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L'étreinte

Gilberte Côté-Mercier le mardi, 01 décembre 1942. Dans Éditorial

Vous avez parcouru la province de Québec ? Vous avez admiré ses champs si beaux et si pleins de moissons ? Vous avez été ravi par l'immensité de ses richesses qui attendent le bras du travailleur ? Votre cœur a bondi de reconnaissance et de joie à la vue de tant de splendeurs qui sont votre pays.

Votre pays ? Non, ce pays-là n'est pas à vous.

La péninsule de Gaspé, ne compte que des pêcheurs qui donnent leur poisson pour une bouchée de pain. Pas des gros propriétaires ceux-là ! Ils n'ont plus que leurs filets usés et leurs bateaux vieillis, hypothéqués par les dettes des pêcheurs.

Le Lac St-Jean, magnifique pays pour la culture, sert à élever des cochons pour l'Angleterre. Esclavage des éleveurs qui dépendent de l'ouest pour leur grain, et esclavage des éleveurs qui dépendent du vieux monde pour la vente de leurs produits. Encore des propriétaires qui ne portent que le titre et à qui la propriété a forgé des chaînes.

Et la région de Chicoutimi ? En temps de crise, elle n'héberge plus qu'une poignée de chômeurs, et en temps de guerre une armée d'immigrés. Pas encore des propriétaires, ici.

Et l'Abitibi, peuplé de mineurs et de colons qui dépendentdes trustards et des gouvernements pour la moindre petite croûte de pain.

Et les immenses forêts du nord du fleuve exploitées servilement pour le bénéfice des rois du papier, par les fils des fondateurs de la Nouvelle-France établis sur la rive du St-Laurent.

Et les cantons de l'Est, si riches, jalonnés de villes peuplées d'esclaves, d'usines ou de trous de mines.

On ne parle pas de Montréal, la cité des financiers et des étrangers.

Vraiment, une main cupide s'est étendue sur notre province. Son ombre est descendue doucement mais d'aplomb. Maintenant, elle nous empoigne vigoureusement avec ses griffes de fauve. C'est la main de la dictature financière.

Créditistes, c'est de cette pieuvre qu'il faut se défaire. La besogne n'est pas petite, puisqu'elle veut démancher le travail de quelque cent ans, mais la besogne est à faire et nous nous y attaquons avec autant de courage que nos pères lorsqu'ils s'attaquèrent à la forêt vierge pour en faire leur domaine.

Vigoureusement donc, créditistes, pour desserrer l'étreinte !

Gilberte Côté-Mercier

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