Dans la grande majorité des apparitions de la Vierge Marie au cours de l'histoire, Notre-Dame a été vue et entendue seulement par les quelques voyants présents, la plupart étant même de jeunes enfants, comme à Fatima en 1917. À Fatima, plus de 70 000 personnes ont pu voir le miracle du soleil le 13 octobre, tel qu'annoncé par les trois petits voyants, ce qui est déjà hors du commun. Mais il existe une apparition, approuvée par l'Église, où, chose encore plus extraordinaire, Marie a été vue par des foules entières de centaines de milliers de personnes : c'est ce qui s'est passé à Zeitoun, en banlieue nord du Caire, capitale de l'Égypte, entre 1968 et 1971, où plus d'un million de personnes au total ont vu la Vierge Marie. Comme l'a fait remarquer l'un des témoins, l'évêque copte orthodoxe Grégorius, « ces événements n'ont pas eu d'égal dans le passé, ni en Orient ni en Occident. »
La grande majorité des informations qui suivent proviennent d'un article paru dans Vers Demain de mars 1970, dans lequel Louis Even donne un résumé d'une brochure parue en 1969 ayant pour titre Our Lady Returns to Egypt (Notre-Dame revient en Égypte), écrite par le Père Jerome Palmer, bénédictin américain.
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C'est en Égypte que, averti par un ange, Joseph s'exila, avec Jésus et Marie, parce qu'Hérode cherchait l'Enfant pour le faire mourir (cf. Matthieu 2, 13). La sainte Famille y demeura six ans, jusqu'à la mort de ce roi jaloux et sanguinaire. C'est ce fait qui a inspiré au Père Palmer le titre de son livre sur les apparitions de 1968.
Après la Pentecôte, le christianisme fut porté en Égypte, d'abord par saint Marc, l'Évangéliste. Il y fonda le siège épiscopal d'Alexandrie. L'Église d'Égypte produisit un nombre remarquable de saints. Des martyrs de la foi sous les persécutions des trois premiers siècles. De grands évêques, tels saint Athanase, saint Cyrille, saint Clément d'Alexandrie. C'est en Égypte que prit naissance le monachisme chrétien, en 318, quand saint Pacôme réunit des anachorètes à Tabenna, sur les bords du Nil, pour se sanctifier dans une vie de communauté. Pacôme vit son œuvre se développer rapidement ; quand il mourut, elle comptait 9 monastères dans lesquels vivaient 7000 moines, et deux couvents établis par sa sœur.
Aujourd'hui, comme dans tous les pays arabes, c'est l'islam de Mahomet qui est la religion dominante en Égypte, mais la liberté religieuse y existe. 90% des 102 millions d'habitants (en 2020) sont musulmans, et 10% sont chrétiens, appelés coptes en Égypte. Et cette minorité chrétienne est presque toute de l'Église orthodoxe, puis quelques centaines de milliers de catholiques.
Dans les Églises d'Orient, dans la catholique comme dans l'orthodoxe, certains évêques portent le titre de patriarche, soit parce que le siège épiscopal qu'ils occupent fut établi par un des Apôtres, soit parce qu'il eut une importance considérable pour quelque autre raison et que de lui furent érigés d'autres diocèses dans la région. C'est le cas du siège épiscopal d'Alexandrie qui remonte à saint Marc. Il y a donc un patriarche orthodoxe et un patriarche catholique d'Alexandrie ; mais l'orthodoxe réside à Alexandrie même, tandis que le patriarche catholique du même titre réside au Caire.
Pour des raisons connues d'Elle seule, ce n'est aucune des deux cathédrales que choisit la sainte Vierge pour ses manifestations de 1968. Pas non plus une église catholique, mais une église orthodoxe sous son vocable, Sainte-Marie. Elle se trouve dans Zeitoun, quartier populaire au nord du Caire, voisin du lieu où vécut la sainte Famille pendant son exil en Égypte.
En 1920, un propriétaire copte aisé, Tawfiq Khalil Bey, se proposait de construire un immeuble sur un terrain qu'il possédait à Zeitoun. La Vierge lui apparut en rêve et lui promit que s'il construisait une église à la place du bâtiment projeté, elle honorerait le lieu d'une manière singulière, en y apparaissant cinquante ans plus tard. L'église fut bâtie en 1924, sous le nom de Sainte-Marie. En face de l'église se trouve le garage des autobus des Transports Publics.
