Genazzano est une petite ville d'environ 6 000 habitants, située à 60 kilomètres à l'est de Rome, en Italie. Depuis 1467, on y vénère l'image de Notre-Dame du Bon Conseil, qui y est arrivée de façon miraculeuse directement d'Albanie, de l'autre côté de la mer Adriatique, par une intervention céleste. Une multitude de miracles s'y sont produits depuis lors. Voici l'histoire merveilleuse — et aussi véridique — de cette image et de son sanctuaire.
Dans la première moitié du 15ème siècle, vivait à Genazzano un ménage, Antonio Polani et sa femme, la bienheureuse Petruccia da Janeo. Tous deux étaient très dévots en plus d'être des bienfaiteurs des religieux augustins qui officiaient dans l'église de Sainte Marie du Bon Conseil à Genazzano. Petruccia, restée veuve en 1426 à l'âge de 39 ans, consacra toute sa vie à la prière et aux œuvres de piété. Comme l'église des Augustins était en mauvais état, elle eut l'idée de la restaurer, épuisant tous ses biens, vendant même sa maison en 1451. Puisque sa propriété n'était pas suffisante pour compléter le travail de la restauration, les gens commencèrent à se moquer d'elle. Mais elle les rassurait tranquillement : « Ne vous inquiétez pas, mes amis ; avant que je meure la bienheureuse Vierge et saint Augustin achèveront les travaux de réparation de l'église ».
Et voilà qu'apparut un obstacle bien plus grand que la simple insuffisance de moyens. Petruccia avait en fait déclaré qu'elle avait commencé son entreprise et qu'elle avait été encouragée à persévérer dans cette entreprise, principalement en s'appuyant sur une inspiration, vision ou révélation qu'elle croyait avoir reçue de Dieu ; et l'Église, afin de se prémunir contre les abus qui avaient parfois surgi en prêtant attention à de prétendus messages surnaturels de ce genre, avait maintenant promulgué une loi interdisant de s'occuper de telles choses, à moins qu'elles ne soient corroborées par un autre témoignage externe et indépendant ; la simple affirmation d'un rêve, d'une vision ou d'une révélation ne devait en aucun cas être obéie. Le travail de Petruccia n'avait donc pas seulement été suspendu. Faute de moyens, il était aussi canoniquement interdit. Tel était l'état des choses à Genazzano jusqu'au 25 avril 1467.
À l'est de l'Italie, de l'autre côté de la mer Adriatique, se trouve Scutari (Shkroda en albanais), petite cité de l'Albanie où, de temps immémorial, était vénérée une image miraculeuse de la Vierge : tous les catholiques recouraient à elle, particulièrement dans les moments les plus difficiles. La miraculeuse Vierge s'imposa rapidement comme Patronne de l'Albanie et son sanctuaire devint rapidement le plus grand centre de dévotion religieuse du pays. Malheureusement, Scutari et l'Albanie tombèrent aux mains des Turcs musulmans.
Mais Dieu voulut que l'image sacrée vénérée publiquement à Scutari fût préservée de façon miraculeuse de la destruction de la part des musulmans. La Vierge elle-même apparut en songe à deux de ses dévots, Sclavis et Giorgi : elle leur annonça que l'image s'en irait de Scutari avant que le pays ne perde la foi, et leur demanda de la suivre. Tandis que Sclavis et Giorgi priaient devant l'image, celle-ci se détacha du mur de l'église et, enveloppée d'une nuée blanche, s'éleva dans l'air et se dirigea vers la mer. Les deux dévots la suivaient courageusement et réussirent à la distinguer puisqu'elle apparaissait le jour sous forme de nuée, et la nuit comme une colonne de feu ; ils traversèrent eux aussi la mer, franchissant à pied sec l'Adriatique. Mais une fois arrivés à Rome, ils perdirent de vue l'image… qu'ils retrouveront de façon providentielle à Genazzano quelques jours plus tard.
