La Sainte Vierge avait elle-même "veillé à la garde de son Fils"
En cette année consacrée à la sainte Eucharistie, nous aimons publier le récit d'un miracle eucharistique qui contribuera à éveiller en nous un grand respect envers la Sainte Hostie qui contient le Corps, le Sang, l'Âme et la Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ :
Le 28 janvier 1772, le village de Saint-Pierre de Paterno, situé à environ 3 kilomètres de Naples, fut le théâtre d'un affreux sacrilège : des voleurs enlevèrent du tabernacle deux ciboires remplies d'Hosties consacrées. Quelques jours après, un fermier du voisinage, nommé Pascal Capozzi, trouva dans un reste de fumier laissé près de sa grange le pied de l'un des deux ciboires ; on examina avec un soin minutieux les sillons du champ où avait été répandue l'autre partie du fumier, dans l'espoir d'y retrouver les Hosties consacrées. Mais ce fut en vain. On finit par croire que les voleurs avaient eux-mêmes consommé les saintes Espèces pour faire disparaître toute trace de leur sacrilège ; et le souvenir de ce vol s'effaçait peu à peu de la mémoire des villageois. Mais Dieu en avait disposé autrement.
Le soir du 19 février, un jeune homme de dix-sept ans, Joseph Orefice, rentrait de Naples à Paterno quand, de la route royale qui va de Capodichino à Casoria, il aperçut dans un des champs de la ferme de Capozzi un scintillement de lumières. Le lendemain soir, ayant vu le même spectacle, il eut peur et en avertit ses parents. On l'écouta en riant.
Le lendemain de grand matin, Joseph avec son père Ange et son frère Jean qui avait à peine dix ans se mirent en route pour Naples. Quand ils passèrent près de la ferme de Capozzi, l'apparition de lumières se renouvela. L'enfant les aperçut et manifesta son admiration par des cris ; Joseph les vit aussi ; mais leur père ne distingua rien.
Ces détails vinrent à la connaissance de deux prêtres de Naples, Jérôme et Jacques Guarino, qui voulurent s'en rendrent compte par eux-mêmes. Avec le curé du village et quelques autres personnes, ils se rendirent le 24 février, à une heure avancée de la nuit, sur le lieu de cette singulière apparition. Joseph Orefice et son frère y vinrent aussi avec un autre enfant nommé Thomas Piccini.
Au bout de quelques instants les lumières apparurent aux trois enfants, comme personne d'autre n'apercevait rien, on les suivit vers la place qu'ils désignaient. On examina scrupuleusement le terrain, on approcha la lanterne de chaque motte de terre, mais on ne trouva rien.
Le soir du jour suivant, ils conduisirent avec eux un autre prêtre, Joseph Lindinier ; et comme ils s'étaient aperçus que Dieu avait choisi les enfants pour leur révéler ses merveilles, ils emmenèrent aussi quatre autres enfants du village. Ils ne tardèrent pas à apercevoir un grand nombre de lumières au pied d'un peuplier. On fit donc de nouvelles recherches, mais sans rien découvrir qui pût indiquer la cause de cet étrange phénomène.
Les prêtres se retirèrent alors, les enfants les suivirent. Mais, au moment où ces enfants sortirent du champ pour s'engager dans la grande route, éclata un grand cri de la foule réunie dans le champ, et comme s'ils eussent été traînés par une force magique, ils se mirent à retourner sur leurs pas. Bientôt la même force les jeta par terre à la renverse ; avant qu'ils se fussent remis sur pied, une vive lumière jaillissant tout près d'eux à côté du peuplier éblouit leurs yeux : et sur les rayons de cette splendeur céleste, s'élevait doucement une colombe qui ne tarda pas à prendre son vol et à disparaître.
Aussitôt ils se précipitent vers le peuplier et se mettent à remuer la terre autour de l'arbre. Soudain Puccini aperçoit sur le gazon un petit objet rond d'une blancheur éclatante, reconnaît une Hostie et crie qu'on aille chercher les prêtres.
