Nous puisons des extraits de ce beau texte, dans l'Osservatore Romano, édition française, du 3 avril 2001. Les titres et sous-titres sont de Vers Demain.
Les deux branches de l'Ordre du Carmel, antique et réformé, ont consacré l'an 2001 à la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel. À cette occasion qui coïncide également avec le 750e anniversaire de la remise du Scapulaire, le Pape Jean-Paul II a envoyé un Message aux Carmes...
4. Cette intense vie mariale, qui s'exprime à travers une prière confiante, à travers une louange enthousiaste et une imitation diligente, conduit à comprendre comment la forme la plus authentique de la dévotion à la Très Sainte Vierge, exprimée par l'humble signe du Scapulaire, est la consécration à son Cœur Immaculé (cf Pie XII, lettre Neminem perfecto latet, 11 février 1950 ; AAS 42, 1950, pp. 390-391 ; Const. dogm. sur l'Église Lument Gentium, no 67.)
... Ce riche patrimoine du Carmel est devenu, au cours des temps, à travers la diffusion de la dévotion du Saint Scapulaire, un trésor pour toute l'Église. En raison de sa simplicité, de sa valeur anthropologique et de son rapport avec le rôle de Marie à l'égard de l'Église et de l'humanité, cette dévotion a été profondément et amplement reçue par le peuple de Dieu, au point de trouver une expression dans la fête du 16 juillet, présente dans le calendrier liturgique de l'Église universelle.
5. Le signe du Scapulaire constitue une synthèse éloquente de la spiritualité mariale qui alimente la dévotion des croyants, les rendant sensibles à la présence aimante de la Vierge Mère dans leur vie. Le Scapulaire est essentiellement un « habit ». Celui qui le reçoit est inclus ou associé d'une façon plus ou moins intime à l'Ordre du Carmel, consacré au service de la Madone pour le bien de toute l'Église (cf. Formule sur l'imposition du Scapulaire, dans le « Rite de la bénédiction et de l'imposition du Scapulaire », approuvé par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, 5/1/1996). Celui qui revêt le Scapulaire est donc introduit dans la terre du Carmel, pour qu'« il en mange les fruits et les produits. » (cf. Jr 2, 7) ; et qu'il fasse l'expérience de la présence douce et maternelle de Marie, dans l'engagement quotidien de se revêtir intérieurement de Jésus-Christ et de le manifester de façon visible en soi pour le bien de l'Église et de toute l'humanité (cf. Formule de l'imposition du Scapulaire, cit.).
Les vérités évoquées sous le signe du Scapulaire sont donc au nombre de deux : d'une part, la protection permanente de la Très Sainte Vierge, non seulement au cours du chemin de la vie, mais au moment du passage vers la plénitude de la gloire éternelle. De l'autre, la conscience que la dévotion envers Elle ne peut se limiter à des prières et des hommages en son honneur, dans certaines circonstances, mais qu'elle doit constituer un « habit », c'est-à-dire une orientation permanente de sa propre conduite chrétienne, tissée de prière et de vie intérieure, à travers la pratique fréquente des Sacrements et l'exercice concret des œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle. De cette façon le Scapulaire devient un signe d'« alliance » et de communion réciproque entre Marie et les fidèles : en effet, il traduit de manière concrète l'acte par lequel Jésus confia sa Mère à Jean, sur la Croix, et à travers lui à nous tous, et la consigne de l'apôtre bien-aimé et de nous tous à Marie, constituée comme notre Mère spirituelle.
6. Le témoignage de sainteté et de sagesse de nombreux saints et saintes du Carmel, qui ont tous grandi à l'ombre de Marie et sous sa protection, représente un splendide exemple de cette spiritualité mariale, qui modèle intérieurement les personnes et les configurés au Christ, premier-né de nombreux frères.
Moi aussi, depuis longtemps, je porte sur mon cœur le Scapulaire du Carmel ! En raison de l'amour que j'éprouve pour notre Mère céleste commune, dont je ressens constamment la protection, je souhaite que cette année mariale aide tous les religieux et religieuses du Carmel et les pieux fidèles qui la vénèrent filialement, à grandir dans son amour et à faire rayonner dans le monde la présence de cette femme du silence et de la prière, invoquée comme Mère de la miséricorde, Mère de l'espérance et de la grâce.
Avec ce vœux, je donne volontiers ma Bénédiction apostolique à tous les frères, les moniales, les sœurs, les laïcs et les laïques de la Famille carmélite, qui se prodiguent pour diffuser parmi le peuple de Dieu la véritable dévotion envers Marie, Étoile de la mer et Fleur du Carmel !
Du Vatican, le 25 mars 2001 Joannes Paulus II