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Vérité crue crûment étalée

le samedi, 15 août 1942. Dans Débats de société

Il y a un peu plus d'un demi-siècle, James Lawrence ouvrait un saloon — buvette de li­queurs alcooliques de toutes les teneurs — dans l'ouest américain, plus précisément à Boise, ca­pitale de l'Idaho. Il l'appela "The Naked Truth Saloon" (Buvette de la Vérité Nue). Voici com­ment Lawrence annonçait son nouveau commer­ce dans le Democrat du 24 février 1886 :

"Venant d'ouvrir un établissement pour la ven­te de feu liquide, je saisis cette occasion de vous présenter mon nouveau rayon d'affaires.

"Je m'applique désormais à faire des ivrognes, des ruinés, des mendiants qui seront à la charge des gens sobres et laborieux de la collectivité.

"Je ferai un commerce de boissons bien con­nues qui pousseront les gens à des actes de ré­volte, de vol et d'effusion de sang, diminuant ainsi le confort, augmentant les dépenses et met­tant en péril le bien-être de la collectivité.

"J'entreprendrai sur avis, moyennant une som­me légère, mais avec grand espoir de succès, de préparer des victimes pour l'asile, la prison, le pénitencier, la potence.

"Je fournirai un article qui augmentera les ac­cidents fatals, multipliera le nombre de maladies alarmantes et rendra incurables les maladies inoffensives.

"À cause de mon commerce, beaucoup de jeu­nes grandiront dans l'ignorance et deviendront un fardeau et un passif pour la nation.

"Je vendrai des intoxicants qui enlèveront la vie à quelques-uns, la raison à plusieurs et la paix à tout le monde ; de pères, ils feront des en­nemis, de femmes des veuves, d'enfants des or­phelins, de tous des mendiants.

"Je ferai des mères oublier leurs enfants et la cruauté prendre la place de l'affection.

"Parfois, j'irai jusqu'à corrompre des ministres de la religion, souiller la pureté des églises et cau­ser la mort temporelle, spirituelle et éternelle.

"Si quelqu'un a l'impertinence de me deman­der pourquoi j'ai l'audace d'apporter tant de mi­sère au peuple, ma réponse honnête est : Pour faire de l'argent.

"Le commerce des spiritueux est payant, et certains hommes qui professent d'être chrétiens s'y livrent avec joie.

"J'ai acheté le droit de démolir le caractère, de détruire la santé, d'abréger la vie, de perdre les âmes de ceux qui voudront bien m'honorer de leur clientèle.

"Je m'engage à faire tout ce que j'ai promis.

"Ceux qui désirent attirer sur eux-mêmes ou sur leurs amis l'un ou l'autre des maux mention­nés ci-dessus sont priés de passer à mon bar ; pour quelques sous, je leur fournirai le moyen certain d'y réussir".

*    *

Après Evangelical Christian, Today and To­morrow du 23 juillet dernier reproduit ce texte singulier et ajoute :

"Avec quelques légères variantes, cette même confession pourrait être signée par les institu­tions financières de notre pays".

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