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Important document du Vatican sur les violations à la dignité humaine

le mercredi, 01 mai 2024. Dans Encycliques et autres documents du Magistère

Après avoir reçu l'accord du pape François, le Dicastère pour la doctrine de la foi, au Vatican, a publié le 8 avril 2024 une déclaration importante sur le respect de la dignité humaine, intitulée Dignitas infinita (« Une dignité infinie »), signée par le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère. Annoncé depuis plusieurs semaines, et fruit de cinq années de travail, certains craignaient que ce document « dilue » ou remette en question l'enseignement traditionnel de l'Église afin d'être plus acceptable par la société actuelle.

Pape François et cardinal FernándezLe pape François et le cardinal Fernández

Dieu merci, l'Église a refusé de faire ce compromis, et est restée fidèle à sa mission de témoigner de la vérité, et donne dans ce document une liste des différentes actions qui violent gravement la dignité de la personne humaine, y compris ce que l'Église a appelé traditionnellement les quatre « péchés qui crient vers le ciel » (Catéchisme de l'Église catholique, n. 1867) : Le meurtre ou homicide involontaire (voir Gn 4, 10, Caïn qui tue son frère Abel) ; le péché des Sodomites (actes homosexuels, voir Gn 18,20 et Gn 19,13) ; l'oppression des pauvres (voir Ex 3,7-10 et Ex 22,20-22) ; l'injustice envers le salarié (voir Dt 24,14-15 et Jc 5,4).

L'Église condamne donc toujours l'avortement (le plus grand crime, puisqu'il nie à un enfant innocent la possibilité d'exister) et les actes homosexuels, qui sont une grave déviation. Cependant, l'Église condamne aussi les crimes économiques, qui peuvent aussi causer la perte des âmes et des souffrances à des peuples entiers. Et c'est sur ce point que ce document apporte une nouveauté intéressante : alors que plusieurs groupes aujourd'hui ont tendance à opposer ces deux types de péchés et ne s'intéresser qu'à un seul (soit l'avortement, soit la justice sociale) : les groupes pro-vie dénonçant l'avortement, mais ne s'occupant pas d'injustices économiques et, similairement, les groupes s'occupant de justice sociale qui vont plutôt passer sous silence les crimes moraux comme l'avortement, ou même les accepter.

À cette vision dichotomique des choses, ce document répond qu'un vrai chrétien ne doit pas faire cette séparation, mais plutôt doit s'occuper de ces deux types d'atteinte à la dignité de la personne. Le document condamne aussi de nouveaux types de péchés contre la personne humaine qui n'existaient pas il y a encore quelques années : la théorie du genre, qui cherche à nier la différence entre l'homme et la femme, la gestation pour autrui (des mères qui louent leur corps pour porter les bébés d'un autre couple), l'euthanasie et le suicide assisté, etc.

Dans ce document, l'Église rappelle que ce qui est à la base de la Déclaration universelle des droits de l'homme, votée il y a 75 ans, le 10 décembre 1948, par l'Assemblée générale des Nations unies, ce qui fait que chaque être humain a une dignité et une primauté indéniables, c'est parce qu'il a été créé à l'image et la ressemblance de Dieu : « Créé par Dieu et racheté par le Christ, tout être humain doit être reconnu et traité avec respect et amour, précisément en raison de sa dignité inaliénable. » Voici de larges extraits de ce document :

par le cardinal Víctor Manuel Fernández

L'Ancien Testament

« Dans l'Exode, cœur de l'Ancien Testament, Dieu se montre comme celui qui entend le cri des pauvres, voit la misère de son peuple, prend soin des plus petits et des opprimés (cf. Ex 3, 7 ; 22, 20-26). On retrouve le même enseignement dans le Code deutéronomique (cf. Dt 12-26) : ici, l'enseignement sur les droits se transforme en un "manifeste" de la dignité humaine, notamment en faveur de la triple catégorie de l'orphelin, de la veuve et de l'étranger. (cf. Dt 24, 17). Les anciens préceptes de l'Exode sont rappelés et actualisés par la prédication des prophètes, qui représentent la conscience critique d'Israël.

« Des chapitres entiers des prophètes Amos, Osée, Isaïe, Michée et Jérémie dénoncent l'injustice. Amos reproche amèrement l'oppression des pauvres, le fait de ne reconnaître aucune dignité humaine fondamentale aux plus démunis (cf. Am 2, 7 ; 4, 1 ; 5, 11-12). Isaïe prononce une malédiction contre ceux qui foulent aux pieds les droits des pauvres, leur refusant toute justice : "Malheureux ! Ils rédigent des décrets malfaisants, ils inscrivent des écrits d'oppression ! Ils refusent de rendre justice aux faibles" (Is 10, 1-2).

