En octobre dernier paraissait un document tout à fait unique, qui donne accès au cœur même de la pensée et de la foi du Pape Jean-Paul II. Dans ce livre de 335 pages (publié en français aux éditions Plon-Mame), le Pape Jean-Paul II répond de façon familière et directe à une trentaine de questions du journaliste italien Vittorio Messori, portant sur les principales interrogations des gens d'aujourd'hui sur la foi et l'Église catholique (Dieu existe-t-il ? Pourquoi le mal dans le monde ? Y a-t-il un enfer ? etc.). Ce livre a été traduit et publié en plusieurs langues, et s'est avéré immédiatement un grand succès de librairie, des centaines de milliers de copies ont été vendues dès les premiers jours de sa parution. Voici des extraits de ce livre ; les sous-titres sont de Vers Demain :
A.P.
Paroles de S. S. Jean-Paul II
La première condition du salut :
Reconnaître notre péché
Quand j'ai choisi comme thème de mes homélies, lors de ma dernière visite en Pologne, le Décalogue et le commandement de l'amour, tous les Polonais influencés par la "philosophie des Lumières" s'en sont déclarés offusqués. Quand le Pape tente de convaincre le monde de la réalité du péché humain, il devient persona non grata. Les tenants de cette mentalité sont heurtés précisément par ce que dit saint Jean en citant les paroles du Christ Lui-même. Le Christ, en effet, a annoncé la venue du Saint-Esprit qui « confondra le monde en matière de péché. » (Jn 16, 8.)
L'Église peut-elle dire autre chose ? Cependant, montrer la réalité du péché n'équivaut pas à condamner. « Le Fils de l'homme n'est pas venu dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. » (Jn 3, 17.) Montrer la réalité du péché revient au contraire à créer les conditions du salut. La condition première du salut est pour l'homme de prendre conscience de son péché, y compris son péché "héréditaire", et ensuite de la reconnaître devant Dieu qui n'attend que cette confession pour sauver l'homme. Sauver veut dire prendre dans ses bras et soulever dans l'élan de l'amour sauveur, toujours plus fort que n'importe quel péché. La parabole de l'enfant prodigue demeure de ce point de vue un modèle incomparable.
Question — Si Dieu est amour, alors pourquoi tant de mal dans le monde ? Dieu ne peut-il pas éliminer le mal et la souffrance ?
Réponse — Dans l'une de vos précédentes questions, vous avez fort bien formulé le problème : pour le salut de l'homme, était-il nécessaire que Dieu livre son Fils au sacrifice de la Croix ?
À cette étape de notre réflexion, nous sommes seulement capables de nous demander s'il pouvait en être autrement... Dieu pouvait-il se justifier, si l'on peut dire, de l'histoire de l'homme, avec sa charge de souffrance, autrement qu'en mettant au centre de cette histoire justement la Croix du Christ ? Evidemment, on pourrait répondre que Dieu n'a pas à se justifier devant l'homme. Il Lui suffit d'être tout-puissant. Dans cette perspective tout ce qu'il fait et permet doit être accepté. C'est la position de Job dans la Bible.
Mais le Tout-Puissant est aussi Sagesse et, répétons-le encore, Amour. C'est pourquoi Il tient en quelque sorte à se justifier par rapport à l'histoire de l'homme. Il n'est pas un Absolu situé au-delà du monde, indifférent à la souffrance humaine. Il est l'Emmanuel, « Dieu-avec-nous », Dieu qui partage le sort de l'homme et communie à son destin. (...)
Si la souffrance est présente dans l'histoire humaine, sa Toute-Puissance ne pouvait se manifester que par la toute-puissance de son humiliation sur la Croix. Le scandale de la Croix est la clef du mystère de la souffrance dont le défi est inséparable de l'histoire de l'homme.
