Le chanoine Louis-Joseph Beaumier, l'auteur de cet article, décédé depuis trois ans, a été Supérieur au Séminaire de Trois-Rivières pendant 5 ans, et aumônier des religieuses du Précieux-Sang de Trois-Rivières pendant 14 ans.
À l'époque où la micro-jupe entrait en scène avec les applaudissements frénétiques des dévoyés, Monseigneur Joseph-Louis Beaumier lançait un cri d'alarme contre cette vague de nudisme. En ce temps-là (dans les années 1970), « Le Bien Public » de Trois-Rivières avait publié ses articles. Nous citons de larges extraits des articles de Mgr Beaumier, réflexions très appropriées pour nos temps actuels, alors que les modes en 1998 sont encore plus osées qu'en 1970.
par Mgr Joseph-Louis Beaumier
Il y a quelque temps, j'écrivais un article intitulé : « Quand vous verrez l'abomina- tion ! ». C'était coup de cloche lancé sur la mer de l'impudente mode féminine, que tout le monde connaît, et qui pénètre partout, même dans nos églises, dans nos sanctuaires. L'usage du bout de jupe » constitue une véritable abomination ». maintenant qu'il est devenu « micro-jupe », c'est un défi permanent lancé à la plus élémentaire morale naturelle et chrétienne. C'est une sorte de « contestation » de fait, contre toute force morale qui tenterait de l'arrêter.
La « micro-jupe » est une espèce de « MIC-ROBE », un virus, qui sème l'impudicité partout. Il n'est pas besoin de nommer toutes les espèces de demi-vêtements, qui répandent le nudisme honteux, durant la saison d'été. Tout le monde le sait.
Qu'on remarque bien : ce n'est pas là une affaire de mode, c'est une affaire de vice. Qu'on le veuille ou non, qu'on y pense ou qu'on n'y pense pas, c'est une affaire de vice ; c'est l'impudicité étalée et établie à demeure dans une société chrétienne. C'est une honte. C'est une horreur !...
Des esprits blasés ou sophistiqués tentent de justifier cet état de choses et de le faire accepter en répétant : "Il n'y a rien à faire !... Et puis on s'accoutume à tout."
"Les sophismes les plus insidieux, ajoutait Pie XII, qui sont d'habitude répétés pour justifier l'impudicité, semblent être les mêmes partout. Un de ceux-ci s'appuie sur l'ancien dicton « ab assuetis non fit passio », (les choses habituelles n'excitent plus la passion), afin de présenter comme dépassée la saine rébellion des honnêtes gens contre les modes trop hardies. Est-il donc nécessaire de démontrer combien l'antique dicton est déplacé dans une telle question."
Comme s'il était normal de s'habituer à l'impudicité ! Quelle aberration d'esprit et de cœur !... Le pauvre mineur, accoutumé de travailler et de vivre dans la saleté sait bien « qu'il est sale » !...
L'état de choses, dont il est question précédemment, et tous les faux raisonnements qui l'accompagnent ont une commune racine empoisonnée. Il faudra qu'un jour on ait la lucidité et le courage de la reconnaître cette racine, pour l'arracher, et, par là même, se libérer d'un esclavage mortel. Cette racine est diabolique.
Dans l'évangile de saint Luc (ch. 8, v. 26 à 39), et dans saint Marc (ch. 5, v. 1 à 20), l'épisode de la délivrance d'un possédé nous le montre clairement. C'est extrême- ment révélateur.
Quand un jour, Jésus est appelé auprès d'un démoniaque, on assiste à la scène sui- vante :
- le malheureux possédé, qui ne porte pas de vêtement, vit comme un sauvage, loin des gens ;
- le démon impur qui le domine est d'une puissance inouïe : il se nomme LÉGION ;
-après l'intervention de Jésus, l'individu redevient normal, vêtu, paisible...
a) Ce possédé vivait comme un animal, seul, dans les « cavernes », où se réfugient les bêtes sauvages. Il fuyait tout le monde. Il ne pouvait pas garder d'habit sur lui, dit saint Luc.
