Les réactions n’ont pas manqué à la suite de la toute nouvelle lettre encyclique du Pape François, Laudato Si, sur «la sauvegarde de notre maison commune», la Terre (voir page 4), qui parle du besoin d’une «écologie intégrale», c’est-à-dire, qui respecte non seulement la nature et les animaux, mais aussi, et surtout, les êtres humains. Toute la création est un don de Dieu, l’homme doit en faire selon le plan, la volonté de Dieu, et non pas la gaspiller ou la détruire. Tout est lié, dit le Pape, si on ne respecte pas les êtres humains, on ne respectera pas plus la nature ni les autres êtres vivants. Benoît XVI avait écrit, dans son encyclique Caritas in veritate: «Le livre de la nature est unique et indivisible, qu’il s’agisse de l’environnement comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot du développement humain intégral.»
Même si c’est la première fois qu’une lettre encyclique d’un Pape parle exclusivement de l’environnement, le Pape François répète essentiellement ce que le Magistère de l’Église enseigne sur ce sujet, à preuve le Message que Jean-Paul II écrivait pour la Journée mondiale de la Paix 1990 (voir page 14).
Dans son encyclique, le Pape François emploie des termes très forts pour dénoncer le système financier actuel, en ajoutant que c’est le «dieu-argent» qui empêche toute réforme pouvant sauvegarder l’environnement. (Voir article en page 16.) Ceux qui ont été choqués par ces propos (allant même jusqu’à accuser le Pape d’être marxiste!) sont justement ceux qui ignorent tout de l’enseignement de l’Église sur la justice sociale. On fait de l’argent un dieu, une idole, en sacrifiant le réel – l’environnement – au signe, l’argent.
Puisque le communisme a été condamné à cause de son athéisme, ils croient à tort que le capitalisme est sans défauts. Dieu seul est parfait: tout système humain est sujet à être amélioré. Ce que l’Église enseigne, c’est que tout système économique doit être au service de la personne humaine, et que pour cela, il est souhaitable que chacun ait accès à la propriété privée et un minimum de biens essentiels, donc que chacun soit véritablement capitaliste. (Voir article page 19.) Le problème, c’est que le capitalisme a été vicié par le système financier.
À la suite des philosophes anciens, saint Thomas d’Aquin définit la justice comme étant de «rendre à chacun ce qui lui est dû». En fait, ce qu’enseigne la philosophie de la Démocratie Économique ou du Crédit Social, ce qui est dû à chaque être humain, c’est un dividende, basé sur l’héritage des richesses naturelles et du progrès.
Tout ce que le pape François propose pour sauvegarder l’environnement et la personne humaine est très louable et recommandable, mais ne peut être accompli sans une réforme du système financier actuel. En étudiant bien la question, on voit que les propositions de la Démocratie Économique ou Crédit Social, telles qu’énoncées par Clifford Hugh Douglas et Louis Even, permettraient de mettre fin au gaspillage des ressources tout en permettant l’épanouissement de la personne humaine. (Voir article page 28.)
Le Pape François suggère un changement dans nos styles de vie, et une conversion des cœurs, en réalisant tout d’abord que nous ne devons pas prendre la place de Dieu, nous sommes Ses créatures, et c’est Lui qui est le Créateur.
Les sociétés occidentales aujourd’hui, avec leurs richesses matérielles, pensent que le bonheur et la paix sont possibles en se passant de Dieu. Et pourtant, que de tristesse, de suicides, de solitude, de gens refermés sur eux-mêmes. Le Québec, avec sa sécularisation rapide des dernières années, en est un exemple frappant. Rappelons-nous les paroles de Jean-Paul II lors de son homélie à Montréal le 11 septembre 1984:
«Et c’est en vain qu’on cherche à remplacer Dieu. Rien ne saurait combler le vide de son absence. Ni l’abondance matérielle, qui ne rassasie pas le cœur; ni la vie facile et permissive, qui ne satisfait pas notre soif de bonheur; ni la seule recherche de la réussite ou du pouvoir pour eux-mêmes; ni même la puissance technique qui permet de changer le monde mais n’apporte pas de véritable réponse au mystère même de notre destinée.»
Dans Evangelii Gaudium, le pape François nous dit de faire appel à l’exemple des saints pour relever les défis actuels (n. 263): «Ne disons pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile; c’est différent. Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque.»
C’est ce que nous apprennent les saints, bienheureux et vénérables du Canada (voir page 32 et suivantes), dont nous pouvons être fiers. Si nous trouvons que la nouvelle évangélisation est difficile aujourd’hui, songeons à nos saints fondateurs, qui ont dû tout bâtir, commencer à zéro dans un nouveau pays, et même apprendre la langue des autochtones. Relevons les défis de notre temps, pour sauvegarder l’environnement en «rendant à chacun ce qui est dû!»