ZF05040607 - 2005-04-06 par l'archevêque de Moscou
L'écroulement des rideaux de fer et du mur de Berlin a été, sans doute, l'un des événements les plus miraculeux sous le règne du grand Pape Jean-Paul II. Voici ce que nous tirons de Zenit, agence de presse du Vatican : :
ROME, Mercredi 6 avril 2005 (ZENIT.org) - « Jean-Paul Il est devenu la voix des catholiques de l'ex-Union soviétique, a constaté l'archevêque catholique de Moscou dans une interview donnée à Zenit, et dans laquelle il analyse l'héritage que le pape a laissé en Russie, un pays où le Pape n'a jamais pu se rendre.
« Nous nous en souviendrons comme du pape qui nous a parlé, mais dans le même temps comme du pontife qui s'est rangé de notre côté et s'est exprimé en notre nom quand nous n'avions pas la possibilité de le faire », a affirmé le prélat.
Mgr Kondrusiewicz, archevêque de l'archidiocèse de la Mère de Dieu à Moscou, se rendra à Rome pour les funérailles du pape ce vendredi, mais rentrera immédiatement en Russie pour poursuivre la célébration de la Messe en suffrage du pontife défunt.
Comme il l'a affirmé dans l'homélie de dimanche dernier, « Les catholiques de Russie ont une reconnaissance particulière à son égard. Nous ne pouvons oublier l'amour du premier pape slave pour la Russie ».
« Le monde entier a été témoin de son désir incessant de développer le dialogue et la collaboration avec l'Église orthodoxe russe. Jean-Paul Il s'est adressé à plusieurs reprises au peuple russe et aux frères orthodoxes », a-t-il dit.
« Jean-Paul Il nous a donné confiance : avec son premier appel à ouvrir les portes et les frontières au Christ, il nous a donné, à nous, chrétiens catholiques de l'ex-Union soviétique, une nouvelle espérance », a ensuite ajouté l'archevêque.
« Jean-Paul II – a-t-il poursuivi – a reconstruit et restauré les églises catholiques existantes avant 1917 et a tant aimé la Russie. Il était slave et aimait également les orthodoxes »,
« Le climat d'espérance et de dialogue avec les orthodoxes demeure. Nous sommes condamnés au dialogue, et cette direction prise par le pape doit être poursuivie. Bien sûr, c'est l'Esprit-Saint qui guide l'Église, mais nous sommes des instruments et il dépend aussi de nous que ce climat demeure et se développe ».
« Il y a eu tant de signes et de paroles également en langue russe comme lors de son voyage en Lituanie qui l'ont rapproché, et surtout cette icône de la Vierge de Kazan remise par le cardinal Kasper », a-t-il constaté.
« Les gens l'aimaient : dimanche dernier pour Pâques, toutes les Églises de Moscou étaient pleines lors des messes », a ajouté le Prélat.
« Le pape était proche de tous, ouvert, à l'écoute, il conseillait et aimait les personnes », a conclu l'archevêque, qui avait rendu visite au pape à la polyclinique Gemelli, quelques jours avant sa mort.
ZF05041006 - 2005-04-10 par le cardinal Barragan
ROME, Dimanche 10 avril 2005 (ZENIT.org) – Deux cardinaux ont évoqué ces derniers jours de tels événements. D'une part, le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, 71 ans, président du Conseil pontifical pour la Pastorale de la santé, et qui a représenté le pape lors de différentes Journées mondiales du Malade.
Le quotidien italien « ll corriere della sera » a en effet rapporté samedi cette confidence du cardinal : « En 1990, je me souviens que c'était au déjeuner, j'ai montré au Saint-Père une photo faite quelques mois auparavant : Jean-Paul II à l'aéroport de Zacatecas, embrassant un enfant de quatre ans, le visage amaigri, dévasté par la leucémie en phase terminale, une joue quasi putréfiée. Je lui ai demandé : vous vous en souvenez, Saint- Père ? » il répondit : « Et alors, Éminence ? » Je lui ai fait voir l'autre photo, plus récente, le même enfant, désormais guéri.
