En juillet dernier, le Vatican, par l'entremise de la Congrégation pour le Clergé, publiait un document adressé à tous les prêtres, intitulé « Le prêtre, maître de la Parole, Ministre des Sacrements et Guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien », et donne des orientations sur ce que doit être le prêtre de l'an 2000 : un modèle pour tous les chrétiens, fidèle aux enseignements du Saint-Père, et qui n'a pas peur de proclamer dans son intégrité toute les vérités enseignées par l'Église, même les points les moins populaires. Voici quelques extraits de ce document, tels que publiés dans L'Osservatore Romano du 20 juillet 1999 :
Un effort apostolique croissant de tous dans l'Église, à la fois personnel et communautaire, renouvelé et généreux, est nécessaire. Pasteurs et fidèles, particulièrement encouragés par le témoignage personnel et par l'enseignement lumineux de Jean-Paul II, doivent comprendre toujours plus profondément que le temps d'accélérer le pas est arrivé... Beaucoup de baptisés, citoyens d'un monde indifférent sur le plan religieux, bien que conservant une certaine foi, vivent pratiquement dans l'indifférentisme religieux et moral, loin de la Parole et des Sacrements, sources essentielles de la vie chrétienne. Mais également beaucoup d'autres, nés de parents chrétiens et peut-être même baptisés, n'ont pas reçu les fondements de la foi et mènent une existence pratiquement athée. L'Église les regarde tous avec amour, ressentant particulièrement à leur égard le devoir urgent de les attirer dans la communion ecclésiale où, avec la grâce de l'Esprit Saint, ils retrouveront Jésus-Christ et le Père...
Il est fondamental de former les fidèles à ce qui constitue l'essence du saint Sacrifice de l'Autel, et d'encourager leur participation fructueuse à l'Eucharistie.
Il est également nécessaire d'insister, sans jamais se lasser et sans crainte, sur l'obligation de suivre le précepte dominical et sur le bienfait d'une participation fréquente, si possible même quotidienne, à la célébration de la messe et à la communion eucharistique. Il faut rappeler le grave devoir de recevoir le Corps du Christ selon les conditions spirituelles et corporelles requises, et donc de commencer par la confession sacramentelle individuelle si l'on a conscience de ne pas être en état de grâce...
La nouvelle évangélisation implique de retrouver et de renforcer certaines pratiques pastorales qui manifestent la foi en la présence réelle du Seigneur sous les espèces eucharistiques. « Le prêtre a pour mission d'encourager le culte de la présence eucharistique, même en dehors des célébrations de la messe, en s'efforçant de faire de son église une "maison de prière" chrétienne ». Il est avant tout nécessaire que les fidèles connaissent profondément les conditions indispensables pour recevoir avec profit la communion. De même, il est important d'encourager leur dévotion pour le Christ qui les attend avec amour dans le tabernacle.
Une façon simple et efficace de faire une catéchèse eucharistique est le soin matériel de tout ce qui se réfère à l'église et, en particulier, à l'autel et au tabernacle : propreté et noblesse, dignité des ornements et des vases sacrés, attention accordée à la célébration des cérémonies liturgiques, pratique fidèle de la génuflexion, etc. En outre, il est particulièrement important d'assurer un climat de recueillement dans la chapelle du Saint-Sacrement, suivant la tradition multiséculaire de l'Église, afin de garantir le silence qui facilite le colloque aimant avec le Seigneur. Cette chapelle, ou en tout cas le lieu où est conservé et adoré le Christ fait Sacrement, constitue sans nul doute le cœur de nos édifices sacrés et, en tant que tel, nous devons chercher à le mettre en évidence et à en faciliter l'accès le plus longtemps possible au cours de la journée. Il faudra aussi l'orner avec un véritable amour.
La nouvelle évangélisation exige donc — et c'est une exigence pastorale absolument incontournable — un engagement renouvelé pour faire en sorte que les fidèles s'approchent du sacrement de la Pénitence, « qui aplanit la route de chacun, même quand il est accablé par de lourdes fautes. Dans ce sacrement, tout homme peut expérimenter de manière unique la miséricorde, c'est-à-dire l'amour qui est plus fort que le péché ». Nous ne devons absolument pas avoir peur d'encourager avec ardeur la pratique de ce sacrement, sachant rénover et revitaliser intelligemment des traditions chrétiennes héritées de longue date et bénéfiques. En un premier temps, il s'agira d'amener les fidèles, avec l'aide de l'Esprit Saint, à une profonde conversion qui entraîne la reconnaissance sincère et contrite des désordres moraux présents dans la vie de chacun ; il sera ensuite nécessaire d'enseigner l'importance de la confession individuelle fréquente, jusqu'à parvenir, dans la mesure du possible, à entreprendre une direction spirituelle personnelle authentique...