Dieu est toujours dans le camp de ceux qui souffrent. Sa Toute-Puissance se manifeste justement dans sa libre acceptation de la souffrance. Il aurait pu ne pas le faire. Il aurait pu faire éclater sa Toute-Puissance au moment même du crucifiement. On le Lui proposait : « Que le Messie, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix ; alors nous verrons et nous croirons. » (Mc 15, 32.) Mais Il n'a pas relevé le défi. Le fait qu'il soit resté sur la Croix jusqu'à la fin, le fait qu'll ait pu dire sur la Croix, comme tous ceux qui souffrent : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », ce fait demeure donc comme l'événement le plus décisif dans l'histoire de l'homme. Si l'agonie de Dieu sur la Croix n'avait pas eu lieu, la vérité que Dieu est Amour serait restée suspendue dans le vide.
Sauver veut dire délivrer du mal absolu. Le mal n'est pas simplement le déclin progressif de l'homme au fur et à mesure que le temps s'écoule et avec l'écroulement final dans l'abîme de la mort. Car le mal plus radical encore, c'est le rejet de l'homme par Dieu, c'est-à-dire la damnation éternelle, conséquence du rejet de Dieu par l'homme.
La damnation est l'envers du salut. Mais damnation et salut sont liés au fait que l'homme est appelé à la vie éternelle. L'une et l'autre présupposent l'immortalité de l'être humain. La mort temporelle ne peut pas faire que l'homme ne soit plus destiné à la vie éternelle.
Qu'est-ce que la vie éternelle ? C'est le bonheur qui provient de l'union avec Dieu. Le Christ affirme : « La vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé Jésus le Christ. » (Jn 17, 3.) L'union avec Dieu se réalise dans la vision de l'Etre divin « face à face ». C'est ce que l'on appelle la vision "béatifique", car elle comporte l'aboutissement de la quête humaine de la vérité.
Grâce à ses connaissances pré-scientifiques puis scientifiques, l'homme peut parvenir à des parcelles de vérité. Seule la vision de Dieu < ;< ;face à face » lui permet de jouir de toute la plénitude de la Vérité. C'est de cette façon seulement que peut être satisfait définitivement le désir de l'homme : contempler la Vérité. (...)
La "vie éternelle" consiste à participer à la vie de Dieu Lui-même, dans la communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le dogme de la Très Sainte Trinité traduit la vérité sur la vie intime de Dieu et invite à la désirer. En Jésus-Christ, l'homme est appelé à une telle communion et y est conduit.(...)
Selon saint Matthieu, la résurrection (des corps) doit être précédée par le jugement sur les œuvres de charité, accomplies ou négligées (« Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait... » Mt 25, 31-46). À la suite de ce jugement, les justes sont appelés à la vie éternelle. Mais les réprouvés sont envoyés à la damnation éternelle, la séparation définitive avec Dieu, la rupture de la communion avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce n'est pas alors tant Dieu qui rejette l'homme, que l'homme qui rejette Dieu. La possibilité de la damnation éternelle est affirmée dans l'Évangile sans qu'aucune ambiguïté soit permise.
L'Évangile ne promet pas de succès faciles. Il ne garantit à personne une vie agréable. Il pose au contraire des exigences. En même temps, il contient une merveilleuse promesse : celle de la vie éternelle (...).
Il y a un paradoxe fondamental dans l'Évangile : pour trouver la vie, il faut la perdre ; pour naître, il faut mourir ; pour se sauver, il faut prendre sa croix ! C'est la vérité centrale au cœur de l'Évangile, et toujours et partout cette vérité se heurtera à la protestation des hommes.
Question — Dieu ne cesse d'agir à travers l'histoire. Par exemple, vous avez dit lors de votre visite dans les pays baltes à l'automne 1993 que l'on pouvait apercevoir dans la chute du marxisme athée le "doigt de Dieu".
Réponse — Léon XIII a été le premier à prédire, d'une certaine manière, l'effondrement du communisme, et à prévoir que cette chute coûterait cher à l'humanité et à l'Europe, « puisque le remède, écrivait-il dans son encyclique (Rerum Novarum) de 1891, pouvait se révéler plus dangereux que la maladie elle-même » ! Ainsi parlait ce Pape, avec toute l'autorité de l'Église enseignante.
