À notre plus récente session d’étude à Rougemont sur le Crédit Social, ou Démocratie Économique, en septembre 2018, nous avions une large délégation d’Afrique, dont trois évêques: Mgr Emmanuel Abbo, évêque de Ngaoundéré au Cameroun, Mgr Philip Anyolo, alors évêque du diocèse de Homabay au Kenya (le Pape François l’a nommé en novembre 2018 archevêque de Kisumu), et Mgr Joseph Mbatia, évêque de Nyahururu au Kenya, dont c’était la deuxième participation à une session à Rougemont. Voici tout d’abord les paroles de Mgr Abbo à la clôture de cette session d’étude:
Bien chers confrères dans l'épiscopat, chers confrères dans le sacerdoce, religieux, religieuses, bien chers Pèlerins et vous, tout le personnel des Pèlerins de Saint Michel de Vers Demain: je voudrais rendre grâce à Dieu qui à travers l'Oeuvre des Pèlerins de Saint Michel m'a permis de rencontrer chacun de vous.
En effet, pendant deux semaines nous avons formé ensemble une nouvelle famille. Nous avons appris à nous connaître mutuellement, à manger ensemble, à marcher ensemble, à réfléchir ensemble, à parler ensemble, à célébrer ensemble, à prier ensemble. Nous avons prié pour ceux qui se sont confiés à nos prières, nous avons prié pour les défunts de l'Oeuvre...
Je n'ai pas manqué de dire que chacun de vous a été une richesse pour moi; cette nouvelle famille que nous avons créée, cette solidarité, cette fraternité, cette familiarité, cette attention, cette charité qui a régné entre nous est pour moi un prélude au nouveau système révolutionnaire que nous voulons construire: celui du Crédit Social qui nous ouvrira vers un lendemain meilleur.
Je voudrais relever ici le sacrifice de beaucoup de personnes qui donnent leur vie dans cette Oeuvre des Pèlerins de Saint Michel, parfois dans le silence, dans la discrétion par conviction, par amour et qui certainement ne seront pas placés, n'est-ce pas, dans les premières places, les premiers rangs lorsque les créditistes remporteront définitivement la victoire dans ce monde. Je voudrais parler de tout le personnel du Mouvement Vers Demain qui se dévoue au quotidien pour assurer à chacun de nous un bon séjour dans cette maison et nous ouvrir également à la lumière.
Et grâce à cette lumière, nos yeux se sont effectivement ouverts sur le braquage dans le monde entier et ses victimes jusqu'à aujourd'hui. Ce que nos yeux ont vu, ce que nos oreilles ont entendu ici à Rougemont (lors de cette session) est choquant, frustrant, effrayant, humiliant et plus que révoltant. Mais nous nous réjouissons d'avoir découvert cette vérité parce qu'elle nous rendra la liberté qui nous a été volée jusqu'ici par un groupe d'individus qui croient décider du sort de l'humanité. Ce groupe de décideurs a savamment désorganisé la redistribution des richesses de ce monde de manière en être les seuls et faux propriétaires en mettant en place un système déshumanisant et qui ne tient que sur le mensonge, sur la tricherie et même parfois sur le crime.
Nous de l'Afrique, on nous a toujours fait savoir que nous sommes pauvres et que nous avons besoin d'aide alors que c'est pour mieux nous appauvrir. On nous a toujours fait savoir que nous sommes anémiés et que nous avons besoin de transfusions sanguines alors que c'est pour nous vider de la dernière goutte de sang qui nous maintenait encore vivant.
Nos débats, nos réflexions, la préoccupation absorbante de notre vie portent uniquement sur le pain quotidien et celui du lendemain, et le pain quotidien qu'ils savent souvent nous donner, ce sont les armes, tout en nous faisant croire que les moyens sont les fins que nous recherchons afin de nous maintenir dans l’obscurantisme, installant ainsi le chaos dans notre tête et dans notre société.
Ce braquage va jusqu'à limiter notre capacité à poursuivre notre développement personnel par l'exercice des fonctions humaines supérieures à la fonction purement économique. Le système bancaire international mis en place par ces braqueurs fait actuellement d'eux les maîtres du monde, les puissants de ce monde, les propriétaires des biens du monde entier et ils pensent même qu'ils sont devenus les propriétaires de nos vies, capables d'arrêter notre respiration quand ils le veulent.
Vanité des vanités; tout cela n'est que vanité parce que ce système financier est bâti sur du sable mouvant. L'heure vient, et elle est même déjà là, où nous serons même témoins de son écroulement, et son écroulement sera complet. Mais pour que le système bancaire vicieux actuel s'écroule, il faut bien qu'une tempête souffle, et la tempête qui le renversera c'est bien la diffusion de l'enseignement sur le Crédit Social.
