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Sainte Dominion-Textile

le dimanche, 15 novembre 1942. Dans L'économique

Les mangeurs d'hommes semblent bien plus pressés de se faire canoniser que les saints — au moins de leur vivant. Politiciens et trustards ne manquent aucune occasion de proclamer, les premiers leur dévouement, les seconds leur générosité.

La Dominion Textile ne reste pas en arrière. Dans une annonce qu'elle fait publier dans les revues ouvrières (voir Le Travail et la Vie Syndicale d'octobre), la Dominion Textile s'exprime ainsi :

"Les employés des filatures de la Dominion Textile gagnent actuellement 27.9 pour cent, par heure, de plus que lors de notre entrée en guerre — bien que nos taxes soient seize fois plus élevées qu'en 1939, bien que le coton brut coûte atctuellement 70 pour cent plus cher qu'il nous coûtait cette année-là, bien que nos prix de vente au public consommateur aient été rabaissés au niveau de ceux de février 1941, en conformité avec la politique nationale du contrôle des prix."

Très bien. Alors on pourrait demander à la Dominion Textile :

"Puisque vous tenez debout quand même, pourquoi, lorsque vous payiez 16 fois moins de taxes, lorsque le coton brut vous coûtait presque deux fois moins cher, ne pouviez-vous pas payer vos ouvriers ce que vous les payez aujourd'hui et même davantage ? Et si en rabaissant le prix de vente de vos produits au niveau de février 1941, vous ne tombez pas en banqueroute, vous trouvez même encore de l'argent pour vous vanter, pourquoi avez-vous exigé davantage du public pendant plusieurs mois ?"

Le langage de la Dominion Textile n'est pas nouveau. Même au temps de l'enquête Turgeon, la compagnie louait des colonnes de journaux et de revues pour faire savoir à tout le pays qu'elle était la plus grande bienfaitrice de la main-d'œuvre canadienne.

La Dominion Textile peut aspirer à monter sur les autels. Mais elle n'y arrivera pas par le simple fait de payer des annonces pour raconter ses vertus. Le voleur qui se repent n'a pas qu'à parader avec un billet de confession : il lui reste au moins le devoir élémentaire de la restitution.

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