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Pour ou contre

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 15 juillet 1942. Dans Éditorial

Le Bottin Créditiste de la province de Québec vient de pa­raître. Tous les membres de l'Association Créditiste l'ont reçu.

Les femmes de notre province font maintenant, à leur fa­çon, leur guerre aux financiers. Joyeusement, le Bottin en mains, elles se rendent chez le marchand, membre de l'Association, et font valoir leur crédit. Pour chaque dollar qu'elles doivent au marchand, elles lui passent 95 sous de l'argent du voleur, et 5 sous de l'argent du peuple. Les 95 sous serviront encore à forger des chaînes pour nos familles, mais les 5 sous brisent déjà une maille de ces chaînes. Avant l'Association Créditiste, 100% étaient de l'esclavage. Depuis l'Association, 5% sont de la liberté. 5% c'est peu, mais c'est un commencement. Et un commencement, ça laisse entrevoir une suite, et même une victoire finale, si les femmes con­tinuent à se servir de leur crédit social, et si les femmes amènent leurs voisines à se servir de ce crédit social.

Les femmes de l'Association Créditiste sont heureuses. Voyez-les.

Et les marchands de l'Association Créditiste, sont-ils heu­reux, eux aussi ?

Mais, pourquoi pas ? En voici un justement qui sourit à madame Décidée, sa nouvelle cliente. Madame Décidée a changé de fournisseur parce que l'autre n'acceptait pas le crédit de l'As­sociation. Et comme madame Décidée entend bien ne rien perdre de ses droits et reprendre la province aux trustards, madame Dé­cidée fait tout simplement ce qu'elle a à faire.

Et le marchand a tout à gagner. Pour le moment, il ne peut passer tout son crédit chez les marchands de gros, mais il prend de la clientèle, et lui aussi, il sauve la province. Et puis, il est cré­ditiste, et il sait qu'un créditiste est un homme qui se débrouille. Il compte bien aller le plus possible aux cultivateurs de chez nous dont les noms s'alignent majestueusement dans le Bottin Crédi­tiste. Ainsi, l'Achat chez nous ne sera plus seulement un discours et une charge, mais une réalité et une délivrance.

La ménagère heureuse. Le marchand heureux.

Et, celui-là derrière, lui ? Il a bien en mains aussi le Bot­tin, mais il semble soucieux, et même de fort mauvaise humeur. Pourquoi donc ? Et qui donc est-il ? Un banquier ? Un député ? Un marchand de gros ?

Qu'importe, n'en doutez pas, voilà l'ennemi ! Non, ce n'est pas lui qui se réjouira du Bottin Créditiste. Ce n'est pas lui qui se réjouira de ce que le consommateur commande la production. Ce n'est pas lui qui se réjouira de ce que l'argent soit là où il serve des besoins. Ce n'est pas lui qui voudra sauver la province.

Prenez garde, cet homme n'est pas avec vous. Il ne peut être que contre vous. Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu ou Mam­mon, pas plus en économique qu'en religion.

Soyez intransigeants, créditistes, celui qui n'est pas avec vous est contre vous, n'en doutez pas. Il n'y a pas de milieu entre lutter avec vous contre l'ennemi ou lutter avec l'ennemi contre vous. Ici, on reconnaît bien les profiteurs, à tous les degrés.

Gilberte Côté-Mercier

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