L'église, inspirée de la célèbre basilique Sainte-Sophie de Constantinople, est surmontée d'un dôme central et de quatre dômes moins gros, aux quatre coins de l'édifice. C'est au-dessus de cette église, non pas à l'intérieur, que Marie se manifesta, tel que promis.
Le soir du 2 avril 1968, l'attention des mécaniciens et des chauffeurs qui se trouvaient dans le garage fut attirée par des bruits et des mouvements dans la rue. Ils virent alors, sur le dôme central de l'église, une femme habillée de vêtements blancs, la main posée sur la croix dominant ce dôme. Les mécaniciens et les chauffeurs, tous musulmans, ont raconté en détail ce qu'ils ont vu.
Ils crurent d'abord, en voyant distinctement cette forme blanche, être en présence d'une religieuse en habit blanc. Aussi, comme elle se tenait sur une surface arrondie et glissante, ils lui crièrent de faire attention et d'attendre. L'un d'eux, craignant qu'il ne s'agisse d'une personne voulant se suicider, avertit la police. Un autre frappa à la porte de l'église. Ce fut le fils d'un des prêtres de la paroisse, le Père Youssef Ibrahim, qui lui ouvrit. Le jeune homme âgé de 18 ans, constata l'apparition et prévint son père qui immédiatement, avertit le supérieur, le père Constantin Moussa. Pendant ce temps, une si grande foule s'était amassée devant l'église, que la circulation dut être interrompue dans la rue Touman Bey. Le curé de la paroisse écrivit un rapport officiel.
Ce fut la première d'une série de centaines d'autres apparitions de Marie qui allaient attirer, de toute l'Égypte et d'autres pays, des centaines de mille personnes de tout âge et de toute religion : musulmans, orthodoxes, catholiques, protestants. Tous pourraient la voir de leurs yeux et l'acclamer, avec enthousiasme.
Pendant trois ans, les apparitions se multiplièrent, jusqu'en 1971. C'est toujours pendant la nuit, entre 9 heures du soir et 6 heures du matin qu'eurent lieu les apparitions. Parfois, elles ne duraient que quelques minutes chacune, parfois jusqu'à une, deux heures et plus. Elles pouvaient ainsi s'interrompre et reprendre plus d'une fois dans la même nuit.
En général, elles durèrent plus longtemps chacune dans les premiers mois. Dans la nuit du 8 juin 1968, on vit même une apparition se prolonger sans interruption depuis 9 heures du soir jusqu'à 4 heures et demie du matin.
Dans les premiers temps, il y en eut presque chaque nuit ; puis, le reste de l'année, la fréquence moyenne fut de trois nuits par semaine. Mais sans plan défini, de sorte qu'on ne pouvait dire d'avance quelle nuit la sainte Vierge se ferait voir. Les visiteurs, surtout ceux qui venaient de loin, s'assemblaient sur les lieux plusieurs nuits de suite, souvent une semaine durant, de sorte à bénéficier d'une ou même de plusieurs apparitions.
L'apparition de Notre-Dame était ordinairement annoncée par des lumières mystérieuses et de diverses manières. Parfois, un globe lumineux, si éblouissant qu'il fallait aux yeux quelques minutes pour distinguer la figure de la Vierge qui s'en détachait. D'autres fois, des décharges d'éclairs, mais silencieuses ou bien encore ce qui semblait être une chute d'étoiles, ou une pluie de diamants.
Assez fréquemment, la lumière semblait sortir de l'un des dômes, puis elle éclairait toute la toiture et le dessus des dômes eux-mêmes. Il arriva même qu'on vit la Vierge sortir graduellement d'un dôme, alors que toutes les vitres des dômes étaient fixées, sans pentures, sans donc pouvoir être ouvertes.
L'apparition ressemblait si bien à la médaille miraculeuse, créée par sainte Catherine Labouré à la demande de la Vierge Marie qui lui serait apparue rue du Bac à Paris, en 1830, et très populaire en Égypte grâce aux missions et écoles catholiques, que la foule l'identifia tout de suite à la Vierge Marie.
