Après la canonisation de Jean-Paul II et de Jean XXIII en avril dernier, c’est maintenant au tour d’un troisième Pape d’obtenir l’honneur des autels en 2014. En effet, le dimanche 19 octobre, le Pape François a présidé, sous un soleil radieux, une messe solennelle sur le parvis de la basilique Saint-Pierre pour la clôture de l’Assemblée extraordinaire du Synode des évêques sur la famille, et la béatification du Pape Paul VI. Une célébration en présence du Pape émérite Benoît XVI que le Saint-Père a chaleureusement salué à son arrivée. Le bienheureux Paul VI sera fêté liturgiquement le 26 septembre, en la date de sa naissance. La relique apportée près de l’autel après la formule de béatification était la chemise teintée de son sang, à l’occasion de l’attentat au poignard aux Philippines, à l’aéroport de Manille, le 27 novembre 1970. Voici des extraits de l’homélie du Pape François :
« À l’égard de ce grand Pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé Pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église !
« Dans son journal personnel, le grand timonier du Concile, au lendemain de la clôture des Assises conciliaires, a noté : “Peut-être n’est-ce pas tant en raison d’une aptitude quelconque ou afin que je gouverne et que je sauve l’Église de ses difficultés actuelles, que le Seigneur m’a appelé et me garde à ce service, mais pour que je souffre pour l’Église, et qu’il soit clair que c’est Lui, et non un autre, qui la guide et qui la sauve” » (P. Macchi, Paul VI à travers son enseignement, de Guibert 2005, p. 105). Dans cette humilité resplendit la grandeur du bienheureux Paul VI qui, alors que se profilait une société sécularisée et hostile, a su conduire avec une sagesse clairvoyante – et parfois dans la solitude – le gouvernail de la barque de Pierre sans jamais perdre la joie ni la confiance dans le Seigneur.
« Paul VI a vraiment su “rendre à Dieu ce qui est à Dieu” en consacrant sa vie tout entière à “l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ” (Homélie pour le rite du couronnement, 30 juin 1963), en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit “en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut” (Encyclique Ecclesiam Suam, Prologue). »
A la fin de la cérémonie, avant la prière de l’Angélus, le Pape François a souligné combien le bienheureux Paul VI avait été un pape missionnaire et un pape marial : « Je vous remercie tous de votre présence et je vous exhorte à suivre fidèlement les enseignements et l’exemple du nouveau bienheureux. Il a été un ardent soutien de la mission ad gentes ; comme en témoigne surtout son Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi par laquelle il voulait réveiller l’élan et l’engagement pour la mission de l’Eglise. Cette exhortation est encore actuelle, a toute son actualité.
« Avant d’invoquer tous ensemble la Vierge Marie, avec la prière de l’Angélus, j’aime à souligner la profonde dévotion mariale du bienheureux Paul VI. Le peuple chrétien sera toujours reconnaissant à ce pontife pour son Exhortation apostolique Marialis Cultus et pour avoir proclamé Marie “Mère de l’Eglise”, à l’occasion de la clôture de la troisième session du Concile Vatican II. Que Marie, Reine des saints, nous aide à réaliser la volonté du Seigneur fidèlement dans notre vie, comme le nouveau bienheureux l’a fait. »
La période durant laquelle Paul VI a été Pape n’a pas été facile. C’était la période de contestation de mai 1968, avec le slogan révolutionnaire « Il est interdit d’interdire », où tout était remis en question. Il a fallu beaucoup de courage au Pape Paul VI (né Jean-Baptiste Montini, né le 26 septembre 1897, et décédé le 6 août 1978, en la fête de la Transfiguration), pour tenir bon malgré toutes ces tempêtes et contestations, et garder le cap sur la foi en Jésus et en son Église. Si plusieurs Papes ont été béatifiés ou canonisés récemment, c’est justement parce que c’étaient des âmes aux qualités exceptionnelles. Nous ne remercierons jamais assez le Ciel de nous avoir donné des Souverains Pontifes de la trempe de Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II, et on peut facilement ajouter à cette liste sans hésiter Benoît XVI et le Pape actuel, François, qui ne manque jamais de demander aux fidèles de prier pour lui.
Le 10 août 1978, l’archevêque de Munich, le cardinal Joseph Ratzinger (futur Benoît XVI), livrait les paroles suivantes en hommage au Pape Paul VI, décédé quatre jours plus tôt :
« Le Pape Paul VI a accompli son service par foi. Pour cela, il a dû accepter la critique... Mais un pape qui, aujourd’hui, ne subirait pas la critique manquerait à son devoir devant l’époque. Paul VI a résisté à la télécratie (la télévision qui dicte quelle sera l’opinion publique) et à la démoscopie (en sociologie, science dont l’objet est de sonder l’opinion) les deux pouvoirs dictatoriaux d’aujourd’hui. Il a pu le faire parce qu’il ne prenait pas comme paramètre le succès et l’approbation, mais la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi....
« C’est pourquoi il a pu être inflexible et décidé quand l’enjeu était la tradition essentielle de l’Eglise. En lui, cette dureté ne dérivait pas de l’insensibilité de celui dont le chemin est dicté par le plaisir de pouvoir et le mépris des gens, mais de la profondeur de la foi, qui l’a rendu capable de supporter les oppositions. »