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Rendre à chacun ce qui lui est dû

Alain Pilote le mercredi, 01 janvier 2014. Dans Éditorial

Pape FrançoisLe Catéchisme de l’Église catholique définit ainsi la vertu de justice (n. 1807): «La justice est la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû. La justice envers Dieu est appelée “vertu de religion”. Envers les hommes, elle dispose à respecter les droits de chacun et à établir dans les relations humaines l’harmonie qui promeut l’équité à l’égard des personnes et du bien commun.»

Cette définition, courte mais exacte, doit nous donner à réfléchir. Dans bien des milieux, on parlera souvent soit des droits de l’homme, soit des droits de Dieu, mais bien rarement des deux à la fois, comme si en s’occupant de l’un, on devait nécessairement négliger ou ignorer l’autre. Et pourtant, c’est Jésus Lui-même qui dit: «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.» (Matthieu 25, 40.) Si on n’aime pas notre prochain, on n’aime pas Dieu.

Dans sa nouvelle exhortation apostolique sur la joie de l’Évangile, le Pape François en a surpris plus d’un avec sa dénonciation des structures économiques actuelles (voir article page 4), en ajoutant que tant que le problème des pauvres ne sera pas résolu, aucun autre problème ne le sera (paragraphe 202), et que si l’Église ignore ce problème des pauvres, elle est appelée à disparaître (par. 207). Ce message de «libération des pauvres» fait vraiment partie intégrante de la nouvelle évangélisation.

Ceux qui ont été le plus choqués par ces propos du Pape (allant même jusqu’à l’accuser d’être marxiste!) sont justement ceux qui ignorent tout de l’enseignement de l’Église sur la justice sociale. Puisque le communisme a été condamné à cause de son athéisme, ils croient à tort que le capitalisme est sans défauts. Dieu seul est parfait: tout système humain est sujet à être amélioré. Ce que l’Église enseigne, c’est que tout système économique doit être au service de la personne humaine, et que pour cela, il est souhaitable que chacun ait accès à la propriété privée et un minimum de biens essentiels, donc que chacun soit véritablement capitaliste. (Voir article page 12.) Le problème, c’est que le capitalisme a été vicié par le système financier.

Certains croient que pour que la justice sociale soit atteinte, il faut nécessairement taxer les plus riches pour distribuer aux plus pauvres, mais en fait ce n’est pas la seule méthode possible, ni la plus souhaitable. (Voir article page 26). Ce qui est dû à chaque être humain, c’est un dividende, basé sur l’héritage des richesses naturelles et du progrès.

Dans son encyclique Sollicitudo rei socialis, sur la question sociale, Jean-Paul II écrivait (n. 37): «Parmi les actes et les attitudes contraires à la volonté de Dieu et au bien du prochain et les «structures» qu’ils introduisent, deux éléments paraissent aujourd’hui les plus caractéristiques: d’une part le désir exclusif du profit et, d’autre part, la soif du pouvoir dans le but d’imposer aux autres sa propre volonté.»

Quelques lignes plus loin, le Pape ajoutait: «Ces attitudes et ces “structures de péché” ne peuvent être vaincues — bien entendu avec l’aide de la grâce divine — que par une attitude diamétralement opposée: se dépenser pour le bien du prochain.»

Sans la grâce divine, nous n’aurons pas le courage de nous dévouer pour nos frères et sœurs, dans un monde d’égoïsme où domine, selon l’expression du Pape François, «la mondialisation de l’indifférence». Dans Evangelii Gaudium, le Pape François écrit (n. 180): Dans la mesure où Dieu réussira à régner parmi nous, la vie sociale sera un espace de fraternité, de justice, de paix, de dignité pour tous.»

Les sociétés occidentales aujourd’hui, avec leurs richesses matérielles, pensent que le bonheur et la paix sont possibles en se passant de Dieu. Et pourtant, que de tristesse, de suicides, de solitude, de gens refermés sur eux-mêmes. Le Québec, avec sa sécularisation rapide des dernières années, en est un exemple frappant. Rappelons-nous les paroles de Jean-Paul II lors de son homélie à Montréal le 11 septembre 1984:

«Et c’est en vain qu’on cherche à remplacer Dieu. Rien ne saurait combler le vide de son absence. Ni l’abondance matérielle, qui ne rassasie pas le cœur; ni la vie facile et permissive, qui ne satisfait pas notre soif de bonheur; ni la seule recherche de la réussite ou du pouvoir pour eux-mêmes; ni même la puissance technique qui permet de changer le monde mais n’apporte pas de véritable réponse au mystère même de notre destinée.»

Dans Evangelii Gaudium, le pape François nous dit de faire appel à l’exemple des saints pour relever les défis actuels (n. 263): «Ne disons pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile; c’est différent. Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque.»

C’est ce que Mgr Lacroix de Québec nous propose avec l’ouverture de la Porte Sainte pour célébrer les 350 ans de la première paroisse en Amérique du Nord, avec l’exemple de tous les saints et bienheureux canadiens, spécialement Mgr François de Laval, le premier évêque de Québec. (Voir article page 16.) Relevons les défis de notre temps, pour «rendre à Dieu et au prochain» ce qui leur est dû!

Alain Pilote

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