Une guerre mondiale se déclenche. Des économistes... avertis déclarent solennellement que la guerre ne peut pas être longue parce que les pays n'ont pas assez d'argent pour la mener loin.
Mais, Banco est là. Et Banco vient au secours des gouvernements. Il leur prête beaucoup d'argent, à la condition toutefois que les taxes garantissent le remboursement du capital et des intérêts. Et les gouvernements, acculés au mur, promettent tout ce que veut Banco. Et les taxes augmentent. Et les taxes sont prises dans la poche des propriétaires, des industriels et des commerçants. C'est donc l'entreprise privée qui paiera la guerre de 1914.
La guerre est finie. Tous les hommes d'initiative se mettent à l'œuvre. Les talents, le travail des chefs d'entreprise et des ouvriers sont mis à la disposition des pays dépouillés et appauvris.
L'argent seul manque. Mais, Banco est encore là ! Banco prête facilement au commerce, à l'industrie, à la condition que capitaux et intérêts soient remis à Banco selon les conditions définies par Banco et au temps voulu par Banco lui-même.
Et c'est la prospérité dans le monde entier.
Banco, qui a fabriqué beaucoup d'argent avec un trait de plume, n'est pas encore propriétaire des richesses réelles du pays. Mais, il n'en tient qu'à lui de le devenir.
Depuis onze ans que le monde travaille à reconstruire. Depuis onze ans que les entreprises privées se développent avec les prêts de Banco.
C'est le moment d'ouvrir la grande crise universelle, et de rappeler chez Banco les prêts et leurs intérêts.
Propriétaires, industriels, commerçants, venez tous immédiatement rembourser à Banco ce que vous lui devez. Oui, tout de suite, c'est la crise !
Et les emprunteurs, qui ne peuvent rembourser, sacrifient leurs biens déposés en garantie. Et Banco devient le maître de la vraie richesse.
D'année en année, depuis la date fatale 1929, les possédants perdent leurs biens. C'est toujours le même Banco, et toujours les mêmes gouvernements qui étranglent et, dépouillent l'entreprise privée.
Une autre guerre universelle permet aux gouvernements de nouveaux emprunts, et astronomiques cette fois. En même temps les gouvernements, au nom d'un effort total de guerre, font des lois qui tuent tous les commerces privés. Et Banco est toujours là pour recueillir et s'enrichir.
Ceux-là mêmes qui ont assassiné l'entreprise privée appellent à grands cris un ordre nouveau basé sur l'entreprise d'État, le socialisme, parce que, disent-ils, l'entreprise privée a fait faillite.
Oui, c'est bien cela, le pauvre diable dont on fouille les poches, en lui serrant la gorge et les bras, on dit qu'il est, de par sa nature, incapable de garder son argent, et on glorifie hautement les voleurs qui, seuls ont montré des talents d'administrateurs !