La voyante du Portugal, Sœur Lucie de Fatima, religieuse au Carmel de Coïmbre, a rendu son âme à Dieu, à l'âge de 97 ans, le 15 février 2005. Les deux autres voyants l'ont précédée dans l'éternel trépas peu de temps après les apparitions de 1917, à Fatima : François n'avait que 10 ans et Jacinthe, 9 ans. Sa Sainteté le Pape Jean-Paul Il les a élevés aux honneurs des autels, le 13 mai de l'an 2000, jour anniversaire de la première apparition. Lors de la deuxième apparition, le 13 juin 1917, la Sainte Vierge avait prédit à Jacinthe et François que bientôt elle les emmènerait au Ciel. Mais elle avait dit à Lucie :
"Toi, tu resteras ici encore quelque temps, Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon coeur Immaculé."
Jusque dans les dernières années de sa vie, Soeur Lucie est restée fidèle à la mission qu'elle avait reçue de la Reine du Ciel. En 1997, à l'âge de 89 ans, elle a publié en portugais un livre intitulé « Apelos da Messagem da Fatima », dans lequel elle donne des explications sur les apparitions et les messages célestes de Fatima et elle répond à de nombreuses questions qui lui ont été posées dans le domaine de la Foi. Ce livre est traduit en anglais sous le nom : « Calls from de messages of Fatima ».
Nous aimons publier ici une partie d'une lettre de soeur Lucie, écrite vers les années 1970. Nous l'avons traduite d'une version anglaise parue dans une ancienne revue. Soeur Lucie a adressé cette lettre à Soeur Marie Joseph Martins, S.B.D. de Tuy, en Espagne, qui était une ancienne compagne de noviciat de Soeur Lucie. La voyante de Fatima commente la tendance à rejeter le rosaire, tendance qui est encore plus accentuée en 2005.
Y. P.
Chère Mère Martins, Pax Christi !
Pour ce que vous me dites concernant la récitation du Rosaire, c'est une grande pitié, car le Rosaire est, après la Sainte Liturgie de l'Eucharistie, ce qui nous unit le plus à Dieu, à cause de la richesse des prières dont il est composé, prières qui, toutes, nous sont venues du Ciel, dictées par le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Le Gloria que nous disons à toutes les dizaines fut donné aux anges par le Père quand il les envoya le chanter auprès de son Fils qui venait de naître ; c'est une hymne à la Trinité.
Le « Je vous salue Marie » tout entier est rempli d'allusions significatives à la Trinité aussi bien qu'à l'Eucharistie. Ses premiers mots furent dictés par le Père à l'Ange qu'il envoya annoncer l'Incarnation du Verbe : "Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous !"
Vous êtes pleine de grâce parce qu'au dedans de vous habite la source même de la grâce, et c'est par votre union avec la Très Sainte Trinité que vous êtes remplie de grâce.
Poussée par le Saint-Esprit sainte Élisabeth s'est écriée : "Vous êtes bénie entre les femmes et le fruit de vos entrailles, est béni !" Si vous êtes bénie, c'est parce que le fruit de vos entrailles, est béni.
L'Église, de la même manière, inspirée par le Saint-Esprit, ajouta les mots : "Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort". C'est une prière adressée à Dieu par l'intermédiaire de Marie : "Puisque que vous êtes la Mère de Dieu, priez pour nous".
C'est en vérité une prière au Dieu Un et Trine, puisque Marie fut le premier Temple vivant de la Très Sainte Trinité : "L'Esprit-Saint descendra sur toi... le Père te prendra sous Son ombre... et l'Enfant qui naîtra de toi sera appelé le Fils du Très Haut".
Marie est le premier Tabernacle vivant où le Père enferma Son Verbe. Son Coeur Immaculé est le premier Ostensoir qui L'ait gardé, ses genoux et ses bras furent le premier autel et le premier trône sur lesquels fut adoré le Fils de Dieu fait homme : c'est là que les anges L'adorèrent, là aussi les bergers et les mages.
Marie fut le premier prêtre à prendre le Fils de Dieu dans ses mains pures et immaculées. L'apportant au Temple pour L'offrir au Père pour le salut du monde.
C'est ainsi que la prière du Rosaire, après celle de la liturgie sacrée de l'Eucharistie, est ce qui nous fait venir le plus à l'esprit les mystères de la foi, de l'espérance et de la charité.
La prière est le pain spirituel des âmes : celui qui ne prie pas languit et meurt. C'est dans la prière que nous rencontrons Dieu, et c'est dans cette rencontre qu'il nous communique la foi, l'espérance et la charité, vertus sans lesquelles nous ne saurions être sauvés.
Le Rosaire est la prière du pauvre et du riche, du savant et de l'ignorant ; leur enlever cette dévotion, c'est leur enlever le pain quotidien spirituel ; c'est cette dévotion qui tient allumée la toute petite flamme de foi qui n'est pas encore complètement éteinte en bien des consciences.
Même pour les âmes qui prient sans méditer, le seul acte de prendre le chapelet pour prier est déjà un rappel de Dieu et du surnaturel ; tandis que simplement rappeler à l'esprit les mystères de chaque dizaine est déjà un autre rayon de lumière pour soutenir dans les âmes la mèche qui fume encore.
C'est pourquoi le diable a livré une guerre si implacable à la dévotion du
Rosaire. Et le pire en tout ceci, c'est qu'il a réussi à leurrer et à tromper des âmes qui, en raison de la position qu'elles occupent, ont de grandes responsabilités ! Aveugles qui conduisent d'autres aveugles !
Et ils s'efforcent de justifier ce qu'ils font au nom du Concile Vatican II, ne parvenant pas à voir que ce Concile sacré a ordonné de maintenir toutes les dévotions approuvées qui, au cours des âges, ont été pratiquées en l'honneur de la Vierge Immaculée de Dieu.
Pire encore, ils ne saisissent pas non plus que, de par l'ordre de Vatican II, la récitation du saint Rosaire est l'une des principales dévotions qu'il nous incombe de conserver et qui doivent demeurer.
J'ai grand espoir que le jour n'est pas loin où le Rosaire sera déclaré prière liturgique, puisque tout en cette prière est partie de la Liturgie sacrée de l'Eucharistie.
Prions, travaillons et faisons des sacrifices à cette fin, confiants que : "À la fin, Mon Cœur Immaculé triomphera !"
Sæur Lucie, 0. Carm. Disc.