« Cet enseignement prophétique est repris dans la littérature de sagesse. Le Siracide assimile l'oppression des pauvres à un meurtre : "c'est tuer son prochain que lui retirer la subsistance, c'est verser le sang que priver l'ouvrier de son salaire" (Si 34, 26-27). Dans les Psaumes, la relation religieuse avec Dieu passe par la défense du faible et du nécessiteux : "Rendez justice au faible, à l'orphelin ; faites droit à l'indigent, au malheureux. Libérez le faible et le pauvre, arrachez-les aux mains des impies" (Ps 82, 3-4).

Le Nouveau Testament

« Jésus s'identifie lui-même à ses frères les plus petits : "chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40). Dans le langage biblique, les "petits" ne sont pas seulement les enfants selon l'âge, mais les disciples sans défense, les plus insignifiants, les exclus, les opprimés, les mis à l'écart, les pauvres, les marginaux, les ignorants, les malades, les déclassés par les groupes dominants. Le Christ glorieux jugera en fonction de l'amour envers son prochain, qui consiste à avoir assisté l'affamé, l'assoiffé, l'étranger, le nu, le malade, l'emprisonné, avec lesquels il s'identifie (cf. Mt 25, 34-36).

« Pour Jésus, le bien fait à tout être humain, indépendamment des liens du sang ou de la religion, est le seul critère de jugement. L'apôtre Paul, écrivant aux Galates, affirme que tout chrétien doit se comporter selon les exigences de la dignité et du respect des droits de tous les êtres humains (cf. Rm 13, 8-10), conformément au nouveau commandement de la charité. (cf. 1 Co 13, 1-13).

Époque actuelle

« De nos jours, le terme de "dignité" est principalement utilisé pour souligner le caractère unique de la personne humaine, incommensurable avec les autres êtres de l'univers. Dans cette perspective, on comprend la manière dont le terme de dignité est utilisé dans la Déclaration des Nations unies de 1948, où il est question "de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables". Seul ce caractère inaliénable de la dignité humaine permet de parler de droits de l'homme.[

« Pour clarifier davantage le concept de dignité, il est important de souligner que la dignité n'est pas accordée à la personne par d'autres êtres humains, sur la base de certains dons et qualités, de sorte qu'elle pourrait éventuellement être retirée. Si la dignité était accordée à la personne par d'autres êtres humains, elle le serait de manière conditionnelle et aliénable, et le sens même de la dignité (quoique digne d'un grand respect) resterait ainsi exposé au risque d'être aboli. En réalité, la dignité est intrinsèque à la personne, elle n'est pas conférée a posteriori (par la suite), elle est antérieure à toute reconnaissance et ne peut être perdue. Par conséquent, tous les êtres humains possèdent la même dignité intrinsèque, qu'ils soient ou non capables de l'exprimer de manière adéquate.

« Après la création et l'incarnation, la résurrection du Christ nous révèle un autre aspect de la dignité humaine. En effet, "l'aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l'homme à communier avec Dieu" (Gaudium et Spes, 19), destinée à durer éternellement. Ainsi, "la dignité de la vie n'est pas seulement liée à ses origines, au fait qu'elle vient de Dieu, mais aussi à sa fin, à sa destinée qui est d'être en communion avec Dieu pour le connaître et l'aimer. C'est à la lumière de cette vérité que saint Irénée précise et complète son exaltation de l'homme : la "gloire de Dieu" est bien "l'homme vivant", mais "la vie de l'homme est la vision de Dieu" (Saint Jean-Paul II, lettre encyclique Evangelium Vitae, n. 38). »

Quelques violations graves de la dignité humaine

« Pour signaler quelques-unes des nombreuses et graves violations de la dignité humaine dans le monde contemporain, nous pouvons rappeler ce que le Concile Vatican II a enseigné à cet égard. Il faut reconnaître que s'oppose à la dignité humaine "tout ce qui s'oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d'homicide, le génocide, l'avortement, l'euthanasie et même le suicide délibéré" (Gaudium et Spes, n. 27). Porte également atteinte à notre dignité "tout ce qui constitue une violation de l'intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques" (Ibidem).

