Le G8 (pour «Groupe des huit») est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants du monde: États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie. Les chefs d’État de ces huit pays se réunissent en sommet une fois par année. En 2013, c’est le Royaume-Uni, dirigé par le premier ministre David Cameron, qui reçoit ce sommet, qui se tient plus exactement dans la ville de Lough Erne, en Irlande du Nord, du 17 au 18 juin.
À cette occasion, le Pape François a écrit une lettre au Premier Ministre Cameron, où il rappelle les principes de base de l’enseignement social de l’Église, expliquant quelles sont les fins et les moyens, et insistant sur l’allocation «à chaque être humain d’un minimum de biens pour vivre dans la dignité et la liberté». Nos lecteurs réguliers savent très bien que le dividende social proposé par Vers Demain répondrait parfaitement à cette demande du Pape. Voici de larges extraits de cette lettre: Comme l’a précisé mon prédécesseur, Benoît XVI, la crise mondiale actuelle montre que l’éthique n’est pas quelque chose d’extérieur à l’économie, mais un élément essentiel et incontournable de la pensée et de l’action économiques.
Les mesures à long terme qui visent à assurer un cadre juridique adéquat pour toutes les actions économiques, ainsi que celles, urgentes, qui y sont associées pour résoudre la crise économique mondiale, doivent être guidées par l’éthique de la vérité. Cela inclut, d’abord et avant tout, le respect de la vérité de l’homme, qui n’est pas seulement un facteur économique supplémentaire, ou un bien jetable, mais qui est doté d’une nature et d’une dignité qui ne peuvent être réduites à un simple calcul économique. Par conséquent la préoccupation pour le bien-être matériel et spirituel fondamental de chaque personne humaine est le point de départ de toute solution politique et économique et la mesure ultime de son efficacité et de sa validité éthique.
Par ailleurs, l’objectif de l’économie et de la politique est de servir l’humanité, à commencer par les plus pauvres et les plus vulnérables, où qu’ils soient, même dans le ventre de leurs mères. Toute théorie ou action économique et politique doit commencer par fournir à chaque habitant de la planète les ressources minimum pour vivre dans la dignité et la liberté, ainsi que la possibilité de subvenir aux besoins d’une famille et à l’éducation des enfants, de louer Dieu et de développer son potentiel humain. C’est le principal ; en l’absence d’une telle vision, l’activité économique n’a pas de sens.
En ce sens, les différents défis économiques et politiques graves auxquels est confronté le monde d’aujourd’hui exigent un changement d’attitude courageux qui redonne leur juste place à la fin (la personne humaine) et aux moyens (économiques et politiques). L’argent et les autres moyens politiques et économiques doivent servir, et non gouverner, en gardant à l’esprit que, de manière apparemment paradoxale, la solidarité gratuite et désintéressée est la clé d’un bon fonctionnement de l’économie mondiale.
Je voulais partager ces réflexions avec vous, Monsieur le Premier ministre, afin de souligner ce qui est implicite dans tous les choix politiques, mais qui peut parfois être oublié : l’importance primordiale de mettre l’humanité, chaque homme et chaque femme, au centre de toute activité politique et économique, à la fois nationale et internationale, parce que l’homme est la ressource la plus vraie et la plus profonde de la politique et de l’économie, ainsi que leur fin ultime.