Un miracle, c'est-à-dire une guérison inexplicable par la science et la médecine, est nécessaire pour que l'Église catholique déclare toute personne bienheureuse ou sainte. Ce miracle est arrivé à Lyon en 2012. Le 29 mai, la petite Mayline Tran, âgée de trois ans, perd connaissance après s'être étouffée en mangeant. L'enfant, hospitalisée dans un état désespéré après une asphyxie et un arrêt cardiovasculaire de vingt minutes, est considérée comme perdue. Malgré l'arrêt des traitements par les médecins, la famille refuse l'arrêt de l'alimentation artificielle. Une neuvaine à Pauline Jaricot est récitée. Peu après, la petite fille se réveille mais avec un état cérébral très dégradé, ouvrant à un pronostic d'état végétatif sans espoir. Pourtant, elle connaît contre toute attente une guérison totale.
Une enquête diocésaine sur la guérison présumée a été instruite auprès du Tribunal ecclésiastique de l'archidiocèse de Lyon du 20 juillet 2018 au 28 février 2019, dont les actes ont été déposés à la Congrégation pour la cause des saints. Le dossier a été transmis à la commission médicale, qui a validé le caractère inexplicable de la guérison. Le 26 mai 2020, le pape François reconnaît authentique la guérison attribuée à l'intercession de Pauline Jaricot, ouvrant la voie à sa béatification.
Voici le récit tel que raconté par le site aleteia.org :
Nous sommes en mai 2012. Âgée de seulement trois ans et demi, la petite Mayline est victime d'un étouffement. À cause d'un mauvais transit de nourriture – un bout de saucisse s'étant coincé dans sa gorge – l'enfant s'étouffe. « Son cœur s'est arrêté dans mes bras », se souvient Emmanuel, son père.
Les secours arrivent et tentent de faire repartir son cœur. La fillette, qui fait de nombreux arrêts cardiaques sur le trajet l'emmenant à l'hôpital est finalement diagnostiquée Glasgow 3. « On nous a annoncé que son état neurologique était irréversible et son décès imminent », reprend son père. Dans les jours qui suivent, les rendez-vous médicaux s'enchaînent et l'issue paraît inéluctable : la situation dans laquelle se trouve Mayline est sans espoir. « Après lui avoir fait passer un IRM les médecins nous ont dit que si elle ne mourrait pas maintenant, elle allait mourir dans les prochaines semaines ».
Mayline ouvre bien les yeux dans les jours qui suivent l'accident. « Mais on s'est rendu compte qu'elle n'était plus là, comme si quelqu'un avait éteint la lumière », se remémore Emmanuel. « Avec ma femme nous nous sommes regardés et… ». Aucun mot n'est assez fort pour décrire ce sentiment « d'être vidé de tout, de ne plus rien ressentir », reprend le père de famille. Au même moment, c'est-à-dire à peu près quinze jours après l'accident, les parents d'élèves de l'école de Mayline décident de lancer, avec Mgr Barbarin, une neuvaine à la vénérable Pauline Jaricot. En effet le diocèse de Lyon dont elle est native célèbre le 150e anniversaire de la naissance de la vénérable Pauline Jaricot, qui a fait connaître à ses contemporains l'importance de la mission de l'Église dans le monde. La neuvaine se termine le 23 juin. À ce moment là, Mayline est dans le coma, sous assistance respiratoire et sous alimentation artificielle, « avec un traitement de stimulation du cœur qui a conduit à une embolie pulmonaire, avec des convulsions fortes dès qu'on arrêtait les traitements ». Les médecins se prononcent alors pour l'arrêt des soins. Mais les parents de la fillette souhaitent que Mayline continue à être alimentée artificiellement.
Début juillet, Mayline est transférée à Nice. Son père, restaurateur vient de changer de travail et toute la famille suit. Avant son transfert, la fillette reçoit le sacrement des malades « afin qu'elle puisse être accueillie le mieux possible par Dieu », souffle son papa. Bien qu'elle soit dans un état végétatif, avec une forte dégradation de son état cérébral, la petite fille supporte le trajet. Mais une fois à Nice, quand ils la revoient, ses parents ont l'impression que quelque chose a changé. « Nous étions en train de chercher un cercueil pour Mayline après ce que les médecins nous avaient dit », explique Emmanuel. « Mais en la revoyant à l'hôpital de Nice, nous avions l'impression qu'il y avait quelque chose de différent, comme si elle reprenait vie ».
S'ils expliquent aux parents que l'état de Mayline a en effet évolué, les médecins niçois sont d'abord pessimistes. Écartant le diagnostic vital, ils prédisent une vie à l'état végétatif pour la jeune fille. Sauf que semaine après semaine, celle-ci « reprend finalement totalement vie. Elle est aujourd'hui en pleine santé, à la surprise du corps médical. Les médecins n'ont jamais pu nous expliquer ce qui se passait, ils ne nous ont pas donné de seuil de progression ni de limite à sa progression », détaille le père de Mayline. Fin 2012, Malyline peut finalement sortir de l'hôpital à l'approche des fêtes de Noël.
Emmanuel se souvient encore avec précision avoir croisé quelques jours plus tard le médecin qui soignait Mayline à l'hôpital : « C'était le 22 décembre en plein pendant les dernières courses de Noël. j'étais avec Mayline dans la rue quand on s'est croisés. Nous nous sommes salués et regardant Mayline je lui ai demandé de m'expliquer car je ne comprenais pas : on m'avait dit qu'elle allait mourir, qu'elle ne serait capable que d'ouvrir les yeux, qu'elle n'aurait aucune perception de son environnement… Pourtant elle était là, comme n'importe quelle fillette de son âge ! », résume-t-il. Le médecin lui a alors répondu : « Imaginez que vous êtes en voiture sur l'autoroute et que le moteur s'arrête, que vous n'avez plus d'essence. Impossible de la faire avancer n'est-ce pas ? Et bien Mayline c'est ça, sauf que la voiture a été redémarrée ».
Mayline sauvée, ses parents sont convaincus de l'intervention de la vénérable Pauline Jaricot en faveur de la guérison de leur fille. « Aujourd'hui, je prie quotidiennement Dieu, Marie et Pauline Jaricot. Je ne demande plus rien dans mes prières, je remercie et je rends grâce », résume le père de Mayline.
Ce formidable témoignage est alors examiné lors d'une enquête diocésaine en 2019 avant d'être transmis à la Congrégation pour la cause des saints. Sa commission médicale valide le miracle de guérison comme étant un fait inexplicable. La commission de théologie certifie pour sa part l'intervention de la vénérable Pauline Jaricot sur la guérison.
L'intervention de celle qui aida à faire connaître et à répandre la mission de l'Église dans le monde, est un véritable signe que ses actions sont toujours bienfaitrices, même après sa mort. Ce miracle inexplicable aux yeux des hommes, l'est aux yeux de Dieu ainsi que pour tous ceux qui croient fermement en son intercession. Pauline Jaricot manifeste encore une fois au monde, et cette fois-ci à celui du XXIe siècle, que l'Église a plus que tout besoin de fidèles baptisés, de disciples-missionnaires, forts de leur foi et de la merveilleuse espérance qu'ils placent en Dieu.
Agnès Pinard Legry et Sixtine Waché