Et que dire des trois enfants portugais de Fatima qui, tout à coup, à la veille de la révolution d'Octobre (qui devait aboutir, en 1917, à la prise du pouvoir en Russie des la bolcheviques de Lénine), entendirent Vierge Marie leur dire : « La Russie se convertira » et : « À la fin, mon Cœur triomphera » ? Ces enfants n'ont pas pu inventer de telles prédictions. Ils n'avaient que peu de notions d'histoire et de géographie, encore moins des mouvements sociaux et du développement des idéologies. Et pourtant, tout ce qu'ils ont annoncé s'est réalisé.
Le rappel de ces événements ne permet-il pas de comprendre pourquoi le Pape de la fin du siècle a été appelé "d'un pays de l'Est" ? Il fallait peut-être aussi que l'attentat de la place Saint-Pierre eût lieu un 13 mai 1981 (anniversaire de la première apparition de Fatima), pour que tout devienne plus clair et plus compréhensible, pour que la voix de Dieu, qui parle dans l'histoire des hommes à travers les "signes des temps", puisse être plus facilement entendue et comprise. (...)
Comment expliquer... la différence qui s'est creusée entre les pays riches de l'hémisphère nord et les pays de plus en plus pauvres de l'hémisphère sud ? Qui sont les responsables ? Le responsable, c'est l'homme : ce sont les hommes, avec leurs idéologies et leurs systèmes philosophiques. Mais, en dernière analyse, je dirai que le vrai coupable, c'est le refus de Dieu, la volonté d'élimination systématique de tout ce qui est chrétien. Ce combat contre Dieu domine, dans une large mesure, depuis trois siècles, la pensée et la vie de l'Occident. Le collectivisme marxiste n'est qu'une "version aggravée" de ce programme d'éradication du christianisme. Qui aujourd'hui ne voit pas qu'un tel programme ne peut plus dissimuler davantage la menace qu'il constitue ? Qui ne voit, finalement, son impuissance ?
Dans son encyclique Humanae vitae, Paul VI a répondu à l'appel de l'apôtre Paul, qui écrivait à son disciple Timothée : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps. (...) Un temps viendra où l'on ne supportera plus l'enseignement solide. (2 Tm 4, 2-3) » L'apôtre n'avait-il pas là parfaitement décrit par avance la situation contemporaine ?
Les media ont habitué les différents groupes sociaux à n'entendre que ce qui "caresse les oreilles ». La situation ne fera qu'empirer si les théologiens, et surtout les moralistes, au lieu de se faire les témoins de "l'enseignement solide", se font les complices des media lesquels, bien entendu, donnent alors une large diffusion à leurs doctrines nouvelles. Lorsque la vraie doctrine est impopulaire, il n'est pas permis de rechercher la popularité au prix d'accommodements faciles. L'Église doit faire face en répondant sans se dérober à la question : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? (Mt 19, 6) » Le Christ nous en a averti : le chemin qui mène au salut est étroit et escarpé, ce n'est pas la voie large et glissante de la facilité. Nous n'avons pas le droit d'abandonner "l'enseignement solide" ni de le modifier. Le transmettre dans son intégralité est le rôle du Magistère de l'Église. (...)
L'éloignement de la vérité sur l'homme ne constituera jamais un progrès. Il est impossible de voir dans la libéralisation des mœurs les caractéristiques du "progrès éthique".
Sainteté, le paradis, le purgatoire et l'enfer existent-ils encore ? Pourquoi tant de gens d'Église nous commentent-ils sans cesse l'actualité et ne disent-ils presque rien sur l'éternité, sur l'union définitive avec Dieu, qui nous dit la foi est la vocation, la destinée, le but ultime de l'homme ?
Certains se rappelleront qu'il n'y a pas si longtemps, dans les sermons prononcés à l'occasion des retraites spirituelles ou des missions, "les fins dernières", les réalités ultimes de la mort, du jugement, de l'enfer, du paradis et du purgatoire, constituaient le sujet immuable des méditations, que les prédicateurs savaient mener avec un art très pédagogique de l'évocation. Combien d'hommes se sont convertis et confessés grâce à ces sermons et à ces descriptions de l'au-delà !
