Le but de l’habillement c’est, premièrement, de couvrir le corps humain pour le dérober aux appétits grossiers, à la cupidité générale.
L’idée que la mode et la morale doivent être en conflit entre elles découle du fait que certains croient que l’élégance ne réside pas dans la juste mesure, mais dans quelque chose qui sort de l’ordinaire. C’est une erreur.
La mode et l’élégance ne sont pas synonymes d’excentricité. Au contraire, plus la mode et l’élégance seront conformes aux exigences de l’esprit, dans le sens d’un équilibre absolu, mieux elles s’acquitteront de leur tâche qui consiste à mettre en valeur la beauté et l’harmonie des lignes et des couleurs.
Les valeurs morales doivent être respectées, comme les catholiques ont le devoir de le faire dans tous les domaines où ils exercent leur activité.
Pour les créateurs de la mode, il s’agit de créer des modèles répondant aux prescriptions de la morale, laquelle ne sera jamais un obstacle pour l’élégance.
Ces critères viennent d’une directrice de maison de couture, par conséquent une directrice de modes.
Les modes d’aujourd’hui, qui sont de l’ultra-excentrique, ne sont donc pas élégantes du tout. C’est bien notre avis, et celui de la plupart des gens, hommes et femmes.
Les modes d’aujourd’hui ne sont pas élégantes du tout, parce qu’elles manquent complètement de mesure. Leur sans-gêne est un dévergondage pour le moins très excentrique.
Et leur manque de respect des autres et leur grossièreté sont un manque d’élégance évident, car la suprême élégance consiste à passer inaperçu, afin de ne pas prendre la place des autres, afin de ne pas attirer sur soi les regards. Or, les modes d’aujourd’hui donnent la vedette à la partie inférieure du corps humain. C’est de la suprême inélégance. En langage exact, on dit: c’est obscène. Les modes d’aujourd’hui sont désespérément disgracieuses.
Plus la mode et l’élégance seront conformes aux exigences de l’esprit, mieux elles s’acquitteront de leur tâche. Conformes aux exigences de l’esprit veut dire d’abord conformes aux objectifs, conformes aux buts.
Or, le but de l’habillement c’est, premièrement, de couvrir le corps humain pour le dérober aux appétits grossiers, “à la cupidité générale” (Pie XII).
Et le but de l’habillement, c’est d’offrir aux autres le spectacle d’une personne humaine chez qui l’esprit est souverain et le corps sujet très humble de l’esprit.
L’habit que je porte identifie ma personne: si mon esprit exerce un contrôle harmonieux et décisif sur mon corps, je le démontre par mon maintien, par ma démarche et par mon vêtement.
Les modes d’aujourd’hui ignorent les buts de l’habillement: couvrir, corriger et contrôler le corps humain. Voilà pourquoi certaines modes actuelles sont prostituées et perverses.
Le but atteint par les modes d’aujourd’hui, c’est de découvrir le corps humain, de l’exposer à toutes les convoitises de la rue; de l’enlaidir au lieu de l’embellir en accentuant ses défauts; et de dégrader la personne qui les porte et ceux qui la regardent, par cette mise en vedette de la matière et cet oubli outrageant des beautés de l’esprit.
Les modes d’aujourd’hui sont une provocation publique à la vie sensuelle et charnelle, au lieu d’être ce qu’elles devraient être, une invitation à la vie intellectuelle et spirituelle.
Et les “exigences de l’esprit”, pour le croyant, vont très loin, elles montent très haut. L’esprit, c’est le Saint-Esprit, le Créateur.
Dans la création, la personne humaine est cet être extraordinaire qui ramasse en sa substance toute la création matérielle pour la soumettre à un esprit créé. Et cette matière et cet esprit ensemble sont, en définitive, soumis à l’Esprit créateur, dans cet individu qui est une personne libre; capable de soumission volontaire, capable d’obéissance, d’amour à son Créateur.
Voilà donc qu’en chaque personne humaine, toute la création matérielle se donne rendez-vous avec l’esprit pour adorer Dieu et Lui rendre gloire. La mission de l’homme comme créature: recueillir en sa substance la création matérielle et la soumettre à l’esprit en sa propre personne.
Rôle superbe qui est dévolu à chaque homme, à chaque femme. Chaque personne humaine est composée d’un corps et d’une âme. Son corps est l’aboutissement de toute la création matérielle. Le minéral, le végétal, l’animal trouvent leur terme dans le corps de l’homme. Et ce corps, qui réunit les trois règnes, est animé par une forme spirituelle, l’âme. Matière et esprit réunis dans la même substance doivent rendre gloire au Créateur par cette substance individuelle.
Les anges sont des substances spirituelles pures. Les hommes sont des composés de matière et d’esprit. L’homme est la seule créature composée de matière et d’esprit. Dans la création, l’homme est le seul à réunir, en son être, les deux principes, matériel et spirituel. C’est à l’homme que revient d’offrir en sa personne, par sa personne, toute la gloire due au Créateur par la création matérielle.
Et l’homme rendra cette gloire à son Créateur à la condition de réaliser, en son être, la soumission de la matière à l’esprit. Que l’esprit de l’homme soumis à l’Esprit de Dieu contrôle la matière. Que le corps soit soumis aux exigences de l’esprit dans la personne de chaque homme, de chaque femme.
Soumettre son corps à l’esprit est le rôle de la personne humaine. C’est de cette façon que la personne humaine rend gloire à Dieu.