« Et finalement "tout ce qui est offense à la dignité de l'homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l'esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes ; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable" (Ibidem). (…)

Le drame de la pauvreté

« Sans prétendre à l'exhaustivité, nous attirons l'attention dans ce qui suit sur certaines violations graves de la dignité humaine qui sont particulièrement d'actualité. L'un des phénomènes qui contribue considérablement à nier la dignité de tant d'êtres humains est l'extrême pauvreté, liée à la répartition inégale des richesses. Comme l'a déjà souligné saint Jean-Paul II, "l'une des plus grandes injustices du monde contemporain consiste précisément dans le fait qu'il y a relativement peu de personnes qui possèdent beaucoup, tandis que beaucoup ne possèdent presque rien. C'est l'injustice de la mauvaise répartition des biens et des services originairement destinés à tous" (Sollicitudo Rei Socialis, n. 28). Par ailleurs, il serait illusoire de faire une distinction sommaire entre "pays riches" et "pays pauvres" : Benoît XVI reconnaissait déjà, en effet, que "la richesse mondiale croît en termes absolus, mais les inégalités augmentent. Dans les pays riches, de nouvelles catégories sociales s'appauvrissent et de nouvelles pauvretés apparaissent. Dans des zones plus pauvres, certains groupes jouissent d'une sorte de surdéveloppement où consommation et gaspillage vont de pair, ce qui contraste de façon inacceptable avec des situations permanentes de misère déshumanisante. (Caritas in veritate, n. 22).

La guerre

« Une autre tragédie qui nie la dignité humaine est la survenance de la guerre, aujourd'hui comme de tout temps : "les guerres, les violences, les persécutions pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d'atteintes à la dignité humaine se multiplient douloureusement en de nombreuses régions du monde, au point de prendre les traits de ce qu'on pourrait appeler une 'troisième guerre mondiale par morceaux'" (Pape François, Message pour la 49e Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2016).

« Tout en réaffirmant le droit inaliénable à la légitime défense, ainsi que la responsabilité de protéger ceux dont l'existence est menacée, nous nous devons d'admettre que la guerre est toujours une "défaite de l'humanité". Aucune guerre ne vaut les larmes d'une mère ayant vu son enfant mutilé ou mort ; aucune guerre ne vaut la perte de la vie ne serait-ce que d'une seule personne humaine, être sacré, créé à l'image et à la ressemblance du Créateur ; aucune guerre ne vaut l'empoisonnement de notre maison commune ; et aucune guerre ne vaut le désespoir de ceux qui sont forcés à quitter leur patrie et sont privés, d'un moment à l'autre, de leur maison et de tous les liens familiaux, amicaux, sociaux et culturels qui ont été construits, parfois pendant des générations. »

L'avortement

« L'Église ne cesse de rappeler que "la dignité de tout être humain a un caractère intrinsèque qui vaut depuis le moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle. C'est précisément l'affirmation de cette dignité qui est le préalable incontournable à la protection d'une existence personnelle et sociale, ainsi que la condition nécessaire pour que la fraternité et l'amitié sociale puissent se réaliser parmi tous les peuples de la terre". En se fondant sur cette valeur intangible de la vie humaine, le Magistère de l'Église s'est toujours prononcé contre l'avortement. À cet égard, saint Jean-Paul II écrit :

« "Parmi tous les crimes que l'homme peut accomplir contre la vie, l'avortement provoqué présente des caractéristiques qui le rendent particulièrement grave et condamnable. […] Mais aujourd'hui, dans la conscience de nombreuses personnes, la perception de sa gravité s'est progressivement obscurcie. L'acceptation de l'avortement dans les mentalités, dans les mœurs et dans la loi elle-même est un signe éloquent d'une crise très dangereuse du sens moral, qui devient toujours plus incapable de distinguer entre le bien et le mal, même lorsque le droit fondamental à la vie est en jeu. Devant une situation aussi grave, le courage de regarder la vérité en face et d'appeler les choses par leur nom est plus que jamais nécessaire, sans céder à des compromis par facilité ou à la tentation de s'abuser soi-même. À ce propos, le reproche du Prophète retentit de manière catégorique : "Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres" (Is 5, 20).

« "Précisément dans le cas de l'avortement, on observe le développement d'une terminologie ambiguë, comme celle d'"interruption de grossesse", qui tend à en cacher la véritable nature et à en atténuer la gravité dans l'opinion publique. Ce phénomène linguistique est sans doute lui-même le symptôme d'un malaise éprouvé par les consciences. Mais aucune parole ne réussit à changer la réalité des choses : l'avortement provoqué est le meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est effectué, d'un être humain dans la phase initiale de son existence, située entre la conception et la naissance" (Saint Jean-Paul II, lettre encyclique Evangelium Vitae, n. 58). »

« Les enfants à naître sont ainsi "les plus sans défense et innocents de tous, auxquels on veut nier aujourd'hui la dignité humaine afin de pouvoir en faire ce que l'on veut, en leur retirant la vie et en promouvant des législations qui font que personne ne peut l'empêcher" (Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, n. 213).