Le 25 avril 1467 était la fête de saint Marc, patron de Genazzano ; le village était rempli d'une foule venue à cette occasion. À 4 heures de l'après-midi, la foule compacte de pèlerins, rassemblée sur la place Sainte-Marie, resta très surprise en entendant descendre, du haut du ciel, des harmonies célestes… On aurait dit que les portes du paradis s'étaient ouvertes… À ce moment, beaucoup plus haut, on vit une nuée blanche qui répandait de tous les côtés de vifs rayons de lumière enveloppée d'une musique céleste, dans une splendeur qui voilait le soleil lui-même. Elle descendit graduellement en allant se poser sur le mur de la petite chapelle inachevée.
Miraculeusement la cloche de l'église se mit à sonner joyeusement, tandis que presque en même temps les autres églises de la ville firent écho à ce son miraculeux avec leur carillon, sans que personne ne les actionne. Peu à peu, les rais de lumière cessèrent de briller, la nuée s'évanouit lentement, et aux yeux de la foule apparut un objet très beau : c'était l'image provenant du sanctuaire de Scutari, représentant la très Sainte Vierge qui tient l'Enfant Jésus dans ses bras, mais dont les gens de Genazzano ignoraient alors la provenance.
Petruccia sortit de chez elle pour demander comme les autres ce qui s'était passé. Quand elle vit l'image miraculeuse, elle se jeta à genoux et la salua les bras tendus. Puis elle se leva, et se tournant vers les gens, leur dit d'une voix à moitié étranglée par des larmes de joie et la gratitude, que c'était la Gran Signora, la Grande Dame qu'elle attendait depuis si longtemps, qui était maintenant venue prendre possession de l'église qui aurait dû être préparée pour elle, et que les cloches sonnaient de cette manière miraculeuse seulement pour l'honorer.
À ces paroles, le peuple tomba à genoux et commença à déverser ses prières devant ce tableau merveilleux, qu'ils ne savaient pas comment désigner autrement que comme la Madonna del Paradiso, la Vierge du Paradis. Il est facile d'imaginer l'émotion produite par cet évènement sur la population spectatrice de ce miracle. Toutes les activités furent abandonnées… à l'unisson s'élevait un cri : « Vive Marie ! Vive notre Mère du Bon Conseil ! », tandis que d'autres criaient : « Un miracle ! Un miracle ! ».
Pour contempler l'image, des gens de toute l'Italie se déplacèrent ; ils vinrent en procession des petits villages comme des grandes villes. Il y eut des prodiges et des miracles : rien qu'entre le 27 avril et le 14 août 1467, 161 miracles furent enregistrés. Les aumônes, maintenant permises (en raison du signe manifeste du Ciel) dépassèrent toute espérance, du vivant même de la bienheureuse Petruccia, et non seulement on put reconstruire l'église, mais il fut même possible de construire un beau couvent. Les miracles furent nombreux : aveugles, muets, boiteux et malades en tous genres étaient guéris, des possédés libérés… partout on parlait de l'apparition.
Revenons aux deux Albanais, Sclavis et Giorgi. Deux ou trois jours après leur arrivée à Rome, ils apprirent qu'une image était apparue d'une manière très étrange à Genazzano, et que son apparition a été suivie de nombreux miracles. Immédiatement, ils se mirent en route pour la visiter ; là, ils la reconnurent et proclamèrent son identité. Plus tard, d'autres Albanais, qui étaient dispersés à l'étranger dans différentes parties de l'Italie, vinrent voir l'image et confirmèrent son identité. Sclavis et Giorgi décidèrent de s'établir à Genazzano. La famille de Sclavis s'est éteinte dans les premières années de 1700, alors que les descendants de Giorgi y sont encore aujourd'hui.
Le pape d'alors, Paul II, informé des faits, envoya peu de temps après deux évêques à Genazzano : Gaucerio de Forcalquier, évêque de Gap en France, et Nicola de Crucibus, évêque de Hvar en Dalmatie, pour se rendre compte de la situation. Leur enquête se révéla positive. Les miracles continuaient, tant de dons arrivaient que l'église fut achevée en peu de temps. La bienheureuse Petruccia mourut en 1472, son corps fut enseveli dans la chapelle de la très Sainte Vierge.
