Nous puisons dans l'Osservatore Romano du 22 octobre 2002, les beaux textes suivants écrits par le Saint-Père sur le Rosaire. Vers Demain désire aider à faire connaître la beauté du Rosaire en publiant en entier le texte de la lettre apostolique du Pape Jean-Paul II, adressée à l'Épiscopat, au clergé et aux fidèles, sur le Rosaire. Nous offrons copies de ces 16 pages du journal Vers Demain, gratuitement, à quiconque veut en distribuer autour de lui.
ANGELUS de Castel Gandolfo le 29 septembre 2002
Très chers frères et sœurs !
1. Nous sommes désormais au seuil du mois d'octobre qui, avec la mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge du Rosaire, nous encourage à redécouvrir cette prière traditionnelle, si simple et dans le même temps si profonde.
Le Rosaire est un itinéraire de contemplation du visage du Christ accompli, pour ainsi dire, avec les yeux de Marie. C'est donc une prière qui s'enracine dans le cœur même de l'Évangile, qui reste en pleine harmonie avec l'inspiration du Concile Vatican II et qui est dans la droite ligne de l'orientation que j'ai donnée dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte : il est nécessaire que l'Église "avance en eaux profondes" dans ce nouveau millénaire, en repartant de la contemplation du visage du Christ.
Je souhaite donc suggérer la récitation du Rosaire aux personnes, aux familles, aux communautés chrétiennes. Pour donner force à cette invitation, je suis également en train de préparer un document, qui aide à redécouvrir la beauté et la profondeur de cette prière.
2. Je désire une fois de plus confier la grande cause de la paix à la prière du Rosaire. Nous nous trouvons face à une situation internationale chargée de tensions, parfois à la limite de l'embrasement. Dans certains lieux de la terre, où les conflits sont plus tendus - je pense en particulier à la terre martyrisée du Christ - on se rend compte que les tentatives de la politique, même si elles sont toujours nécessaires, servent peu si les âmes demeurent dans un état d'exaspération et si l'on n'est pas capable de porter un nouveau regard du cœur pour reprendre avec espérance les fils du dialogue.
Mais qui peut diffuser de tels sentiments, sinon Dieu seul ? Il est plus que jamais nécessaire que ce soit vers Lui que s'élève du monde entier l'invocation pour la paix. Précisément dans cette perspective, le Rosaire se révèle une prière particulièrement adaptée. Il édifie la paix non seulement parce qu'il fait appel à la grâce de Dieu, mais aussi parce qu'il place en celui qui le récite cette semence de bien, dont on peut espérer des fruits de justice et de solidarité dans la vie personnelle et communautaire.
Je pense aux nations, mais également aux familles. Combien la paix serait renforcée dans les relations familiales si l'on reprenait la récitation du Rosaire en famille !
Très chers frères et sœurs !
1. Au cours de mon récent voyage en Pologne, je me suis adressé ainsi à la Sainte Vierge : "Mère Très Sainte [...] obtiens pour moi les forces du corps et de l'esprit, afin que je puisse accomplir jusqu'à son terme la mission que m'a confiée le Ressuscité. À Toi, je remets tous les fruits de ma vie et de mon ministère ; à Toi, je confie le sort de l'Église ; [...] en Toi j'ai confiance et à Toi encore une fois je déclare : Totus tuus, Maria ! Totus tuus ! Amen" (Kalwaria Zebrzydowska, 19 août 2002 ; cf. ORLF n. 35 du 27 août 2002).
Je répète ces paroles aujourd'hui, en rendant grâce à Dieu pour mes vingt-quatre années de service à l'Église sur le siège de Pierre. En ce jour particulier, je confie à nouveau entre les mains de la Mère de Dieu la vie de l'Église et celle si tourmentée de l'humanité. Je Lui confie également mon avenir. Je dépose tout entre ses mains, afin qu'avec un amour de mère, elle le présente à son fils, "à la louange de sa gloire" (Ep 1, 12).