Si tous nos « déshabillés modernes » vivaient loin des honnêtes gens, dans les bois, dans la jungle, on ne s'en soucierait pas. Mais ce n'est pas ce qui arrive.
Quand nous regardons actuellement notre société, nous voyons qu'une foule de gens s'acharnent à vivre souvent presque sans vêtements, ou si réduits, que c'est tout comme...
Vouloir vivre dans une société normale, honnête, sans se soucier de porter un vête- ment convenable, mais au contraire n'éprouver aucune inquiétude à circuler dans un déshabillé souvent honteux, c'est le signe que l'esprit malin n'est pas loin. On n'a pas à chercher des exemples ; il y en a partout.
La chose ne s'explique guère autrement que par l'attaque constante, dure, humiliante, désastreuse pour beaucoup, des démons de l'impudicité.
Le démon n'aime pas à être démasqué. Saint Ignace le rappelle dans la treizième (13e) règle du « discernement des esprits » : "Le démon... veut que ses ruses et ses insinuations... soient tenues en secret..."
Il faut donc dénoncer le démon !
Isaïe condamne les chiens muets qui ne peuvent aboyer. (56.10). À demeurer dans un mutisme résigné ou dans un silence défaitiste, on fait l'œuvre du diable. C'est grave ! C'est sérieux !
Un jour, Pie XI donna une leçon pratique aux militants d'Action Catholique, en leur apprenant à "dénoncer le mal à temps".
"C'est un principe de la vie spirituelle, a dit le Pape, de la vie intérieure, que de dénoncer le mal aussitôt. Saint François de Sales le dit fort bien. C'est une pratique qui remonte aux premiers Pères du désert. Le démon aime au contraire le secret ; c'est son système..." (Vie : Font. p.253).
b) Le démon du possédé déshabillé, et de tous les « déshabillés », est nommé trois fois par saint Marc, « esprit impur ». Ce n'est pas le démon de l'avarice, ni le dé- mon de l'envie, c'est le « démon impur ».
Et puis, pour bien montrer sa puissance et son emprise terrible, à la question de Jésus : "Quel est ton nom ?" Le démon répond : "LÉGION est mon nom, car nous sommes nombreux". (V. 9) Rien d'étonnant que ce démon-légion réussisse encore aujourd'hui à maintenir tant de gens dans le déshabillé actuel que nous connaissons.
Voici quelque chose encore de plus caractéristique du démon impur : quand Jésus lui commande de sortir du malheureux possédé, les démons le "supplient de ne pas les envoyer hors du pays", mais disaient-ils : "Envoie-nous dans les porcs !"... Il y avait dans la montagne voisine un troupeau de près de deux mille porcs. "Alors, écrit saint Marc, les esprits impurs sortirent de l'homme et entrèrent dans les porcs. Et le troupeau s'élança de l'escarpement dans la mer, au nombre d'environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer". (V. 13)
Voilà qui est très significatif : démon du déshabillage, démon impur, démons dans les pourceaux !...
L'Évangile parle d'un autre « pauvre diable », qui a vécu quelque temps près des pourceaux. Il ne devait pas avoir « grand-chose sur le dos », lui non plus à ce moment-là !... Il était réduit à la misère.
D'autre part, ce garçon avait déjà été « en moyens », ayant reçu une bonne « part d'héritage ». Mais il n'avait pas été « heureux en amour libre », de cet amour (char- nel), qui aurait dû pourtant lui procurer une « bonne union conjugale », selon des théories modernes !... Après avoir « mangé son bien avec des courtisanes » (Luc, XV, 30), il avait abouti, après quelques années, dans la compagnie des pourceaux. Il était devenu tellement ravalé et abêti qu'il aurait voulu manger la nourriture de ces porcs, mais « personne ne lui en donnait ».
