également incrustée dans la paume de la main de la Vierge Marie. Elle suit l'ange à travers le long et étroit couloir qui conduit à la chapelle.
À l'arrivée dans la chapelle, l'ange disparaît. Sœur Agnès se recueille d'abord devant l'autel, face au tabernacle, dans une profonde adoration. Puis, elle se dirige vers la statue de la Vierge Marie, au coin de l'autel sur la droite pour vérifier la blessure de sa main. À peine s'en est-elle approchée qu'une voix douce et mystérieuse lui parvient de la statue de bois, qui semble prendre vie. Stupéfaite, Sœur Agnès tombe à genoux. Puis elle se prosterne, ne pouvant plus relever la tête. Une voix merveilleuse, céleste, sonne mélodieusement à ses oreilles sourdes. C'est alors que Sœur Agnès reçoit le premier message :
Premier message de Marie
« Ma fille, ma novice, tu m'as bien obéi en te détachant de tout. L'infirmité de ta surdité te fait-elle souffrir ? Tu guériras certainement. Sois patiente. C'est la dernière épreuve. La blessure de la main te fait-elle mal ? Prie en réparation pour tous les hommes. Toutes les filles qui sont ici, prises une par une, sont pour moi précieuses comme la prunelle des yeux. Récites-tu de tout ton cœur la prière des Servantes de l'Eucharistie ? Si tu veux nous allons la réciter ensemble :
« Ô Jésus qui êtes réellement présent dans l'Eucharistie, je joins mon cœur à votre Cœur adorable immolé en perpétuel sacrifice sur tous les autels du monde, louant le Père et implorant la venue de votre Règne, et je vous fais l'oblation totale de mon corps et de mon âme. Daignez utiliser cette humble offrande comme il vous plaira, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Sainte Mère du Ciel, ne permettez pas que je sois jamais séparée de votre divin Fils, et gardez-moi toujours comme votre propriété. Amen ! »
« Prie beaucoup pour le Pape, les évêques et les prêtres. Depuis le jour de ton baptême jusqu'à aujourd'hui, tu as beaucoup prié pour eux. Oui, sans jamais l'oublier, tu as persévéré dans la prière à leur égard. Désormais, continue à prier encore beaucoup, beaucoup. Parle à ton supérieur de ce que je te dis aujourd'hui, et fais comme il te dira. Ton supérieur, en ce moment, demande qu'on prie avec ferveur. »
Second message de Marie
Le 3 août 1973, premier vendredi du mois, alors que Sœur Agnès récite son rosaire, en compagnie de son ange gardien, la voix mystérieuse, merveilleusement belle et indescriptible, émane de la statue de la très Sainte Vierge Marie :
« Beaucoup de gens dans le monde affligent le Seigneur. Je désire des consolateurs pour lui. Mon Fils et moi nous désirons des âmes qui fassent réparation par leurs souffrances et leur pauvreté, pour les pécheurs et pour les ingrats, afin d'apaiser la colère du Père céleste. « Pour faire comprendre combien Il est irrité contre ce monde, le Père se prépare à laisser tomber sur toute l'humanité un grand châtiment.
« À maintes reprises, avec mon Fils, je me suis efforcée d'apaiser la colère du Père. J'ai pu arrêter cette colère avec les souffrances de la croix de Son Fils, en lui montrant Son sang, et en lui offrant la cohorte des victimes, âmes très aimantes qui consolent le Père. La prière, la mortification, la pauvreté, les actes qui exigent sacrifice et courage, peuvent apaiser la colère du Père. Tout cela je le désire aussi de ta communauté. Aie en honneur la pauvreté. Demeurant dans la pauvreté, convertis-toi. Prie en réparation des ingratitudes et des injures d'une multitude d'hommes. »
Les miracles se multiplient
Le samedi 29 septembre 1973, en la fête du glorieux archange saint Michel, le Patron du Japon, les, miracles de la statue de la très Sainte Vierge se multiplient. Après le dîner du midi, comme Sœur Agnès récite la prière du rosaire avec une autre Sœur, la statue resplendit de rayons lumineux embrasant la Vierge Marie d'une lueur toute blanche. Le rosaire terminé, Sœur Agnès remarque que la blessure de la main de la statue a complètement disparu.
Toujours en la fête de saint Michel, à l'heure où l'office du soir va bientôt finir, le phénomène du matin se renouvelle en présence des autres Sœurs : la statue de Notre-Dame se remet à resplendir, inondée de lumière et de blancheur...
La statue suinte
Mais un phénomène nouveau s'ajoute. Un liquide qui ressemble à de la sueur ruisselle sur la statue. L'ange gardien se présente aux côtés de Sœur Agnès et lui dit : « La très Sainte Vierge Marie est encore plus triste que lorsqu'Elle versait du sang. Veux-tu essuyer Sa sueur ? »
Alors Sœur Agnès et quatre de ses compagnes vont chercher du coton absorbant pour essuyer la sueur qui perle de partout. Elles ont beau essuyer, les gouttes continuent à surgir, coulant les unes après les autres... La sueur coule sans arrêt, graisseuse, épaisse, provenant surtout du front et du cou mais aussi des épaules, de la poitrine, de toute la Personne... Sœur Agnès dira elle-même :
« Le coton que j'avais dans la main était si humidifié qu'on pouvait le tordre. » Une fois séchée, la statue, ainsi que les cotons imbibés de sueur, exhalent un parfum ineffable, qui durera jusqu'au 15 octobre.