2. Le centre de notre foi est le Christ, Rédempteur de l'homme. Marie ne lui porte pas d'ombre, pas plus qu'à son œuvre salvifique. Élevée au ciel corps et âme, la Vierge, la première à goûter les fruits de la passion et de la résurrection de son fils, est celle qui de la façon la plus sûre nous conduit au Christ, le but ultime de notre activité et de toute notre existence. C'est pourquoi, en adressant à l'Église tout entière, dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, l'exhortation du Christ à "avancer en eau profonde", j'ai ajouté que "la Vierge très sainte nous accompagne sur, ce chemin. C'est à elle que [...] avec de nombreux évêques [...], j'ai confié le troisième millénaire" (n. 58). Et en invitant les croyants à contempler de façon incessante le visage du Christ, j'ai profondément désiré que Marie, sa Mère, soit pour tous la maîtresse de cette contemplation.
3. Aujourd'hui, j'entends exprimer ce désir avec plus d'éclat à travers deux gestes symboliques. Je signerai dans quelques instants la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae. En outre, avec ce document, consacré à la prière du Rosaire, je proclame l'année qui va d'octobre 2002 à octobre 2003, "Année du Rosaire". Je le fais non seulement parce que cette année est la vingt-cinquième de mon pontificat, mais également parce que cette année marque le cent-vingtième anniversaire de l'Encyclique Supremi Apostolatus Officio, avec laquelle, le 1 septembre 1883, mon Vénéré Prédécesseur, le Pape Léon XIII, inaugura le début de la publication d'une série de documents précisément consacrés au Rosaire. Il y a également une autre raison : dans l'histoire des Grands Jubilés, on avait coutume, après l'Année jubilaire consacrée au Christ et à l'œuvre de la Rédemption, de consacrer une autre année à Marie, comme pour implorer d'Elle une aide permettant de faire fructifier les grâces reçues.
4. Pour la tâche exigeante, mais extraordinairement riche de contempler le visage du Christ avec Marie, existe-t-il un meilleur moyen que la prière du Rosaire ? Nous devons cependant redécouvrir la profondeur mystique contenue dans la simplicité de cette prière, si chère à la tradition populaire. Dans sa structure, en effet, cette prière mariale est surtout une méditation des mystères de la vie et de l'œuvre du Christ. En répétant l'invocation de l'Ave Maria, nous pouvons approfondir les événements essentiels de la mission du Fils de Dieu sur terre, qui nous ont été transmis par l'Évangile et par la Tradition. Pour que cette synthèse de l'Évangile soit plus complète et offre une plus grande inspiration, j'ai proposé, dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, d'ajouter cinq autres mystères à ceux actuellement contemplés dans le Rosaire, et je les ai appelés "mystères lumineux". Ils comprennent la vie publique du Sauveur, du Baptême dans le Jourdain jusqu'au début de la Passion. Cette suggestion a pour but d'amplifier l'horizon du Rosaire, afin qu'il soit possible à celui qui le récite avec dévotion, et non de façon mécanique, de pénétrer encore plus profondément dans le contenu de la Bonne Nouvelle et de conformer toujours sa propre existence à celle du Christ.
5. Je vous remercie, vous tous ici présents, ainsi que ceux qui, en ce jour particulier, sont spirituellement unis à moi. Je vous remercie de votre bienveillance et en particulier de l'assurance de votre soutien constant dans la prière. Je confie ce document sur le Saint Rosaire aux pasteurs et aux fidèles du monde entier. L'Année du Saint-Rosaire, que nous vivrons ensemble, produira certainement des fruits bénéfiques dans le cœur de tous, elle renouvellera et intensifiera l'action de la grâce du grand Jubilé de l'An 2000 et elle deviendra une source de paix pour le monde.
Que Marie, Reine du Saint-Rosaire, que nous voyons ici, dans la belle image vénérée à Pompéi, conduise les fils de l'Église à la plénitude de l'union avec le Christ dans sa gloire !
Jean-Paul II