Aussitôt après l'apparition, il y eut de très nombreux miracles attestés par des notaires. Un certain Guglielmo de Orlandis de Terni, âgé de 25 ans, aveugle de naissance, tout juste entré dans l'église recouvra la vue ; Antonietto de Castelnuovo avait supplié la Vierge de Genazzano de rendre la vie à son fidèle serviteur décédé, Constantino de Carolis de Castelfollit : il fut exaucé.
L'image elle-même de Marie à Genazzano est un miracle. Cette image apparaît tantôt bienveillante, tantôt triste, tantôt illuminée par des couleurs rosées, selon le visiteur qui s'approche d'elle. De plus, la suspension de l'image est miraculeuse : il ne s'agit pas d'une peinture exécutée sur un panneau ou sur une toile, et donc pouvant être enlevée facilement et ne laisser aucune trace derrière ; c'est une simple fresque sur une très fine couche de plâtre, qu'aucune compétence humaine aurait pu détacher du mur en un seul morceau, encore moins l'avoir transportée d'un endroit à un autre sans la briser.
Par la suite, la provenance de l'image fut encore plus clairement établie par le témoignage de personnes qui ont parlé sous serment, non seulement à la forme et à la taille exactes, comme correspondant à un espace vide qui était alors encore visible sur le mur de l'église de Scutari, avant sa démolition par les communistes en 1967. En 1895, Notre-Dame du Bon Conseil a été proclamée Patronne de l'Albanie.
Au calendrier liturgique, la fête de Notre-Dame du Bon Conseil est célébrée le 26 avril. Parmi les lectures de la Messe, il y a le passage évangélique des Noces de Cana (Jean 2), où Marie adresse aux serviteurs ces paroles : « Faites tout ce que Jésus vous dira ». Ces paroles s'adressent aussi à chacun de nous.
Si Marie est Mère du Bon Conseil, c'est qu'elle est la mère du « Conseiller admirable », selon les mots du prophète Isaïe (9, 5) pour désigner Jésus. On sait aussi que le conseil est un des sept dons du Saint-Esprit. Le don du conseil est la capacité de discerner le bien du mal ainsi que la volonté de Dieu selon les circonstances, car il ne suffit pas qu'une chose soit bonne en soi pour qu'elle corresponde nécessairement à la volonté de Dieu dans des circonstances données.
Saint Jean-Paul II a visité le sanctuaire de Genazzano le jeudi 22 avril 1993. Il voulait devenir pèlerin aux pieds de la Mère du Bon Conseil en vue de la visite pastorale qu'il allait faire quelques jours plus tard en Albanie. Voici son discours après la récitation du Rosaire :
« Chers amis, vous êtes bien conscients du lien profond qui unit ce sanctuaire (de Genazzano) à la ville de Shkodra, où dimanche prochain je célébrerai l'Eucharistie et ordonnerai quatre évêques albanais. De Shkodra vient l'image de Notre-Dame du Bon Conseil vénérée ici : selon une pieuse tradition, elle a migré de l'église qui l'abritait, échappant ainsi miraculeusement à l'invasion turque de 1467. Je vous remercie de cet accueil, de cette présence nombreuse lors de la séance d'aujourd'hui. Je vous recommande également à tous nos frères albanais, de l'autre côté de la mer Adriatique, avec lesquels vous êtes si liés à travers cette image de Notre-Dame du Bon Conseil. »
Le dimanche suivant, le 25 avril 1993, Jean-Paul II bénissait à Shkroda (Scutari) la première pierre du nouveau sanctuaire de la Mère du Bon Conseil à reconstruire à l'endroit exact où il se trouvait avant sa destruction, qui a eu lieu en 1967, par la main sacrilège du régime communiste. Le pape avait également fait don d'une copie de l'image de la Mère du Bon Conseil de Genazzano, réalisée par le peintre Dante Ricci de Genazzano, comme pour symboliser le retour de la Dame et Protectrice de l'Albanie sur sa terre.
Sources : www.madredelbuonconsiglio.it
https ://immaculate.one/mary-of-the-day-april-25-1467-part-one-our-lady-of-good-counsel-genazzano-italy/