Nous puisons ces textes de l'Osservatore Romano, journal du Vatican, donnant le compte-rendu des interventions des Cardinaux et des évêques au synode sur l'Eucharistie, qui s'est déroulé à Rome en octobre 2005
Lorsque les catholiques n’ont pas la volonté ou la possibilité de s’approcher du sacrement de la Réconciliation il leur devient alors impossible de vivre l’union plus intime avec Jésus Christ et avec l’Église dans l’Eucharistie. Ainsi le chrétien finit de plus voir l’Eucharistie comme une source de grâce, et il s’éloigne aussi progressivement de la communauté paroissiale de l’Eglise universelle. En outre, l’abandon de la pratique du sacrement de la Réconciliation s’accompagne généralement d’un regain de subjectivisme et rend plus difficile l’évaluation du comportement personnel et de la religiosité.
Le déclin de la pratique de ce sacrement est très évident dans le monde entier. Dans les églises de tous les continents, la pratique de la confession personnelle a beaucoup baissé si on la compare à celle des années 1950 ou 1960 ou avec celle d’un passé encore plus lointain. Sans vouloir entreprendre une réflexion sur les causes de ce déclin, nous aimerions mettre l’accent sur ses conséquences et sur les espérances suscitées par la pratique du Sacrement de la Réconciliation. La vie d’un grand nombre de prêtres, et surtout de religieuses et de religieux consacrés montre les fruits abondants que peut donner un recours fréquent à ce Sacrement, en favorisant chez eux la proximité à l’Eucharistie. On peut citer aussi de nombreux exemples du passé, comme celui du Curé d’Ars, et de beaucoup d’autres.
Le saint curé d'Ars Apôtre de la confession |
A côté d’une baisse de la pratique du Sacrement de Pénitence, se renforcent par ailleurs certaines tendances opposées à la foi chrétienne. Le besoin de croire, l’expérience religieuse vécue dans le passé poussent beaucoup de personnes à chercher des chemins les plus larges et les plus variés. Comme chacun peut le constater, dans le monde d’aujourd'hui, et en particulier dans les sociétés occidentales, l’ésotérisme, la magie, l’occultisme, les tendances New Age sont très répandus. Tout cela incite les personnes à créer de nouveaux liens communautaires et sociaux qui les éloignent toujours plus de l’Église, de la pensée catholique, et qui affaiblissent leur foi. En allant plus loin, nous observons des déformations de la conscience, des changements qui touchent l’ensemble de la personnalité.
… Il est donc important de souligner de différentes façons la nécessité du Sacrement de la Réconciliation… il faut en particulier encourager les prêtres à s’efforcer de former une attitude nouvelle sur la confession personnelle. Cela aidera nous tous aussi à approcher Jésus Eucharistie et à créer un lien plus intime avec l’Eglise. Le sacrement de Pénitence rapproche du Christ; l’abandon de cette pratique éloigne de Dieu.
Son Eminence le Cardinal Juan Luis Cipriani Thorne, archevêque de Lima, Pérou a encouragé la pratique fréquente du sacrement de Pénitence:
«Le chrétien trouve en la Messe un lieu privilégié pour rechercher son identification avec le Christ. Pour cette raison, la meilleure réponse de l’Église à la culture sécularisée est ‘le scandale de la croix’ (Ga. 5, 11), fondement de la pastorale de la sainteté, qu’il faut proposer. Deux lignes d’action sont suggérées: l’une, qui s’adresse à tous les fidèles, est de rendre la confession plus accessible en proposant des horaires compatibles avec la journée de travail, en facilitant la présence de confesseurs avant et durant les cérémonies, en encourageant le droit d’utiliser des prie-Dieu… L’autre, centrée sur la sainteté des prêtres et des séminaristes, est de recommander la pratique fréquente de la confession, la sélection des candidats au sacerdoce et le soin attentif apporté au séminaire.»