« Je m'en souviens très bien, il y a des choses qui restent imprimées toute la vie. Jusque-là le pape avait joyeusement plaisanté. On bavardait en parlant de tant de choses. Mais lorsqu'il a vu les deux photos, il devint subitement très sérieux et me dit : « Dieu fait des choses grandes et merveilleuses »,
Le cardinal Barragan commente : « Je crois avoir été témoin d'un événement merveilleux. Pour pouvoir proclamer qu'il s'agit d'un miracle, il faut d'abord exclure toute explication rationnelle ou scientifique. De fait, tous les hôpitaux avaient refusé de prendre en charge l'enfant, jugé incurable. Le pronostic vital était réduit à quelques jours »,
C'était le 2 mai 1990, précise le cardinal Barragan, lors de l'atterrissage de Jean-Paul II à l'aéroport de Mexico. Cet enfant, Heron Badillo, avait une colombe à la main, « Le pape lui a dit, raconte le cardinal mexicain : « Laisse cette colombe s'envoler ! Puis il l'a embrassé... Vous auriez dû voir l'état de sa peau ! »
Le cardinal continue : « Après cinq ou six mois, tout était guéri. Il était devenu un garçon très fort. Et l'an dernier, je l'ai accompagné chez le pape avec ses parents, et il les a bénis. Son père, par ailleurs, n'était pas croyant, et il n'avait même pas voulu accompagner son fils à l'aéroport : maintenant il a une foi plus grande que la mienne ! »
Mais aucune documentation sur ce fait inexplicable n'a encore été rassemblée, explique le cardinal Barragan. « J'avais fait voir les photos de l'enfant à don Stanislas, et c'est lui qui m'a accompagné au déjeuner avec le Saint-Père. Mais lorsque je lui ai parlé d'enquête, il m'a dit : on ne fait pas d'enquête tant que le pape est vivant ! Maintenant, on pourrait entendre le témoignage des médecins qui ont soigné l'enfant à l'époque, et qui sont encore en vie. Et ainsi, récupérer les documents. Je suis prêt à témoigner ».
ROME, Dimanche 10 avril 2005 (ZENIT.org) – Un autre témoignage a été repris par les media italiens quasi en direct, samedi soir à Saint-Pierre. Il s'agit de celui du cardinal Francesco Marchisano, archiprêtre de la basilique vaticane. C'est à lui que revenait de présider, à 17 h, à Saint-Pierre, en présence des fidèles de la Cité du Vatican, la messe du second jour des « Novem diales », des neuf jours de prière pour le souverain pontife, à partir de ses funérailles.
Dans son homélie, le cardinal a témoigné qu'il avait perdu l'usage de la parole. « Il y a cinq ans, disait-il, j'ai été opéré à la carotide. Après l'intervention, je me suis réveillé muet à cause d'une erreur des médecins. Quelques jours après, le pape Wojtyla m'a invité à déjeuner. Il était très attentif à recueillir péniblement ce que je cherchais à dire avec une grande difficulté. À la fin, il s'est levé. Il s'est approché de moi et il m'a caressé longuement, du côté de la carotide en me disant : « Ne t'inquiète pas, tu guériras vite, le Seigneur t'aidera à retrouver la parole ».
« Moi, continuait le cardinal, ému, je l'ai embrassé fort, comme un père, et il s'en est ému à son tour et m'a dit : « Merci ! ».
Dans son homélie, le cardinal Marchisano a ainsi évoqué sa longue amitié avec Karol Wojtyla, commencée en 1962, lorsque le futur Jean-Paul II était évêque auxiliaire de Cracovie. « Il a toujours été très fraternel avec moi. Le Seigneur m'a accordé la grâce de connaître le pape de très près ».