Offrir à tous les fidèles la possibilité réelle d'accéder à la confession requiert sans aucun doute d'y consacrer beaucoup de temps. Il est vivement conseillé de fixer à l'avance des périodes de temps consacrées au confessionnal, qui soient connues de tous, sans se limiter à limiter à une disponibilité théorique. Parfois, le fait de devoir chercher un confesseur peut suffire à dissuader un fidèle de l'intention de se confesser, alors que les fidèles "vont volontiers recevoir ce sacrement là où ils savent qu'il y a des prêtres disponibles". Les paroisses et, en général, les églises affectées au culte devraient avoir un horaire clair, assez étendu et commode pour les confessions ; il revient aux prêtres d'assurer que cet horaire soit respecté avec régularité. Conformément à ce souci de faciliter le plus possible aux fidèles l'accès au sacrement de la réconciliation, il est bon également de bien soigner les endroits où se trouvent les confessionnaux : la propreté, leur visibilité, la possibilité de choisir l'usage de la grille et de conserver l'anonymat, etc... Il n'est pas toujours facile de maintenir et de défendre ces pratiques pastorales, mais ce n'est pas une raison pour taire leur efficacité et le bénéfice qu'il y aurait à les reprendre là où elles seraient tombées en désuétude...
Le prêtre n'est qu'un administrateur, dans le Christ et dans l'Esprit Saint, des dons que l'Église lui a confiés et, en tant que tel, il n'a pas le droit de les omettre, de les détourner ou de les modeler à son gré. Par exemple, il n'a pas reçu l'autorité de n'enseigner aux fidèles qui lui ont été confiés que quelques-unes des vérités de la foi chrétienne, en en négligeant d'autres qu'il considère comme plus difficiles à accepter ou « moins actuelles ».
« La nouvelle évangélisation a besoin de nouveaux évangélisateurs, et ceux-ci sont les prêtres qui s'engagent à vivre leur sacerdoce comme un chemin spécifique de sainteté ». Pour qu'il en soit ainsi, il est fondamental que chaque prêtre redécouvre quotidiennement l'absolue nécessité de sa sainteté personnelle. « Il faut commencer par se purifier soi-même avant de purifier les autres ; il faut être instruit pour pouvoir instruire ; il faut devenir lumière pour éclairer, se rapprocher de Dieu pour faire en sorte que les autres se rapprochent de lui, être sanctifié pour sanctifier ». (Saint Grégoire de Naziance, Orationes.) Cet effort se concrétise dans la recherche d'une profonde unité de vie qui conduit le prêtre à essayer d'être et de vivre comme un autre Christ dans toutes les circonstances de sa vie.
Les fidèles de la paroisse, ou ceux qui participent aux diverses activités pastorales, voient ― ils observent ! — et entendent ! — ils écoutent ! — non seulement quand la Parole de Dieu est prêchée, mais aussi quand les différents actes liturgiques sont célébrés, en particulier la sainte messe ; quand ils se rendent au bureau paroissial où ils s'attendent à être reçus de façon accueillante et aimable ; quand ils voient le prêtre qui mange ou se repose et qu'ils demeurent édifiés par son exemple de sobriété et de tempérance ; quand ils vont le trouver chez lui et se réjouissent de la simplicité et de la pauvreté sacerdotales dans lesquelles il vit ; quand ils le voient revêtir son habit propre de manière adaptée, ordonnée et complète ; quand ils parlent avec lui, même des sujets les plus communs, et qu'ils se sentent confortés en constatant sa vision surnaturelle des choses, sa délicatesse et le style humain avec lequel il traite les personnes — même les plus humbles — avec une noblesse sacerdotale authentique.
Le document de la Congrégation pour le Clergé ajoute quelques questions qui a- mènent chaque prêtre à faire un examen de conscience :
+ Les prêtres sont-ils encouragés à dédier du temps à l'étude de la théologie, à la lecture des Pères, des docteurs de l'Église et des saints ? Des efforts sont-ils faits pour connaître et faire connaître les grands maîtres de la spiritualité ?
+ Les prêtres font-ils usage des catéchèses et des enseignements du Saint-Père, ainsi que des divers documents du Saint- Siège ?...
+ Nos communautés sont-elles une "Église de l'Eucharistie et de la Pénitence" ? Y alimente-t-on la dévotion eucharistique sous toutes ses formes ? La pratique de la confession individuelle est-elle expliquée et rendue aisée ?
+ Fait-on habituellement référence à la présence réelle du Seigneur dans le tabernacle, en encourageant, par exemple, la pratique fructueuse de la visite au Saint Sacrement ? Les actes de culte eucharistique sont-ils fréquents ? Nos églises disposent-elles d'un milieu qui encourage à prier devant le Saint Sacrement ?
+ Certaines vérités de foi ou certains principes moraux sont-ils facilement omis dans la prédication ?
Prions pour nos prêtres, afin qu'ils soient des modèles de sainteté pour toute la communauté chrétienne ! Marie, Pleine de grâce et Mère de la grâce, prenez soin de vos fils prêtres qui, comme vous, sont appelés à être les collaborateurs de l'Esprit-Saint qui fait renaître Jésus dans le cœur des fidèles. En l'anniversaire de la naissance de votre Fils, enseignez-leur à être de fidèles dispensateurs des mystères de Dieu : ainsi, avec votre aide, ils ouvriront à de nombreuses âmes le chemin de la Réconciliation et feront de l'Eucharistie la source et le sommet de leur vie et de celle des fidèles qui leur sont confiés. Amen.