La Vierge se montrait de grandeur naturelle. De couleur uniforme, blanc avec peut-être une légère teinte de bleu pâle pour certains yeux. La Sainte Vierge apparaissait toujours silencieuse ; Elle aurait pu être prise pour une statue, mais Elle n'était point immobile. Elle n'avait pas les pieds posés sur la toiture. Elle se tenait plus haut, en l'air. On ne lui voyait point les pieds, sa robe longue les dépassant et les enveloppant. Tout au long de ces apparitions, Marie n'a prononcé aucune parole, mais Elle se montrait intéressée à la foule, se penchant, s'inclinant pour la saluer. Elle se déplaçait d'un côté à l'autre au-dessus de l'église, pour que tous aient la chance de la voir de face. Son déplacement n'était pas celui d'une marche, mais plutôt d'un glissement dans l'air, son vêtement flottait suivant le déplacement d'air. Son visage souvent souriant ; d'autres fois, plutôt grave et comme attristé, mais toujours bienveillant.
Une auréole blanche autour de la tête donnait à la Vierge un air majestueux. Certaines fois, Elle portait une couronne ; d'autres fois, non, ce qui pouvait varier d'une apparition à l'autre dans une même nuit. Il lui est arrivé de se montrer avec l'Enfant Jésus dans ses bras (comme la Theotokos des icônes orientales) : peut-être voulait-elle s'identifier comme étant bien Marie, Mère de Jésus, et non pas une autre sainte du paradis. Marie est aussi apparue, au moins une fois, accompagnée de saint Joseph et de l'Enfant Jésus, celui-ci semblant âgé d'une douzaine d'années.
Un autre phénomène spécial à ces manifestations mariales, ce fut la présence de créatures ressemblant à des oiseaux, plus gros que des colombes ou même que des pigeons, d'un blanc immaculé, émettant de la lumière. Ils étaient vus avant, pendant et après les apparitions, parfois même dans des nuits sans apparitions. D'où venaient-ils et où allaient-ils : personne n'a pu le dire. Ils surgissaient d'un coup et disparaissaient de même.
Ces « oiseaux » volaient plus vite que des colombes, sans un battement de leurs ailes déployées. Ils semblaient glisser dans l'air, plus que voler. Leur nombre : deux, trois, six, ou plus... Ils se disposaient toujours en formations : parfois un triangle, parfois une croix, ou en lignes parallèles. Une nuit, il y en eut 12, sur deux rangées de six, en parfait accord de distancement et de vitesse.
Comme il est facile de le comprendre, des foules se sont pressées autour de l'église Sainte-Marie de Zeitoun au cours des 14 mois de ces apparitions. Une moyenne évaluée à 50 000 par jour en 1968 ; certaines nuits, 250 000 et plus. La cour, à l'ouest de l'église, étant trop petite, sa clôture fut vite emportée. La ville du Caire fut contrainte d'interdire la circulation automobile dans le secteur environnant l'église. Elle fit aussi déplacer un garage et d'autres bâtisses voisines.
Malgré cela, l'affluence fut souvent si importante qu'il devenait extrêmement difficile de s'y mouvoir. À deux Musulmans qui lui faisaient le rapport d'une apparition, le Père Palmer demanda s'ils ne s'étaient pas sentis poussés à se jeter à genoux quand parut Notre-Dame, les deux voyants répondirent : « Se mettre à genoux était impossible tant on était serré. Celui qui aurait réussi à le faire aurait vite été piétiné sans remède. »
Cette foule acclamait avec enthousiasme chaque apparition de la Vierge Marie et l'invoquait avec ferveur. Les musulmans récitaient des versets du Coran. Les coptes orthodoxes et catholiques priaient et chantaient des hymnes en arabe. D'autres priaient en grec. On constata un renouveau de la foi et de la ferveur ainsi que des conversions. Clergé orthodoxe, clergé catholique, pasteurs protestants, tous furent unanimes sur le fait qu'une plus grande assistance aux offices religieux fut observée.
Sa Sainteté Cyrille VI, Patriarche d'Alexandrie et chef (pope) de l'Église copte orthodoxe d'Égypte, institua une commission composée de 12 évêques et prêtres coptes, chargée d'étudier les phénomènes de Zeitoun, qui conclut très vite et favorablement : « Nous avons le grand honneur de soumettre à votre Sainteté le résultat des investigations menées sur les apparitions de la Sainte Vierge, survenues en notre église orthodoxe copte de Zeitoun, au Caire. Le 23 avril 1968, après avoir été nommés par votre Sainteté, nous nous sommes rendus à l'endroit où se dresse l'église et avons pris contact avec ceux qui avaient été témoins des apparitions.
