C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a institué le sacrement de Baptême. En recevant le Baptême de saint Jean-Baptiste, dans les eaux du Jourdain, lisons-nous dans le catéchisme de Mgr Cauly, Notre-Seigneur choisit et sanctifia par le contact de sa chair divine l'eau qui devait servir à l'administration du sacrement du Baptême, qu'il institua peu de temps après.
Saint Augustin nous dit que le Sauveur "fut baptisé, non parce qu'il avait besoin d'être purifié, mais pour donner à l'eau la vertu de purifier tous les hommes de leurs péchés." Saint Thomas ajoute : "Ce fut au baptême de Jésus-Christ que le nôtre fut institué comme sacrement et reçut la vertu de produire la grâce."
Extraits du catéchisme de Rodez par l'Abbé Luche :
Le sacrement de baptême est-il nécessaire pour être sauvé ? Oui, il est absolument nécessaire, car Jésus-Christ a dit que quiconque ne serait régénéré par l'eau et le Saint-Esprit n'entrera jamais dans le royaume des cieux : Nisi quis renatus fuerit ex aqua et Spiritu sancto non potest introire in regnum cœlorum. (Jean, III, 5.) Tels ont toujours été l'enseignement et la croyance de l'Église, et nous ne pouvons élever là-dessus le moindre doute.
Les païens, les infidèles, et les Juifs, ne recevant pas le baptême, ne peuvent renaître en Jésus-Christ et sont, par conséquent, exclus du séjour de l'éternelle félicité. N'accusons pas Dieu de partialité et d'injustice. Dieu est le maître de ses dons, il ne doit à personne le bonheur surnaturel de l'autre vie, et au lieu de chercher à sonder la profondeur de ses voies et à pénétrer les secrets de la sagesse qui refuse aux infidèles les grâces qu'il nous a accordées à nous-mêmes, ne songeons qu'à le remercier de ses bienfaits envers nous, et rendons-lui de continuelles actions de grâces pour sa bonté et sa miséricorde infinies.
Du reste, les infidèles ne sont pas complétement déshérités du ciel, et s'ils pratiquent fidèlement la loi naturelle gravée au fond de nos cœurs, un des plus grands docteurs de l'Église, saint Thomas, nous apprend que Dieu saura trouver le moyen de les éclairer des lumières de la foi, et leur procurer le baptême, et qu'il ferait un miracle et se servirait du ministère d'un ange plutôt que de les abandonner.
Au sujet des enfants morts sans baptême, nous aimons citer les extraits suivants du livre "La Boîte aux Questions" par B.L. Conway, pauliste. Traduction et adaptation par Adrien Malo, franciscain :
Les enfants morts sans baptême sont en fait privés de la vision de Dieu, dans le ciel, mais ils n'encourent pas le châtiment de l'enfer, dû seulement au péché actuel. Leur exclusion du ciel n'est pas injuste de la part de Dieu, car la gloire du ciel est un don gratuit, surnaturel, nullement dû à la nature humaine. Il est probable qu'ils jouissent d'un bonheur naturel, comme l'enseigne saint Thomas. Exempts de souffrance et de douleur, ils jouissent d'une certaine paix et félicité intérieure en sorte qu'ils goûtent le bonheur qui eut été leur fin naturelle si la nature humaine n'avait pas été élevée à l'ordre surnaturel.
Et nous continuons avec des extraits du catéchisme de Rodez :
C'est un grand malheur pour ces pauvres petites créatures, un sort bien déplorable, que d'être privées de la vue de Dieu. Combien donc ne sont-ils pas coupables les parents qui, par leur négligence ou le défaut de précaution, les laissent mourir avant d'avoir reçu ce sacrement ? Vous devez savoir, pères et mères de famille, qu'aussitôt qu'un enfant vous est né, vous devez vous empresser de le porter à l'église...
Mais le baptême est-il tellement nécessaire qu'il ne puisse être suppléé par aucun moyen ? Non, mes frères ; Dieu, dans sa bonté, a fourni à l'homme tous les moyens nécessaires pour arriver au salut. Ce sacrement peut être suppléé de deux manières : ou par le désir et la volonté de le recevoir, ou par le martyre.
Et d'abord, par le désir de le recevoir, pourvu que ce désir soit accompagné d'une vive foi et d'une charité parfaite. Ainsi, un païen, un Juif, un infidèle serait sauvé, sans baptême, pourvu qu'il se trouvât dans ces bonnes dispositions : qu'il désirât se convertir au christianisme, aimât Dieu de tout son cœur et voulût recevoir le baptême, s'il le pouvait.