Il était deux heures du matin. Le peuple, transporté de joie en apprenant qu'on a retrouvé le Très Saint Sacrement d'une manière si extraordinaire, se presse autour de Jacques Guarino et suit avec une anxiété fébrile tous les mouvements du vénérable prêtre. Celui-ci, creusant la terre avec des précautions infinies, a la consolation de recueillir quarante Hosties. Il les place dans un ciboire sous un petit dais élevé en toute hâte au pied du peuplier et, d'une voix coupée par les sanglots, il entonne l'hymne d'action de grâces, le « Te Deum ».
Les Hosties cachées étaient restées cachées sous terre pendant l'intervalle d'environ un mois. Or, malgré un hiver très rigoureux et des pluies torrentielles, on les retrouva en parfait état de conservation, blanches ; intactes ; le bord seul avait été légèrement taché par la boue. Bien plus, la terre qui avait été en contact avec le corps de Jésus-Christ et que l'on avait recueillie absolument sèche dans un linge très propre, se mit à distiller une eau limpide.
Cependant la religieuse population de Paterno n'était point satisfaite. On avait su par diverses attestations que les deux ciboires renfermaient une centaine d'Hosties consacrées au moment où les voleurs les avaient enlevées du tabernacle. Quarante avaient été retrouvées, qu'étaient devenues les autres ?
Le soir du jeudi suivant, les trois jeunes gens dont Dieu s'était servi pour guider les recherches, Orefice, Marotta et Piccini, accoururent près de Jérôme Guarino : les lumières avaient paru de nouveau. Guarino partit avec eux.
On cherchait depuis longtemps sans succès quand Joseph Orefice : Voilà, dit-il, en se mettant à genoux pour marquer la place de plus près, voilà où il faut chercher avec soin !
Il posait en même temps la main à terre, et il sentit que le sol se dérobait. Guarino saisit alors un couteau et commença à creuser lui-même. Tout à coup, il entendit un bruit sec, comme celui que produit une Hostie que l'on brise, et il s'arrêta en proie à une vive émotion : il se trouvait en face d'une excavation à laquelle une grande motte de terre servait de couvercle ; plus de cinquante Hosties étaient là, entières, blanches, aussi parfaitement conservées que celles qu'on avait découvertes auparavant.
Ce furent des transports de joie universelle quand on les reporta à l'église de Paterno : le peuple pouvait désormais glorifier Dieu de ses merveilles, puisque toutes les Hosties avaient enfin été retrouvées.
Tous ces détails sont extraits des actes du procès ordonné par l'autorité ecclésiastique et que l'on conserve dans les archives de l'archevêché de Naples. Sans nous arrêter davantage aux diverses dépositions qui furent faites durant l'enquête, nous ne voulons pas omettre le témoignage suivant qui est dû au curé de Paterno, Mathias d'Anna ; c'est l'écho d'une tradition constante dans le pays :
Pendant l'intervalle qui s'écoula entre le vol sacrilège et l'apparition des lumières, un muletier nommé François Jodice, âgé de vingt-sept ans, qui retournait à Naples vers le soir, voyait souvent dans le champ où furent enterrées les saintes Hosties une dame qui se tenait appuyée contre un arbre. Un soir, il s'enhardit à lui demander ce qu'elle faisait ainsi solitaire dans ce champ.
"Je suis là, répondit-elle, pour veiller à la garde de mon fils !"
Quand on eut trouvé les Hosties consacrées, tout le monde comprit clairement que cette dame devait être l'auguste Vierge Marie.
Quant aux Hosties consacrées autour desquelles la puissance divine avait ainsi multiplié les merveilles, le Vicaire général de Naples en fit la reconnaissance canonique et les plaça dans deux cylindres de cristal fermés par des cercles d'argent, afin qu'on pût dans la suite les exposer à la vénération des fidèles.
NDLR : L'article qui précède avait été publié dans une ancienne revue qui était dirigée par les Pères du Saint-Sacrement de Montréal.