Paroles de S. Em. Le Card. Jorge Arturo Medina Estevez, préfet émérite pour le Culte divin et la discipline des Sacrements (Cité du Vatican):
Les trois aspects de l’Eucharistie, Sacrifice, présence réelle et Communion sacramentelle ne sont pas des réalités juxtaposées, elles s’articulent de manière à ce que la réalité première soit la réalité sacrificielle. La présence réelle donne sa pleine dimension au Sacrifice eucharistique et la Sainte Communion est la participation au sacrifice. Aucune de ces réalités ne peut être séparée des deux autres et, ensemble, elles font en sorte que toute la vie chrétienne soit consacrée à la gloire de Dieu. La dimension propitiatoire de la célébration eucharistique, tant en faveur des vivants que des morts, est intimement liée à la nature sacrificielle.
Exc. Aleksander Kaskiewicz, évêque de Grodno, a demandé de restituer au tabernacle sa place centrale d’ouvrir les églises pour le culte d’adoration:
Dans mon intervention, je voudrais rappeler la deuxième partie de l’Instrumentum Laboris, à savoir la foi de l’Eglise dans le Mystère eucharistique. Plus précisément, le sujet que je traiterai est lié à la conclusion de cette deuxième partie. Le point de départ de la réflexion est l’expérience vécue par l’Église locale en Biélorussie par rapport à ce qui peut s’observer dans les autres pays du monde.
Il en découle un certain nombre de propositions concrètes:
— restituer au tabernacle sa place centrale à l’intérieur des églises, afin de souligner la foi en la présence réelle de Jésus dans les signes sacramentels;
— préparer une réglementation précise relative à la réalisation des projets des édifices sacrés, afin que l’architecture elle-même puisse aider à mener l’homme à la rencontre avec Jésus-Eucharistie;
— même si certaines églises sont également des monuments historiques, il est nécessaire d’y créer un climat de profond respect envers le Très Saint Sacrement, afin que leur caractère de maison de Dieu ne soit pas diminué pour des raisons d’ordre financier ou commercial;
— Rendre les églises accessibles y compris en dehors des célébrations, afin de permettre aux personnes de rencontrer Jésus présent dans le Très Saint Sacrement;
— Promouvoir l’adoration eucharistique, surtout dans les villes, au moins quelques heures par jour, en l’accompagnant de la possibilité de la réconciliation sacramentelle. Notre expérience nous dit que les lieux d’adoration eucharistique concourent à la croissance d’une dévotion saine.
Paroles de S. Em. Le Card. Joachim Meisner, Archevêque de Cologne, Allemagne:
«Je me réfère au mystère de la Transsubstantiation par lequel Notre Seigneur Jésus-Christ se fait présent en corps et en sang dans les espèces eucharistiques. La présence réelle eucharistique se distingue des autres formes — même sacramentelles — de présence du Christ car dans le pain et dans le vin « sont contenus d’une manière vraie, réelle et substantielle le corps et le sang en même temps que l’âme et la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ et par conséquent le Christ tout entier» (cf. Concile de Trente, DH,1651). Cette foi eucharistique a une signification fondamentale pour l’Église catholique, concept sur lequel on ne devrait pas revenir mais qui, actuellement, est perçu d’une manière quelque peu affaiblie. De par une interprétation sécularisée de la Consécration, qui ignore ou va même jusqu’à nier la présence substantielle, corporelle du Christ, l’Eucharistie perd le rôle qui lui était particulier.
«La consécration des offrandes eucharistiques en corps et en sang du Seigneur est appelée «justement et au sens propre de la parole conversion de la nature (Transsubstantiation) (cf. Concile de Trente, DH 1651). Actuellement, ce concept n’est pas tout à fait compris dans son acceptation correcte, parce que «substance» indique aujourd’hui la matière, c’est-à-dire ce que — cum grano salis — la Scolastique ne définit pas «substance», mais plutôt «accidentiæ». Que l’on veuille ou non juger ce changement de terme, la réalité qui se trouve à la base du concept de Transsubstantiation, «cette merveilleuse et spécifique conversion de toute la substance du pain en le corps et de toute la substance du vin en le sang» (cf. Concile de Trente, DH 1652), est devenu un dogme depuis le Concile de Trente et constitue le fondement de la foi Catholique.»