Un jour, ce malheureux parmi les malheureux trouva le courage de s'arracher à son état dégradé. S'il sortit de son enlisement impudique, ce n'est pas en lisant des livres sur la « sexualité », afin de refaire sa vie, mais en réfléchissant dans son cœur et en faisant pénitence : "Je me lèverai, j'irai vers mon Père, et je lui dirai : j'ai péché contre le Ciel et contre vous !..." Nous connaissons le reste.
"Que celui qui lit comprenne." (Marc, XIII, 14).
c) Revenons à notre démoniaque déshabillé. Pour rétablir l'ordre, redonner à cet individu une vie normale, l'arracher à l'emprise du démon, l'intervention de Jésus est nécessaire ; c'est la délivrance miraculeuse par la parole toute puissante du Maître de l'univers : "Esprit impur, sors de cet homme !" Saint Luc écrit :
"Les gens sortirent pour voir ce qui s'était passé, et vinrent vers Jésus et trouvèrent l'homme duquel étaient sortis les démons, vêtu et dans son bon sens, assis aux pieds de Jésus...". (V. 35)
Remarquons bien : le démoniaque délivré par Jésus est maintenant "vêtu et dans son bon sens, assis aux pieds de Jésus". En résumé :
— possédé du démon impur, c'est un « déshabillé » qui se conduit comme une brute ; délivré par Jésus, c'est un homme normal, vêtu et qui a son bon sens.
Le rapprochement est facile à trouver...
"Que celui qui peut comprendre, comprenne !" (Math. XIX, 12).
Quand nous voyons avec quelle légèreté on considère l'usage actuel du déshabillé, surtout au cours de l'été pourtant si bref nous pouvons nous demander si nous n'amassons pas, comme dit saint Paul, « des charbons ardents sur nos têtes ! » (Rom. XII, 20).
Oui, nous amassons des nuages sur nos têtes.
"On ne se moque pas de Dieu". Ce tout petit mot de saint Paul (Galates, VI, 7) nous en dit long, si l'on veut y réfléchir : « Dieu ne se laisse pas tromper ; Dieu ne se laisse pas rouler !... » Dans aucun domaine, on peut « jouer Dieu ». On ne trompe même pas la nature : toute nature violentée se venge, un jour ou l'autre.
On peut tromper les gens, un certain temps. Mais même sur le plan humain, on ne peut tromper tout le monde tout le temps. C'est déjà une vérité et une consta- tation du sens commun. À plus forte raison du côté de Dieu.
Dieu n'est pas une idée, une imagination. Dieu est un Être personnel vivant, infi- niment parfait et saint. Si quelqu'un croyait jouer Dieu quelques années, il serait dupe de lui-même. Et puis, que sont quelques années devant l'Éternel.
Si nous appliquons cette vérité sur le plan moral, nous pouvons entrevoir à quelles conséquences elle nous entraîne.
Bien des gens distraits, dissipés, volages disent et répètent : "L'usage du déshabillé féminin ?... Pourquoi s'en faire ?...
C'est irréversible !... Aujourd'hui, on n'est plus « au temps de nos aïeux »... Les vieilles idées du péché originel, qui entraîne du désordre dans les plaisirs charnels, c'est « dépassé, qu'on ne nous parle pas de cela... etc.» « Nos évolués » de ce temps pourraient nous dire encore d'autres sornettes.
Le bon saint Jean, « l'apôtre que Jésus aimait », radotait-il quand il écrivait, sous la dictée du Saint-Esprit :
"Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la Parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin. N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde, la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, et l'orgueil de la vie, cela ne vient pas du Père, mais du monde. Le monde passe, et sa concupiscence aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement." (1 Jean, 11, 14 à 17).