« Après avoir recueilli les déclarations des employés du garage, nous sommes parvenus à la conclusion que l'apparition de la Sainte Vierge Marie s'est produite plusieurs fois au sommet et à l'intérieur des dômes de l'église à partir du 2 avril 1968. Ces apparitions ont surtout été observées par les employés du garage, dont le témoignage a été confirmé par les habitants de Zeitoun, tant musulmans que chrétiens. Des foules de gens venant de différentes régions du pays ont pu observer les apparitions de la Sainte Vierge, et un grand nombre d'entre eux ont certifié la réalité de ces apparitions et envoyé leurs témoignages, accompagnés de messages écrits enthousiastes. Désirant voir l'apparition de nos propres yeux, afin de pouvoir en juger en toute certitude, nous avons passé plusieurs nuits dans le voisinage de l'église.
« Finalement, nous avons aperçu le buste de la Sainte Vierge entouré d'un halo. Ensuite, elle apparut en entier et se déplaça entre les dômes. Puis, elle s'agenouilla devant la croix et, finalement, bénit les multitudes. Une autre nuit, nous avons vu des colombes aussi blanches que la neige, irradiant de la lumière. Les colombes apparurent soudainement et disparurent aussi mystérieusement. Elles semblèrent voler du dôme vers le ciel et elles ne battaient pas des ailes comme font d'habitude les oiseaux. Nous avons glorifié le Dieu Tout-Puissant d'avoir permis aux habitants de la terre de voir la gloire des habitants du ciel. »
Un des enquêteurs envoyés par le patriarche, l'évêque Athanase, de Beni Suef, passa toute la nuit du 29 au 30 avril 1968 à Zeitoun. Voici ce que Son Excellence dit au Père Palmer :
« La première chose que je vis en arrivant à Zeitoun, vers 11 heures du soir, fut quelque chose dans l'ouverture sous le dôme du nord-ouest. Une silhouette, pas très brillante en couleur, partait du bas de l'ouverture et s'élevait lentement. Je ne la vis pas moi-même tout d'abord, mais bien des gens me dirent qu'ils la voyaient. À mon tour, je me rendis compte de sa présence. Cela dura une vingtaine de minutes, puis disparut.
« Je dis aux gens que s'il ne se produisait rien de plus, je ne pouvais faire de rapport. Il y avait là un très grand rassemblement de gens, et nous demeurâmes parmi eux jusqu'à 3 heures 45 du matin.
« À l'aube, quelques-uns de ceux qui étaient venus avec moi arrivèrent de la route du nord le long de l'église en courant et dirent : "La Dame est au-dessus du dôme central." On me dit que quelques nuages couvraient le dôme, lorsque ce qui paraissait comme des lampes fluorescentes commença à illuminer le ciel. Soudain, Elle fut là, en pleine stature.
« La foule était d'un nombre atterrant. Mais je m'essayai et parvins à me frayer un chemin jusqu'à me trouver en face de la Vierge. Elle était bien là, haut dans l'air, 5 à 6 mètres (15 à 18 pieds) au-dessus du dôme, en pleine figure, comme une statue fluorescente, mais non pas raide comme une statue.
« Il fut très difficile pour moi de rester continuellement en face de l'apparition, tellement les vagues humaines me poussaient de tous côtés. On pouvait estimer la foule à 100 000 personnes. Pendant une durée d'environ une heure, je parvins à une position de face huit ou neuf fois. Je commençais à être fatigué et je me dis que c'était assez pour moi.
« Après que j'eus laissé la foule, j'entendis de nouveau des cris du peuple. Je jugeai indigne de ma part de m'en aller quand la Sainte Mère était là. La clôture entourant la cour avait été renversée. Je retournai donc à la petite maison, ou bureau, au sud de l'église, et m'y abritai de quatre heures à cinq heures du matin. Là, de l'intérieur, je continuai d'observer l'apparition. Elle ne disparaissait pas. Notre-Dame avait le visage tourné vers le nord. Elle saluait de la main. Elle bénissait la foule, se retournant quelques fois dans la direction où nous étions. Son vêtement flottait dans le vent. Elle était très sereine et pleine de gloire. Quelque chose de réellement surnaturel et très, très céleste.
« Cette apparition dura jusqu'à cinq heures moins cinq du matin. Elle commença alors à s'affaiblir graduellement jusqu'à disparaître. Je suis retourné sur les lieux plusieurs fois depuis, mais c'est l'apparition de cette nuit-là qui m'a laissé la plus grande impression.