Gestation pour autrui

« L'Église prend également position contre la pratique des mères porteuses, par laquelle l'enfant, immensément digne, devient un simple objet. À cet égard, les paroles du Pape François sont d'une clarté unique : "La voie de la paix exige le respect de la vie, de toute vie humaine, à partir de celle de l'enfant à naître dans le sein de la mère, qui ne peut être supprimée, ni devenir objet de marchandage. À cet égard, je trouve regrettable la pratique de la dite mère porteuse, qui lèse gravement la dignité de la femme et de l'enfant. Elle est fondée sur l'exploitation d'une situation de nécessité matérielle de la mère. Un enfant est toujours un cadeau et jamais l'objet d'un contrat. Je souhaite donc un engagement de la Communauté internationale pour interdire cette pratique au niveau universel" (Discours aux Membres du Corps Diplomatique, 8 janvier 2024).

La pratique de la gestation pour autrui porte atteinte, en premier lieu, à la dignité de l'enfant… L'enfant a donc le droit, en vertu de sa dignité inaliénable, d'avoir une origine pleinement humaine et non artificielle, et de recevoir le don d'une vie qui manifeste en même temps la dignité de celui qui la donne et de celui qui la reçoit. La reconnaissance de la dignité de la personne humaine implique également la reconnaissance de la dignité de l'union conjugale et de la procréation humaine dans toutes leurs dimensions. Dans ce sens, le désir légitime d'avoir un enfant ne peut pas être transformé en un "droit à l'enfant" qui ne respecte pas la dignité de l'enfant lui-même en tant que destinataire du don gratuit de la vie.

« La pratique de la maternité de substitution porte atteinte, en même temps, à la propre dignité de la femme qui y est contrainte ou qui décide librement de s'y soumettre. Avec une telle pratique, la femme se détache de l'enfant qui grandit en elle et devient un simple moyen asservi au profit ou au désir arbitraire d'autrui. Ceci est en contradiction totale avec la dignité fondamentale de tout être humain et avec son droit à être toujours reconnu pour lui-même et jamais comme l'instrument de quoi que ce soit d'autre. »

L'euthanasie et le suicide assisté

État végétgatif« Il existe un cas particulier d'atteinte à la dignité humaine, plus silencieux mais qui gagne beaucoup de terrain. Il a la particularité d'utiliser une conception erronée de la dignité humaine pour la retourner contre la vie elle-même. Cette confusion, très répandue aujourd'hui, apparaît au grand jour lorsque l'on parle d'euthanasie. Par exemple, les lois qui reconnaissent la possibilité de l'euthanasie ou du suicide assisté sont parfois appelées "lois sur le droit de mourir dans la dignité".

« L'idée que l'euthanasie ou le suicide assisté sont compatibles avec le respect de la dignité de la personne humaine est largement répandue. Face à ce constat, il faut réaffirmer avec force que la souffrance ne fait pas perdre à la personne malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable, mais qu'elle peut devenir une occasion de renforcer les liens d'appartenance mutuelle et de prendre conscience de la valeur de chaque personne pour l'ensemble de l'humanité.

« Il est certain que la dignité de la personne malade dans un état critique ou terminal exige de chacun les efforts appropriés et nécessaires pour soulager ses souffrances par des soins palliatifs appropriés et en évitant tout acharnement thérapeutique ou toute intervention disproportionnée. Ces soins répondent au "devoir constant de comprendre les besoins du malade : besoins d'assistance, soulagement de la douleur, besoins émotionnels, affectifs et spirituels". Mais un tel effort est tout à fait différent, distinct, et même contraire à la décision d'éliminer sa propre vie ou la vie d'autrui sous le poids de la souffrance. La vie humaine, même dans sa condition douloureuse, est porteuse d'une dignité qui doit toujours être respectée, qui ne peut être perdue et dont le respect reste inconditionnel.

« En effet, il n'y a pas de conditions sans lesquelles la vie humaine cesse d'être digne et peut donc être supprimée : "la vie a la même dignité et la même valeur pour tous : le respect de la vie de l'autre est le même que celui que l'on doit à sa propre existence". Aider la personne suicidaire à mettre fin à ses jours est donc une atteinte objective à la dignité de la personne qui le demande, même s'il s'agit de réaliser son souhait : "nous devons accompagner les personnes jusqu'à la mort, mais ne pas la provoquer ni favoriser aucune forme de suicide. Je rappelle que le droit aux soins et aux traitements pour tous doit toujours être prioritaire, afin que les plus faibles, notamment les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés. En effet, la vie est un droit, non la mort, celle-ci doit être accueillie, non administrée. Et ce principe éthique concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens ou les croyants" (Pape François, audience générale, 9 février 2022). Comme cela a déjà été dit, la dignité de chaque personne, même faible ou souffrante, implique la dignité de tous. »