De même, par le martyre, qui consiste à donner sa vie pour Jésus-Christ, comme cela arrivait si souvent durant les persécutions des trois premiers siècles de l'Église. Le premier de ces baptêmes s'appelle baptême d'amour ou de désir, et le second, qui est le plus glorieux de tous, baptême de sang. Tel fut celui des saints Innocents, que l'Église honore d'un culte public, parce qu'ils ont été mis à mort par ce cruel Hérode, en haine du Sauveur.
Qui a le pouvoir de donner le baptême ? Dans les cas ordinaires, ce sont les évêques et les prêtres ; les diacres le peuvent aussi, mais seulement quand ils en ont reçu la permission expresse de l'évêque. Seuls, ils peuvent baptiser solennellement, c'est-à-dire, avec les cérémonies de l'Église. Mais dans les cas de nécessité, tout le monde a le pouvoir de baptiser. Comme le baptême est d'une nécessité si absolue, Notre-Seigneur l'a voulu ainsi, afin de ne priver personne de ce moyen indispensable du salut.
Ainsi, quand un enfant est en danger de mort, si on n'a pas le temps d'appeler un prêtre, toute personne présente, homme ou femme, chrétien ou infidèle, catholique ou hérétique, peut le baptiser à domicile. Il suffit en ce cas, d'observer fidèlement ce qui est prescrit par l'Église, et d'avoir l'intention de faire ce que l'Église fait. Seulement, quand il y a plusieurs personnes de présentes, voici l'ordre qu'on doit suivre : S'il y a un prêtre ou un ecclésiastique quelconque, c'est lui qui doit faire le baptême ; s'il y a un catholique et un hérétique, c'est le catholique...
Si on doute que l'enfant soit vivant, on le baptise sous condition : Si tu es vivant... Si on le rebaptise dans le doute de la validité du premier baptême, on dit : Si tu n'es point baptisé... Et si l'enfant survit, on s'empresse de le porter à l'Église pour faire suppléer les cérémonies.
De tout ce que nous venons d'expliquer, il est aisé de conclure que tout le monde pouvant se trouver dans le cas d'être obligé de baptiser, il est nécessaire que tout le monde sache comment doit se donner le baptême...
D'abord, on prend de l'eau naturelle, c'est-à-dire, de l'eau de source ou de pluie, et non de l'eau artificielle, comme le serait l'eau distillée de fleurs, d'herbes, de fruits... On doit même préférer de l'eau bénite, quand on peut s'en procurer aisément, par respect pour une action si sainte. Ensuite on doit en verser... sur la tête de la personne que l'on baptise, et non ailleurs, à moins qu'on ne puisse faire autrement. (Il n'est pas essentiellement nécessaire de verser l'eau en forme de croix.)
Et en même temps on prononce distinctement les paroles (prescrites par Notre-Seigneur Jésus-Christ) : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint- Esprit. » Ces paroles, il est nécessaire de les prononcer toutes dans le même ordre et en même temps qu'on verse l'eau ; et il est indispensable que la même personne qui verse l'eau prononce elle-même les paroles. Toutes ces conditions sont prescrites sous peine de nullité du sacrement. Il faut bien prendre garde que l'eau ne mouille pas seulement les cheveux... il est essentiel qu'elle arrive jusqu'à la peau.
NDLR : Il est recommandé par l'Église de donner le nom d'un saint à celui qui est baptisé, afin qu'il puisse imiter ses vertus et l'avoir pour protecteur.
Nous terminons avec cette conclusion du Catéchisme de Mgr Cauly :
Du précepte tracé par Notre-Seigneur "Si quelqu'un n'est régénéré par l'eau et le Saint-Esprit (c'est-à-dire n'est pas baptisé), il ne peut entrer dans le royaume de Dieu." il résulte que les parents chrétiens sont tenus de faire baptiser leurs enfants le plus tôt possible : ils se rendraient coupables de fautes graves, s'ils différaient de plusieurs semaines sans motifs très sérieux. L'absence du parrain ou de la marraine n'est pas, en soi, une raison suffisante. Assurer un enfant, ou l'ondoyer, c'est lui donner le Baptême proprement dit, mais sans les cérémonies solennelles de l'Église qui précèdent et qui suivent. L'ondoiement n'est permis que dans les cas d'urgence. Les cérémonies doivent être suppléées à l'église en temps opportun.
Bien qu'on puisse, en théorie, admettre l'opinion de saint Augustin sur le sort des enfants morts sans Baptême (qui jouissent d'un bonheur naturel), dans la pratique il faut considérer comme un très grand malheur pour eux d'être à jamais éliminés du royaume des Cieux, et (il faut) se faire un très grave devoir de conscience de ne pas les priver, par sa faute, de la grâce du saint Baptême.