« Une autre nuit, je pris la clef de l'église, j'y entrai et barrai la porte de l'intérieur. Comme je me tenais dans l'échelle qui conduit du deuxième plancher au sommet, mes yeux se tournèrent vers l'intérieur du dôme. Personne ne pouvait me voir. Je fus pris de tremblements dans tout le corps. Je m'agrippai à l'échelle. Je sentais qu'il y avait là quelque chose de non ordinaire. Je fis cette prière : Si vous êtes là, ô sainte Vierge Marie, permettez que je vous voie. Je veux seulement rendre témoignage de votre présence. J'entendis alors le peuple crier. Je sortis en vitesse. Je vis alors la Vierge se tenir à un mètre (3 pieds) au-dessus de la place où j'avais été. »
La déclaration officielle de Cyrille VI du 5 mai 1968 fut publiée dans les principaux organes de presse égyptiens et dans la presse étrangère (The Times, Le Figaro, The New York Times, etc.), décrivant les principaux phénomènes et concluant :
« Le Siège patriarcal déclare avec une foi complète, une grande joie et une humble gratitude envers le Tout-Puissant, que la Bienheureuse Vierge Marie est apparue à plusieurs reprises sous des formes claires et stables, durant plusieurs nuits et durant des périodes variées pouvant aller jusqu'à plus de deux heures, depuis le 2 avril 1968 jusqu'à maintenant, au-dessus de l'église Copte de Zeitoun, au Caire, sur la route de Matarieh, où la Sainte Famille passa durant son séjour en Égypte, tel que le rapporte la tradition. Nous espérons que cette bénédiction sera un signe de paix pour le monde et un présage de prospérité pour notre pays bien-aimé et béni ».
À peu près dans le même temps, le cardinal Stephanos Ier Sidarous, patriarche de l'Église copte catholique (en union avec Rome), s'associa à cette reconnaissance officielle, déclarant :
« Il n'y a pas de doute à avoir sur la réalité de ces apparitions, qui ont été confirmées par de nombreux fidèles coptes catholiques dignes de foi et connus pour leur extrême intégrité. Ils ont été témoins des apparitions de la Bienheureuse Vierge Marie et m'en ont donné des descriptions très complètes. Sœur Paula de Mofalo, une religieuse romaine catholique bien connue pour sa rectitude et son bon sens, m'a assuré de l'authenticité des apparitions de Zeitoun. Elle était toute tremblante, lorsqu'elle me rapporta ne pas avoir été la seule à l'observer, mais que des milliers de personnes avaient vu Notre-Dame en même temps qu'elle. »
Le pape Paul VI a également envoyé sur place deux observateurs, et le pro-nonce catholique, Mgr Lino Zanini, déclara que le Saint-Siège respectait en la matière l'autorité de l'Église locale et s'en remettait à son jugement.
Le chef de l'Église évangélique et président du Synode de toutes les Églises protestantes d'Égypte, le révérend docteur Ibrahim Saïd, se prononça lui aussi en faveur de l'authenticité des apparitions de Zeitoun, tout comme différentes personnalités des Églises grecque-catholique et grecque-orthodoxe.
Dès 1969, l'Église Copte orthodoxe inséra dans son calendrier liturgique une fête de la transfiguration de la Vierge Marie à Zeitoun, célébrée chaque année le 2 avril.
Le Directeur de l'Information et des Griefs a soumis à M. le Ministre du Tourisme Hafez Ghanem un rapport circonstancié confirmant le témoignage des ouvriers du garage et attestant de 27 apparitions de la Sainte Vierge depuis le 2 avril 1968 jusqu'à la date du rapport, ajoutant que toute possibilité de fraude avait été écartée à la suite d'enquêtes scrupuleuses.
Le président Gamal Abdel Nasser, chef d'État de l'Égypte de 1958 à sa mort en 1970, fut aussi témoin des apparitions, et ne pouvait expliquer leur origine. Les policiers examinèrent l'église des apparitions et ses environs dans un rayon de 15 milles, et ne purent trouver aucun projecteur ou autre moyen qui aurait pu projeter les images de la Vierge sur les dômes de l'église. La ville coupa même l'électricité dans le secteur pendant un certain temps la nuit pour vérifier si une source électrique n'était pas à l'origine des apparitions, mais la Vierge continuait d'apparaître malgré tout.
