Nous parlions du bacon et des cultivateurs-éleveurs dans un précédent numéro. Le sujet n'est pas épuisé et, comme le blé, le bacon donne à nos dignes représentants d'Ottawa des problèmes à résoudre, ou plutôt des problèmes à laisser sans solution.
Une dépêche de la Presse Canadienne du 8 avril dit :
"On croit que la Chambre approuvera le crédit supplémentaire de 35 millions pour réduire les emblavures (pour payer les fermiers qui laisseront leur terre sans culture)... Une seule chose a paru enthousiasmer les députés. C'est lorsque le ministre de l'Agriculture, l'Hon. J.-G. Gardiner, a annoncé que le Royaume-Uni aurait besoin cette année de 28,000,000 de livres additionnelles de bacon canadien."
Quelle bénédiction ! Les Anglais vont manger notre bacon. Cela va nous permettre de manger ce qui reste. S'ils ne prenaient pas notre bacon, nous en aurions trop et nous devrions jeûner ! C'est bien comme le tourisme dont nous parlions dans notre dernier numéro.
Nos députés s'enthousiasment quand l'étranger consent à prendre nos produits. C'est la condition pour pouvoir en mettre dans nos maisons.
À la Canadienne qui se plaint de manquer de choses pour sa table, il faudra dire : "Madame, les choses sont dans le magasin, dans les entrepôts. Vous en aurez si les Anglais en prennent les premiers. Vous en aurez si les touristes américains viennent d'abord se servir. S'ils nous laissent tout, vous n'aurez rien... Madame, ça peut vous paraître drôle, mais c'est ça les lois économiques. Les savants et les députés comprennent ça, eux, et c'est pourquoi ils se réjouissent de voir les Canadiens élever des cochons pour les autres."