Pourquoi y a-t-il tellement de ressemblance entre les deux grands partis politiques canadiens, qu'on est bien embarrassé pour faire la distinction entre leurs programmes respectifs — encore plus perplexes pour montrer en quoi ils diffèrent dans leurs administrations respectives ?
Pourquoi un Libéral est-il surtout un homme qui veut voir les rouges dedans et les bleus dehors, et un Conservateur un homme qui veut voir les bleus dedans et les rouges dehors ?
Pourquoi les Libéraux de 1942 imitent-ils les Conservateurs de 1917 après les avoir dénoncés avec véhémence pendant vingt-cinq ans ?
Pourquoi un changement d'occupants sur les collines parlementaires ne change-t-il rien au sort dont le peuple se plaint ?
Pourquoi le passage d'un gouvernement d'une couleur à un gouvernement de couleur opposée n'empêche-t-il pas les gros de continuer à manger les petits ?
Pourquoi l'Opposition, qui critique toutes les lois présentées par le Gouvernement, maintient-elle ces lois lorsqu'elle arrive au pouvoir à son tour ?
Pourquoi les concessions faites aux trusts sous un gouvernement ne sont-elles pas répudiées sous un gouvernement de couleur contraire ?
Pourquoi les whips sont-ils si bien obéis par les membres du parti ?
Pourquoi un député qui désire une longue vie parlementaire doit-il laisser sa tête — ou au moins son contenu — à la porte du Parlement ?
Pourquoi l'esprit de soumission aveugle est-il plus fructueux que le jugement chez un député de parti ?
Pourquoi notre députation québecoise à Ottawa est-elle d'un mutisme remarquable après avoir été si éloquente pendant les campagnes électorales ? Amour du silence, ou ignorance de l'anglais, ou crainte de commettre une gaffe qui couperait l'accès à la caisse du parti aux prochaines batailles ?
Pourquoi les députés ont-ils l'air beaucoup plus fatigués par une campagne électorale que par quatre sessions de six mois ?
Pourquoi les députés se résignent-ils mal à voir terminer un mandat qui place de si lourdes responsabilités sur leurs épaules ?
Pourquoi le député oublie-t-il pendant quatre ans de nombreux amis qu'il a déclarés presser sur son cœur pendant quatre semaines ?
Pourquoi les travaux de voirie redoublent-ils d'intensité à la veille des élections ?
Pourquoi y a-t-il des politiciens qui peuvent, sans s'endetter, dépenser chaque année plus que les recettes déclarées de deux ans ?
Pourquoi, en pleine capitale de notre province de Québec, Maurice Pollack a-t-il beaucoup moins de misère que la masse des Canadiens-français ?
Pourquoi les partis politiques ne tendent-ils jamais la main au peuple pour lequel ils se dévouent avec tant de zèle ?
Pourquoi un nombre croissant d'électeurs hausse-t-il les épaules lorsqu'on parle d'un appel au peuple ?