Troisième message de Marie
Le samedi 13 octobre, jour anniversaire de la dernière apparition de la très Sainte Vierge aux enfants de Fatima, Marie communique son troisième message à Akita, le plus important et le plus grave.
« Ma fille bien-aimée, écoute bien ce que je vais te dire maintenant, et transmets-le à ton supérieur.
« Comme je te l'ai déjà dit, si les hommes ne se repentent et ne s'améliorent pas, le Père céleste infligera un châtiment terrible à l'humanité tout entière. Ce sera un châtiment plus grave que le déluge, tel qu'on n'en a encore jamais vu. Un feu tombera du ciel et anéantira une grande partie de l'humanité, n'épargnant ni les prêtres ni les fidèles. Les survivants se trouveront dans une telle désolation qu'ils envieront les morts. Les seules armes qui vous resteront alors seront le Rosaire et le Signe que le Fils a laissé. Priez tous les jours le Rosaire pour le pape, les évêques et les prêtres.
« L'action du diable s'infiltrera même dans l'Église, de sorte qu'on verra des cardinaux s'opposer à des cardinaux et des évêques se dresser contre d'autres évêques. Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et combattus par leurs confrères. Les églises et les autels seront saccagés. L'Église sera pleine de ceux qui acceptent les compromis. Le démon poussera beaucoup de prêtres et de consacrés à quitter le service du Seigneur. Il s'acharnera spécialement contre les âmes consacrées à Dieu.
« La perspective de la perte de nombreuses âmes me rend triste. Déjà la coupe déborde ; si les péchés croissent en nombre et en gravité, bientôt il n'y aura plus de pardon pour ceux-ci. Avec courage parle à ton Supérieur (l'évêque du lieu). Il saura encourager chacune d'entre vous à prier et à accomplir des œuvres de réparation. Prie beaucoup les prières du Rosaire. Je suis la seule à pouvoir encore vous sauver des calamités qui approchent. Ceux qui mettront leur confiance en moi seront sauvés. »
Guérison de Sœur Agnès
Le 13 octobre 1974, pendant le salut du Saint-Sacrement, Sœur Agnès est instantanément guérie de sa surdité. Le soir même, elle téléphone à Mgr Ito. Le lendemain le diagnostic du médecin est péremptoire : « Faculté de l'ouïe normale », alors que lorsque Sœur Agnès a commencé à devenir sourde, il avait déclaré qu'elle n'entendrait plus et qu'il n'y avait aucun espoir de guérison. Cette première guérison de l'ouïe ne durera que 6 mois et de nouveau Sœur Agnès redeviendra sourde pour 9 ans encore. Mais elle guérira de nouveau complètement et définitivement.
Notre-Dame verse des larmes
Un autre phénomène encore plus poignant débute à Akita le 4 janvier 1975, premier samedi du mois de l'Année Sainte.
Vers 9 h 30 du matin, la Sœur sacristine remarque que le socle de la statue miraculeuse de Marie est mouillé. Levant les yeux, elle voit des larmes couler des yeux. Sans aucun doute les larmes apparaissent aux paupières et coulent le long du visage. Quelques-unes tombent du menton sur le socle. Ce jour-là, les larmes de la Vierge Marie coulent trois fois.
Averti, l'évêque du lieu, Mgr Ito, arrive sur les lieux pour la troisième lacrymation. Dès son arrivée, en entrant dans la chapelle, subitement les larmes jaillissent en telle abondance qu'il en est vivement ébranlé et ému.
Après la bénédiction du Saint-Sacrement, l'ange apparaît à Sœur Agnès et lui dit :
« Ne soyez pas étonnés de voir la très Sainte Vierge Marie pleurer. Une seule âme qui se convertit est précieuse à son Cœur. Elle manifeste sa douleur pour aviver votre foi, si portée à s'affaiblir. Maintenant que vous avez vu ses précieuses larmes et pour la consoler, parlez-en avec courage. Répandez cette dévotion pour sa gloire et celle de son Fils. »
Du 4 janvier 1975 au 15 septembre 1981, fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, donc pendant sept ans, la très Sainte Vierge Marie a pleuré 101 fois à Akita, devant 2 000 témoins oculaires.
Le dernier dimanche du mois de mai 1982, pendant la bénédiction du Saint-Sacrement, Sœur Agnès est guérie de nouveau complètement et pour de bon. Tout ceci pour authentifier par un miracle éclatant la véracité des phénomènes extraordinaires qui sont survenus à Akita.
Approbation de l'évêque
Après avoir été lui-même témoin oculaire et après avoir étudié méticuleusement les faits, l'évêque d'Akita, Mgr Jean Ito, reconnaît avec toute son autorité épiscopale, le caractère surnaturel des événements d'Akita, dans un long message, dont il ordonne la lecture à toutes les messes, le dimanche de Pâques, 22 avril 1984.
En juin 1988, le Cardinal Ratzinger, Préfet de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi, assure l'évêque que sa lettre pastorale était à propos et déclare que les faits miraculeux d'Akita sont sérieux et dignes de foi.
Thérèse Tardif
Source : « Celle qui pleure au Japon », du Père Joseph-Marie Jacq, prêtre des Missions Etrangères de Paris, publié aux Éditions Téqui.