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La Démocratie Économique plus nécessaire que jamais

Alain Pilote le samedi, 01 mars 2025. Dans Éditorial

Alain PiloteAlain Pilote

Certaines personnes qui lisent les articles de Vers Demain sur la réforme financière de la Démocratie Économique pourraient penser : « C'est bien, mais ce sont des choses qui ont été écrites il y a maintenant plusieurs années, M. Even est mort il y a maintenant 50 ans, donc ses écrits ne sont plus valables ou applicables aujourd'hui, les choses ont changé depuis, évolué…

Oui, c'est vrai, les choses ont changé depuis 50 ans, mais pour le pire ! En fait, les mêmes problèmes dénoncés par Louis Even à son époque, et même par l'ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas dans les années 1920, existent encore aujourd'hui, et de façon encore plus aiguë. C'est ce qui fait que la solution de la Démocratie Économique, telle que proposée par Douglas et Louis Even à leur époque, et encore par Vers Demain aujourd'hui, est plus pertinente, plus nécessaire que jamais. En fait, considérez la plupart des problèmes qui font la manchette des médias de nos jours, que ce soit la pollution et la destruction de l'environnement, la crise du logement, l'inflation, le manque de ressources pour réparer les écoles, etc., ce sont tous des problèmes d'argent.   

Par exemple, Douglas et Louis Even parlaient du problème de l'endettement, qui était déjà sérieux à l'époque, mais qui ne fait que s'aggraver encore année après année, de nos jours. Douglas et Louis Even parlaient aussi du problème de l'automation qui élimine le besoin de travailleurs… la technologie a fait un bond de géant depuis 50 ans, et tout spécialement avec l'arrivée de l'Intelligence Artificielle, qui menace d'éliminer la grande majorité des emplois actuels.

D'ailleurs, ce numéro de Vers Demain contient un dossier spécial de plusieurs pages (8 à 17) sur l'Intelligence Artificielle, que plusieurs décrivent comme étant la plus grande révolution technologique de l'histoire, tandis que d'autres la considèrent comme une menace pour l'avenir de l'humanité. Puisque cette technologie est appelée à prendre place dans tous les secteurs de l'activité humaine, il vaut vraiment la peine d'étudier cet enjeu en détail, le pape François et le Vatican ont aussi fait des déclarations récentes pour mettre en garde contre les dangers possibles de l'Intelligence Artificielle.

Une autre chose qui a aussi changé récemment (depuis 2020), c'est que les mots « crédit social » ont pris un sens complètement différent de celui de la réforme financière préconisée par Douglas et Louis Even, mais désignent maintenant un système de pointage et de contrôle appliqué en Chine communiste. C'est pourquoi nous préférons utiliser les mots Démocratie Économique pour désigner les propositions financières de Douglas (voir page 5).

Vers Demain a expliqué maintes fois que le problème de base du système financier actuel, c'est que l'argent est créé sous forme de dette par les banques commerciales, puisqu'elles accordent cet argent seulement sous forme de prêt devant être remboursé avec intérêt. Il y a là une double injustice : charger de l'intérêt — exiger le remboursement d'argent qui n'existe pas — et le fait que les banquiers se considèrent comme les propriétaires de cet argent qu'ils prêtent, alors que la valeur de cet argent est basée sur la production du pays — qui est le fruit des richesses naturelles, des inventions, et du labeur de tous les travailleurs du pays — et non pas le fruit du labeur des banquiers, qui ne font que prêter des chiffres.

Car c'est essentiellement cela qu'est l'argent : un chiffre, qui permet d'utiliser, de mettre en œuvre la capacité de production du pays. L'argent n'est pas la réalité, un bien tangible (on ne se nourrit pas d'argent), mais un signe, un symbole, qui donne droit aux véritables biens tangibles, comme la nourriture, les vêtements, les maisons, etc. L'argent n'est pas la richesse, mais le signe qui donne droit à la vraie richesse — les biens et services.

À l'époque de Douglas et Louis Even, on parlait de deux sortes d'argent : le papier-monnaie et les chèques. Aujourd'hui, avec les nouvelles avancées technologiques, une nouvelle forme de monnaie est apparue : l'argent électronique, digital, existant seulement sous forme de signal sur une puce, que ce soit dans une carte bancaire ou un téléphone cellulaire. C'est toujours un chiffre, un symbole, mais réduit à sa plus simple expression, n'ayant pas besoin de support matériel.

Comme l'écrivait Eric Butler, créditiste d'Australie : « Indépendamment de la forme qu'il prend, l'argent n'est qu'un symbole créé par l'homme, et n'a aucune valeur en soi à moins que de la richesse réelle soit créée. Du moment que suffisamment de personnes peuvent être hypnotisées à croire que, par exemple, un symbole de crédit est plus important qu'une livre de beurre, ils sont à la merci de ceux qui créent et contrôlent les symboles. L'ombre est plus importante que la substance ! »

Alors que l'argent devrait être un instrument de service, devant s'ajuster aux réalités que sont les êtres humains ainsi que les biens et services, les banquiers internationaux en ont fait un instrument de domination, auquel les humains doivent s'ajuster. Ce n'est pas l'argent en soi qui est mauvais mais, comme le dit Butler, c'est de le considérer comme la vraie richesse, au lieu d'être simplement la représentation chiffrée de cette richesse, le droit de se la procurer. Comme le dit saint Paul dans sa lettre à Timothée, ce n'est pas l'argent, mais « l'amour de l'argent qui est la racine de tous les maux » (Tm 6, 10).

La racine de tous les maux, c'est de faire de l'argent une fin, au lieu d'un moyen, d'en faire la réalité au lieu d'un symbole. On déménage des usines dans des pays où la main-d'œuvre coûte moins cher – question d'argent. On produit des choses pour qu'elles brisent plus rapidement, durent le moins longtemps possible (l'obsolescence planifiée) — encore une question d'argent. On pollue l'environnement (et sacrifiant ainsi la santé des gens) parce que ça coûterait trop cher de faire autrement — toujours une question d'argent.

Saint Thomas d'Aquin (voir pages 19 à 26) demeure l'un des plus grands génies de tous les temps, dont on aurait intérêt à s'inspirer de sa logique. Il écrivait par exemple dans sa Somme Théologique que transformer un moyen en une fin est un péché mortel. Dans cette même Somme, il définit la justice comme étant la « constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû » (Catéchisme de l'Église catholique, n. 1807). Et il ajoute qu'il y a des choses qui sont dues à Dieu, et d'autres qui sont dues aux hommes. La justice envers Dieu est appelée « vertu de religion » (adorer Dieu, le connaître, l'aimer et le servir). Et pour ce qui est dû à chaque être humain, Vers Demain enseigne que c'est un dividende, basé sur l'héritage commun des richesses naturelles et du progrès (les inventions héritées des générations précédentes), qui serait financé non par les taxes, mais par de l'argent nouveau, créé sans intérêt par la banque centrale de la nation.

Et pour terminer, pourquoi dénoncer le système bancaire ? Parce que tous les maux viennent des banques ! C'est ce que Louis Even explique dans l'article qui suit. Bonne lecture !

Alain Pilote, rédacteur

Alain Pilote

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