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Refuserait-il 5 dollars ?

le dimanche, 01 février 1942. Dans Réflexions

Un de nos bons Voltigeurs regrette de ne pou­voir convaincre un de ses voisins. C'est pourtant, écrit-il, "un homme de tête, intelligent, instruit en politique". Ce brillant voisin objecte que de l'ar­gent non basé sur l'or ne peut pas être bon. Puis que de l'argent mis entre les mains des consomma­teurs par le dividende, "cela conduira le peuple dans le vice".

Et le Voltigeur demande des arguments. Nous lui répondons :

Pour ce qui concerne l'or :

1.—Le bon Dieu n'a jamais dit à l'homme : Tu mangeras le pain obtenu de la terre par ton tra­vail, à condition seulement que tu sortes en même temps de l'or des entrailles de la terre. Cette con­dition-là ne vient pas de Lui.

2.—Si les hommes ont fait un tel règlement, et s'ils trouvent que le règlement est devenu mau­vais, parce que le blé, les chaussures, les vêtements viennent plus vite que l'or, les hommes n'ont qu'à changer leur règlement.

3.—De fait, depuis le 1er mai 1940, il n'y a plus au Canada une once d'or en arrière de la monnaie légale. On l'a remplacé par des débentures du gou­vernement. Et l'argent reste aussi bon.

L'autre point : "Cela conduira le peuple dans le vice" :

— Est-ce par l'argent qu'on va forcer l'homme à se conduire comme il doit ? L'hygiène, la morale, la raison, la religion, sont-elles impuissantes lors­qu'elles n'ont pas l'argent pour gendarmer et ligo­ter l'homme ? Les sept sacrements ne suffisent-ils plus ? Comment se fait-il que le divin Fondateur de notre religion a oublié le plus efficace ?

Mais ce voisin-là, qui trouve que l'argent rend l'homme vicieux, a-t-il bien renoncé lui-même à tout argent ? Si on lui offrait $5.00 gratis ce soir, refuserait-il par crainte de devenir vicieux et de perdre son âme ?

Nous terminons par un conseil au bon Volti­geur qui voudrait convertir cet homme de tête, intelligent et instruit :

Ne perdez pas trop de temps avec des gens qui se font passer pour fins parce qu'ils ont logé des pages de livre dans leur tête, mais qui sont creux de réalités, vides de sens social et de charité. Inu­tile de les argumenter : c'est leur cœur, pas leur tête, qui est malade. Notre-Seigneur n'a pas perdu une minute avec ces sortes de gens fins de son temps.

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