En outre, il faut reconnaître que ce style pastoral était fortement individualisé : "Souviens-toi que, finalement, tu te présenteras devant Dieu avec toute ta vie, que devant son tribunal tu porteras la responsabilité de toutes tes actions, que tu seras jugé non seulement pour tes actes et tes paroles, mais également pour tes pensées, même les plus secrètes." Il est certain que ces prédications dont le contenu reprenait fidèlement la Révélation de l'Ancien et du Nouveau Testament touchaient l'homme dans l'intimité de son cœur, tourmentaient sa conscience, le mettaient à genoux, l'amenaient à la grille du confessionnal... et contribuaient ainsi puissamment à son salut. (...)
Pour répondre indirectement à votre question, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que oui, l'homme s'est égaré, les prédicateurs se sont égarés, les catéchistes se sont égarés, les éducateurs se sont égarés. C'est pourquoi ils n'ont plus le courage de "menacer de l'enfer". Et il se peut même que ceux qui les écoutaient aient cessé d'en avoir peur...
Il faut bien constater que nos contemporains sont devenus presque insensibles aux "fins dernières". D'un côté, cette insensibilité est favorisée par ce que l'on appelle sécularisation et sécularisme, avec la course à la consommation qui en découle, orientée vers la jouissance immédiate des biens de ce monde. D'un autre côté, les enfers temporels que notre siècle finissant nous a imposés ont, à leur manière, contribué à légitimer cette insensibilité. Après l'expérience des camps de concentration, du goulag, des bombardements, sans parler des catastrophes naturelles et des malheurs personnels, reste-il encore à l'homme quelque chose de pire à redouter dans l'au-delà ? (...)
Si Dieu désire que tous les hommes soient sauvés, si Dieu, pour cette raison, offre son Fils qui à son tour agit dans l'Église par l'opération de l'Esprit-Saint, l'homme peut-il être damné, peut-il être rejeté par Dieu ?
De tout temps, la question de l'enfer a préoccupé les grands penseurs de l'Église. Les premiers conciles ont rejeté la théorie dite de l'apocatastase finale, selon laquelle le monde après sa destruction serait renouvelé et toute créature serait sauvée, théorie qui abolissait implicitement l'enfer. Cependant la question continue de se poser. Dieu, qui a tant aimé l'homme, peut-il accepter que celui-ci Le rejette et pour ce motif soit condamné à des tourments sans fin ? Pourtant, les paroles du Christ sont sans équivoque. Chez Matthieu, I parle clairement de ceux qui connaîtront des peines éternelles (Mt 25, 46). Qui seront-ils ? L'Église n'a jamais voulu prendre position. Il y a là un mystère impénétrable, entre la sainteté de Dieu et la conscience humaine. (...)
Il reste cependant une résistance dans la conscience morale de l'homme qui s'insurge contre l'oubli de cette perspective : Dieu est Amour, mais n'est-il pas également suprême Justice ? Peut-II accepter que les crimes les plus horribles restent impunis ? Le châtiment irréversible n'est-il pas en quelque sorte nécessaire pour établir une espèce d'équilibre moral dans l'histoire si complexe de l'humanité ? L'enfer n'est-il pas, si l'on peut dire, une ultime "planche de salut" pour la conscience morale de l'homme ? (...)
C'est dans les œuvres de saint Jean de la Croix, indépendamment de la bulle de Benoît XII, au XIVe siècle, que j'ai pour ma part trouvé l'argument le plus convaincant en faveur du purgatoire. La "vive flamme d'amour" dont parle le mystique espagnol est avant tout purificatrice. Les "nuits mystiques" que ce grand docteur de l'Église décrit à partir de sa propre expérience, constituent un équivalent du purgatoire. Dieu ne doit-Il pas faire passer l'homme par la purification intérieure de toute sa nature sensuelle et spirituelle, pour le conduire à s'unir à Lui ? Nous ne sommes pas ici devant un vulgaire tribunal. Nous sommes confrontés à la puissance de l'amour même.
Oui, c'est d'abord l'Amour qui nous juge. Dieu, qui est Amour, juge par amour. Or l'amour exige la purification afin que l'homme devienne digne de l'union avec Dieu qui est sa vocation et sa destinée ultime.