Bien chers amis, au lieu de nous installer dans nos taudis ou dans nos hangars et continuer de nous lamenter sur notre sort, en en voulant à ce système, mais en attendant encore de ce système la manne, l'heure est venue pour nous de nous attaquer à la vraie cause de cette misère.
Chers amis, c'est le moment, l'heure est venue de sortir de notre sommeil car le salut est plus proche de nous maintenant, la nuit est bientôt finie, le jour est tout proche; rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière.
Ce combat doit commencer par nous-mêmes parce que dans «l'avion» (la session d’étude) où nous sommes embarqués depuis le 19 septembre et qui a été bien piloté (par le professeur, Alain Pilote), nous dans cet avion, nous avons découvert que nous sommes parfois nous-mêmes, consciemment ou non, complices du discrédit social à cause de la réalité qui nous oblige, à cause de nos contraintes.
La lumière nous l'avons revêtue durant ces jours passés ici avec tous les enseignements reçus sur le Crédit Social. Pour ce combat, nous n'avons pas besoin des armes à feu, nous n'avons pas besoin de bombes mais la vérité, la lumière et les enseignements reçus sur le Crédit Social constituent notre véritable arme.
Agissons donc avec la conviction et la détermination du semeur dont nous avons écouté la parabole cette semaine, je crois. Répandons le Crédit Social partout, répandons le Crédit Social comme le semeur. Certainement il y a des semences qui vont tomber sur le sol du système financier qui seront piétinées, qui seront étouffées, mais il y en aura de la graine qui tombera sur le sol des créditistes et il portera du fruit au centuple.
Ayant participé pour la première fois à cette session d’étude, je voudrais être réaliste dans le combat immédiat que je vais personnellement mener. Mon premier combat consistera tout simplement à faire connaître l'Oeuvre de Vers Demain et la lumière qu'elle apporte sur le Crédit Social. Mon combat consistera à transmettre à mes collaborateurs cette richesse, cette lumière reçue et à susciter dans leur cœur le grand désir d'être créditistes. Je m'organiserai dans la mesure du possible pour que ces collaborateurs ainsi que bien d'autres puissent venir s'abreuver à la source du Crédit Social afin que nous formions dans mon diocèse une armée de créditistes capables de déverrouiller ce système social déshumanisant pour y instaurer le Crédit Social.
J'encourage par ailleurs tous ceux qui sont déjà avancés dans le combat pour le Crédit Social; c'est le combat de tous et c'est le même combat. Mais nous le savons tous: le démon, comme un lion qui rugit, va et vient à la recherche de sa proie. Résistons-lui avec la force de la foi, résistons-lui avec la force du Crédit Social.
Face à ce combat le lion va rugir, certainement. Les dinosaures vont réagir, ils vont s'en prendre à nous, ils vont même s'en prendre à notre vie, mais le Christ nous dit: «Prenez courage, j’ai vaincu le monde». L'espérance ne trompe pas. La Reine du monde fera de grands miracles; banquiers et communistes descendront de leur trône, le Christ deviendra le Roi de tous les pays.
J'étais très heureux que la prière du chapelet et la célébration eucharistique soient au cœur de notre session, de notre étude. Ce combat n'est pas notre combat mais celui de Dieu; ainsi, en priant chaque jour, en célébrant chaque jour durant cette session, nous avons compris que si le Seigneur ne bâtit la maison les bâtisseurs travaillent en vain. Nous sommes convaincus que le Seigneur est en train de bâtir par nous, en nous et à travers nous. N'ayons pas peur parce que la Vierge nous porte dans son sein maternel; n'ayons pas peur parce que saint Michel veille sur chacun de nous dans ce combat. Ne reculons pas devant les assauts, devant les agressions, devant les manœuvres des banquiers et de leurs acolytes.
Je repars tout heureux après avoir participé pour la première fois à cette session; non pas pour dire que j'ai tout appris ou que j'ai tout compris du Crédit Social, mais je voudrais dire que pour cette première fois j'ai bu du lait, et je reviendrai pour manger de la nourriture solide et je me considère encore comme cet aveugle qui, touché pour la première fois par le Christ, voyait mais il voyait flou. Je reviendrai de nouveau pour que le pilote applique de nouveau le Crédit Social dans mes yeux et que je vois enfin distinctement pour ne pas être un aveugle qui conduit d'autres aveugles.
Nous croyons et nous vaincrons. Que le Seigneur donne à chacun de nous la grâce d'aller jusqu'au bout de ce combat et ensemble nous construirons courageusement un avenir meilleur. Je vous remercie.
Mgr Emmanuel Abbo
Évêque de Ngaoundéré, Cameroun