L’Église catholique, notre Mère, est la seule grande civilisatrice, parce qu’elle unifie dans l’égalité devant Dieu; qu’elle prêche dans la charité fraternelle qu’elle ordonne, et dans l’aspiration vers l’éternel bonheur où elle conduit toutes les races et tous les peuples de l’univers.
Sir Thomas Douglas, Lord écossais protestant, chef de la colonie de la Rivière Rouge, l’avait compris. Thomas Douglas avait acheté le plus grand nombre d’actions de la compagnie de la Baie d’Hudson, célèbre compagnie de fourrures, avec l’intention de se faire octroyer par la compagnie, un terrain propice à la fondation d’une colonie pour ses compatriotes.
Il obtint 256 kilomètres carrés qu’arrosaient les rivières Assiniboine et Rouge (aujourd’hui Winnipeg). En 1812, il installa une vingtaine de familles écossaises qu’il vit bientôt débordées par les coureurs-des-bois et par les voyageurs engagés par les deux compagnies de fourrures, presque tous d’origine canadienne-française.
Vinrent les querelles suscitées par la compagnie de fourrures du Nord-Ouest qui faisait la guerre à la compagnie des Aventuriers: des incendies, des épidémies, la famine.
La colonie allait sombrer dans le découragement, Lord Selkirk, comprenant que la religion catholique seule pouvait la sauver, demanda des missionnaires à l’évêque de Québec. Il fit son premier appel en 1816, il le réitéra l’année suivante avec plus d’instance. En 1818, Mgr Plessis lui donnait M. Provencher, qui plus tard devint le premier évêque de l’Ouest canadien.
Le changement souhaité s’accomplit bientôt. Toutes les familles réconciliées et rassurées par la religion, reprirent le travail avec ardeur. Le pays qui jusqu’alors n’avait offert que le spectacle de la division, de la haine et de la vengeance, voyait tout à coup l’union régner entre ses habitants, sans distinction de croyances ni de races.
Les lignes suivantes montreront dans quel état les missionnaires trouvèrent les tribus sauvages en arrivant dans ces régions.
A la fin du XVIII siècle, la compagnie du Nord Ouest bâtit un fort de traite au Fond-du-Lac. Le fort fut dévalisé et tout le personnel massacré par les sauvages. Personne ne s’aventura plus dans ces parages, jusqu’à l’époque des missionnaires.
En 1853, la Compagnie de la Baie d’Hudson recommença l’entreprise. Mais elle était assurée d’un accueil sympathique, car depuis que les Indigènes avaient appris du Père Taché et du Père Faraud, que le vrai Dieu a dit: «Tu ne tueras point», «Tu ne voleras point», cette tribu respectait la vie et le bien d’autrui.
Plus au nord, la tribu des «Loucheux» et les Esquimaux s’entretuaient férocement. Les deux races étaient encore en guerre lorsque le Père Grollier parut au milieu d’elles, armé de la Croix. Il leur présenta le signe divin de la réconciliation.
«Le jour de l’Exaltation de la Sainte Croix, 14 septembre 1860, ayant réuni les Loucheux et les Esquimaux autour de ce signe de la réconciliation, je fis approcher les deux chefs et leur ayant fait croiser les mains au bas de la croix, je la leur fis baiser comme signe d’alliance et de paix entre eux avec Dieu. Ainsi la Croix était le trait d’union entre moi, enfant des bords de la Méditerranée, sud de la France, et l’habitant des plages glacées de la mer polaire.» — Pierre-Henri Grollier
Louis Veuillot écrivait en 1866: «Le genre humain est doué d’une sorte de goût à tuer les enfants. Il n’y a guère que le Christianisme qui combatte efficacement cette coutume.»
Les sauvages ne se mirent pas à tuer les enfants avec le raffinement que l’on connaît aujourd’hui, ils les laissaient naître. Les garçons étaient bienvenus en qualité de futurs chasseurs.
Mais malheur aux filles. La femme gisait dans l’avilissement complet, esclave de l’homme, il la prenait comme épouse, la prêtait, l’échangeait, la rejetait, la vendait, selon son plaisir. Les coups pleuvaient avec les injures sur ses épaules. Si la vie lui était accordée, aucun droit ne lui était reconnu. L’homme allait à la chasse, tuait la bête et son rôle finissait là. Tous les autres travaux restaient le lot de la femme.
Au temps des païens, la mort attendait les filles naissant au-delà du nombre requis pour les besoins de la race et des travaux. La mère elle-même était chargée de les étouffer à leur naissance, car l’homme se serait trop avili en accomplissant cette vulgaire besogne.
Durant le temps des famines lorsque les parents se décidaient à manger leurs enfants, c’est par les filles qu’ils commençaient. L’homme désignait à sa femme la victime du jour, en lui remettant son couteau.
Le Père Grandin voulait un jour préparer une sauvagesse à recevoir la sainte Communion. Elle semblait ne rien comprendre. Il fit appel à un interprète. Le Père se fit répondre: «Oui, je comprenais, mais je pensais que l’homme de la prière se trompait. Qui aurait pu supposer qu’une vieille sauvagesse aurait pu être admise à la sainte Communion.»
Ce même Père Grandin vit un jour venir à lui un sauvage, après une instruction qui l’avait touché: «Père, dit-il, je comprends maintenant que les femmes ont une âme comme nous, lorsque tu nous a dit que le Fils de Dieu avait pris une mère parmi les femmes de la terre, j’ai bien compris alors que les femmes ont une âme et qu’elles peuvent aller au Ciel comme nous les hommes.»
La très Sainte Vierge, prêchée par la religion catholique, fut donc la divine main qui a replacé la femme indienne dans sa dignité.
Oui, la religion catholique est la seule vraie civilisatrice.
J’ai puisé ces renseignements dans le livre: «Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux», par le Père Pierre Duchaussois, Oblat de Marie Immaculée. Je trouve que nos compatriotes ont besoin de savoir que sans l’Eglise et ses fils dévoués, c’est la tuerie qui recommence. On le voit par les horribles avortements. J’ai hâte de revoir tout notre monde à l’Eglise.