C'est ici qu'il faut revenir à la devise Totus Tuus ("Tout à toi, Marie", la devise du Pape). Dans une de vos précédentes questions, vous m'interrogiez sur la Mère de Dieu et les nombreuses révélations privées qui ont eu lieu, principalement au cours des deux derniers siècles. Je vous ai répondu en vous racontant comment la dévotion à Marie s'était développée dans ma vie personnelle (grâce à saint Louis-Marie Grignion de Montfort)... « N'ayez pas peur ! » a dit le Christ aux Apôtres et aux femmes après sa Résurrection. Les textes évangéliques ne nous disent pas que Marie aurait, elle aussi, reçu cet encouragement. Forte de sa foi, « elle n'avait pas peur ». C'est l'expérience traversée par mon pays qui m'a, la première, fait comprendre comment Marie participe à la victoire du Christ. J'ai aussi appris directement du cardinal Stefan Wyszynski, que son prédécesseur, le cardinal August Hlond, avait prononcé avant de mourir cette parole prophétique : « La victoire, si elle vient, viendra par Marie »... Au cours de mon ministère pastoral en Pologne, j'ai été témoin de l'accomplissement de cette parole.
Une fois élu Pape, confronté aux problèmes de l'Église entière, cette intuition, cette conviction m'a toujours habité : dans cette dimension universelle aussi, la victoire, si elle venait, serait remportée par Marie. Le Christ vaincra par Marie. Il veut qu'elle soit associée aux victoires de l'Église, dans le monde d'aujourd'hui et dans celui de demain.
J'en étais donc intimement persuadé, même si à l'époque j'ignorais presque tout de Fatima. Je pressentais seulement qu'il y avait là une certaine continuité, de La Salette à Fatima en passant par Lourdes, sans oublier, dans un passé plus lointain, notre Jasna Góra de Pologne.
Et puis le 13 mai 1981 est arrivé. Quand j'ai été atteint par la balle de mon agresseur sur la place Saint-Pierre, je ne me suis pas
rendu compte immédiatement que nous fêtions justement l'anniversaire du jour où Marie était apparue aux trois enfants de Fatima, au Portugal, pour leur transmettre les messages qui, alors que la fin de ce siècle approche, se révèlent sur le point d'être pleinement confirmés.
Lors d'un tel événement, le Christ n'a-t-il pas encore une fois prononcé son « N'ayez pas peur ! » ? N'a-t-il pas répété à cette occasion son message pascal à l'intention du Pape, de l'Église et, au-delà, à l'attention de toute la famille humaine ?
Le psalmiste l'affirme : « La crainte de Dieu est le début de la sagesse. (Ps 111, 10) »... L'Ecriture sainte contient un appel insistant à pratiquer « la crainte » du Seigneur. Il ne s'agit pas là de n'importe quelle appréhension, mais de cette crainte qui est un don de l'Esprit-Saint. Parmi les dons de l'Esprit qu'énumère Isaïe (Is 11, 1-3), la crainte de Dieu se trouve à la dernière place, mais cela n'implique pas qu'elle ait une importance mineure, car justement « la crainte de Dieu est le début de la sagesse ». Et la sagesse, parmi les dons du Saint-Esprit, figure à la première place. C'est pourquoi, en particulier aujourd'hui, il faut souhaiter à tout homme de "craindre" Dieu. (...)
Le Christ veut nous faire ressentir la crainte de tout ce qui offense Dieu. Il le veut, car Il est venu dans le monde pour libérer l'homme. (...) Toute manifestation de crainte servile devant la puissance sévère de Dieu tout-puissant et omniprésent disparaît et fait place à la sollicitude filiale, pour que se réalise dans le monde sa volonté, c'est-à-dire le bien qui trouve en Lui son commencement et son accomplissement définitif. (...)
Cette "crainte de Dieu" n'est autre que la force salvatrice de l'Évangile. Elle n'est jamais destructrice, et au contraire toujours créatrice. Elle suscite des hommes qui se laissent guider par la responsabilité inhérente à l'amour. Elle suscite des saints, c'est-à-dire de vrais chrétiens, et c'est à eux qu'appartient en définitive l'avenir du monde.
Jean-Paul II