Et comment donc l’homme accomplit-il ce programme de soumettre son corps à l’esprit ? En gardant son corps au rang de serviteur. Et en le tenant dans l’humilité qui lui convient, en lui interdisant d’occuper une place indue. En refusant à son corps la satisfaction de ses convoitises, afin de permettre à l’esprit de se fortifier et de dominer ce corps dont le rôle est un rôle de sujet et non de souverain vis-à-vis de l’esprit.
Voilà des mots bien difficiles à comprendre, semble-t-il. Oui, en effet. Mais, la morale chrétienne explique et précise ces mots. La morale chrétienne édicte les lois exactes à suivre pour être fidèle à cette philosophie du corps soumis à l’esprit.
«Plus la mode et l’élégance seront conformes aux exigences de l’esprit, mieux elles s’acquitteront de leur tâche, qui consiste à mettre en valeur la beauté et l’harmonie des lignes et des couleurs. Les valeurs morales doivent être respectées, comme les catholiques ont le devoir de le faire, dans tous les domaines où ils exercent leur activité.»
Toutes les activités de l’homme doivent se soumettre aux exigences de l’esprit. Et c’est la morale chrétienne, définie par l’Eglise catholique, dépositaire de la doctrine du Christ, qui codifie les exigences de l’esprit pour les activités de l’homme.
Conformes aux exigences de l’esprit dans le sens d’un équilibre absolu. Voilà le critère, la mesure, la règle: l’équilibre absolu du corps par rapport à l’esprit de l’homme et à l’Esprit de Dieu. La mode et l’élégance doivent être conditionnées par l’esprit et par l’équilibre absolu, pour s’acquitter de leur tâche de mettre en valeur la beauté des lignes et des couleurs.
Grande leçon vraiment à donner à nos contemporains, qui ont complètement perdu le sens de l’esprit, en un mot le sens des valeurs !
Non, la mode contemporaine ne répond plus aux lois de l’harmonie, de la beauté, de la mesure, de l’équilibre, de la modestie.
Pourquoi ? Parce que nos modes ignorent l’esprit pour ne plus faire valoir que le corps. Loin de soumettre le corps aux lois de l’esprit, nos modes descendent l’esprit au rang d’esclave. Elles noient l’esprit dans la chair. Nos modes attirent les regards vers le bas, au lieu d’élever les âmes vers le ciel.
La mode d’aujourd’hui n’est plus de la beauté ni de l’élégance. La mode d’aujourd’hui, c’est de la laideur, de l’abêtissement. Le démon de la laideur qui triomphe ! Le démon n’est pas beau, bien sûr ! Aucun démon n’est beau. Mais, il y a des démons qui jouent le rôle particulier de répandre la laideur dans le monde, partout où il leur est permis de pénétrer. Et les hommes d’aujourd’hui ouvrent toutes les portes aux démons de la laideur: dans l’art, dans le vêtement, etc.
La pureté, qui consiste dans la soumission du corps humain aux règles du Saint-Esprit, sur la commande de la personne propriétaire de ce corps, la pureté est maintenant dénigrée, elle est bafouée, vidée de son sens.
L’impureté est étalée par la propagande et justifiée par les faux philosophes et de faux théologiens même. Tout ce qui dévoile le corps, la partie matière, dans l’homme, est maintenant proclamé sain.
Ce qui fait que l’esprit devient matérialiste. L’intelligence ne s’exerce plus sur la vérité qui est son objet, mais sur des formules creuses. Le grand nombre de nos têtes pensantes sont devenues des intellectuels pratiquant une gymnastique des méninges, étrangère à la pensée réelle, étrangère aux principes, à la vérité, à la bonté et à la beauté. Esprits matérialisés, tombés dans les ténèbres.
La mode et l’élégance doivent être conformes aux exigences de l’esprit, cela veut dire que pour être belle la mode doit se considérer comme un instrument qui soumet le corps à l’esprit.
Je comprends, pour ma part, que le costume doit voiler le corps suffisamment pour que le corps n’éclipse pas l’esprit, qu’au contraire le costume fasse ressortir l’esprit de la personne qu’il habille. Alors, le vêtement sera beau, puisqu’il guidera vers la beauté, les yeux et les âmes qui le regarderont.
Les vêtements qui découvrent le corps au lieu de le couvrir sont des vêtements détournés de leur fin. Et ce sont des vêtements païens, qui conduisent la société à sa ruine. Ces vêtements ne sont pas dignes de nos femmes chrétiennes. Et quand on voit que ce sont des chrétiennes qui les portent, on n’a pas à se demander pourquoi notre pauvre Québec est si dégradé.
Le vêtement de la femme doit être tel qu’il aide la femme à remplir son rôle, celui d’orner la société par une vraie beauté, et de répandre autour d’elle la joie, une vraie joie, sereine, élevante et pure, non pas la joie fausse, trouble et dégradante des passions. Alors seulement le vêtement aura accompli ce pour quoi il est fait, et il sera beau et élégant.
Pour sortir notre société de la fange dans laquelle les modes du démon de la laideur l’ont jetée, il faut que nos femmes de tous les mouvements, associations et autres, soient fortes et courageuses, pour endiguer le déferlement de ces modes si horriblement laides en décidant elles-mêmes d’embellir nos salons, nos rues, nos églises, etc. par leurs jolis vêtements décents et bien faits.