Avec le temps, l'église de Sainte-Marie, avec ses 250m², ne pouvait plus accueillir la congrégation croissante et le grand nombre de pèlerins qui affluaient sur le site. Le président Gamal Abdel-Nasser décida de déplacer ailleurs le parking d'autobus en face de l'église et d'allouer son terrain à l'église copte pour y construire une cathédrale. La première pierre de la nouvelle cathédrale a été placée par le pape Shenouda III le 25 mars 1976. Elle est maintenant la deuxième plus grande église du Moyen-Orient, pouvant accueillir plus de 4000 fidèles, et est connue sous le nom de cathédrale de la Sainte Vierge de Zeitoun ; l'église d'origine est connue sous le nom d'église de la Sainte Vierge de Zeitoun, ou simplement l'église de la Manifestation.
La nouvelle cathédrale et, en avant-plan, l'église d'origine des apparitions, connue maintenant sous le nom de l'église de la Sainte Vierge de Zeitoun
(source : source : https ://en.wataninet.com/wp-content/uploads/2018/05/Holy-Virgin-Zeitoun.jpg)
Zeitoun signifie "olives" en arabe, et l'olivier, dont un rameau fut tenu par la Vierge lors de certaines de ses apparitions, est un symbole de paix bienvenu au moment où la minorité copte était menacée d'une forte oppression programmée par Anouar-El Sadate (président de l'Égypte de 1970 jusqu'à son assassinat en 1981), qui était un ancien Frère musulman assez fanatique avant ces apparitions.
C'était aussi après la terrible guerre des Six Jours (1967) qui avait endeuillé le Proche-Orient. À la suite de la prise de Jérusalem par Israël, il devenait pratiquement impossible aux Coptes d'aller en pèlerinages aux Lieux Saints et Jehan Sadate, la veuve du Président assassiné, impressionnée par ce grand signe du Ciel, écrivit ainsi au nom de Marie, dans sa biographie intitulée Une femme d'Égypte : « Peuple d'Égypte, je sais que tu ne pourras plus venir me voir à Jérusalem ; aussi est-ce moi qui suis venue te voir au Caire ».
Jamais aucune autre religion n'a donné à connaître une manifestation surnaturelle comparable, et des nouvelles aussi extraordinaires qui apportent des preuves de la vérité de la foi chrétienne auraient évidemment dû faire le tour du monde, provoquer de multiples conversions, et être sans cesse connues et répétées, si les cœurs n'étaient pas fermés par tant de préjugés et si les médias couvraient équitablement ce qui concerne le christianisme. Les manifestations surnaturelles de Zeitoun n'ont pas d'équivalent dans aucune autre religion.
Dans son article sur les apparitions de Zeitoun, Louis Even conclut :
« Marie n'ayant pas prononcé un mot à Zeitoun, nul ne saurait affirmer le but spécifique de ces apparitions. Mais une chose est certaine, c'est qu'Elle y est venue, comme dans toutes ses visites à la terre, en Mère de Grâces, pour y faire du bien. Les multitudes qui l'ont vue là s'accordent à exprimer son air de bonté : qu'elle fût souriante ou grave, elle accueillait, les paumes des mains tournées vers la foule. Elle saluait. Elle bénissait. De nombreuses guérisons ont été rapportées. Les conversions, plus nombreuses encore.
« Si Marie n'a pas, comme dans la plupart de ses apparitions contemporaines, demandé de prier et de faire pénitence, il n'en est pas moins vrai qu'Elle y soit venue en Missionnaire. Comme son Fils Jésus, Elle a le souci de voir les âmes se détourner du mal, se sanctifier et obtenir leur salut. Le fait que les favorisés de ces apparitions furent pour les neuf dixièmes des musulmans — donc même pas chrétiens — peut surprendre. Mais il ne faut pas oublier que Marie est la Maman de tous les hommes. Elle les veut tous sous son manteau de Mère. Elle veut le salut de tous.
« Marie ne peut être indifférente à une Égypte dont Elle foula le sol, avec son époux Joseph et son divin Fils, encore enfant, mais déjà persécuté. Pas indifférente, non plus, aux supplications que doivent bien faire entendre, dans le Ciel, la multitude de saints produits par l'Égypte chrétienne d'autrefois.
« Quoi qu'il en soit, les desseins de Notre Dame n'ont pu être, là comme dans les autres pays où Elle multiplie ses visites, que des desseins d'amour et d'apostolat. Gloire, mille fois, gloire à Marie ! »