Théorie du genre

« L'Église souligne les points fortement critiques présents dans la théorie du genre (gender). À cet égard, le pape François a rappelé que "la voie de la paix exige le respect des droits humains, selon la formulation, simple mais claire, contenue dans la Déclaration Universelle des Droits Humains dont nous venons de célébrer le 75ème anniversaire. Il s'agit de principes rationnellement évidents et communément acceptés. Malheureusement, les tentatives tentées ces dernières décennies d'introduire de nouveaux droits qui ne sont pas pleinement importants par rapport à ceux initialement définis et pas toujours acceptables, ont suscité des colonisations idéologiques, parmi lesquelles la théorie du genre joue un rôle central, qui est très dangereuse parce qu'elle efface les différences dans la prétention de rendre tous égaux" (Discours aux Membres du Corps Diplomatique, 8 janvier 2024).

« En ce qui concerne la théorie du genre, dont la consistance scientifique fait l'objet de nombreux débats au sein de la communauté des experts, l'Église rappelle que la vie humaine, dans toutes ses composantes, physiques et spirituelles, est un don de Dieu, qui doit être accueilli avec gratitude et mis au service du bien. Vouloir disposer de soi, comme le prescrit la théorie du genre, sans tenir compte de cette vérité fondamentale de la vie humaine comme don, ne signifie rien d'autre que céder à la tentation séculaire de l'être humain se faisant Dieu et entrant en rivalité avec le vrai Dieu d'amour que nous révèle l'Évangile.

« Un deuxième aspect de la théorie du genre est qu'elle cherche à nier la plus grande différence possible entre les êtres vivants : la différence sexuelle. Cette différence fondatrice est non seulement la plus grande que l'on puisse imaginer, mais aussi la plus belle et la plus puissante : elle réalise, dans le couple homme-femme, la plus admirable réciprocité et est donc à l'origine de ce miracle qui ne cesse de nous étonner, à savoir l'arrivée de nouveaux êtres humains dans le monde.

« En ce sens, le respect de son propre corps et de celui d'autrui est essentiel face à la prolifération et à la revendication de nouveaux droits avancés par la théorie du genre. Cette idéologie "laisse envisager une société sans différence de sexe et sape la base anthropologique de la famille" (Pape François, Exhort. apostolique Amoris Laetitia, n. 56). Aussi est-il inacceptable que "certaines idéologies de ce type, qui prétendent répondre à des aspirations parfois compréhensibles, veulent s'imposer comme une pensée unique qui détermine même l'éducation des enfants" (Ibidem)…

« Par conséquent, toutes les tentatives visant à masquer la référence à la différence sexuelle inéliminable entre l'homme et la femme doivent être rejetées : « nous ne pouvons pas séparer le masculin du féminin dans l'œuvre créée par Dieu, qui précède toutes nos décisions et nos expériences, où il y a des éléments biologiques évidents" (Ibidem). Ce n'est que lorsque chaque personne humaine peut reconnaître et accepter cette différence dans la réciprocité qu'elle devient capable de se découvrir pleinement, avec sa dignité et son identité propres.

Changement de sexe

« Sur la nécessité de respecter l'ordre naturel de la personne humaine, le pape François enseigne que "la création nous précède et doit être reçue comme un don. En même temps, nous sommes appelés à sauvegarder notre humanité, et cela signifie avant tout l'accepter et la respecter comme elle a été créée" (Ibidem). Il s'ensuit que toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu'une personne a reçue dès le moment de la conception. Cela n'exclut pas la possibilité qu'une personne présentant des anomalies génitales qui sont déjà évidentes à la naissance ou qui se développent plus tard, choisisse de recevoir une assistance médicale afin de résoudre ces anomalies. Dans ce cas, l'opération ne constituerait pas un changement de sexe au sens où on l'entend ici.

Conclusion

« Par la présente Déclaration, l'Église demande instamment que le respect de la dignité de la personne humaine, en toutes circonstances, soit placé au centre de l'engagement pour le bien commun et de tout système juridique. Le respect de la dignité de chaque personne est, en effet, la base indispensable à l'existence même de toute société qui se veut fondée sur le droit juste et non sur la force du pouvoir. C'est sur la base de la reconnaissance de la dignité humaine que sont défendus les droits fondamentaux de l'homme, qui précèdent et fondent toute cœxistence civilisée.

Víctor Manuel Cardinal Fernández, Préfet

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