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Par le bout du nez

Gilberte Côté-Mercier le lundi, 01 février 1943. Dans Éditorial

Deux hommes en redingote qui se disputent le privilège de tirer sur une corde.

Et la dispute est vive parfois. Elle peut même être violente, avoir de graves conséquences, jeter tout un peuple dans les hai­nes et les rancunes.

En effet, ces deux hommes sont des politiciens et chacun, envie l'honneur de mener par le bout du nez cette grosse bête de Baptiste l'électeur.

Baptiste est un homme possédant une âme faite libre par le bon Dieu. Et le Créateur lui-même, qui plus que tous possède l'autorité, ne violente jamais Baptiste. Il le traite comme une personne humaine. Dieu, qui veut beaucoup de bien à Baptiste, offre le tout à Baptiste en respectant son libre arbitre. Dieu ne force pas Baptiste. Baptiste peut accepter ou refuser les bien­faits de Dieu. Et Dieu est le maître le plus grand, le plus puis­sant. Il règne sur les esprits et les volontés.

Il ne faut pas en demander tant que cela à nos hommes po­litiques. Ils possèdent une autorité qui devraient être à l'image de celle de Dieu, puisqu'elle s'adresse aux mêmes Baptistes. Mais, vraiment ce serait trop difficile pour de si petites gens.

Ah ! oui, ils désirent bien l'honneur de conduire des hom­mes, ces politiciens, mais des hommes devenus comme des bêtes, des hommes à qui on peut accrocher un anneau dans le nez, et qu'on peut tirer par une corde.

L'autorité physique, c'est brutal, mais plus à la portée de nos grands... pardon, petits hommes d'État.

Pour éclairer l'esprit de Baptiste, et pour guider sa volon­té, il faudrait se mettre en peine de faire l'éducation de Bap­tiste. Il faudrait dominer soi-même ses passions pour en donner l'exemple à Baptiste.

C'est beaucoup plus simple de mener Baptiste par la force physique. La peur de manquer d'argent en temps de crise, et la peur de manquer de coupons en temps de guerre, voilà qui sont de bonnes chaînes pour traîner Baptiste par le bout du nez.

La peur de manquer d'argent en temps de crise... Voilà pourquoi, il faudra toujours maintenir l'argent rare, comme le disent les économistes. Vivent les économistes qui donnent aux politiciens la corde au nez de Baptiste !

La peur de manquer d'argent... Voilà pourquoi, il ne fau­dra jamais donner le dividende du Crédit Social, qui briserait l'anneau au nez de Baptiste.

La peur, en temps de guerre, de manquer de choses néces­saires à la vie. On rationnera donc, afin que Baptiste soit tou­jours à notre merci.

Ainsi attaché, Baptiste ne verra plus la possibilité d'expri­mer sa volonté, et le conduire sera un jeu d'enfant.

Quelle force de caractère que celle de nos grands hommes d'État, qui sont les meneurs de ce Baptiste-là !

Quelle légitime ambition que celle de nos deux ou trois par­tis politiques qui mendient le privilège de tirer la corde.

Gilberte Côté-Mercier

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