Aucun bon chrétien ne peut lire ces paroles « avec un cœur noble et bon », comme dit Jésus (Luc VIII, 15) sans faire une vraie réflexion salutaire. Même les jeunes. Saint Jean savait que les jeunes peuvent et doivent « vaincre le malin, le diable », s'ils veulent s'y mettre. C'est vrai encore aujourd'hui. Mais à condition de lutter contre le malin, contre le monde mauvais, le monde maudit par Jésus (Mt, XVIII, 7).
Qu'on ne s'y méprenne pas. Dans le texte cité plus haut, il y a deux choses essentielles :
- ne pas accepter le monde fait de tendances sensuelles et d'orgueil. Il ne peut y avoir de concession de ce côté.
- Accepter la volonté de Dieu, notre Père qui nous demande de « venir à lui » et de vivre avec lui.
...Dans tout ce domaine du sensuel et du charnel résonne sans cesse à l'oreille du cœur le petit mot de saint Paul : « On ne se moque pas de Dieu! ».
« Parole de Dieu », elle est ce vivant scalpel qui pénètre l'âme jusqu'aux plus secrets recoins de notre âme, là où l'on ne veut pas descendre.
"Elle est vivante la Parole de Dieu", écrit saint Paul aux Hébreux (IV, 12, 13) ; elle est efficace, plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants ; si pénétrante qu'elle va jusqu'à séparer l'âme de l'esprit, les jointures des moelles ; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur, Aussi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte."
Après avoir lu « ces paroles de Dieu » avec un cœur noble et bon, qui peut se faire accroire :
- que le 6e commandement de Dieu, ça n'a plus autant d'importance aujourd'hui qu'autrefois ;
- qu'on fait comme tout le monde ; on n'est pas pire que les autres... etc. Ce sont de vieux refrains, mille fois réfutés.
En terminant ces pages, faisons la remarque suivante, qui ne manque sûrement pas d'importance : la connaissance, l'abondance du savoir n'est pas immunisation contre le mal. Le bien et le mal relèvent de la volonté avant tout...
Le Pape Jean XXIII mettait en garde les séminaristes contre une fausse et périlleuse culture, contre "les lectures paresseuses et empoisonnées qui corrompent les consciences et qui, sous le prétexte de nous mettre au courant de tout pour pouvoir porter un jugement sur tout, et, pour parler le langage de la génération moderne, deviennent une école et une pratique de « subtiliter fornicare » (pécher avec finesse)" (Oss. R. 1959, 4 déc.)
Ce jugement sévère et si opportun de Jean XXIII vaut pour tous nos jeunes d'au- jourd'hui.
Déjà Pie XI avait dénoncé ces subtiles connaissances (charnelles) chez les époux :
"Ces réformateurs de la vie conjugale prétendent venir au secours des époux, en faisant grand état de ces choses d'ordre physiologique, grâce auxquelles on enseigne l'art de pécher avec ruse (« callidé ») plutôt que la vertu de vivre avec chasteté." (A.A.S. 1930, p. 582).
Que d'âmes simples, pures, mais peu instruites, valent beaucoup plus que certains esprits forts, qui ne cherchent qu'à se gaver de connaissances, mêmes les plus ru- briques, sous prétexte « d'information »!...
Un dernier mot. Disons-nous bien que nos plus mortels ennemis sont encore et toujours « les esprits mauvais répandus dans les airs ». C'est saint Paul qui nous le dit (Éph. VI, 11 à 18) :
"Revêtez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans les airs."
Appelons à notre secours les bons Anges, nos Anges Gardiens, dont la protection constante et la force divine nous obtiendront victoire.
Si à certains moments et dans certains secteurs de l'Église, les démons semblent dominer, n'oublions jamais la promesse de Jésus : "Les portes de l'Enfer ne prévau- dront pas contre l'Église."
Jésus a et aura le dernier mot.
"CONFIANCE, J'AI VAINCU LE MONDE !"
Mgr Joseph-Louis Beaumier